[Sainte Elisa] Patient n°52, Edgard

Post by Thomas Bolton, Emp - February 13, 2008 at 1:20 AM

Thomas pénétra dans l’hôpital et s’engagea vers le sous-sol. Il descendait tranquillement pour rejoindre la section réservée aux malades mentaux, un petit registre dans la main. Y jetant un œil, il découvrit un petit croquis représentant un des patients qu’il avait en charge et qu’il n’avait pas encore rencontré. Ca non, il s’en serait souvenu, on n’oublie pas un patient tel que celui-ci. Curieusement, le dossier n’était pas complet, il manquait des informations sur son type de folie.

Entrant dans la chambre, il remarqua que l’homme, d’un âge indéterminé, se reposait sur son lit d’une propreté éclatante – ce détail ne manqua pas de se faire connaître du prêtre, c’était suffisamment rare chez les autres résidents de cette partie de l’hôpital. Thomas vint se présenter devant lui et le salua.

- Bonjour, Edgard. Comment allez-vous aujourd’hui ? Je me présente, Thomas Bolton, je suis en charge de votre dossier.

- Ah, b’jour docteur. Ca f’sait longtemps qu’on était pas v’nu m’voir. Enfin, un d’la direction j’parle, parce que les infirmiers font du bon boulot.

- Oui, effectivement, je vois ça. Si vous me parliez un peu de vous ?

- Hein ? Vous vous que j’parle duquel ?

Le docteur fronça les sourcils. Il passa une main sur sa barbe, prenant quelques secondes pour réfléchir, puis enchaîna.

- Duquel ? Mais de vous, tout simplement.

- Ben oui, justement. J’vous comprends pas docteur, c’pourtant clair, ça oui !

Soudain, le visage de l’homme se contracta et arbora un immense sourire amusé. Il louchait, cette fois-ci.

- D’moi, j’suis sûr qu’y veut qu’on parle de moi, l’docteur ! Dis, tu m’prêtes ton dossier et ton fusain ? Moi j’veux faire des dessins, mais sont jamais d’accord pour que j’le fasse sur les murs ! Surtout, elle, l’est vilaine. Dis, dis, tu m’donnes un gâteau ? J’aime bien les gâteaux !

Hochant la tête, Thomas murmura quelques mots, pendant que le visage d’Edgard devenait hautain et dédaigneux.

- Je vois, je commence à comprendre…

- Monsieur ? Nous n’avons pas eu l’honneur d’être présenté. Je suis madame la Baronne de Meridel. Les infirmiers ne sont pas venus m’apporter ma tasse de thé, j’en suis fort contrariée ! La qualité du service décroît de plus en plus dans cet établissement. Passons ! Que me vaut le plaisir de cette charmante visite ? Simple courtoisie ?

Préférant ne pas froisser le patient - ou la patiente, ce n'était plus très clair - , Thomas décida de jouer le jeu. Son regard d’acier semblait néanmoins déconcerté, il n’avait jamais été confronté à cela.

- Dame Meridel, un plaisir de vous rencontrer. Simple courtoisie, vous avez raison. On ne peut rien vous cacher. Votre séjour ici, malgré la qualité du service, vous est-il agréable ?

- Veux mon gâteau !

- Tais-toi, petit morveux. Je vais t’apprendre les bonnes manières, crois-moi tu t’en souviendras !

- Oh allez, soyez pas vache avec lui, m’dame Meridel, c’est qu’un pauv’ petiot des rues. Faut l’excuser.

- Ah non, hors de question ! On leur donne la main et ils nous prennent le bras, ces petits voyous !

Et toute la scène se déroulait sous le regard ahuri de Thomas Bolton. Le visage de l’homme se contractait, du citoyen de base blasé à celle de la très respectable baronne, en passant par celle du gamin surexcité. La scène continua ainsi quelques instants, jusqu’à ce qu’Edgard, la personnalité… disons de base se tourne vers le docteur.

- Voyez doc’, faut savoir à qui vous v’lez parler. Sinon, on sait pas et ça fout l’bordel.

- Hum… Oui effectivement je comprends bien. Je vais vous laisser régler les détails, alors ? Je repasserais plus tard.

Thomas sortit en hâte, griffonnant à toute vitesse sur le carnet.

Le dénommé Edgard souffre de trouble de la personnalité. Je dénombre actuellement trois personnalités différentes :

• Edgard, le patient de base, une quarantaine d’année.
• Un enfant, des rues visiblement, âgé tout au plus de six ou sept ans.
• Dame Meridel, une baronne. A en juger par l’expression et la voix, je lui donne cinquante ans.

A développer.

Décidemment, cet hôpital réservait bien des surprises…

[H.R.P. : L'image vient de la galerie de (http://lonopan.deviantart.com/).]