"L'Invincible" file au vent...
Post by Mundus, près de Thaar - April 22, 2007 at 1:30 PM
Une fois le mariage d’Arthas et Minassi terminé, un secrétaire se rendit à la cathédrale pour demander à l’Intendant de se rendre séance tenante au palais. Après les formules d’usages, Mundus pressa le pas pour retourner à son bureau. Un petit coffret et une missive lui avait été envoyé et déposé avec soin entre deux gros dossiers. La petite boîte en bois était finement travaillée, on pouvait reconnaître le style des artistes berguenois. Les armoiries de la Maison De Bergheim étaient frappées sur le dessus du couvercle. La lecture de la missive informa le mage que ce dernier était attendu à la Cour du Bastion Berguenois. La cassette était un présent.
- SECREEETAIIIRE !
- Monsieur.
- Regardez-moi cette foutue missive et dites-moi ce que vous en pensez ! Ah, foutredieux. J’aime pas la mer, moi ! Qu’est-ce qu’ils ont besoin de me faire voyager jusqu’à chez eux !
Le secrétaire approcha prudemment, prit la missive et l’étudia. Après un bref instant de réflexion, il releva la tête et s’adressa à l’Intendant, de son ton toujours aussi monocorde.
- Ceci étant une demande diplomatique, monsieur ne peut la refuser. Cela risquerait de fâcher le royaume du grand nord, monsieur. Je suis sûr que monsieur aimerait éviter un gel de nos relations.
- Ah ! ah ! ah ! Excellent, ça mon vieux. Un gel de nos relations ! Ils sont dans l’nord, il y fait froid. Ah, vous avez plus d’humour que vous ne le montrez, mon gars !
Le secrétaire tressaillit. L’humour lui était purement étranger, l’utilisation de ces mots lui avait semblé logique et cohérente. Il n’insista cependant pas sur ce fait.
- Je suis ravi que cela plaise à monsieur.
- Bon… Bah je vais partir maintenant, n’est-ce pas ? Le plus tôt sera le mieux. Faites appareiller un navire de la Couronne, que l’équipage se tienne prêt ! J’en veux qui aille vite, j’ai pas envie d’attendre des jours et des jours pour traverser un bout d’Enrya. Si l’eau était solide, on en serait pas là, moi j’vous le dis !
- Si monsieur le pense, je n’oserais contredire monsieur. Autre chose, monsieur ?
- Ouaip, autre chose. Réquisitionnez-moi une troupe de Légionnaires Pourpres, ça aidera à faire avancer l’bateau plus vite, histoire qu’on aide le vent à être favorable, si vous voyez c’que je veux dire.
- Ce sera fait, monsieur. Au revoir monsieur. Permettez-moi d’oser souhaiter un bon voyage à monsieur. J’espère que monsieur nous reviendra vite et en pleine forme, monsieur.
Les deux hommes se séparèrent. Arrivant dans ses appartements, l’Intendant attrapa une grosse malle, visiblement usagée mais qui restait résistante et costaude. Il y fourra les vêtements de sa penderie, en vrac, sans se soucier de les plier. Il se dirigea vers les grandes portes du palais en écartant les domestiques qui se pressaient autour de lui pour lui arracher la malle des mains.
- Rah, mais foutez-moi la paix, foutredieux ! J’suis assez grand pour porter ça tout seul, pardi !
Aux portes du palais, il fut rejoint par une petite troupe de Légionnaires. Son secrétaire avait une fois de plus été on ne peut plus efficace. Il faudrait qu’il pense à augmenter son salaire, d’ailleurs. Tous ensembles, ils se rendirent au port. Mundus fit mander un messager pour que la Consule Impériale Khayzane Mirriah et l’Impératrice Cybelle soit prévenues de son départ, ce qui, de toute façon, ne tarderait pas à se faire savoir dans toute la ville. Un splendide Trois Mâts, battant pavillon Systérien, trônait à plusieurs mètres des quais. Ses vingt-deux voiles étaient repliées, l’ancre l’harnachant solidement aux flots. Le bateau faisait une soixantaine de mètres de long.
Plusieurs petites barques attendaient les mages et l’Intendant, avec deux marins à leurs bords. Après de longues minutes à embarquer tout ce beau monde, Mundus finit par se hisser sur le pont. Au loin, il voyait le quartier portuaire. Tout semblait si calme, tout semblait si paisible d’ici. Aucune agitation, aucune catastrophe, visiblement. Si seulement la cité pouvait être ainsi lorsqu’on y vivait ! Il chassa rapidement ses idées de son esprit et détailla l’équipage. Les marins employés par l’Empire étaient des hommes expérimentés, bien payés et loyaux. Mais après plusieurs jours en mer, c’est un état de fait qui changerait peut-être.
Il y avait vingt-cinq personnes à bord : le commandant, son second, deux lieutenants, deux charpentiers-menuisiers, deux cuisiniers, un maître d’équipage, dix matelots et la troupe de légionnaires pourpres qui accompagnaient Mundus. On entendait déjà les ordres beuglés par le commandant et le second : l’ancre fut levée, les grands voiles furent dépliées, se gonflant de vent instantanément. Un homme tenait la barre fermement et obliqua pour prendre la direction du Bastion Berguenois, au Nord-Est pour traverser l’Océan Belegaer. La traversée s’annonçait difficile, mais les mages sauraient désamorcer toute situation difficile.
