Deux chemins

Deux chemins

Post by Thomas Bolton, Emp - April 23, 2008 at 2:45 AM

La rumeur se répandait en ville comme une traînée de poudre. La mise en place d’une nouvelle forme de gouvernement dans une des trois capitales de la Ligue de Zanther marquait un tournant dans l’histoire des relations entre Systéria et Exophon. De nouvelles possibilités commerciales et pourquoi pas des alliances stratégiques à mettre en place ? Les citoyens ne mirent pas longtemps avant d’être informés que le Consul Bolton lui-même se rendrait dans la cité. Il ne fallait pas perdre de temps.

Ce dernier venait de quitter le palais avec une malle assez importante, tirée par un domestique quelconque. Il ne se rendait pas au port, mais dans une enclave de la Confrérie Pourpre pour se faire téléporter. Une certaine Roberta l’attendait à son point d’arrivée. Tout avait été préparé à l’attention des membres de l’administration : la durée du voyage pouvant varier la présidence du Conseil des Guildes pourrait changer à la dernière minute. Thomas avait insisté sur ce point, aucun projet ne devait être retardé.

Arrivé de l’autre côté, la femme en grande robe luxueuse, violette – comme toujours ! – l’accueillit et grimpa dans son carrosse sombre. Son neveu l’y suivit pendant que sa malle était prise en charge par un domestique. Installé confortablement dans le véhicule, Roberta donna trois coups secs sur le bois. Le voyage jusqu’à l’ambassade ne prit que peu de temps, mais suffisamment pour discuter.

« Ce sera difficile. »

Thomas ne répondit pas et se contenta de hocher la tête. Puis, après quelques secondes, il consentit une réponse :

« Si c’était simple, je déléguerais cette tâche. En l’état actuel des choses, c’est impossible. Avez-vous ce que je vous ai demandé ? »

D’un coffre encastré dans un banc recouvert d’un coussin moelleux, elle sortit un porte-document qu’elle lui tendit. Le systérien en examina brièvement le contenu et acquiesça de façon distraite, d’un air satisfait. Soudain, le véhicule s’immobilisa pour les laisser devant l’ambassade. Ils montèrent à l’étage où les attendaient un homme ascétique, coiffé comme le Consul.

« Cela fera l’affaire. »

Le lendemain, on apercevait la silhouette fine de Thomas Bolton qui travaillait dans le grand bureau qui avait été mis à sa disposition. Il ne sortait jamais et rencontrait des marchands et dignitaires de la ville. Fait intéressant, ces entrevues étaient toujours supervisées par la femme à la robe violette.

Pendant ce temps, fait superficiel qui n’a nul besoin d’être signalé, un marchand vêtu de la toge écarlate des républicains, un dénommé Catanzaro Ursinis, embarquait sur les quais d’Exophon afin de se rendre sur les terres du Saint-Empire et négocier des alliances commerciales. Il irait par mer jusqu’à Posdrenia puis remonterait le fleuve jusqu’à Briganne. Une demande d’audience auprès de l’héritier avait été déposée…


Post by Thomas Bolton, Emp - April 23, 2008 at 6:06 PM

L’aube venait de déployer ses rayons d’or sur le port d’Exophon. Un carrosse rouge écarlate venait de s’arrêter non loin des quais pour en laisser sortir un homme grand, ascétique, typiquement zantherien. Les vêtements qu’il portait étaient luxueux, adoptants résolument la mode en vigueur dans la nouvelle république. Pour marcher, il s’aidait d’une canne. Deux énormes malles l’accompagnaient, portées par un domestique.

Un homme solidement bâti l’attendait près d’un navire marchand, bâtiment commercial extrêmement récent, fruit de la toute nouvelle politique de Cosme d’Olanno. Il fit signe à deux hommes de prendre le relais du serviteur pour hisser les deux coffres sur le pont. Relevant la tête, il héla l’homme écarlate, le saluant de son énorme main. Une telle carrure était exceptionnelle, chez un habitant de Zanther.

« Monsieur Ursinis, si vous voulez bien vous donner la peine de monter à bord du Grand Olanno, nous allons lever l’ancre d’ici quelques minutes. »

Catanzaro ne se donna même pas la peine de lui répondre. De sa main gauche, il sortit une lettre de sa toge, cachetée d’un étrange sceau orné d’un U calligraphié. D’un ton extrêmement sec, il dit à son interlocuteur :

« Capitaine, faites parvenir ceci à Exophon, centre-ville, au manoir carmin. Des nouvelles pour mes comptables, je veux que cela arrive rapidement. »

Puis, sans attendre de réponse, il fourra une bourse dans les mains du commandant du navire et grimpa la passerelle pour aller se placer à la proue du bateau. Derrière lui, on chuchotait. Catanzaro n’entendait pas, mais il se doutait que ça le concernait. Et pas en bien.

« Hey, second. Fais passer le mot. Le gars, là, c’est un marchand friqué. Fais partie du Popolo grasso alors vous avez tous intérêts à faire gaffe. C’est une pointure, faut pas faire de vague. Compris ? »

Et ça continuait ainsi, entre chaque membre d’équipage. Le capitaine délégua sa tâche de facteur et le Grand Olanno quitta le port d’Exophon, toutes voiles dehors, pour transiter vers la ville portuaire de Posdrenia. La mer était calme, le vent était favorable : en quelques jours, ils arriveraient à bon port.

Pendant cette traversée, un jeune gamin quitta les quais et se rendit au manoir carmin, dans le centre-ville de la capitale. Une femme en robe violette et à l’air affable ouvrit la porte, délivra quelques piécettes et attrapa la lettre. L’après-midi, une nuée de comptables arrivèrent à la somptueuse demeure. Le soir même, avec une extrême discrétion, la missive parvint à l’ambassade systérienne.

Une heure plus tard, grâce à un quelconque stratagème magique, une lettre apparue sur le bureau de la Chancelière Mel’Viir. Voici ce que l’elfe-noire pouvait y lire…

Comptables des Ursinis,

Prenez note que je viens d’embarquer à l’aube en direction de Posdrenia. Le voyage aura coûté 1.000 pièces d’or pour l’aller. Je pense faire une dépense de 1.500 pièces et utiliser le service des mages de la ville pour me faire transporter à Briganne avec l’échantillon de mes marchandises. Le coût d’un billet pour une diligence est moins cher, mais les escales nécessiteraient des dépenses supplémentaires : nourriture, boisson, chambres, … soit un total d’environ 1.700 pièces.

Veillez à ce que la production des manufactures soit maintenue en état jusqu’à mon retour. Tentez même d’en augmenter les rendements de 10 à 20%, les possibilités d’échanges commerciaux avec Briganne étant extrêmement importantes. Vous recevrez d’autres lettres en fonction des différents contrats que j’aurais réussi à obtenir auprès de Son Altesse Impériale Tibérius.

Louée soit la République Patricienne,
Grand est le Popolo grasso,

Catanzaro Ursinis


Post by Sinriia Mel'Viir - April 24, 2008 at 2:42 AM

La chancelière lut attentivement la missive envoyée avec un certain amusement puis prit soin d’en laisser une copie dans la trésorerie de la bibliothèque.

