Lorsque les étoiles meurent
Post by Sakamae Nakaki, CP - November 11, 2007 at 6:35 AM
Le chapeau bien enfoncé dans la gorge empêchait ses cris de sortir de sa cellule. Les douze coups de minuits sonnèrent et elle entendait les ronflements du garde de sa cellule. La ronde venait de passer. Environs trente minutes avant que le prochain garde ne vienne s’assurer qu’elle ne bouge pas. Déjà plusieurs jours qu’elle avait perdu le fil du temps, seules les cathédrales lui rappelaient de temps à autre avec leurs cloches au gosier vigoureux. Les pierres de la cellule étaient froides et tristes. Tout était noir et gris depuis bien des jours. Le crépitement des braises, le bruit des gardes qui jouaient aux cartes dans la salle connexe, le bercement du garde qui ronflait, tout pouvait sembler apaisant à l’âme qui n’était pas tourmenté.
Elle avait tenté d’écrire une lettre d’au revoir, mais tout restait noué au fond de ses entrailles. Encore ce corps qui l’empêchait de tout faire. Cette clôture, cette barricade, cette ordure. Pour ne pas alarmer les gardes, et pour moins souffrir, elle s’entailla d’abord les veines des chevilles, chose qui n’était pas des plus souffrants, mais qui laissait bien son corps se vider, rapidement, sans bruit. Anna avait prit soin de placer les couvertures de façon à tout bien imbiber. Il ne faudrait qu’une quinzaine de minutes à son corps pour mourir. Prise d’une soudaine angoisse, qu’on cherche à la sauver dans son effort ultime pour mourir, elle ajouta aux couvertures sa cape, afin d’absorber tout le sang, afin qu’il ne coule pas vers la porte, qu’elle aurait le temps de libérer son esprit. Jamais elle ne se laisserait injurier ou insulter en allant sur le bûcher, non. Elle sentit le frisson des dalles glacées lui remonter l’échine, un frisson de froid. Elle n’avait jamais ressenti le froid de toute sa vie, ni la maladie.
Ses songes la rattrapèrent. Elle pensa à Séphyr et sa famille, des pensées heureuses et bonnes. Oui, elle était heureuse pour eux, de sa décision. Elle ne leur nuirait plus jamais. Elle pensa à Lenne, à la confrérie entière et elle fut encore heureuse. Heureuse de la savoir désormais si bien engagée avec des gens compétents et efficaces. Elle pensa à Dias, qui, elle le savait, la cherchait. Le pauvre qui avait cru en elle. On ne doit jamais croire le démon. Des pensées allèrent à Khayzane, cette femme si forte, si admirable. Elle eut ses premiers regrets. Anna toussa, ses lèvres commencèrent à se teindre de bleu. Kalidor, cet homme si fort, si droit et pourtant si maladroit. Comme elle s’était sentie unique et parfaite dans ses yeux, ces yeux qui avait repoussé tant de femmes et qui, pour elle, avaient brillés. Pour lui, elle était venue d’elle-même, avouer son crime : être née. Une seconde vague de remords, le froid vint se loger dans ses entrailles. Puis la dernière personne qu’elle avait vue, Aerandir. Lui qui avait voulu la sauver, la sauver d’être une tiefling. Quelle étrange pensée, après tout. Mais au bout de tout la livrait tout de même à l’Archevesque. Le froid vint lui prendre au cœur ; plus jamais elle n’aimerait.
Un ultime effort, par symbolique, elle vint loger la dague dans son cœur, et elle expia son dernier souffle. Un démon qui s’éteignit au creux d’une cellule froide, en espérant seulement que l’amour ne l’achève, qu’une libération ne vienne lui soutirer ses remords d’être ce qu’elle était. Assise, adossée contre le lit, gisant dans son sang, elle avait une main contre le pommeau de la dague, petit poignard en acier comportant les initiales K.M. …
Post by Aerandir Finwë, CdP - November 11, 2007 at 11:10 AM
Namàrië Anna… Ce fut les dernières paroles qu’il lui adresserait avant de refermer la porte de la cellule derrière lui et il le savait très bien. Ce fut sans doutes l’un des coups le plus dur que le jeune vigile dût encaisser jusqu’à présent. Il avait partagé ses derniers pleures avec son amie. Oui, il la considérait comme une être chère à son cœur à présent. Même s’il savait très bien ce qu’elle représentait, il avait sut voir ce qui se cachait derrière ce monstre qui l’envahissait. Un écho, appelant à l’aide afin de la sauver du destin qui lui était réservé.
Le jeune vigile avait tout fait ce qui était en son pouvoir pour lui donner le goût de s’accrocher à nouveau à la vie. Lui donner de nouvelles parcelles d’espoir, afin qu’elle vive des jours meilleurs sous ce qu’elle convoitait tan, l’amour… Il désirait par-dessus tout lui offrir la chance qu’elle puisse s’accepter comme elle était, afin qu’elle trouve une certaine paix intérieure.
Il ne pouvait cependant pas oublier les fautes flagrantes qu’elle avait commises. Elle devait avant tout ce les pardonner à elle-même, avant d’implorer le pardon à quiconque. Avait elle réellement accepté au fond d’elle le poids de ses manques? Seul Thaar pouvait en être témoin.
Méritait elle une seconde chance? Il le croyait oui, chacun y a droit. On ne fait malheureusement pas le choix de naître sous les circonstances que l’on désire, mais l’on doit avoir le courage et la force de saisir cette chance lorsqu’elle s’offre à nous.