L’Intendant fixa Systéria jusqu’à ce l’Archipel ne soit plus visible. Se détournant, il alla à sa cabine et n’y bougea plus : il avait le mal de mer. Pour lui, des pieds devaient se poser sur une surface solide et stable. Le plancher était solide, mais il n’était pas posé sur ce qu’il y avait de plus stable au monde, à savoir, l’eau. Il avait hâte d’arriver au Bastion !
Après "Le Dremas", c'est "L'Invincible", qui file au vent...
Post by Mundus, près de Thaar - April 23, 2007 at 12:49 AM
Déjà une journée de voyage. Mundus l’avait passé à vomir. Même quand son estomac était vide, il éprouvait cette irrépressible envie de confier ses tripes à la mer. Il lui faudrait du temps pour s’adapter. Ce qui l’enrageait, c’était le fait qu’il ne pourrait courir chaque matin. Il devrait tourner en rond, sans cesse, jusqu’à ce qu’il pose le pied sur le continent Est. Après avoir offert son déjeuner à la mer, il retourna dans sa cabine et s’attabla devant un livre qu’il avait emmené pour l’occasion, du défunt Oob Valtryll. Ca parlait d’une armure et d’une malédiction, le sujet lui avait plu.
Quelques minutes plus tard, on toqua à la porte. Le commandant entra, réajustant son uniforme qui rutilait – ce qui est bien c’est que lorsqu’on occupe cette fonction, on donne les ordres et on laisse faire, ça aide à ne pas se salir – et s’éclaircit la gorge. Son visage sec et ferme exprimait une grande sévérité. L’homme n’avait en plus pas l’habitude d’avoir un supérieur sur son bateau, ce qui n’arrangeait en rien son humeur : la meilleure façon d’être respecté et craint par ses hommes, c’était que rien ne remette en cause son autorité…
- Intendant ! J’ai à vous parler.
- Ouaip ? J’vous écoute. Allez-y de toute façon j’ai pas grand-chose à faire alors autant qu’on commence à discuter, ça f’ra ça comme temps de gagné.
- Vous ne pourriez pas rappeler vos mages ? Leur demander de se calmer ? Cela fait des heures que je leur ordonne de quitter l’arrière du navire et d’aller retourner à leurs couchettes.
- Pourquoi donc ? Laissez-les prendre le grand air ! Ils sortent peu souvent, ils sont toujours enfermés à l’Académie. Au moins ils respirent, ils font connaissance avec l’air marin.
- Pourquoi ? Comment cela pourquoi, Intendant ? Rendez-vous compte : ils ont failli me brûler toute la brigantine à s’amuser avec leurs sortilèges !
- Ils ont failli brûler la quoi, vous dites ?
- La brigantine. C’est une voile tout à l’arrière du bateau si vous voulez.
Les yeux de Mundus s’écarquillèrent. La mécanique de son cerveau se mit en branle et analysa les mots un à un. D’un bond, il sauta de sa chaise et couru à l’extérieur de sa cabine pour se rendre sur le pont, manquant de renverser le commandant. Brûler une voile, ça signifiait mettre plus de temps pour atteindre Bergheim et supporter la mer houleuse. Ca, il ne le supporterait pas ! D’un pas décidé, il alla à la rencontre des légionnaires qui frémirent en croisant son regard. Il beugla quelques ordres :
- Foutredieux, non mais c’est pas bientôt fini, c’bordel ? La magie ça s’respecte, on ne fait pas mumuse avec ! Alors vous m’rangez vos livres et vos ingrédients et vous allez au calme dans vos couchettes ! Vous croyez qu’c’est une partie d’rigolade, cette balade en mer ? On est en plein dans l’océan Belegaer, les typhons c’est monnaie courante ici et j’vous parle pas des tempêtes. Réservez votre salive pour des trucs plus importants, pardi !
Les mages baissaient la tête, n’osant pas en rajouter. Les marins s’étaient tous figés en pleine action. Au début, ils fixaient l’Intendant : sa voix portait et voir des mages hautains et dédaigneux se faire remonter les bretelles ça les amusait beaucoup. Mais malheureusement pour l’équipage, un autre événement attira le regardes des matelots. Un grand et immense nuage gris s’approchaient. Les vents commençaient à s’agiter et la mer suivait le rythme. Mundus réprima un haut-le-cœur et remarqua aussi qu’une tempête se préparait. Le commandant déboula sur le pont et commença à beugler des ordres :
- Messieurs, ce n’est pas le moment de rigoler ! Tous à vos postes, faites-moi passer cette tempête sans qu’un cheveu ne bouge sur vos têtes, c’est comprit ? On rentre dedans comme un couteau dans du beurre ! Le premier qui commence à valser, il passe par-dessus bord.