Elle retourna ensuite vaquer à ses tâches avec une mine plus sévère. Quelque chose semblait la troubler au grand désespoir de ses employés.


Post by Thomas Bolton, Emp - April 24, 2008 at 2:00 PM

Les fastes de la Cour Brégunienne. Ah, l’immense palais, les décorations luxueuses, ses nobles vêtus de magnifiques atours. La vitrine du Saint-Empire était parfaite, aucun accroc ne semblait entacher sa splendeur. C’est dans cette atmosphère prospère que Thomas Bolton pénétra au cœur même de l’intrigue. Tout fut contrôlé. Fort heureusement, les faux documents qu’ils possédaient s’accompagnaient de la corruption de quelques fonctionnaires d’Exophon.

« Bienvenue à Briganne, monsieur Ursinis. Nous espérons que votre séjour sera agréable. Je suis madame d’Avalis. Nous allons régler les formalités. Transportez-vous des armes ou autres objets divers ? »

Catanzaro déposa son sac sur le bureau de la bourgeoise et l’ouvrit pour lui en décrire le contenu.

« J’ai des échantillons de marchandises que j’ai apporté pour en montrer la qualité à mes futurs partenaires financiers. Laine, plumes d’apparats, cuirs, vin provenant des vignes Ursinis. Cette corde, aussi. Examinez la qualité du tissage, il n’y a pas plus solide. Nous utilisons des outils révolutionnaires. »

Puis, il porta sa main gauche à sa ceinture pour en sortir une petite dague, disposée dans un fourreau. D’un geste brusque il la plaqua sur le comptoir.

« Et ceci, une merveille. Techniques de forge à la pointe du progrès. »

Tout fut rigoureusement noté dans le registre et la signature de Catanzaro Ursinis vint approuver le tout. Sèchement, il corrigea le nombre exact de produits. Vint ensuite la visite de ses appartements. Rien de comparable avec la sobriété de Systéria, tout exhalait la richesse à l’excès. Une fois seul, Thomas refit surface.

Le portrait, tout d’abord. Il fallait vérifier qu’il ne serve pas à l’espionner, l’épaisseur des murs permettant d’y aménager des passages secrets. Rien. Il passa sa main sur chaque rangée de livres, l’air extrêmement concentré. La bibliothèque était on ne peut plus normale. Les statuettes décoratives n’actionnaient pas non plus de mécanismes cachés. Il n’y avait donc aucun soupçon. Du moins, à ce qu’il semblait.

Le lendemain vint la rencontre avec la Comtesse Linelle de Veldur. Un obstacle à franchir avant de rencontrer le Prince Tiberius. Catanzaro fut donc reçu par la jeune femme splendide, habillée de tissus violets. A croire que la couleur incitait aux intrigues… Ah, Roberta. Une précieuse révérence zantherienne, exécutée avec un soin tout particulier pour la saluer et les négociations commencèrent.

Elle ne le quittait pas des yeux, observant chacun de ses gestes avec un soin tout particulier. Tout était soupesé, analysé. Thomas lui donnait le change. Les marchandises seraient examinées. Son identité serait aussi vérifiée, il en était persuadé. Etant donné qu’il avait pris sur sa propre fortune pour corrompre un fonctionnaire de la république, ça ne poserait pas de problèmes. Après l’entrevue, une promenade s’imposait.

Thomas connaissait maintenant l’emplacement de la salle des coffres, des geôles, de la salle du trône et des appartements de la Duchesse Recaedre. Cloîtrée en haut d’une tour de marbre, sous bonne garde. Ce ne lui fut pas révélé explicitement par le garde, mais il s’en doutait. Les dires de madame d’Avalis, par la suite, le confirmèrent. L’important, c’était de connaître le terrain, au cas où la situation s’avèrerait dangereuse.

Fait notable, un ambassadeur de T’Sen était présent au palais. Catanzaro l’invita pour parler affaire et possibilités d’ouvertures commerciales.

« Monsieur l’ambassadeur, puis-je connaître la raison de votre présence ici ? »

« Comme vous devez le savoir, l’empereur se meurt. Je tiens à assister à la passation des pouvoirs, en tant qu’observateur extérieur. »

« Votre peuple est effectivement connu pour son honneur… Puis-je avoir la certitude que ce que je vais vous révéler ici ne sortira pas de votre bouche ? »

« Tant que cela n’entrave pas les intérêts de mon peuple, vous l’avez. »

Et tout lui fut révélé. Quel meilleur moyen que de tester ses alliés que de les mettre en situation ? C’était risqué, mais comparé à la Cour intimidante qui l’entourait, ce n’était rien. Ils échangèrent des renseignements intéressants… L’ambassadeur renforcerait la couverture de Thomas, s’était plus qu’il ne pouvait le faire.

Une nouvelle promenade s’imposait…


Post by Thomas Bolton, Emp - April 24, 2008 at 7:07 PM

Ces fameuses promenades pour se dégourdir les jambes n’avaient qu’un seul et unique but, maintenant que le terrain était connu : il fallait collecter le plus d’informations en un temps très court. Bien évidemment, cela risquerait d’éveiller les soupçons mais la situation l’imposait. Madame d’Avalis, le cuisinier, la servante, tous s’entretinrent brièvement avec un marchand affable en quête de distraction qu’était Catanzaro Ursinis. Les renseignements s’accumulaient…

« Oh, vous savez, monsieur Ursinis, madame la comtesse et monsieur le baron ne se parlent plus beaucoup maintenant. Ca coïncide avec l’arrivée de la duchesse Recaedre et de la prise d’otage de madame de Veldur. »

Ou encore…

« Vous voyez, ces astérisques, sur le registre des notables d’Enrya ? Ca signifie qu’il faut absolument prévenir la comtesse quand ces individus arrivent. »

Les noms surmontés du signe étaient tous systériens.

« La duchesse Recaedre ? Elle reçoit très peu de monde, figurez-vous. Dans la tour de marbre, à l’est. »

Dans les cuisines, ce fut une domestique un peu trop bavarde qui laissa échapper une information. Le cuisinier la rabroua, mais c’était suffisant pour Thomas.

« La comtesse dîne très souvent avec le duc de Brouxg, c’est difficile de les contenter tous deux ! Elle préfère les choses sophistiquées et lui aime les plats simples. Mais maintenant, ils ont arrêté. »

Se pourrait-il que le duc, intendant de l’empereur, venant du peuple, soit de mèche avec le complot ? Il avait arrêté de voir la comtesse à peu près au moment où cette dernière était tombée en disgrâce auprès du prince Tiberius. Mais peu importait à Thomas que ce soit exact ou non. Il était venu pour désamorcer le conflit en accentuant la paranoïa ambiante. Tous ces éléments auraient un rôle à jouer.

Un jeune homme du nom de Miran vint le voir pour s’enquérir de son séjour. Le domestique dépendait directement de l’héritier du trône. Il était timide, nerveux, extrêmement stressé. Le manipuler avait été chose aisée.

« J’ai rencontré la comtesse de Veldur pour le partenariat, jeune homme. Elle analyse la qualité de mes produits puis ira informer Son Altesse Tiberius que je souhaite m’entretenir avec lui. »

« Quoi ? Oh, mais… c’est que… elle n’a plus le droit de voir mon Seigneur. »

Prenant une expression mécontente, fronçant les sourcils, Catanzaro éleva la voix.

