Trois pas de danse sous l'oeil de l'artiste

Trois pas de danse sous l'oeil de l'artiste

Post by Sakamae Nakaki, CP - June 13, 2007 at 5:01 AM

Un, deux, trois...

Un, deux, trois...

Les jupons en coton léger virevoltaient au vent, des vagues intarrissables au rythme infernal alors que la belle dansait. Les orteils plongeaient incessamment dans les grains de sable, alors que la rumeur de la mer venait répandre ses odeurs salines, dans la pénombre du début de la soirée. Le crépitement du sable était doux, et la douce mélodie qui accompagnait la nature lui était inspirante. Elle laissait les démons s'emparer de son corps pour bouger comme rare savent le faire. Les longues boucles soyeuses de ses cheveux rebondissaient, sans se lasser, contre son corps qui ondulait sous la pratique. La pratique du mouvement, la pratique de la grâce, la pratique de la danse.

Un, deux, trois...

Un, deux, trois...

Le visage illuminé par les derniers rayons de soleil était vaste, trop paisible pour l'être véritablement. Quel sentiment pouvait hanter la pucelle..? Nul ne le saurait vraiment. Les bras s'allongeaient et venaient caresser le bord de ses hanches, sans pudeur, sans gêne. Femme, à l'état pur. Disponible et inaccessible à la fois, qu'avait-elle de si étrange.

L'homme vint s'asseoir. Ses vieux doigts noueux ne lui permettaient plus la vigueur d'autrefois, ou il aurait bien voulu aller aborder la jeune femme. Sous l'ombre d'un saule, il prit sa sanguine et entreprit de faire une esquisse du spectacle qui se déroulait devant ses yeux. Méticuleux, rapide et précis, chaque trait détachait un peu plus la silhouette enviable de la jeune femme. Il la regardait comme on regarde un trésor, une maîtresse ou encore une bouteille d'ivrogne. Dont on veut toujours un peu plus. Comment détourner le regard d'un artifice aussi déchaîné, certains y arrivaient sans mal, d'autres, devaient se mentir pour le faire.

Néanmoins, le portrait fut fait, et accroché dans une taverne de la basse, que trop peu visité pour lancer la rumeur, mais le portrait était tel qu'on ne pouvait que la reconnaître. Malgré le dessin monochrome, le mouvement et les traits parfois grossiers, la jeune De Sorgrad avait été immortalisée.