Plusieurs minutes plus tard, la situation s’était empirée. La pluie tombait à verse, tout le monde était trempé jusqu’au sang. Autrement dit, ça n’allait pas en s’arrangeant. Les marins faisaient tout leur possible. Mundus regardait chacun se démener comme il pouvait : il n’avait jamais prit la mer, il n’aurait pas su comment s’y prendre. Le commandant continuait d’hurler sans arrêt :
- Messieurs, ne me laissez pas le vent me casser le grand mât, sinon ce soir je fais pareil avec vos crânes ! Débrouillez-vous pour me maintenir le cap, on ne dévie pas, on reste dans la direction ! Pensez aux marins Berguenois, ils traversèrent ça tous les jours, alors faites honneur à Systéria, que diable !
Malgré la bonne volonté des marins, rien n’y faisait, la situation ne semblait pas avoir d’issue possible. Un des matelots était passé par-dessus bord et dans sa chute avait failli en entraîner deux autres. La tension était à son comble. L’Intendant remarquait les mages, qui regagnaient leurs couchettes en vitesse, après être resté stoïques sur le pont, ne sachant que faire. Mundus décida de se rendre utile et alla aux devants des Légionnaires.
- Hop, hop hop ! Où vous croyez aller comme ça ? Vous êtes pas venu pour vous la couler douce, mais pour éviter ce genre de connerie. Belegaer aime bien faire ce genre de frayeur à ses hôtes, c’est un océan foutrement capricieux. On est mage non ? Alors on va calmer tout ça. Foutez-vous en cercle ! Et que ça saute, corbleu ! Pas d’esbroufe, les gars !
Les Pourpres ainsi que Mundus essayèrent de se trouver un endroit dégagé, ce qui leur fut difficile. Mais ils y arrivèrent.
- Mundus, je pense qu’il serait intéressant de mettre en pratique le Repoussoir de Vergant. Ca devrait suffire à éloigner toute cette mauvaise pluie, si vous voulez mon avis.
- Le Repoussoir ? N’importe quoi, vous ! Ca ne nous aiderait pas ! Non, Mundus, moi je propose plutôt le Soufflet de Megalba. Pratique, efficace. Ca demande beaucoup d’énergie mais on aura du temps pour se reposer, je crois.
- Heu… ouais, le Soufflet c’est risqué, les gars. Surtout si on a un typhon qui enchaîne par derrière, là on est vraiment dans la mouise ! Mais… le Repoussoir ça risque de pas faire effet. Bon, on tente le Soufflet ! Et que j’en vois pas un qui fasse semblant d’lancer le sort, sinon il se prend une tarte en pleine poire !
C’est alors que les mages se regardèrent, leurs fronts se plissèrent. Intensément concentrés, ils commencèrent à réciter des paroles étranges, des mots de pouvoirs que seuls les membres – ou anciens membres – de la Confrérie Pourpre pouvaient connaître. Leurs bras s’agitaient, les mains dansaient sous le vent et l’énergie se condensait peu à peu au milieu. Mundus participait, il était mage lui aussi, il n’y avait pas de raison de se la couler douce. Les matelots les ignorèrent. Soudain, un craquement se fit entendre en provenance du grand mât : si rien n’était fait, il allait tomber et menacer de couler le navire. Les ritualistes firent tout leur possible pour que le sort se termine et soit lancé. Ils perdaient tous un peu de leur couleur tant l’énergie dépensée était grande. A la fin, un mot fusa, puissant, qui couvrait le hurlement du vent :
- POR !
La boule d’énergie, devenue presqu’opaque dans le cercle de mage fut envoyée dans le ciel. Rien ne se passa pendant les premières secondes. Puis tout s’arrêta. Le bateau retrouva si rapidement sa stabilité que tout le monde se retrouva à terre. La mer était d’huile, le vent ne soufflait plus aucun mot… Et soudain, le ciel se troua, les nuages se dispersèrent et le soleil brilla. Le vent se remit à souffler juste ce qu’il fallait pour pousser le navire dans la direction voulue. Tous lancèrent un soupir de soulagement. Les charpentiers-menuisiers allèrent inspecter le mât pour vérifier si tout était en ordre.
Des ronflements se firent entendre. Les mages dormaient, y compris l’Intendant. Ils furent raccompagner dans leurs couchettes, Mundus fut réinstallé dans sa cabine. Ainsi, « L’invincible » filait toujours au vent…
Post by Mundus, près de Thaar - April 23, 2007 at 1:15 PM
Deux longs jours avaient passé. Un matin, alors que le soleil commençait à s'élever bien haut dans le ciel, un chant se fit entendre sur le bateau. Les longs voyages en mer sont parfois monotones, alors les marins se divertissent comme ils peuvent. Un jeune mousse avait commencé à siffloter, un autre s’était mit à chanter, puis finalement les dix matelots se mirent à entonner l’air. Les paroles devaient venir d’un ancien patois de Systéria, il était impossible de leur donner une signification. Mais le chant suffisait en lui-même pour éveiller des émotions telles la nostalgie ou la joie de se retrouver tous ensemble pour aller vers un même but.
Leurs voix étaient éraillées, graves, voire usées par les années passées à respirer l’air marin. Elles portaient très haut vers le ciel. Petit à petit, le chant s’insinua au sein des cabines et parvint à l’oreille de Mundus...