« Comment ça ? Elle m’avait certifié qu’elle allait m’obtenir un entretien ! Et vous me dites qu’elle n’a même pas le droit de l’approcher ? Mais comment me traite-t-on, ici ? »

« Oh non ! Non ! Ce n’est pas ce que je voulais dire ! »

Miran commençait à arborer une moue gênée, ses grands yeux bleus innocents s’écarquillant. Les larmes lui venaient presque aux yeux. Un sourire indulgent lui répondit.

« Voyons, jeune homme, calmez-vous. Je sais bien que ce n’est pas de votre faute. Mais je suis un négociant : le temps passé à ne rien faire, à attendre des promesses qui ne seront pas tenues c’est une perte d’argent pour moi. Dois-je aller prospecter parmi les autres nations d’Enrya ? Dites-le tout de suite et j’éviterais qu’on se moque de moi une fois de plus. »

« Oh mais non, ne dites pas ça, monsieur Ursinis. Je vais voir ce que je peux faire, promis ! »

« Ah, vous êtes affable, mais je ne sais vraiment pas si mon passage ici sera fructueux. Non, je ferais mieux de me retirer et aller là où l’on souhaite vraiment me voir. »

« Mais non, mais non ! Je vous jure, je vais prévenir mon seigneur pour qu’il vous rencontre ! Restez encore un peu ! »

« Je vois que vous êtes un jeune homme sincère. J’attendrais, mais j’espère que je fais bien de vous écouter. »

L’affaire est faite. Catanzaro n’eut qu’à attendre quelques minutes dans ses quartiers pour voir la comtesse de Veldur approcher avec un grand sourire angélique.

« Monsieur Urinis, le prince Tiberius va vous recevoir. C’est extrêmement rapide, vous bénéficiez d’un soutien efficace, apparemment ? »

« Mes marchandises et la possibilité de traités commerciaux ont dû plaire à Son Altesse. »

« Par ici, nous allons dans la salle du trône. »

Et ils y allèrent. Plusieurs couloirs plus tard, Thomas se trouva devant une immense herse qui protégeait une vaste salle, encore plus grande et encore plus somptueuse que le reste du palais ! Une foule innombrable de courtisans se pressaient…


Post by Thomas Bolton, Emp - April 24, 2008 at 7:58 PM

Les portes s’ouvrirent et les gardes s’écartèrent sous les murmures des courtisans. Les regards se braquèrent à la fois vers la comtesse, mais aussi sur ce marchand d’Exophon qui ne faisait que vanter les merveilles de la république à longueur de journée. Ah, ces nationalistes ! Ca n’avait rien à voir avec Systéria : le trône surplombait l’ensemble de la pièce. Il fallait arpenter de très nombreuses marches pour s’y installer. L’égo des bréguniens était surdimensionné.

Au sommet, Jehan VII, vieillard impotent qui grognait de temps à autres. A ses côtés, une main sur son épaule, son fils et héritier, Son Altesse Impériale Tiberius. Légèrement en contrebas, celui qui semblait être le duc de Brouxg… Mais quel pouvait bien être son intérêt ? Il s’était hissé aux sommets et servait les plus grands. Lepidus sur le trône, il n’obtiendrait aucun titre et aucune fonction supérieure à la sienne. Question en suspend.

Après les salutations d’usage, vint les échanges…

« Monsieur Ursinis, j’ai appris que vous souhaitiez me parler. Je vous écoute. »

Hum, c’était à prévoir. Une pirouette est nécessaire.

« Je voulais discuter de contrats commerciaux extrêmement pointus, Votre Altesse. L’endroit est particulièrement mal approprié pour cela. »

C’était sans compter la comtesse, toujours en alerte qui ne voulait pas perdre du terrain sur l’échiquier des négociations.

« Pourquoi rencontrer personnellement le prince ? Nous pouvons très bien faire cela ici. »

Facile à déjouer. Me croit-elle si stupide ?

« La république d’Exophon est nouvelle et vous n’avez pas encore reconnu officiellement la légitimité de mon gouvernement. En tant que républicain convaincu, je ne peux me permettre de commercer avec une nation qui reste dans l’expectative. Sa Majesté l’Empereur ainsi que son fils, le Prince Tiberius, héritier légitime par la grâce du Très Haut dont rien ne saurait empêcher l’accession au trône, représentent un gage de pérennité pour nos affaires futures. »

Une discrète allusion sous couvert d’un protocole poli et courtois suffirait pour l’instant…

« Je gère les relations extérieures, à ce titre j’estime que nous pouvons nous en occuper sans que le prince ne subisse une surcharge de travail. »

Catanzaro fixa quelques secondes le prince et répondit, d’un ton aimable et se voulant innocent.

« Si madame la comtesse le désire et que le prince accepte de se soumettre à ses volontés, alors j’accepterais, cela va de soi. »

Une nouvelle allusion, moins discrète. Elle va sûrement la repérer, mais ça va m’aider.

« Je vous rencontrerai dans deux jours, monsieur Ursinis. Vous vous entretiendrez avec le duc de Brouxg, aussi. »

Et maintenant, le coup de grâce.

« Je remercie Votre Altesse. A propos, madame la comtesse, avez-vous dégusté ce vin que je vous ai ramené ? J’ai entendu dire que vous diniez souvent avec monsieur le duc, ce serait une parfaite occasion pour vous d’en faire usage. »

Puis il ponctua la fin de sa phrase par un sourire engageant, sincère. La comtesse baissa la tête et regarda le sol, comme gênée. Quelques paroles plus tard et l’entretien fut terminé. Jehan VII était devenu un légume. Et si… ? Non, bien trop risqué. Linelle de Veldur ne lui adressa qu’un salut glacial, perdant son habituelle expression de fausse sympathie. Il l’avait mis hors d’elle. Finalement, elle était facilement déstabilisée.

Le jeune Miran le rejoignit dans ses quartiers, peu après…

« Jeune homme, je sais que je peux vous faire confiance. Je fais parties du service de renseignement d’Exophon. Ma mission est d’informer le prince Tiberius qu’il court un très grave danger. Un complot se trame autour de lui. »

« Ah ? Oui, il le sait. Mais… je ne suis pas sûr de bien comprendre ? »

« La comtesse de Veldur, le baron de Noltembourg et le duc de Brouxg complotent. Ils veulent installer Lépidus sur le trône de Briganne. Nous n’ignorons pas les heurts que cela va causer sur le plan international et nous nous en inquiétons profondément. En plus des risques de guerre avec Systéria et le Bastion, vous avez des risques importants de révolte à l’intérieur de vos provinces. »

« Heu oui, peut-être. Mais vous savez, moi, je ne sais pas trop ? »

« Allons, jeune homme, vous avez l’oreille du prince ! Exhortez-le à mettre fin à ces intrigues et à rétablir un peu d’ordre à la Cour. Voulez-vous qu’en une décennie tout Briganne s’écroule ? Après des siècles passés à construire sa puissance ? A Exophon, nous sommes des marchands. La guerre entretiendra le commerce des armes pendant un temps mais après plusieurs mois, il y aura un effondrement économique important et nous ne pouvons le tolérer. »

