L'autopsie de la Baleine
Post by Thomas Bolton, Emp - March 21, 2008 at 10:09 PM
Le directeur Bolton entra dans l’hôpital. Le Consul restait à l’extérieur quand Thomas endossait sa charge de médecin. Grimpant les escaliers, il alla dans la salle de stérilisation pour se nettoyer les mains et les avant-bras avec un soin tout particulier. Il quitta ses vêtements ternes et habituels pour revêtir une toge blanche et s’enrouler devant la bouche un épais foulard rouge.
En redescendant, il fit claquer ses gants qu’il venait de mettre et se dirigea directement vers la salle d’autopsie. Le corps du Chancelier Gransieux, massif, obèse, flasque, voire dégoulinant, l’attendait, trônant nu sur la table. Un jeune assistant était en train de plier les vêtements du comte qu’il lui avait auparavant enlevé. Thomas lui adressa un signe de tête puis lui dit :
« Bon travail, Gerald. Cela me fait gagner du temps. »
« Je vous en prie, directeur. Et je dois vous dire, en toute sincérité, que ça n’a pas été des plus faciles. Il était sacrément lourd le vieux. »
« Vous en avez profitez pour le peser alors ? »
« Oh là ! Pas tout seul. J’ai demandé à Norris, son fils et puis le solide Vernon, qui était en train de couper quelques arbres près de l’hôpital pour dégager la vue. On a mis trois heures. Pour passer l’encadrement des portes, on en a bavé. »
Aussitôt, le jeune homme toussa. Souvent – et ce devait bien être le seul – il oubliait qu’il s’adressait à son supérieur hiérarchique. Ce dernier ne releva pas et se dit que l’assistant devait être suffisamment gêné sans avoir à en rajouter. Sa main survola le plateau de fer où étaient disposés les outils. L’autopsie allait d’ailleurs commencer…
Une fois le cadavre ouvert, Gerald hoqueta de surprise en voyant tous les tissus adipeux. Il faut dire que la qualité des ressources alimentaires accessibles aux citoyens étant ce qu’elle est, l’infirmier ne pouvait qu’être surpris.
« La vache, il en a des couches, celui-là ! Oh. Pardon, directeur. »
« Votre surprise est entièrement justifiée. »
Attrapant le scalpel, Thomas ouvrit une artère et en montra le contenu à son protégé. Tout était bouché par la graisse. Et l’autopsie continua, jusqu’à ce qu’elle aboutisse à un rapport détaillé.
L’examen prit énormément de temps, mais uniquement à cause de la surface à couvrir. Le Chancelier Gransieux était un homme plein de ressources, ça oui.
Nom du défunt : Marlois Gransieux
Statut : Comte et Chancelier des Universités
Sexe : Masculin
Race : Humaine
Poids/Taille : 138 kilos pour 1 mètre 72
Description du cadavre :
Le défunt portait de riches atours, dont un large pantalon de velours bleu nuit, ainsi qu’une chemise de coton blanche, cousue de fil d’or aux manches. Une épaisse veste de brocart rouge, dont les cols étaient agrémentés de fourrure de lapin marron, le protégeait du froid. Une tunique de soie blanche en sous-vêtement.
Un mouchoir contenant les sécrétions suivantes fut retrouvé près du corps : salive, sueur, glaires et crème pâtissière.
Blessures externes :
Quelques brûlures superficielles, due à la manipulation de bougies. Lorsque je l’ai vu, il était parfois agité de tremblements dus à son âge, ce qui explique que la cire lui soit tombée sur les doigts.
Ecorchures aux mains faites au moment de la mort, alors que le corps basculait. Il a tenté de se retenir au coin de la table de bois qui trônait dans sa chambre.
Blessures internes :
Artères et veines caves encombrées de lipides, glucides, tissus adipeux, dépôts calcaires.
Elles étaient d’ailleurs extrêmement rigides. Artère pulmonaire menant au cœur complètement bouchée.
Foie extrêmement gras et imposant.
Diagnostic médical :
On constate que feu le Comte Gransieux avait aussi une stéatose hépatique due à son alimentation extrêmement riche en graisse et en sucre. Cela aurait pu être la cause étant donné son état avancé mais on voit clairement après examen du corps que c’est dû à l’arrêt du cœur.
Mort survenue par infarctus du myocarde. La cause de l’arrêt du cœur provient d’un athérome qui se caractérise par un remaniement de l'intima des artères de gros et moyen calibre par accumulation segmentaire de lipides, glucides complexes, sang et produits sanguins, tissus adipeux, dépôts calcaires et autres minéraux.
Notes :
Aucune trace de poison n’a été décelée dans le sang de la victime ou sur la langue. Soit il y en a mais il a été métabolisé, soit il n’y en avait pas. La seconde hypothèse me semble la plus probable après examen des organes.
Régidé par le Directeur Thomas Bolton