... Qui se réveilla en sursaut et se cogna la tête sur le plafond, au-dessus de lui. La cabine de l’Intendant était certes spacieuse, sauf au niveau de sa couche. Son front rencontra donc le plafond plus étroit.
- Ouille ! Bordel mais qui a foutu un plafond à c’niveau là ? On a pas idée !
Le mage se frotta le front, silencieux. Il fit un bref état des lieux : il s’appelait Mundus, ses jambes et ses bras étaient encore en place, il se trouvait à bord de « L’invincible » et la dernière chose dont il se souvenait c’était la tempête et le sortilège qu’ils avaient tous lancés, lui et les Légionnaires. Quel jour était-on ? Tiens, justement, il l’ignorait. Agrippant le rebord du lit, il se redressa. Il grommela en sentant chacun de ses muscles le tirer de toute part. L’Intendant s’arrêta devant la porte, posa ses deux mains sur le mur et secoua la tête. Reprends-toi mon vieux, c’est pas le moment de dormir. Fixant d’un air mauvais la lourde porte, il l’ouvrit en grand et plissa des yeux. Le soleil était déjà bien haut.
Le commandant, qui inspectait le pont, tourna la tête vers lui et s’approcha de l’Intendant d’un pas raide et décidé. Son visage était toujours sévère, mais on voyait clairement qu’une pointe d’inquiétude le teintait. Après tout, si jamais le vieux venait à mourir pendant la traversée, c’est lui qui en prendrait sûrement pour son grade. Il fallait le ménager. Mundus n’en avait cure, il savait parfaitement que ce n’était pas maintenant qu’il allait mourir. Il avait encore du temps s’il en croyait son agenda. C’était pratique, d’être un mage, en fin de compte.
- Intendant ! Vous êtes enfin réveillé ? C’est une excellente nouvelle. Nous craignons qu’il vous soit arrivé quelque chose.
- Et si vous m’disiez combien de temps j’ai dormi, foutredieux ? Et où ils sont les autres légionnaires ?
- Vous avez dormi deux jours. Vous vous êtes tous écroulés pour… et bien… pour dormir. Certains sont encore dans leurs couchettes et d’autres font un tour sur le pont pour inspecter l’horizon, au cas où.
- Ah. Comment ça, au cas où ? Au cas où quoi, commandant ? Dites donc, il fait frisquet, c’est pas normal, ça.
Malgré son épaisse toge et sa cape protectrice, Mundus frissonnait. Le soleil brillait mais l’air était vif. Jetant un œil par-dessus l’épaule du commandant il remarqua les immenses glaciers et les étendues gelées qui flottaient sur l’eau. Apparemment, on s’approchait de plus en plus du Bastion.
- Au cas où nous rencontrions des problèmes avec les glaces, Intendant. Nous sommes entrés dans la Mer Gelée qui borde le Bastion hier matin. Nous n’avons pas osé vous réveiller pour vous prévenir. L’endroit est traître et pour tout vous dire, même si j’ai l’habitude de naviguer ici, j’ai déjà perdu un navire. L’aide des légionnaires va nous aider.
- La Mer Gelée ? Déjà ? Et beh, finalement on peut dire que la tempête nous a filé un petit coup de main. Quand est-ce qu’on arrive, commandant ?
- Oh c’est très simple. Si le vent continue de nous pousser comme ça et qu’aucune avarie ne survient et bien, je dirais ce soir.
- Déjà ? Superbe ! C’est pas trop tôt, corbleu !
Les deux hommes se séparèrent, chacun retournant à ses activités. Le commandant retourna discuter avec son second, pour vérifier l’état du navire mais aussi la santé des hommes. Apparemment, ils tenaient tous la route. C’était bon signe. Mundus, quant à lui, rejoignit les membres de la Confrérie qui patrouillaient vers la proue. Il s’appuya sur la rambarde et regarda le paysage gelé qui lui faisait face. Finalement, il ouvrit la parole et consentit à parler à ses anciens collègues.
- Les gars, félicitations ! Bonne idée, Justin, pour le Soufflet. C’était foutrement crevant, mais au moins le jeu en a valu la chandelle. Si jamais j’dois retourner sur cette foutue mer, j’vous emmènerais avec moi, pardi !
- Ah. Et bien. Heu… Je suppose que je dois vous dire merci, Mundus. Nous avons réussi à écarter de gros pans de glacier, hier soir. Nous nous sommes réveillés avant vous alors nous en avons profité.
- C’est bien ça. Mais faites gaffe, vous avez vu votre tronche ? Avec les traits tirés, tout ça ? Non, moi j’vous le dis, allez vous reposer, foutredieux ! Et c’est un ordre, j’vais pas vous laisser vous user comme ça. Je prends le relais, allez ! Et passez par la cuisine voir s’il reste pas une assiette de rognons, j’ai une faim d’loup !
- Ah, merci Mundus ! Bien, j’y penserais.