« Bah oui, mais je ne peux rien faire moi, vous savez. »

« Si. Parlez au prince, il faut qu’il coupe les ressources qu’il laisse à ses adversaires. Ne plus les laissez s’approcher ne suffit pas. »

« Vous avez des preuves ? »

« Voyons, s’il y en avait, pensez-vous que le prince laisserait ces individus en liberté ? Je n’ai pas de lettre de la comtesse indiquant sa volonté de destituer Tiberius. »

Et la discussion continua pour alimenter la fibre patriotique de Miran. Des grands discours sur la stabilité d’Enrya, sur la force de Briganne et sur les conséquences que ce complot pourrait causer. Qui sait ce qu’il en adviendra ? La manipulation avait lieu de tous côtés. Après le départ de Miran, une surprise attendait Thomas…


Post by Thomas Bolton, Emp - April 24, 2008 at 8:53 PM

Un homme blond, vêtu de vêtements aux reflets d’émeraudes, pénétra dans sa chambre. Alors que Catanzaro lui proposait de s’asseoir, il resta debout, ne lui jetant qu’un regard agressif.

« A qui ai-je l’honneur ? »

« Elgan de Valos. Belle chambre. J’ai remarqué votre petit jeu. »

Thomas ne cilla pas, restant de marbre. Sous son crâne, ses pensées cogitaient. Le marchand d’Exophon fronça les sourcils, l’air extrêmement vexé et ahuri.

« Pardon ? Je ne comprends pas. »

« Vous posez beaucoup de questions autour de vous, pour un négociant. »

Le Consul Bolton garda son calme légendaire. Il souriait, intérieurement.

« Mais, je suis commerçant ! Je dois en apprendre beaucoup sur mes clients. Connaître leurs goûts, leurs façons de faire. Je leur propose ainsi des articles qui leurs sont adaptés. »

Elgan arpentait la pièce, comme s’il tentait d’en mémoriser le moindre détail.

« Je vous conseille de partir rapidement. »

Puis, saluant d’un geste sec, il quitta la pièce. Thomas était perplexe. Il en venait à douter. Peut-être sa tentative n’était-elle plus aussi sûre qu’il le pensait. Alors il rédigea une lettre pour le prince et une note pour Armika. Il simula une autre missive qui devait l’informer qu’une manufacture avait été incendiée. Ses pas le conduisirent jusqu’à la prison dorée de la duchesse Recaedre.

Mais il était suivi… Faisant semblant de s’intéresser à une tapisserie, une patricienne le rejoignit, l’imitant. Marria Patrassil, apprendrait-il plus tard. Il fallait jouer le tout pour le tout.

« Vous appréciez l’art ? Nous avons une superbe académie, à Exophon. Vous êtes superbe, vous savez ? Vous êtes mariée ? »

« Pourquoi me demandez-vous ça ? »

« Et bien, je suis veuf. Vous appréciez l’art, vous avez le port altier. Je pourrais vous faire bénéficier des richesses de ma famille. Vous visiterez Exophon avec moi et nous pourrions établir un contrat de mariage, qu’en pensez-vous ? »

Madame Patrassil quitta enfin la tapisserie du regard pour l’étudier longuement. Après de longues minutes de réflexion, elle déclara, avant de s’éloigner rapidement :

« Ah non alors. Je ne suis pas assez payée pour suivre ça. »

Thomas se retourna et esquissa un sourire, qu’il cacha de sa main gauche. Puis ce fut l’illumination : pourquoi repartir ? Pourquoi chercher à fuir ? La Cour de Briganne n’était qu’un rassemblement d’intrigants et de comploteurs. L’intimidation était monnaie courante, chez eux. Non, partir maintenant serait de la folie. Il devait persister dans la mission qu’il s’était fixé, Systéria tout entier était en jeu…

Retournant dans sa chambre, il brûla les lettres puis retourna voir madame d’Avalis pour se plaindre de la conduite d’Elgan de Valos.

« Ah, je me doutais qu’être républicain au sein d’une monarchie ne serait pas facile, mais je ne m’attendais pas à me faire autant insulter, chère madame. Je pensais que les valeurs du commerce prédomineraient sur le reste. Ce n’est pas facile. »

Et le voila qui soupirait, le visage soudain triste. Elle semblait désolée pour lui, mais n’osait pas trop faire preuve de bonté.

« Je vais avoir des lettres à vous donner. Vous vous occuperez de les poster ? »

« Oui bien sûr je m’en chargerais. »

« Inutile que j’appose un sceau, je suppose, vous vous en chargerez aussi ? »

Elle le regarda de longues secondes, une expression de pitié sincère dans le regard, puis acquiesça.

« Ca tombe bien, je n’ai pas pensé à prendre de cachet de cire. »

Une heure plus tard et l’ambassadeur de T’Sen vint le rejoindre dans sa chambre. Thomas lui confia ses doutes à propos du duc de Brouxg. Munesame lui affirma qu’il avait tout fait pour renforcer sa couverture et appuyer la réputation des Ursinis. Des noms furent révélés, tel celui du Baron de Burington…

Catanzaro, après le départ du représentant des Ori’Jun rédigea une lettre qu’il confia à madame d’Avalis.

« Faites parvenir ceci à Exophon, au manoir vermillon. Mon comptable, monsieur Cressen , réceptionnera le courrier. »

Famille des Ursinis,

Mon arrivée à Briganne s’est bien passée. Le coût total du voyage est 2.400 pièces d’or. J’ai eu droit à une réduction auprès des mages de Posdrenia après une courte négociation : si on calcule le nombre de lieues, les 1.500 pièces ne sont pas cohérentes. Prenez-en note pour les bilans comptables. Ne procédez pas à un renflouement de mes avoirs pour le moment, je vous le signalerais en temps voulu.

Je pense que je n’arriverais pas à me faire à la Cour de Briganne. Elle est singulièrement différente de la république. Après l’arrivée d’une duchesse systérienne, la comtesse de Veldur, avec qui je négocie, s’est brouillée avec le baron de Noltembourg. Nous autres, ploutocrates, avons un peu plus de jugeote. Espérons que notre aristocratie ne copie pas leur modèle. Que deviendrions-nous si nous cédions à des luttes intestines ?

Quoiqu’il en soit, la qualité des produits a énormément plu à la comtesse, mais aussi au prince Tiberius, que j’ai rencontré dans la salle du trône. Il va y avoir un bal dans deux jours, je vais y assister, je pense. Ce sera l’occasion de rencontrer des notables bréguniens et d’établir des partenariats économiques extrêmement profitables à la république. Inutile que vous veniez m’y rejoindre pour me donner des vêtements plus appropriés, j’ai déjà toute une panoplie.

Avant de voir le prince héritier pour qu’il reconnaisse officiellement les patriciens d’Exophon, je vais rencontrer le duc de Brouxg, l’intendant de Jehan VII. Savez-vous qu’il vient du peuple ? Il a réussi à se hisser jusqu’aux sommets ! Voila un exemple d’individu qui est cher à la république et aux valeurs que nous défendons. Cela arrive aussi dans les monarchies, visiblement. Il m’a tout l’air d’un homme affable qui aime la cuisine simple. Les servantes me disent que c’est un véritable calvaire de lui apporter des plats quand il dine avec la comtesse : elle n’apprécie que les choses sophistiquées.

