La douleur de la colère
Post by Yuri Minh Yu, AdC - April 18, 2007 at 5:40 AM
J'ai fermé les yeux pour dormir, et j'ai vu. J'ai vu tous ces regards posés sur moi. Des yeux souffrants, des yeux martyrs, des yeux de douleur, des yeux de colère. La peur m'a envahie. Je suis exténuée. Je veux dormir, quittez moi. Je veux dormir, laissez moi.
Je me suis réveillée, en sueurs, il faisait toujours nuit noire. J'en avait oublié où j'étais, qu'est-ce que j'y faisais. Par Thaar, qu'est-ce qui m'arrive?! Vite, rapidement, je suis sortie. Mes mains qui tremblent ont heurtées un mur, avant mon visage, puis j'ai couru, courir à en perdre le souffle. J'ai senti la boue glisser sous mes bottes, les feuilles me fouetter les joues. J'ai entendu le hurlement des bêtes sauvages alors que je dépassais les frontières de la campagne Systérienne. Seule, colérique, triste. Je continuais mon chemin, le chemin de la douleur, le chemin de la colère. Oui, même moi, j'en éprouve parfois. La colère contre moi, la colère contre les mensonges, contre les cachotteries. La colère contre les vices, ceux qu'on connait, ceux qu'on cache pour mal faire. Je me suis arrêtée là où les sons se sont mis à tourbillonner autour de moi. J'ai perdu le nord, je suis perdue.
Je ne pouvais percevoir que des silhouettes autour de moi. Entre le feuillage abondant des arbres de la foret, parfois, je pouvais apercevoir une étoile, ou deux. Un vent hypocrite se faufillait entre les arbres, pour me chatouiller. Seule, encore toute seule. Seule et furieuse. J'ai hurlé à pleins poumons. J'ai hurlé ma douleur, mon désespoir, ma colère. J'ai hurlé ma tristesse de ne savoir pas encore me contenir. Encore une fois, je savais me décevoir moi même. Et je savais, oui, je savais que je méritais LE châtiment pour n'avoir sû me contenir. Mon corps se mit à trembler avec de violentes secousses.
Pourquoi dois-je le faire..? Réponds moi!! POurquoiiiii ?!!
J'ai hurlé à m'en arracher les entrailles. Si furieuse que j'ai retiré tous mes vêtements, me retrouver nue face à moi, face à Thaar, seigneur tout puissant.
Que veux-tu de moiiiii ?!! Hein...!!
J'ai crié ma rage. Et mon affront a mérité ample correction. J'ai saisit la lanière de cuir, et avant de me châtier, j'ai regardé cette silhouette fantômatique, cette ombre lumineuse qui me regardait, qui me regarde toujours. Pour la première fois, je lui en voulais. Puis j'ai reçu le premier coup de fouet.
AAAaaaah..!!
J'ai senti le cuir mordre mon dos. Je l'ai senti arracher des gouttes de sang à ma peau.
Calme toi mon enfant
AAAaahhhh...!!!
J'ai senti le cuir déchirer mon dos, je me suis crispée sous la violence de l'impact. Non, je devais continuer, le châtiment était trop doux pour ma faute. Je n'avais pas le droit à l'échec, je n'avais pas le droit à la rébellion. J'ai continué de frapper, sans cesse, jusqu'à épuisement, jusqu'à ce que j'en perde conscience. Qui sait combien de temps je suis restée étendue, nue comme un vers, gisante dans ma douleur, dans mes blessures. Qui sait... qui serait là à mon réveil...?
Post by Gelvin, ods - April 18, 2007 at 6:07 AM
Il l'avait suivie, depuis sa sortie en trombe de son lieu de repos jusqu'à la forêt.
il détourna le regard d'elle lorsqu'elle se laissa allé au massacre de son corps. Les larmes s'écoulant de ses yeux en flots intarrissable.
Lorsqu'elle s'évanouit, il se jetta vers elle, l'enrobant dans une peau d'ours et la veilla la, la tenant dans ses bras.
- Jamais plus je ne permettrai que tu t'infliges pareil supplice...
Thaar se veut-il tortionnaire qu'il laisse ses adeptes souffrir à ce point...
Il la serrait contre lui, parlant à son oreille...
- Je ne suis qu'un égoiste... Je t'ai laissé tomber... Puisses-tu me pardonner Alex...
Il posa un baiser sur son front et resta la à la veiller le reste de cette nuit, cette ombre qui n'offrait nul répis, nul étoile... Cette nuit ou Thaar fût appellé par une fidèle, et incomprit par un fidèle...
Post by Yuri Minh Yu, AdC - April 18, 2007 at 6:33 PM
Je me suis sentie bercée. Pendant longtemps, j'ai senti cette chaleur, ces bras. Je voulais me réveiller mais pourtant, pourtant je n'y parvenais pas. En sécurité, comme je le fus jadis, un temps qui me semblait si lointain. Peut-être avait-on entendu mes prières?
Après ce moment de douce ivresse, j'ai senti la morçure à mon dos. J'ai senti l'aride froid du vent qui s'était levé, et qui s'amusait à faire chanter les branches des arbres. Je n'avais rien rêvé, mais qui était venu me porter secours, dans ma détresse? La gêne et la honte vinrent s'emparer de moi, mais, non, l'orgueuil me devait de garder ma dignité. Les choix que j'ai fait, je les ai fait en toute conscience et je ne me devais pas de les renier. Ce n'est que lorsque ses chaudes larmes salées sont tombées sur mon visage que j'ai enfin ouvert un oeil.
Thoralf, mon ami...
Comme j'aurais souhaité qu'il ne m'ait pas vu dans ces conditions. Le voir pleurer était comme des centaines de coupures de papier. Le voir dans cette condition m'a fait mal.
Ne pleure pas... S'il te plait, ne pleure pas...
Avec la plus grande force qu'il m'ait été donné d'avoir, ce matin là, je me suis redressée, non sans mal. Les multiples lacérations à mon dos se tordant sous mes mouvements ne firent mieux que d'attiser le feu à la blessure. Mais la douleur physique m'était une délivrance pour celle que mon esprit vivait. Une purification.
Pourquoi n'arrives-tu pas à me comprendre? Ce n'est ni un péché, ni un crime que de me punir pour mes erreurs. Mon rôle n'est pas d'être jolie, personne n'attends mon retour, lorsque la nuit tombe. Mon rôle n'est pas d'être maternelle, je n'ai pas d'enfant à nourir. Mon rôle est de savoir donner l'exemple, de garder mon calme, de tendre la main à celui qui en a besoin. Mon rôle est de faire de notre foi une épidémie. Comment y arriver si la colère contrôle mon esprit..?
Ma main, qui tremblait contre mon gré, vint se poser sur sa joue.
Thoralf, ne pleure plus, je vais bien...