Nuits de folie
Post by Delyna Orlanth, FdC - May 12, 2007 at 11:43 AM
- A mort la sorcière !!!
- Tuons la !!! à mort !!
- Mostres ! Monstres !! Monstres !!
La jeune fille était encore assomée par les Voix qi sussuraient milles choses à son oreille. Inconsciente de ce qu'il se passait autour d'elle, elle était ailleurs, autre part. Le monde dans lequel elle évoluait était pleins de couleurs et de fumée, des fumées parfumées et colorées. Rouges, vertes, dorées. Mêmes les formes humanoïdes n'avaient d'humain que le contour. C'était leur âme que Delyna regardait et non leur corps.
-
Il y a beaucoup de rouges... N'est-ce pas la colère que le rouge ?
-
Si. Peut-être devrais-tu reprendre conscience ma petite chose.
-
Nonnnn ressssstes avvvvvec nouuuuuuuuuuuuuus.
Elle chassa d'une main impatiente les Voix pernicieuses, se concentrant sur la seule qui lui était de bon conseil.
Du moins... voulut-elle la chasser. Sa main refusa de bouger, collée contre sa cuisse par quelques sortilèges étranges.
- Redescends, ma petite chose. Vas voir ce qu'ils te font.
Elle s'exécuta, reprenant pied dans la réalité au moment où un homme barbu qu'elle connaissait pour être le bucheron officiel du gros village où elle avait élu domicile, glissait une torche enflammée au pied d'un tas de bois.
Tas de bois sur lequel elle était attachée, revêtue d'une étrange chemise qui sentait à plein nez l'huile de pois.
- Attendez !!! Attendez !! Que faites-vous ???
Elle cria, autant de peur que de colère. Il était clair qu'ils ne lui voulaient pas que du bien.
Qu'avait-elle fait pour ça ? N'avait-elle pas aidé une paire de famille à faire un deuil un peu douloureux, en ramenant à la vie pour quelques minutes, le mort qui ne voulait pas les quitter ?
- Sorcière !!! Tu n'est qu'une sorcière !! Tu vas mourir !!
Ca, merci, elle le voyait bien. Mais elle n'en avait pas l'intention. Elle hurla de peur alors que les flammes grandissaient sous elle. Elle Tenta de se défaire de ses liens de corde sans grand succès.
Elle injuria la population, la supplia et même aurait voulu verser quelques larmes. Mais elle ne savait plus pleurer depuis longtemps. Personne peut-être n'avait prit le temps d'être gentil et aimable avec elle, lui asséchant peu à peu le coeur.
Elle hurla une formule magique, invoquant son élément calmant et sous elle, une flaque d'eau s'étala, noyant sous ses pieds une partie du feu.
A un pas d'elle, les flammes continuaient de grignoter du terrain. Derrière elle, le bucher prenait une forme plus agessive et les flammes, cruelles et pernicieuse, se glissèrent contre son dos, enflammant sa chemise. La morsure fut atrocement douloureuse.
Delyna hurla de douleur, se débattant à nouveau. Mais elle sentait ses chaires grésiller sous les fammes. Ses mains, ses jolies mains blanches de guérisseuse, ses longs doigts fins, sa paume rose et douce d'avoir huilé tant de corps meurtris... tout éclatait sous la chaleur des flammes. Elle sentait sa peau s'ouvrir, liberant un flot de sang bouillant sur ses poigents.
La corde céda soudain.
Il se fit comme un silence lourd et assourdissant au sein de la population rassemblée au pied du bucher. Delyna n'était déjà plus que colère, que rage et douleur.
Elle leva les mains en l'air et d'une voix doublée par quelques esprits venus lui prêter main forte, elle invoqua l'eau pour éteindre son bucher.
Ses pieds la portèrent vers la foule, marchant sur les braises brûlantes pour y imprimer définitivement la marque de sa torture.
Loin de leur vouloir du bien, la médium appela à voix basse tous les esprits et tous les morts disponibles auprès d'elle et bientôt la place fut envahis de fantômes et de cadavres plus ou moins frais.
La terreur des habitants semblait à son comble. Loin de pouvoir fuir, ils étaient tous encerclés et réunis près d'elle par les morts obéissants.
- Arrêtes !! Sorcière !! Ou tu périras de ma main !!
Un des hommes présents, armé d'une longue lame, la mit au clair, pointant le cou de la jeune fille.
Mais elle ne sembla pas l'écouter. Les yeux mi-clos, la tête penchée sur le coté, elle écoutait d'autres voix, d'autres landes.
Elle incanta à nouveau, indifférente à la lame que l'homme brandissait, le poignet tremblant.
Dans ce petit village, on ne voyait pas souvent son arrière grand père venir vous taper sur l'épaule.
Les hurlements retentirent à nouveau alors que les morts s'emparaient des tisons du bucher pour aller enflammer les maisons de chaume et de paille entourrant la place du village.
Les hautes flammes avalèrent rapidement les premières maisons. Le vent, complice et amusé, souffla d'abondance, propageant l'incendie jusqu'au port.
Les gens à présent, hurlaient des ordres, indifférents au passage de la sorcière qui marchait lentement vers les bâteaux amarrés. Ses pieds laissaient de longues traces sanglantes, comme pour indiquer la route à suivre.
Le port était déjà en feu et les bâteaux s'embrasaient les uns après les autres, fragiles coques de noix surmontés de voiles légères.
Delyna prit place à bord de l'un d'eux et laissa un mort détaché l'amarre. Elle s'allongea au fond, épuisée, bouleversée, encore persuadée d'être attachée sur ce tas de bois, croyant encore sentir la morsure douloureuse des flammes.
Derrière elle, le village n'était plus que brasier et cendres fûmantes. Quelques esprits murmurèrent qu'ils n'avaient que ce qu'ils méritaient. Les morts s'en retournaient à leur dernier repos, insensible aux familles éplorées.
Delyna se redressa avec inquiétude de son lit de fougères. L'image colorée que ses yeux lui renvoyaient l'inquiéta. Elle cligna des yeux à plusieurs reprises, tentant de redescendre à la réalité. Enfin, un feuillage d'un vert commun succéda au tourbillon de roses, de bleu et de violine.
Elle frotta ses yeux, stupéfaite de s'être endormie ici. Où était-elle ? Ah oui... Mundus d'avait emmené au campement des Gitans. C'était il y a plusieurs jours déjà.
Derrière le rideau de verdure, elle vit les tentes. Elle lâcha un soupire discret. Elle avait enfin retrouvé son chemin. Craintivement, elle ramena ses mains contre sa poitrine et se mit à trottiner vers le campement, indifférente à ses cheveux en bataille, à ses joues maculées de terre.