Une dénommée Marria Patrassil me tourne autour, c’est une patricienne de la cour. Je pense que je pourrais lui proposer un contrat de mariage. Ca l’a fait fuir, mais peut-être y repensera-t-elle quand j’aurais décroché les contrats qui assureront un regain de prospérité aux Ursinis. Nous nous sommes rencontré près des appartements de la Tour Est de la duchesse systérienne : il y a une superbe tapisserie. Contactez Jennison de Beltar, c’est son auteur, je veux la même au manoir.

J’ai réussi à ouvrir des négociations en parallèle avec l’ambassadeur Takahashi, de l’archipel T’Sen. Ca pourrait s’avérer profitable, mais il est très dur en négoce : il désire 25% des taxes sur le vin doux et nous ne pouvons le permettre en l’état actuel des choses. L’inflation dans ce domaine à Xerdonia est important et les droits de douane sont élevés, il nous faut préserver un revenu stable.

Je suis très déçu de l’attitude d’un monsieur de Valos. Il m’a parlé très froidement et m’a demandé de quitter immédiatement le palais. Cet individu doit être la cible des intérêts étrangers pour vouloir m’éloigner ainsi des opportunités commerciales de l’Empire Brégunien.

Louée soit la République Patricienne,
Grand est le Popolo grasso,

Catanzaro Ursinis

La lettre fut donc examinée par madame d’Avalis et passa devant la comtesse de Veldur. Si tout allait pour le mieux, elle fut envoyée à Exophon, au manoir Vermillon. Un homme habillé d’une tenue sombre, le visage fermé – en somme, un comptable – la réceptionna…

Discrètement, la nuit, avec toutes les précautions nécessaires, la lettre disparut et se retrouva sur le bureau de la Chancelière Mel’Viir…

Dernier fait notable : le Consul Bolton continuait de rencontrer des marchands à Exophon.


Post by Sinriia Mel'Viir - April 25, 2008 at 5:23 AM

C’est à la tombé de la nuit que le jeune page Mirkael Trilisiel se rendit à la réception générale du courrier impérial, là où il prit avec dédain celui de la chancelière. La pile de missive était aussi effrayante que l'elfe l'était à ses yeux comme à l’habitude.

L’un de ses jeunes collègues s’approcha derrière lui puis jeta un coup d’œil par-dessus son épaule s’affirmant aussitôt d’un ton moqueur.

« Tu en as de la chance vieux! Terminer ta tourné au bureau de la chancelière Mel’Viir. Si je serais toi je ne la ferais pas trop attendre. J’ai ouï dire qu’elle à plutôt les nerfs à vif ces derniers jours! Tien, emprunte ces rues ce sera plus rapide. C’est celles que j’emprunte pour me rendre à la bibliothèque. »

Après avoir pris les indications de l’autre jeune page, Mirkael quitta la réception aux pas de course pour distribuer la correspondance de la chancelière le plus rapidement possible. Sa journée c’était bien déroulée et il serait idiot de se mettre la chancelière à dos une fois supplémentaire.

Arpentant les ruelles sombres de la haute ville à vive allure, le jeune page suivait à la lettre les instructions de son collègue ne s’épargnant pas de sauter dans les jardins de quelques nobles pour réduire la distance de son parcourt. C’est malheureusement lorsqu’il vit enfin les lueurs scintillantes de la bibliothèque dans la nuit , qu’un grognement strident retentit de la pénombre derrière lui ce qui le fit figer sur place.

L’ombre de la taille d’un ours noir s’avançait à une vitesse menaçante dans sa direction. Rapidement elle n’était plus qu’au coin de la dernière rue qu’il venait de traverser. Pris par la peur, le jeune facteur pris ses jambes à son cou laissant le courrier de la chancelière à la renverse dans la rue.

Après une bonne dizaine de minutes, le page Trilisiel sortit du bac d’ordures dans lequel il s’était réfugier puis accouru à l’endroit pour retrouver la courrier de dame Mel’Viir. Il scruta les alentours tout en avançant d’un pas prudent, les oreilles alertes au moindre grognement de la part du monstre. Tout semblait calme…C’est en tournant le dernier coin de rue qu’il vit à son grand étonnement son chasseur en train de dévorer les lettres de l’elfe noire. Puis elle s’enfuit presque aussitôt à la venue de l’homme.

« Un caniche miniature! La chancelière va me trucider ! »

Découragé, sentant très bien son jugement dernier arriver. Mirkael amassa ce qu’il pouvait des miettes de missives déchiquetées ou griffonnées qui se rendit d’un pas beaucoup plus réticent au bureau de madame Mel’Viir.

Toc toc Le jeune homme ouvra la porte timidement rapportant aussitôt ces mains tremblantes sur son sac à courrier. Il évita comme toujours le regard glacial autoritaire de l’elfe qui était assise à sa table, presque enterrée de livre et dossier. Cette dernière se redressa de sa chaise dans une droiture et grâce exemplaire, tendant la main gauche devant son bureau pour l’inviter à approcher. Cela prit peu de temps pour qu'elle lui exprime dégoût pour son nouveau "parfum de poubelles".

« Bbb..bb..bbbonjour mm..mmadame Me..Mel’Viir. Je…je vous apporte votre courriel. »

S’avançant vers le bureau de la chancelière les jambes aussi tremblantes que son ton de voix. Il ouvra son sac pour laisser tomber une pluie de confettis sur le bureau de la ministre ainsi que quelques rares missives mordillées déchirées.

Les plaintes qui retentirent du bureau furent d’une telle ampleur qu’ils attirèrent plusieurs scribes non loin du bureau à venir voir la cause de toute cette pluie d’injures autant en elfique qu’en Ilythiiri. La dernière chose qu’ils virent fut le jeune page propulsé hors du bureau, recevoir son sac à lettre derrière la tête qui le fit finir en pleine face dans la fontaine de la bibliothèque. Un claquement de porte foudroyant rappela aussitôt les scribes au travail aux pas de course.

Il fallut une majeure partie de la nuit de la chancelière pour décrypter la missive du consul. Aussi complexe était elle avant d’être souillée par la bave et les griffes de ce cabot, elle réussi à tirer les phrases principales qui méritaient l’attention des impériaux.

Après l’arrivée d’une duchesse systérienne, la comtesse de Veldur, avec qui je négocie, s’est brouillée avec le baron de Noltembourg.

Il va y avoir un bal dans deux jours, je vais y assister, je pense. (...). Inutile que vous veniez m’y rejoindre pour me donner des vêtements plus appropriés, j’ai déjà toute une panoplie.

Avant de voir le prince héritier pour qu’il reconnaisse officiellement les patriciens d’Exophon, je vais rencontrer le duc de Brouxg, l’intendant de Jehan VII. (...) Les servantes me disent que c’est un véritable calvaire de lui apporter des plats quand il dine avec la comtesse : elle n’apprécie que les choses sophistiquées.

Une dénommée Marria Patrassil me tourne autour, c’est une patricienne de la cour. (...)Nous nous sommes rencontré près des appartements de la Tour Est de la duchesse systérienne (...).

