Ensemble, même dans la mort…

Ensemble, même dans la mort…

Post by Astria, AD - May 22, 2007 at 10:34 PM

C’était l’équilibre, c’était la Trinité ; la naissance, la vie et la mort… Mélurine, Lathan et Vaerdon, elle leur avait consacré toute sa vie. Une vie qui avait été très longtemps tourmentée jusqu’à ce qu’elle décide de prendre le destin lui étant alloué ; devenir la shaman la plus puissante de tout Systeria. Dans la pénombre d’une chambre, entre quatre murs froids et gris, elle gisait là, morte… Le cycle de la vie, la Trinité lui avaient donnés une vie et l’avaient repris…

C’était une belle journée comme une autre, Sharas s’était levé du bon pied, elle chantonnait tout en préparent le déjeuner de ses trois fils, Thangar, Draas et Falcon junior. Ses deux jumeaux âgés de 12 ans maintenant discutaient de choses et d’autres, mais surtout d’art druidique puisqu’ils désiraient tout deux devenir comme leur mère. Ils avaient d’heureuses dispositions, chacun avaient un don inné pour ce qui était de la magie naturelle. Une grande force sommeillait au fin fond de ces petits anges et Sharas était tellement fière d’eux ! Ils discutèrent un bon moment durant le déjeuner, Sharas leur parlait de l’avancement du Manoir Trenor, combien Falcon pouvait se donner aux décorations pour que tout soit parfait. Mais les enfants manifestaient l’envie de rester au Cercle, ce qu’elle accepta. Sharas leur disait souvent qu’une fois Amélia bien présente au pouvoir du Cercle, elle le quitterait pour prendre une retraite bien méritée avec son amour, Falcon, mais qu’elle resterait à la disposition de sa guilde. Elle leur disait qu’elle était du Cercle depuis maintenant 20 ans et qu’il était temps pour elle de se retirer, de passer à autre chose. Thangar souriait, il imaginait déjà les belles vacances qu’il aurait avec sa maman, sur la plage d’une île lointaine.

La journée s’écoula rapidement, Sharas avait passé cette dernière avec ses deux plus vieux enfants, leur enseignant comment bien s’occuper des plantes sauvages. Jusqu’à ce moment, tout avait été agréable. Il ne manquait que Falcon qui devait voir un menuisier de l’Ordre pour l’aider dans ses travaux. Cependant, plus la soirée avançait, plus Sharas se sentait mal : quelque chose la poussait à se rendre au temple de Vaerdon. Elle ne comprenait pas pourquoi, elle mit ceci sur le compte de sa fatigue et du fait qu’elle n’avait pas médité depuis deux jours. Et plus le temps passait, plus Vaerdon appelait Sharas. Mais cette dernière n’y prêtait pas attention, elle voulait terminer la soirée en beauté avec ses deux petits amours. Le ciel s’assombrit alors et un éclair perça les nuages pour s’abattre sur la terre, quelque part en forêt. Sharas s’était accotée sur le cadre de porte de la maison de Lathan et admirait le spectacle comme tant d’autres. Puis sans aucun avertissement, les esprits envoyèrent à la shaman une vision foudroyante. Ils lui montrèrent un lieu étrange, noir, sordide où des immondices se battaient sur un corps mort depuis un moment, un grand corps dont l’ossature était impressionnante. C’était le corps d’un homme. Une puissante nausée prit Sharas par surprise, et alors qu’elle ouvrit les yeux, telle une feuille d’arbre malmenée par le vent, elle tomba, s’écroula au sol devant les yeux terrifiés de ses enfants.

C’est quelques heures plus tard que Sharas ouvrit les yeux, des yeux vides de vie, ternes, sombres comme si la mort planait sur son corps. Elle était blême comme un cadavre. Elle posa ses yeux autour, une armée de druides et de shamans discutaient d’un phénomène inexpliqué, d’une chose que personne n’avait jamais vu. Désintéressée, elle se tourna vers ses enfants qui étaient à genoux près d’elle, Draas pleurait et Thangar ne comprenait pas.