Apparemment, le mal de mer lui était passé. Il ne savait pas pourquoi, mais ça lui faisait rudement plaisir. Il se remit à scruter l’horizon en attendant son assiette. Ah, Bergheim. Il y avait été envoyé une fois, il y a de très, très nombreuses années. C’était une sacrée ville, fortifiée de la tête aux pieds, un foutu morceau d’architecture. Et les gens là-bas étaient simples et directs, comme lui. Il aimait ça. Le Prince serait comme un de ces hommes qu’il avait côtoyé de par le passé, Mundus avait hâte de faire connaissance avec ce grand gaillard. Son assiette arriva, il se fit installer une petite table à l’air libre. Le vent avait failli le renverser, la nourriture refroidit en un rien de temps, mais il apprécia quand même son repas, tout content qu’il était.
Ainsi, « L’invincible » filait toujours au vent…
Post by Mundus, près de Thaar - April 24, 2007 at 7:55 PM
- Terre ! Terre !
La vigie s’époumonait pour que tout le monde puisse l’entendre. Au loin s’étalait les immenses terres gelées et enneigées du Bastion Berguenois. La robuste cité portuaire de Gergavik se dressait, majestueuse, sur la côte. Il faisait nuit, mais le grand phare aidait les bateaux à s’orienter et permettait d’éviter les récifs susceptibles d’endommager le navire. L’activité au port s’était calmée, les grandes embarcations des berguenois avaient toutes jetées l’ancre. Les marins qui se reposaient furent réveillés et s’agitèrent pour préparer leur arrivée.
Il était à peine minuit et Mundus lisait le roman d’Oob Valtryll. Sa lecture fut interrompue par les cris de la vigie. Décidemment, ce calvaire touchait à sa fin. Il n’avait plus été malade depuis le fâcheux épisode de la tempête, mais être coincé sur le bateau l’énervait, il avait l’impression d’être en cage, de tourner en rond, sans but précis. La patience ne faisait pas partie de ses qualités, bien au contraire ! Sortant de sa cabine, il se dirigea d’un pas vif vers la proue, où le commandant regardait l’horizon. Après quelques minutes à fixer Gergavik sans rien dire, l’Intendant rompit le silence.
- Bon, quand est-ce qu’on arrive, là ? C’est foutrement lent. En fait, c’est une fois qu’on est juste à côté que c’est le plus lent.
- Hmm. Certes, certes. Vous n’avez pas tort, dans l’absolu.
- Evidemment que j’ai pas tort ! J’ai jamais tort, commandant. C’est un truc de famille, si vous voyez c’que je veux dire.
- A vrai dire, non, je ne vois pas. Mais…
Il s’interrompit. Un grand navire berguenois arrivait droit sur « L’Invincible », toutes voiles dehors. Il battait le pavillon du Bastion, mais aussi celui du blason du roi Aldarik IV le Puissant. Mundus éclata de rire et se tapa la cuisse, au grand étonnement du commandant.
- Ah bah oui ! Ca m’aurait étonné aussi qu’ils ne nous accueillent pas en étalant leur culture maritime. Je me demande si c’est l’roi en personne qui va v’nir ou un de ses fistons. Bon, commandant, faites-moi briller tout ça, j’veux qu’on fasse honneur à l’Empire !
Le commandant acquiesça sans mot dire et alla au milieu du pont, près du grand mât et commença à beugler des ordres, après un bref entretien avec son second. Tout en hurlant les directives à ses hommes, il réajustait d’une main experte son uniforme fournit par Systéria, ainsi que les trois médailles qu’il avait obtenu au cours de son service.
- Allez, les gars ! On se dépêche ! Tous à vos postes ! Vous voyez ce bateau là-bas ? Et bien prouvez à ces marins que Systéria contrôle les mers aussi bien qu’eux ! Déployez-moi l’artimon, la brigantine, la flèche, le diablotin et la marquise ! Augmentez-moi la vitesse !
A peine les ordres furent lancés que les marins commençaient déjà à s’agiter. Le vent soufflait relativement bien et avec les voiles arrière déployées, « L’Invincible » prit de la vitesse. Les légionnaires sortirent sur le pont et regardèrent le ciel, un air conspirateur. Le flair de Mundus l’avertit. Le mage se dirigea vers les Légionnaires en agitant les bras pour leur faire signe d’arrêter.
- Ah non, sûrement pas ! N’y pensez-même pas, pardi ! Pas d’esbroufe pour ce soir ! Ces gars en face de nous, ils maîtrisent la mer mieux que quiconque et sans magie. Alors ne nous faites pas discréditer. Si on use de magie, ça va les foutre sacrément en rogne. Laissons faire nos marins, ya que comme ça qu’on montrera de quoi not’ pays est capable. Compris ?
Les légionnaires acquiescèrent sans un mot. Les navires ne cessèrent de se rapprocher l’un de l’autre, leur vitesse respective augmentait. Puis, lorsqu’ils furent relativement proches, l’embarcation berguenoise replia ses voiles. Le commandant de « L’Invincible » donna un ordre similaire et chacun des bateaux se rejoignirent, doucement. Les marins de Gergavik entonnaient un chant fort, puissant et grave, sans doute l’hymne de la mer qu’ils avaient tant l’habitude d’entonner dès qu’ils partaient du port. Sur la proue, un grand homme, solide et bien bâti, les tresses blondes flottant au gré du vent. Il porta ses mains à sa bouche et hurla :
- Alors, Systériens ? On fait une promenade de santé dans la Mer Gelée ? Vous devez pas avoir l’habitude d’avoir si froid, pas vrai ?