J’ai réussi à ouvrir des négociations en parallèle avec l’ambassadeur Takahashi, de l’archipel T’Sen.

Je suis très déçu de l’attitude d’un monsieur de Valos.


Post by Thomas Bolton, Emp - April 25, 2008 at 7:10 PM

Les jours qui suivirent furent beaucoup plus calmes. Le Consul avait cependant fait extrêmement attention à son changement d’attitude. Ca n’avait pas été brutal ou soudain, mais estompé. Le temps qu’il avait encore lui permettait d’étaler subtilement sur quelques jours son attitude. Les promenades furent plus nombreuses, des questions furent échangées avec les courtisans. Surtout sur des propositions de négoces, à vrai dire. Mais chaque fois, Catanzaro tentait d’en savoir plus sur tel ou tel notable de la cour.

Puis, les questions se firent moins nombreuses et surtout moins curieuses. Elles firent place à des discussions variées sur la qualité des vignes aux alentours de Brethenburg ou sur les prospections minières près de la frontière avec Nguelundi. Etaient-elles fructueuses ? Les Ursinis pourraient facilement investir à hauteur de 10 ou 15% dans la construction de manufactures d’armes, moyennant des prélèvements sur certaines taxes…

Alors qu’au début les balades du zantherien couvraient l’ensemble du palais – sauf les quartiers royaux et la salle du trône, évidemment – elles devinrent de plus en plus circonscrites à des secteurs qui présentaient peu de risques, mais où l’on trouvait toujours des bourgeois ou des patriciens avec qui discuter sur les nouvelles techniques employées par les forges de Posdrenia ou l’amélioration du service des diligences.

Tout était savamment orchestré par Thomas pour que cela paraisse naturel. L’arrivée avait nécessité une période d’acclimatation : connaître ses interlocuteurs, repérer les lieux pour ne pas s’y perdre, examiner les splendeurs des œuvres d’art… Au fil des jours, cette attitude avait laissé place à une familiarisation, Catanzaro ne fouinait donc plus. Cependant, il continuait d’écrire.

Monsieur d'Amazio,

Mon séjour à la Cour de Briganne est plus calme, ces derniers temps. J’ai réussi à nouer des contacts avec des notables de moindre importance. J’ai appris que Brethenburg avait quelques difficultés à maintenir la viabilité de ses plants de vignes. Cette information sera intéressante pour nos futurs échanges commerciaux, nous pourrions tenter de leur en vendre certains pieds.

Des prospections minières près de la frontière avec les sauvages de Neguelundi s’avèrent fructueuses. Il serait intéressant pour nous d’investir des sommes importantes dans le projet et participer à la construction de nouvelles manufactures, que ce soit d’armes ou d’ustensiles quelconques tels des socs de charrue ou des marmites de bonne qualité.

Notez que les négociations s’éternisent et que je ne pourrais pas assister à la réunion de famille. Faites part de mes sincères amitiés au patriarche et informez ma sœur de prendre en main mes affaires pour ne pas en altérer le fonctionnement. Gardez pour vous mes négociations, je tiens absolument à avoir le monopole commercial.

Louée soit la République Patricienne,
Grand est le Popolo grasso,

Catanzaro Ursinis

Et la lettre prit le même chemin que la précédente…


Post by Sinriia Mel'Viir - April 25, 2008 at 7:29 PM

Une fois de plus la chancelière reçu la missive, cette fois dans un meilleurs état. Il lui fallu peu de temps pour décrypter l’ensemble des points importants de la missive. Puis la glissa en sûreté avec les autres qu’elle avait reçu précédemment.

"Mon séjour à la Cour de Briganne est plus calme, ces derniers temps."

"Notez que les négociations s’éternisent et que je ne pourrais pas assister à la réunion de famille."

"Faites part de mes sincères amitiés au patriarche et informez ma sœur de prendre en main mes affaires pour ne pas en altérer le fonctionnement. Gardez pour vous mes négociations, je tiens absolument à avoir le monopole commercial."


Post by Thomas Bolton, Emp - April 27, 2008 at 12:59 PM

Les jours continuaient de s’écouler lentement au palais de Briganne. C’était la croix et la bannière pour rencontrer les dirigeants. La Comtesse de Veldur n’avait pas cherché à revoir Catanzaro depuis son humiliation. Elle devait fouiner encore plus profondément pour tenter de découvrir l’élément qui mettrait à terre ce marchand trop curieux. Thomas le déplorait, c’était une adversaire intéressante, aussi observatrice que lui. Comment était-elle tombée si bas pour que ces machinations soient si visibles ? Mystère.

Après son réveil et ses ablutions, le zantherien descendit voir l’intendante des chambres. Comme toujours, elle était plongée dans son registre à en peaufiner chaque partie. Cela fit sourire intérieurement son hôte. D’un geste vif, il lui indiqua l’emplacement d’une petite tache d’encre qu’elle n’avait pas remarquée. La manipulation… s’attirer les faveurs de la jeune femme pouvait être utile, à terme.

« Bonjour, madame d’Avalis. Comment vous portez-vous ? Ai-je du courrier aujourd’hui ? »

« Ah, monsieur Ursinis, bonjour. Bien, merci. Et vous, votre séjour se passe bien ? »

Alors qu’elle lui répondait, ses mains examinaient une liasse de lettre en tout genre.

« Oui, beaucoup mieux. J’ai noué d’intéressants contacts, je pense que mon séjour ici sera fructueux. »

Un sourire compatissant apparut sur ses lèvres, alors qu’elle lui tendait un billet dans un navire de commerce à destination d’Exophon.

« De la part de monsieur de Valos. »

« Fort aimable à lui. »

Le visage neutre, il examina le papier. Tendant la main vers le chandelier, il le passa dans les flammes. Le billet ne fut plus qu’un petit tas de cendre qui vint salir le sol immaculé du palais.

« Vous excuserez la saleté. Cet individu est assurément à la solde d’intérêts étrangers. Je ne cèderais pas, j’ai des partenariats à créer. A plus tard madame d’Avalis. »

Une promenade s’imposait. D’abord sans but. Catanzaro flânait dans les couloirs, de-ci de-là, sans éveiller les soupçons. Ses pas le conduisirent finalement – le hasard fait bien les choses ! – vers le bureau du baron de Burington, qui avait en charge la sécurité du palais. Ce dernier était en train d’examiner une carte du bastion berguenois. Le Consul Bolton nota cet élément dans un recoin de sa mémoire.

« Salutations, monsieur. »

« Ah. Monsieur… Ursitis c’est cela ? Je n’ai pas la mémoire des noms, voyez-vous. »

« Ursinis. Peu importe, je ne l’ai pas non plus. J’ai oublié votre nom. »

« Baron de Burington. »

Un nouveau coup d’œil à la carte désormais posée sur le côté droit du bureau.

