Hanté d'un passé
Post by Amy Firal - November 3, 2007 at 11:04 PM
La goutte d'eau coulait le long de sa joue. Le soleil brillait à son maximum, étincellant cette perle luisante qui venait de s'échouer dans une poudre d'or, au sol.
Son regard, vide et grand ouvert; son corps, moue, flasque, dénué de mouvement; sa main, crispée sur le vide. Le corps inerte de l'adolescente reposait sur le sol du pont de la basse-ville. La pluie s'abattait sur elle depuis le ciel gris tel un absence de vie.
Une bestiole, verte, ailée, venait tout juste de disparaître dans une explosion d'étincelle. Le silence, rompu par la pluie, revint imposer ses lois en ces lieux.
¤
Cette douleur qui me martèle le crâne. Qu'est-ce? Suis-je en train de vivre ce que j'ai craint, ou ce que j'ai cherché à vivre?
Suis-je de retour en ces lieux maudits, ces lieux qui me hantent depuis mon enfance?
Vais-je le revoir? Vais-je le sentir? Veux-je réellement le voir?
Le sol me torture. Une pointe qui s'enfonce dans ma joue. J'ouvre malgré moi les yeux sur ces marches sur lequel je repose. Cette lueur verdâtre qui s'échappe de mon colier m'alerte. Je suis bel et bien là, après tout ce temps. L'occasion rêvé d'agir? Le décors est floue. Des nuages, un ciel... Une partie que je n'ai jamais vu de ce monde horrible qu'est le Royaume des Rêves.
Prise d'alerte, mon coeur voulait sortir de ma poitrine tant l'adrénaline le faisait battre fort. J'agrippe ma dague d'Onirine et je regarde autour de moi.
Prise au piège sur une île. Prise au piège en ces lieux. J'y suis venu tant de fois et pourtant, ces lieux me paraîssent encore nouveau. Une forme apparaît. je note la cape en poil. La peau foncé verdâtre, les oreilles pointus d'un elfe, les cheveux bruns.
- Qu'est-tu devenue Amy? , lance cette inconnue au regard familié.
Je cherche à comprendre. La lenteur de mes mouvements ralentissent l'analyse. Je connais cette personne. J'ai toujours rêvé de la revoir. Mais est-ce réellement elle? Enfin, je mets le doigt sur un nom.
- Sh...Sharon?
C'était bien elle. Cela ne pouvait être vraie. Elle était partie rejoindre sa mère... Comment pouvait-elle être là?
- Tous les gens autour de toi te détestent. Tu es devenue une honte, tout le monde meurt par ta faute! Tu es devenue une erreur de la nature, on te déteste...!
Chaque mot était comme une lame qui me transperçait. J'avais le goût de hurler, de pleurer, mais la force des rêves m'empêchait d'agir comme je le désirais. Je trouve toutefois la force de parler.
- Ce n'est pas de ma faute... C'est toi qui m'a abandonnée!
Je me trouve naïve. Naïve de quoi? Naïve de la peur elle-même. La peur de décevoir les gens qui m'entourent, de leur faire du tord. Je me déplace. Une forme noir, capuchonnée se tient derrière Sharon. Le bras dans le dos de celle-ci. Il la fait bouger comme un pantin.
Enfin je comprends. Je comprends mon erreur, ma stupidité. C'est lui. L'être que j'ai voulu revoir depuis toujours. L'être qui m'a fait du mal. L'être que j'ai crains mais envers qui j'ai développé une haine. Ce cauchemars doit se terminer, cet être doit disparaître à tout jamais. Sharon dégaine son arbalète. Je tiens plus fermement ma dague verdâtre. Je m'avance, incertaine, vers l'être noir qui disparaît dans un rire ténébreux, dans un rire épouvantable qui me glace le sang. Je vais accomplir un geste que j'ai toujours craint. C'est la seule solution, la seule solution que je peux voir. J'enfonce ma dague dans les côtes de Sharon, je pousse un hurlement rempli de tristesse et de peur alors que Sharon gémis de douleur. La peau autour de la dague enfoncé disparaît lentement, comme si la dague détruisait l'image autour d'elle. Du sang vient atteindre ma main, depuis mon torse. Je baisse la tête alors que je note la présence d'une flèche en mon torse.
Cette douleur me martèle. Elle me pousse à reculer, à crier, à hurler. Mais je ne peux que reculer et sombrer dans les abysses de ce monde alors que l'image de Sharon, et du décors qui m'entour, disparaît lentement. Le noir total vient m'agripper, on se dispute pour savoir quoi faire de mon corps, de mon âme... Cette lueur, brillante tel une lumière divine m'aveugle. Je m'avance. Je note la présence de nuage, de tour de briques. Le doux son d'une rivière vient se mêler à ce décors mélancolique. Quelque chose de dur s'écrase contre moi. Je sens ma tête me torturer, j'ai de soudain spasmes. Que se passe-t-il? Suis-je morte? Je veux que tout ceci s'arrête mais la force n'y est pas. Je ne contrôle rien. Je ne peux que regarder sans réagir.
Cette lueur se dissipe, caché par un obstacle. Je fronce les sourcils et je me redresse lentement, la dague verte en main. Je suis de retour sur le pont. Je suis retourné dans le royaume des rêves et j'en suis ressorti, vivante, comme toujours. Ma tête me torturait et ne faisait qu'accentuer cette haine que j'éprouvais envers le Roi du royaume des rêves, augmentant mon envie de le tuer, de le voir hurler après tout ce qu'il m'a fait.