L’autopsie de Jasper
Post by Sarä Taur'Amandil, OdS - April 3, 2008 at 5:31 AM
L’autopsie de Jasper
***Quand la compétence rencontre la maussaderie ***
« Puisqu’il le faut… »
C’est la phrase que Sarälondë se répétait depuis environ une heure. Une heure non pas pour entrer dans la chambre d’autopsie, mais bien pour prendre la caravane qui l’amènerait vers l’Hôpital Sainte-Élisa. La jeune femme appréhendait ce moment depuis l’instant où elle reçu la missive, déviée par Thomas Bolton, à propos d’un certain défunt tavernier dénommé Jasper. Elle avait bien essayé de s’en échapper, mais Yuri lui rendit le dossier à son grand désespoir. Durant tout le voyage vers l’hôpital, Sarä se dictait point par point comment elle allait procéder, de façon à ce que l’autopsie dure le moins longtemps possible. Elle avait élaboré ce plan un peu macabre presque toute la nuit, prenant des notes à la lueur d’une lanterne à une heure bien trop tardive. La demi-elfe avait eu un sommeil très trouble, les pensées se bousculant dans sa tête constamment.
La caravane s’arrêtait tout près de la porte. Ça y est, elle était déjà arrivée. Cette route qui lui semblait généralement longue, lui avait soudainement parut réellement courte. Elle descendit lentement, prenant le temps de réajuster son sac à son épaule, sa cape, ses gants… tout y passait comme un réel tic nerveux, avant qu’elle n’entre dans le bâtiment. Elle salua la gardienne à l’entrée et se dirigea vers la porte de la salle d’autopsie où une note à son intention était épinglée. Sarälondë eu une lueur d’espoir, qui s’effaça rapidement quand elle prit connaissance du mot. Il ne s’agissait là que d’un message, mentionnant que le corps avait été déposé dans la salle, et que l’autopsie pouvait être faite. Poussant un petit soupire de déception, elle finit par entrer dans la pièce, à contrecœur. Son visage en disait long, ceux qui avait put l’apercevoir ce jour là, aurait pu dire de la demoiselle qu’elle avait une mine plutôt maussade.
Elle venait à peine de refermer la porte derrière elle que Sarälondë cherchait de quoi cacher son nez et sa bouche, pour masquer le plus qu’elle pouvait l’ambiante pestilence que dégageait le corps. Le décès remontait déjà à quelques jours et le temps avait fait son œuvre sur le corps de Jasper. L’odeur était acre, prononcée et saisissante. Une fois son visage caché, Sarä s’approchait du corps pour soulever le drap blanc qui le recouvrait. La demi-elfe avait beaucoup de connaissances en médecine, mais n'avait pas eu souvent de mort devant-elle. Elle se sentait beaucoup plus à l’aise devant des patients encore vivant, que devant un cadavre en putréfaction. La jeune médecin avait toute les compétences requises pour faire cette tâche qu’elle considérait ingrate mais elle le faisait avec un telle sentiment de résignation, que cela devenait un réel calvaire. Chaque minute qui passait lui semblait durer des heures.
Elle commença à observer le corps. Les blessures que portait le cadavre n’émouvaient pas Sarä, elle avait déjà vu de bien plus graves blessures dans le passé, c’est donc avec un certain calme qu’elle détaillait chaque partie du corps dans ses notes. De nombreuses ecchymoses et éraflures parcouraient la dépouille, visiblement signe qu’une lutte avait eu lieu. Elle souleva l’un des poignets, puis l’autre, pour ensuite noter que celui de gauche avait été entaillé à l’aide d’un couteau, puis suturé de façon hâtive. Le geste avait probablement été exécuté par le défunt lui-même, la coupure n’était pas nette, et visiblement avait été faites par quelqu’un qui ne pouvait avoir eu tous ses moyens jusqu’à ce que celle-ci soit assez profonde pour être fatale. Il semblait évident pour Sarälondë que ce genre de blessure, même suturé, n’offrait pas une espérance de vie très longue, le sang avait dut s’écouler trop rapidement. En vérifiant chaque coutures de l’homme mort devant elle, elle remarqua des rougeurs anormales dans une région plutôt inusitée, qui rendait un peu mal à l’aise Sarälondë, en effet, près d’un point culminant de ses fesses, l’homme abordait ces irritations. Elle les nota, mais sans pour autant apporter une hypothèse dans son rapport.
Elle tâta le torse de l’homme et remarqua une faiblesse au niveau de la cage thoracique. C’est à ce moment qu’elle eu une énorme hésitation. Sarälondë croyait fermement qu’une ou plusieurs cotes avaient été cassées… Mais comment en être sur…! En fait, elle savait très bien comment en être sure, mais elle ne voulait pas s’en rappeler. L’idée d’ouvrir le corps ne l’enchantait guère, voir même absolu pas. Sarä se retourna sur elle-même, semblant réfléchir à la décision qu’elle prendrait…. À la fois elle se disait qu’elle n’aurait qu’à ne pas parler de cela dans son rapport, donc à moins que quelqu’un refasse l’autopsie, personne ne se rendrait compte de ce détail. Mais elle se disait également, que si jamais elle omettait ce détail mais qu’on l’apprenait, la discussion qu’elle aurait avec le vieux Bolton ne serait surement pas agréable et sans doute plus désagréable que d’ouvrir le corps qui se trouvait dans cette pièce. Elle agrippa donc un scalpel, poussée par la vision du sourcil arqué de Thomas Bolton affichant un air désapprobateur.
Elle avait eu un peu de mal à vérifier sa théorie, mais au bout de quelques grimaces, elle avait finit par bel et bien confirmer les deux cotes cassées. Sarälondë ouvrit la bouche de Jasper, aucun sang ne s’était accumulé dans celle-ci, donc la fracture des côtes n’avaient pas été influente sur le décès. L’examen achevait enfin au grand bonheur de la jeune médecin. Sarä put remettre le drap sur le corps, elle nota ces dernières observations et put quitter ce lieu qu’elle éviterait sans doute le plus possible jusqu’à sa propre mort. Elle descendit au sous-sol avertir les responsables de la récolte des corps, qu’elle en avait finit avec celui-ci, qu’il pourrait le rendre à qui de droit, pour faire regagner à Jasper, le peu de dignité qui lui restait.
Elle passa une autre bonne heure à rédiger le rapport, qu’elle remettrait sous peu aux archives, mais aussi à l’Ordre du Soleil…