C’était son devoir de la guider vers celle-ci, mais à la fin, le choix lui revenait à elle seule. Trop effrayant était pour elle le prix à payer. C’est à la toute fin qu’elle lui supplia d’ouvrir la porte, qu’elle puisse partir et fuir à nouveau la réalité. Pourtant, elle savait très bien ce qui l’attendait lorsqu’elle vint demander son aide, quoi que cela était tout de même incertain…
Il aurait certes pu lui ouvrir la porte et la laisser partir afin qu’elle puisse vivre à nouveau. Cependant, cela aurait détruit ce pourquoi elle s’était rendue. Son geste de sacrifice aurait été dérisoire. Il ne pouvait se laisser à l’idée de la laisser partir, car elle aurait d’autant plus souffert, il le savait. Peut-être se trompait il?
C’est pourquoi il devait cependant demander conseil à son supérieur, le saint archevêque, sur ce qui devait être fait. Peut-être savait il un moyen du purifier le corps d’une manière quelconque, autre que par le feu…
Mais quelque part en lui, il savait qu’il ne la reverrait pas en refermant la porte derrière lui-même. C’est bien pourquoi il lui dit ses adieux avant de la quitter. Il savait qu’elle lui avait prit sa dague, il l’avait sentit. Il ne s’y était pas opposé, car c’était maintenant le temps pour elle de faire le choix. Croire, ou perdre espoir…
C’est plus tard qu’il revint afin de nettoyer son corps qui baignait dans son propre sang. Il l’enveloppa de tissu propre puis la déposa sur le lit de la cellule. Il prit les effets tâchés de sang qui gisaient au sol, puis les déposa dans un sac. Il fit sa dernière prière, demandant à Thaar d’émettre son jugement sur l’âme de son amie, puis il quitta les lieux, les larmes ruisselant sur son visage.
Il retourna peu après au temple pour se recueillir, après tout, il souffrait également à présent et il désirait puiser quelques forces par la prière. C’est là qu’il eu à sa grande surprise, la visite des d’une apparition… Divine…
Post by Elrog Minh Yu - Mort - - November 11, 2007 at 4:38 PM
Il en avait revé, alors qu'il était sur « Le Dremas » il avait vu la mer multicolore... mais cette nuit la, la mer multicolore était houleuse, pas dans le dégradé de couleurs chatoyantes qu'il avait connu, mais plus sombres, plus noires, comme absorbant la lumière. Il vogait par dessus cette mer sombre quand soudain un trait de lumière jaune or traversa le ciel, plongeant profondément au coeur même des flots... Tout sembla alors s'illuminer d'une clarté aveuglante ou il vit quelque chose qui le réveilla.. Deux formes humaines qui s'éffritaient dans la clarté comme décomposées par la force de celle ci.
Tournant la tête dans la pénombre, il savait que quelque chose avait changé quelque part... Mais il n'en serait sûr qu'a son retour sur le continent. L'aube était proche et il ne put retrouver le sommeil avant celle ci.
Post by Simeon, Ind - November 11, 2007 at 11:01 PM
Une mer de sang...
Un corps dérivant...
Un visage famillier...
L'Elfe sursauta dans son sommeil, tout en sueur, papiers étalés sur la table devant lui. Sa respiration encore rapide, il passa lentement une main dans ses cheveux, machinalement, comme toujours.
-Encore ce rêve me hantant depuis des décénies... Non un seul corps... Différent cette fois... Anna?
-Ce vide en moi... Était-ce une vision et non un rêve?
L'Elfe secoua la tête, puis replaca quelques papiers en ordre. Son regard se porta sur l'anneau à son doigt puis il en sorti un en bois incrusté d'une inscription elfique.
-N'aurais-je la chance de faire ce que je désirais? Aurais-je encore été qu'un observateur incapable d'agir?
-J'ai des yeux mais je ne vois pas, elle m'avait fait voir et pourtant je ne voyais pas le plus important.
-Tout ces signes et pourtant... Non, je ne voulais pas voir, je le savais bien... ce qu'elle était...
L'Elfe posa sa main sur son front, doigts dans ses cheveux. Il ferma lentement les yeux puis soupira.
-Je discutais tout bonnement d'eux avec elle, si j'aurais agît j'aurais pu l'aider...
-Les corps s'accumulent autour de moi... Les êtres m'étant chers finissent toujours par partir.
-Patéthique... À quoi bon chercher le savoir absolu si je ne peux pas voir le présent.
-Un guerrier peut trancher les obstacles dans son chemin. Un sorcier peut les bruler, mais moi? Je n'ai que ma plume et mes paroles...
L'Elfe se leva, replaca la chaise prêt de son bureau, puis ramassa son baton sur le mur. Il se dirigea lentement vers la porte puis s'enfonca dans la nuit.
Son regard se posa un instant sur le ciel étoilé où une étoile filante passa, comme une perle tombant du ciel. Une larme se forma au bas de son oeil, coulant lentement sur sa joue puis tombant au sol.
-Pourquoi Anna! Nous aurions pu t'aider mais tu es aller voir ces incapables, brûlant ce qu'ils ne comprennent pas au lieu de vouloir les aider.
-Enfin... Il est surement trop tard pour dire cela maintenant, si Aerduyn ma fait voir le présent et non le futur...
-Repose en paix, loin de toute cette souffrance qui reposait sur tes épaules. Nous nous reverrons dans quelques siècles, ou plus tôt qui sait... La mort rôde autour de moi à chaque jour, hapant ceux m'entourant... Je serai peut-être le prochain...
L'Elfe souria légèrement puis se dirigea lentement vers la basse-ville, voulant confirmer sa vision...