Mundus prit les devants et se plaça à la proue, mimant les gestes du berguenois costaud qui lui faisait face.
- Une promenade de santé ? Exactement, foutredieux, la mer aussi ça nous connaît ! Où ça du froid ? M’est avis que j’sens rien du tout, moi, pardi !
- Ah ah ah ! Excellent, systérien ! On vous accompagne au port, c’est une zone difficile, ici. Suivez-nous et soyez prudent, ça serait dommage de vous voir sombrer si prêt ! Vous savez nager ?
- Comme des poissons, c’est comme si on était né d’dans, corbleu ! On vous suit, les gars !
Le berguenois se fendit d’un large sourire, c’est du moins ce que l’on pouvait voir de là où se trouvait Mundus. Ce dernier le lui rendit d’ailleurs bien volontiers, visiblement très amusé par l’échange. Ils étaient tous deux amusés, plus précisément. Les deux bateaux firent donc route vers le port de Gergavik. A distance respectable, le trois mâts de Systéria jeta l’ancre et l’Intendant, le commandant ainsi que les légionnaires, accompagnés par quelques marins, rejoignirent le quai dans de petites barques. Le grand homme de tout à l’heure les attendait déjà, près de gros chevaux. Mundus alla vers lui et le salua.
- Alors, qui est ce brave gars qui nous a fait l’plaisir de nous accompagner jusqu’au port ?
- Ah, et bien ce brave gars, c’est le prince Amalrik en personne ! Bienvenue, Intendant Recaedre. Fidèle au portrait qu’on m’a dressé de vous, à c’que je vois ! C’est un plaisir de vous voir parmi nous !
Il tendant une main épaisse, à la peau dure, sans doute à cause d’un usage prolongé et régulier d’armes diverses. Mundus avança sa patte d’ours et donna une poignée de main vigoureuse et ferme à son interlocuteur.
- Plaisir partagé, Prince Amalrik ! J’suppose qu’on se dirige tout droit vers Bergheim ? Bien hâte de la voir.
- On ne peut rien vous cacher ! Je vous ai fait préparer les meilleures montures. Le voyage est court, on en a pour une vingtaine de minutes. La capitale n’est pas loin. Mais vous devez le savoir de toute façon, hein ?
Le mage hocha la tête et enfourcha la bête – non sans mal, il faut l’avouer, il n’avait pas l’habitude de l’équitation et encore moins de telles bêtes ! – pour rejoindre la capitale fortifiée. Ah, le Bastion portait bien son nom ! Et en effet, la route fut courte. Dès leur arrivée en ville, ils furent conduis au château – le plus fortifié de tout Enrya, parait-il. Le roi Aldarik ne dormait pas et les attendait dans la salle du trône. Cerné par ses légionnaires, Mundus marcha avec le prince cadet jusqu’au trône. Une fois arrivé devant, il baissa la tête en guise de salutations et fit un signe aux mages.
Ces derniers lancèrent leurs incantations et de petits coffrets leur apparurent dans les mains. Chacun d’entre eux se présenta devant le roi, ouvrant la boîte qui contenait encens, pièces précieuses, or, argent et aux présents luxueux. Aldarik hocha la tête, comme satisfait et adressa un sourire chaleureux aux représentants de l’Empire Systérien. C’était bon signe, les berguenois sont francs et directs, ce sourire signifiait bien leur sympathie à l’égard des De Systéria.
- Bergheim, capitale du Royaume Berguenois est fière et honorée de recevoir la venue des nobles représentants de l’Empire Systérien ! Ma personne est honorée de vous accueillir et vous souhaite la bienvenue.
- C’est un plaisir partagé, Roi Aldarik ! Le voyage ne fut pas des plus aisés, mais je ne laisserais sûrement pas la mer gagner ! Je suis sûr que ces présents vous feront plaisir. Celui que vous m’avez envoyé m’a en tout cas fait rudement plaisir. Sacré coffret, hein ?
- Nous l’avons fait sur mesure, c’est une pièce unique, Intendant Recaedre. Bref, je ne vous ai pas fait convier pour rien. Il est tard mais puisque nous sommes tous debouts, autant discuter de tout ça dès maintenant ! Nous avons reçu votre proposition de mariage, nous l’acceptons. Mon fils cadet, Amalrik, se porte volontaire.
- C’est une sacrée bonne nouvelle, ça. Quand comptez-vous prendre la mer pour participer à la cérémonie des prétendants ?
Amalrik s’avança et alla s’asseoir sur un trône plus petit, à côté de celui de son père. Il adresse un sourire franc à Mundus et annonça de but en blanc :
- Dans deux jours, Intendant Recaedre. On vous laisse le soin de vous reposer de vos émotions ce soir et demain, puis je prends la mer avec vous le jour d’après. Je pourrais voir à quoi ressemble le comportement de vos marins sur place. Et une fois à Systéria, ça m’laissera le temps de faire plus ample connaissance avec la Cour et votre Impératrice.
Mundus ne cacha pas sa surprise. Il prit quelques secondes avant de répondre, se lissant pensivement la barbe.