« Ah, la géographie et ses mystères. Vous devez y voir les opportunités stratégiques alors que moi, j’y vois les possibilités économiques. Déformation professionnelle, je suppose. »

« C’est mon devoir de surveiller ce qui peut menacer la sécurité du pays. A la fois à l’extérieur comme à l’intérieur des frontières. C’est mon travail. »

« Nous autres républicains d’Exophon connaissons le dévouement dont vous faites preuve. Nous entretenons loyauté et fidélité envers le Consul d’Olanno et notre patrie. Notre chef avant tout. »

Et la conversation continua ainsi quelques minutes. Thomas insistait bien sur les valeurs nobles de certains militaires. Ce que lui avait révélé l’ambassadeur de T’Sen guidait son argumentation. Aurait-ce un effet ? Ce n’était pas sûr. Burington était ce genre d’homme rigide qui ne se laisse pas facilement influencer, même par un semblable. Peut-être que le temps aiderait…

« Mais je m’égare. J’étais venu pour vous demander si vous auriez besoin de cargaisons d’armes, prochainement ? Mes manufactures produisent des lances, rapières et double-hache de toute première qualité. Et pour un prix modique. »

« C’est intéressant, je dois examiner la marchandise avec mes hommes, avant. »

Avec ses hommes… s’il fait quelque chose, ils le suivront. Intéressant.

« Je n’ai malheureusement pas pu vous apporter de tels équipements. Je n’ai qu’une petite dague qui est bien en-dessous de la qualité des équipements dont je vous ai parlé. »

« En ce cas, voyez avec le Département Economique. »

« Merci bien. Au revoir, monsieur le baron. »

Avant de sortir, il entendit des pas précipités dans le couloir accompagnés d’un grattement contre le métal. En sortant, il trouva Marria Patrassil qui venait juste de s’immobiliser devant une superbe fresque murale. Ils avaient dû augmenter son salaire. Thomas réfléchit un instant puis se lança : aux grands maux, les grands remèdes !

« Madame Patrassil. Je suis fort aise de vous revoir. Devant une œuvre d’art, qui plus est. »

« Vous êtes ? J’ai oublié qui vous étiez. »

Elle restait figée, fixant la fresque, n’osant le regarder en face. Catanzaro s’approcha et la frôla ostensiblement puis prit la même position que la femme. Elle se retint de trembler.

« Catanzaro Ursinis. Avez-vous réfléchi à ma proposition ? Un contrat de mariage avantageux, je n’en doute pas un seul instant. Si la dot vous pose un quelconque souci je puis l’omettre des termes de notre futur accord. La richesse de ma famille me suffit. »

D’un petit pas de côté, il se colla contre elle. N’en pouvant plus, Marria s’en retourna d’un pas rapide en se parlant à elle-même :

« Ils vont devoir tripler mon salaire. Même doublé, ça reste malsain. »

Thomas ne bougea pas. N’entendant plus un bruit, il plaça sa main devant sa bouche et sourit. A défaut de causer un problème politique à Briganne, il réussirait peut-être à aggraver la situation économique grâce à Dame Patrassil. La journée venait de s’achever et une nouvelle lettre fut rédigée…

Monsieur d'Amazio,

Une nouvelle fois, je me retrouve à m’ennuyer. Durant ces quelques jours j’ai amplement eu le temps de réfléchir et de discuter avec des bourgeois du palais de la mise en place de contrats entre ma famille et la leur. Malheureusement, le tout n’avancera pas tant que je n’aurais rencontré Son Altesse Impériale Tiberius. Sans déclaration officielle de sa part, je ne puis faire quoique ce soit et mettre en pratique ce pour quoi je suis venu.

J’ai vu le Baron de Burington, qui s’occupe de la sécurité du palais – entre autres – pour discuter chargements d’armes. N’ayant pu amener avec moi un équipement complet de ce que nos forges fabriquent, il n’a pu me donner de réponse claire. Je vais devoir en référer au ministère des finances. Je crains cependant que nos commerces ne se fassent doubler par des marchands berguenois. Restez vigilants.

Figurez-vous que madame Patrassil n’a pas renoncé à mes propositions de mariage. Je ne cesse de la retrouver sur mon chemin chaque jour. Elle a même évoqué l’idée de tripler sa dot tout en partant précipitamment. Elle se fait timide mais je gage que je saurais la mettre en confiance au fur et à mesure que nous ferons plus ample connaissance.

Louée soit la République Patricienne,
Grand est le Popolo grasso,

Catanzaro Ursinis

Et la lettre, qui fut scellée par madame d’Avalis après que la comtesse de Veldur l’eut examiné, prit la même route que ses aînées.


Post by Thomas Bolton, Emp - April 28, 2008 at 10:28 PM

Une nouvelle journée commençait à Briganne. Thomas fut réveillé par la douce lumière de l’aube naissante. Aujourd’hui, il devait rencontrer le duc de Brouxg et le prince Tiberius. Mais avant, il fallait se tenir aux nouvelles. Une promenade s’imposait. Ses errances le menèrent près de la salle du trône où il tomba nez-à-nez avec une jeune patricienne de la cour au visage atrocement contusionné. La – pauvre ? – femme se déplaçait, aidée d’un bâton. L’apparence de la vieillesse se substituait à sa vingtaine d’années.

L’heure tournait et vint le moment de retourner voir madame d’Avalis, qui venait de prendre son service. Des voix montèrent du rez-de-chaussée. Le Consul l’entendait discuter avec un interlocuteur anonyme…

« Une elfe, sisi. »

« Vous êtes sûr ? Elle n’est pas sur le registre pourtant. »

« Oui, et c’est monsieur de Valos qui s’en occupe. »

« Oh. Elgan de Valos. La pauvre. Elle doit aller tout droit aux geôles. »

Des murmures, des bruits de pas et s’en fut fini. L’information n’avait aucun sens pour le moment, mais la garder dans un recoin de sa mémoire pourrait s’avérer utile avec le temps.

« Bonjour, madame d’Avalis. Du courrier ? Hormis de monsieur de Valos, évidemment. »

« Un billet uniquement. De votre expéditeur habituel. »

Elle lui tendit un morceau de papier sur lequel était inscris les mots « bon voyage ». Thomas ne le prit même pas.

« Je ne vous ferais pas l’offense de salir une nouvelle fois le tapis. Vous pouvez le lui retourner. Au fait, avez-vous vu ? J’ai croisé une jeune femme dans un état catastrophique, tout à l’heure. »

« Ce doit être mademoiselle Bella’za, la patricienne. Elle aurait fait une chute. C’est étonnant, elle possède pourtant une agilité hors pair. Elle possède l’appui du prince Lepidus, voyez-vous. Et puis, vous savez… »

Elle se pencha en avant et prit un air de conspiratrice.

« C’est une allumeuse. »

Passant une main sous son comptoir, elle en ressortit quelques dossiers qu’elle prit sous le bras. Elle se releva comme si rien n’était arrivé et d’un ton officiel, annonça :

« Monsieur le duc de Brouxg va vous recevoir. »

Le bureau dans lequel il pénétra était luxueux et immaculé. La blancheur éclatante était la marque du Saint-Empire. Deux tableaux et plusieurs bustes trônaient au fond de la pièce, comme un hommage à la gloire des grands hommes du présent. Un homme d’âge mûr, les cheveux blancs, l’attendait. Il arborait une expression sympathique. Les saluts s’effectuèrent. Thomas respecta à la perfection son rôle de zantherien. A première vue, il n’était pas jaugé comme le faisait la comtesse de Veldur, mais ce n’était qu’une impression et mieux valait ne pas s’y fier. L’homme parlait de son travail avec une vive émotion : était-il sincère ? faisait-il cela pour se dédouaner d’intentions qu’on lui prêtait ? En définitive, le Consul s’en moquait. Il fallait semer le trouble à Briganne.