Sharas ferma les yeux, grimaça de douleur, elle sentait sa chair se faire lentement dévorer, sentant sa fin venir et son cœur se serrer.

Silencieusement, les druides quittèrent l’endroit pour laisser Sharas seule avec ses deux fils.

Draas avait les yeux ronds, Thangar serra les dents et les poings.

A ces mots, Sharas perdit énormément de vitalité, elle se mit à tousser du sang, un sang noir et brûlant.

Lentement, très lentement, Sharas passa sa main, aussi glaciale et aussi blanche que la neige, sur leurs doux visages.

*C’est alors qu’un vent glacial entra par les fenêtres, les rideaux gris cachèrent leur mère un moment puis laissèrent voir quelque chose qu’ils n’auraient jamais cru voir un jour : la réelle apparence de Sharas. Partout sur son corps, des écailles d’argent étaient apparues, brillantes comme la lumière d’une bougie. Ses yeux autrefois noirs devenaient d’un jaune ardent, comme si des flammes y s’était logées. Doucement, elle leur sourit, étrangement dans une plénitude totale. Sharas ferma les yeux, son dernier souffle vain. Elle s’éteignit comme elle était née, dans le silence d’un vent glacial. *

Thangar se redressa debout, serrant sa mâchoire de colère et sortit en trompe de la maison druidique, écarta violemment les shamans qui avaient fait silence. Déchiré de douleur, il courut dans le Cercle sous les regards inquisiteur des druides et shamans pour finalement s’arrêter au petit quai de pêche. En pleurs, il s’écroula au sol, à genou, et regardait le ciel, noir de rage.

Il regarda le ciel noir, une douce pluie se mit à tomber. Il ne put retenir d’avantage ses pleurs, son cœur déchiré par cette peine trop grande pour lui. Il désirait mourir aussi. Rejoindre sa mère et, Falcon son père adoptif. Mais il le savait, c’était inutile. Il repensa à ce que sa mère était, il repensa à ce que Falcon était, et au destin de Junior. Si c’était vrai, tout ce qu’il ferait allait avoir un impact dans le futur. Il se redressa une fois sa rage passée. Si les dernières volontés de sa mère avaient été de protéger le petit prince des glaces, il allait le faire au péril de sa vie, quitte à mourir lui-même sur le bûcher. Il avait décidé de prendre en main son destin et d’assumer sa nature. Il était prêt.

Quand Thangar retourna à la maison, il trouva Draas, assit au sol, le dos contre le pied de son lit, tête basse et triste. Thangar le regarda avec compassion et lui dit :

*Draas leva son petit minois sur son frère qui était en train de mettre leurs vêtements dans de grand sac à dos. *

Ce soir-là, tout le Cercle se mura dans un silence funèbre. Personne ne parlait, personne n’osait. Les shamans préparaient lentement un bûcher pour les obsèques de leur dirigeante. Celle qui les avait guidé, conseillé, aidé, la plus puissante shamane que Systeria ait connu et qui puisait sa magie l’on ne savait où jusqu’à maintenant. Le corps de Sharas fut déposé sur le bûcher de bois, de plume et de roche. Plusieurs pleuraient sa mort mystérieuse, personne ne comprenait comment une si belle, jeune et puissante shaman pouvait mourir en l’espace de cinq heure. Quoiqu’il en soit, les shamans chantèrent les louanges de Sharas, prièrent Vaerdon de l’accueillir dans son royaume. Le feu fut attisé et comme la glace elle se consuma en fondant. Une page de plus fut tournée, celle d’un grand roman dont l’héroïne était une créature venant des contrées des neiges éternelles, reine et mère. Celle qui fut l’amie, la guide mais aussi la traîtresse, la menteuse, le démon cruel…