- Si je m’attendais à ça ! Bah écoutez, je suppose que j’ai franchement pas le choix. Et puis au moins comme ça, ça incitera les autres prétendants à se presser, hein ? Bon, bah j’accepte.
- Je savais que vous alliez voir la pertinence de nos propos ! Puisqu’on est d’accord, je vous propose d’aller dans vos quartiers. Demain, debout cinq heures, je vous amène à la chasse, on a du beau gibier malgré le froid.
- Ah, j’ai bien fait de prendre mon arbalète alors ! Sacré morceau, je vous la montrerais demain ! Merci bien, Vot’ Majesté. A demain, donc !
Et c’est ainsi qu’ils se séparèrent. Mundus examina sa chambre : un endroit comme il les aimait ! De grosses pierres grises, brutes, taillées à vif. Se débarrassant de ses habits, il alla dans la salle d’eau pour se faire couler un bon bain chaud. Il y passa la soirée à se prélasser et alla s’enfoncer ensuite dans l’épais matelas en plume d’oie qui composait l’énorme lit orné de splendides gravures berguenoises.
A cinq heures pile, il était debout ! C’était l’heure à laquelle il se levait habituellement, il était frais comme un gardon. Attrapant une armure de cuir qu’il emportait toujours avec lui – au cas où, ça peut toujours servir – il s’habilla en quatrième vitesse et prit la grosse arbalète, dans la malle que venait juste de lui apporter un des marins. Puis, il alla dans la Grande Salle où l’attendaient déjà le roi et ses fils.
- Ponctuel à ce que je vois ! Vous êtes un matinal, c’est bien ! Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, comme on dit par ici. On y va maintenant et on ira se rassasier après avec le bon gibier qu’on aura abattu. Qu’en dites-vous ?
- J’approuve, Roi Aldarik ! Ils vont tâter de mes carreaux ! Regardez-moi cet ouvrage, fait par un artisan systérien, Guillaume Vandebelke. Crosse en noyer verni avec arc et mécanismes en acier. Elle m’a coûté une petite fortune, mais c’est du bel œuvre !
Le roi l’examina d’un œil expert et approuva. Sur ces brèves paroles, les hommes se retrouvèrent en dehors du château dans une des forêts de conifères à l’est de la capitale. La chasse fut excellente, le roi réussi à collecter un élan et deux lièvres, ses fils eurent trois sangliers et Mundus attrapa un chevreuil et une perdrix berguenoise. De retour aux palais, ils prirent un copieux petit déjeuner, composé de rognons, boudins, et autres viandes en tout genre qui provenaient de leur chasse. La discussion était animée et les chopes de bières tournaient.
La journée se passa sans incidents, la cour du Bastion était relativement simple et n’appréciait guère les protocoles sophistiqués. La chasse les avait tous détendus, les paroles s’échangeaient sans artifices. Autrement dit, c’était un séjour que Mundus appréciait et qu’il n’était pas près d’oublier. Quand le soir arriva, il se rendit à ses quartiers et rédigea une missive pour la Consule Impériale Mirriah, afin de la prévenir des derniers événements et de l’arrivée du Prince.
Le lendemain, il fit ses adieux au roi et reprit la direction du port en compagnie du prince cadet Amalrik De Bergheim. Tout ce petit monde embarqua sur « L’Invincible », qui s’engagea à nouveau sur la Mer Gelée. Le prince resta la plus grande partie du temps sur le pont, à profiter de l’air marin. L’Intendant l’accompagnait parfois, pour discuter de choses et d’autres.
Ainsi, « L’Invincible » filait toujours au vent, avec un hôte de marque cette fois !
Post by Mundus, près de Thaar - April 26, 2007 at 9:19 PM
La traversée se passa sans problèmes majeurs. Les marins étaient calmes, impressionnés par la stature et la carrure du prince Amalrik. Ils avaient un hôte de marque, s’ils se conduisaient bien ils auraient peut-être une rallonge de salaire et ça, ils ne cracheraient sûrement pas dessus ! Une fois la Mer Gelée franchie, « L’Invincible » s’engagea sur l’Océan Belegaer. Là encore, le trajet fut calme et tranquille, ce qui était plutôt étonnant, quand on a l’habitude de naviguer sur cette vaste étendue d’eau, aussi appelée la Grande Mer.
Les journées s’écoulaient, toutes pareilles à la précédente. Chacun vaquait à ses occupations. Il n’y avait que très peu de mutineries au sein de la flotte impériale de Systéria et une fois encore la règle s’y appliquait. Le charisme du prince cadet de la couronne De Bergheim en imposait : ça devait en décourager plus d’un. Mundus, lui, s’occupa de terminer le roman qu’il avait prit pour la traversée. Il l’apprécia, d’ailleurs. Souvent, le mage sortait sur le pont pour discuter avec le prétendant berguenois. Les deux hommes s’entendaient comme larrons en foire, il faut dire qu’ils devaient être fais du même bois : simple, bourru et direct.
Et puis un jour, alors qu’ils s’entretenaient à l’arrière du navire, fixant pensivement l’horizon et débattant des diverses tactiques à adopter pour débusquer et abattre le gibier, la vigie hurla :
- Terre ! Terre, droit dedans !
Ce fut une véritable explosion de joie. Les marins sont certes des hommes habitués à la mer, ça ne les empêche pas d’aimer leur foyer et d’éprouver de la nostalgie pour leur terre natale. Les deux hommes détournèrent leur regard de la vaste étendue d’eau qui s’offrait à leurs yeux et se dirigèrent vers la proue. Mundus désigna le paysage d’un grand et ample geste du bras et annonça, visiblement fier de son pays :
- Prince Amalrik, voici la terre que vous gouvernerez peut-être un jour !
- Ah voyons, Mundus, comment ça, peut-être ? Il n’y a pas à tergiverser, je pense que le choix est facile.
- Ca, ce n’est pas à moi de choisir. Enfin si, un peu quand même. Mais je ne serais pas le seul. Sinon, y’aurait foutrement pas de cérémonie, hein ?
- Si vous le dites, Mundus, si vous le dites. Espérons que les autres se dépêchent de venir, quand même. Qu’ils manifestent un peu de respect.
- Oui, c’est sûr que le temps file sacrément rapidement, il serait temps de régler c’t’histoire une bonne fois pour toute. Bon, j’vous propose d’aller faire un sort au dernier tonneau d’bière qu’on a pas eu le temps d’écluser. On en a pour quelques heures encore avant d’arriver au port.
- Ah, mais c’est une proposition qui ne se refuse pas, mon vieux, Mundus ! Allons-y !
Et c’est ainsi que l’Intendant de Systéria et le Prince Amalrik De Bergheim descendirent dans les appartements de ce dernier pour malmener la dernière réserve de bière. Ce fut fait au grand dam du cuisinier, qui espérait remporter le tonneau chez lui, ni vu ni connu. Une fois encore, les chopes se remplirent et se vidèrent. Les heures passèrent, les rires fusèrent et c’est légèrement éméchés – ces deux ours supportaient bien l’alcool – qu’ils furent informés qu’une délégation de Systéria les attendait et qu’il était temps de prendre les barques à destination du quai.
- Votre Altesse, Intendant, nous sommes arrivés. Si vous voulez bien vous donner la peine de retourner sur le pont pour que nous puissions vous ramener à terre…
Les chopes retournèrent sur la table et tous deux, accompagnés du commandant, refirent surface sur le pont. Ils furent conduis aux canots qui servaient à transporter les passagers. Ce genre de navire pouvait pénétrer dans le port, mais l’activité portuaire était telle que c’en était impossible pour le moment. Et ils avaient suffisamment attendu. Le maître de « L’Invincible » et son second s’inclinèrent respectueusement, pour saluer dignement Mundus et Amalrik.
- Votre Altesse, Intendant, ce fut un plaisir d’avoir pu vous compter parmi nos hôtes. Nous espérons que vous avez apprécié le voyage et que la flotte impériale restera dans vos esprits comme vous ayant servi avec honneur et dignité. Mes salutations.
Mundus s'empêcha d’éclater de rire, ce qui lui provoqua quelques soubresauts. Tout ce protocole écrasant le faisait plus rire qu’autre chose, même s’il est vrai qu’il l'avait lui-même élaboré. Mais il ne confondait pas personnel et privé. Le commandant faillit remarquer l’attitude de l’Intendant quand le Prince s’approcha de lui et le salua à la mode berguenoise.
- Commandant, je ne me suis jamais senti aussi bien sur mer ! Vous avez fait mieux que la plupart des hommes que j’ai sous mon commandement, figurez-vous. Continuez à faire ce bon boulot et vous serez vite récompensé. Que votre bateau ne coule qu’une fois son chef mort !
- Bah pareil, commandant ! Chapeau à vos hommes et tout l’toutim. Je penserais à faire augmenter la prochaine solde de tout l’équipage d’une centaine d’écus. Vous avez bien bossé, vous l’méritez. Sur ce, on r’tourne sur le plancher des vaches et j’vous cache pas que j’en suis foutrement soulagé.
Et sur ces – belles ? – paroles, les légionnaires et le cortège – de deux seulement, mais un cortège quand même ! – diplomatique se dirigèrent vers le quai où les attendait une importante délégation de courtisans, menés en tête par Khayzane, Consule Impériale, ainsi qu’Hanzo Hattori qui assurait la sécurité avec ses hommes…
Quant à « L’Invincible », il mouillait désormais au port de Systéria, insensible au vent puissant...
Post by Feu Hanzo, AdM - April 26, 2007 at 9:49 PM
Regardant le navire entrer au quai, il ne put que comparer le navire impérial au sien, battant pavillon impérial, le navire qui amenait l'intendant était briqué comme un sou neuf. Il s'avança parmis ses mercenaires, distribuant des ordres tout en s'avançant vers l'intendant.
Il regarda autour de lui afin de s'assurer la sécurité de tout le monde, son oeil pesant de temps en temps très lourd sur certaines personnes ainsi que sur la consule qu'il surveillait de très près.
Hanzo salua tous les nouveaux arrivés sur Systéria, les prochaines semaines risquaient d'être très longues. Heureusement que la garde impériale était la pour surveiller le bon déroulement de tout ce qui allait suivre.