« Savez-vous comment fonctionne le Saint-Empire ? »

« Nous autres zantheriens ne nous sommes jamais intéressé à votre système politique. Jusqu’à maintenant. »

« Alors laissez-moi vous expliquer. Sa Majesté Impériale gouverne, aidé à plusieurs niveaux. Le premier pallier est constitué des gouverneurs de chaque province, formés en conseil. Ce dernier est présidé par l’Archevêque et l’Intendant. La diplomatie et la garde lui sont aussi rattachés. La Comtesse de Veldur et le Baron ne Burington ne possèdent pas pour autant des territoires. »

« Une double-présidence ne risque-t-elle pas de ralentir le mécanisme de prise de décision ? Il peut y avoir conflit d’intérêt. »

« Oh, vous savez, personne ne remet en cause les décisions de Sa Sainteté, ici. »

« En somme, il possède le pouvoir spirituel et temporel, alors que vous, vous n’avez que le temporel. »

« C’est cela. Néanmoins, l’Archevêque s’occupe rarement des tâches administratives, aussi en ai-je la charge. »

Le duc le questionna ensuite sur Exophon. Il cherchait à tout savoir sur la cité, affichant un sourire bon enfant. Tout laissait à croire qu’il voulait voir si son interlocuteur était réellement ce qu’il prétendait. L’espionnage était monnaie courante à Briganne et il aurait été impensable de croire que son Intendant n’en eut pas été informé. La conversation tourna court rapidement, alors que le Prince Tiberius pénétrait dans la pièce. La discussion tourna une nouvelle fois autour de la république naissante d’où venait Catanzaro.

Puis, après de longues heures à échanger sur le sujet, le prince envoya le duc chercher un quelconque document.

« Mon serviteur m’a beaucoup parlé de vous. Cependant, comme vous le savez, son esprit n’est pas des plus organisés. »

Ah, bien. Le discours pour Miran avait eu son petit effet. La thèse du complot fut à nouveau révélée à une altesse qui n’était que trop consciente de la dangerosité de sa position. Comme il s’y attendait, Tiberius ne fut pas étonné. Les services de renseignements d’Exophon cherchait à promouvoir la stabilité afin d’assurer au commerce sa prospérité.

« Ne sous-estimez pas mon frère, monsieur Ursinis. Le peuple de Brégunia apprécie son impétuosité et sa fougue. A cela s’ajoute toute une partie de la noblesse qui désire obtenir un statut plus élevé en démontrant ses aptitudes durant la guerre. Et c’est sans compter l’appui du clergé de Thaar qui veut étendre la Justice de la Lumière Eternelle par la force à tout Enrya. Moi, je ne veux qu’une seule chose : consolider les provinces et unir un pays qui se déchire politiquement. »

« L’arrivée de votre frère au pouvoir ne se fera pas sans heurts. La pression internationale pourrait être extrêmement forte sur le Saint-Empire, au point de le faire chuter. »

Et les arguments fusèrent de toute part, alors que le duc continuait de chercher, à l’autre bout du palais, un dossier que le prince tenait déjà en main.

« Si vous avez un quelconque besoin de mes services, vous savez où me trouver. »

Plusieurs heures après l’entrevue, l’ambassadeur de T’Sen informa le Consul Bolton qu’une elfe de Systéria avait été amenée dans les geôles. Elle hurlait des principes constitutionnels.

« La baronne Alssaël. Importante ? Oui, par le rang. C’est un symbole. L’empire peut faire sans. »

Et une nouvelle lettre fut rédigée. Beaucoup plus courte.

Ma chère sœur,

Aujourd’hui, j’ai appris des choses intéressantes. Une jeune femme de la cour, mademoiselle Bella’za, est tombée dans l’escalier. Son visage est complètement déformé par des contusions. On murmure ici que c’est une aguicheuse, je ne serais pas surpris qu’elle soit tombée sur un mauvais parti un peu trop prompt à démontrer sa colère. Je sais que tu raffoles particulièrement de ce genre de nouvelles.

Je devrais rentrer très prochainement. Je vais te demander de préparer un banquet. Amène des illusionnistes au cas où madame Patrassil serait avec moi. Cela l’impressionnera. Avec des colombes, cachées un peu partout et d’autres petites babioles secrètes dont ils ont le secret. Il faudra que mes invités puissent les débusquer, cela va de soi. Enfin, tu es meilleure organisatrice que moi.

Louée soit la République Patricienne,
Grand est le Popolo grasso,

Catanzaro Ursinis


Post by Thomas Bolton, Emp - April 29, 2008 at 6:19 PM

La journée venait de commencer et nul ne saurait comment elle allait se terminer. L’heure du grand bal approchait, le dénouement complexe de toutes les intrigues alambiquées de Briganne allait avoir lieu. Le Consul Bolton, caché sous la peau de Catanzaro Ursinis ne pouvait s’empêcher de rester perplexe. D’ordinaire, il y avait toujours un élément qui permettait d’entrevoir la clé du problème. Ici, c’était beaucoup plus difficile qu’il ne l’avait prévu.

Debout, devant la petite fenêtre de ses appartements, il laissait son regard dériver sur l’horizon. La cité grouillait de vie, les citoyens vaquant à leurs occupations sans se soucier de ce que l’avenir leur réserverait. Après tout, mis à part les puissants, à qui est-ce que cela importait ? Une gouvernance en valait bien une autre. Parfois, elle était moins pénible, elle permettait simplement de se préparer à la suivante.

Brouxg. Quel était le rôle de ce duc, parti de rien ? Thomas n’était pas persuadé de son implication dans le complot, mais il s’en servait. Si un doute pouvait naître, alors il l’attiserait. Le Saint-Empire aurait alors énormément de choses à régler et Systéria aurait le temps de consolider son système d’alliance. Cependant, cet homme d’âge mûr l’intriguait. Lors de leur discussion, il avait parlé avec une telle émotion de son travail que cela laissait suppurer une totale sincérité.

Alors le Consul commença à forger sa réflexion. Postulat de base : l’Intendant fait partie intégrante du complot. Quelles pouvaient être ses motivations ? Après tout, il possède tout. C’est l’homme le plus haut placé sous l’Archevêque et la famille impériale. Les sommets ne lui sont pas inaccessibles, puisqu’il s’y trouve. A partir de là, deux hypothèses étaient probables…

La première, c’est que le prince Tiberius ait laissé entendre qu’il comptait limoger le duc. Pour un individu qui avait passé sa vie à servir avec efficacité Brégunia, ce pouvait passer comme un affront. L’amertume le gagnant, il aurait pu trouver refuge auprès des partisans de Lépidus et y aurait vu une occasion de sauvegarder sa place. Probable. Mais une chose clochait : Tiberius n’était pas bête, il n’aurait pas pu risquer de s’attirer les foudres de l’Intendant à un moment aussi crucial pour l’avenir du pays. Ca ne collait pas.

La seconde hypothèse était beaucoup plus sinueuse. Brouxg avait pris place auprès de Veldur et Noltembourg pour garder un œil sur ces noblaillons. Sa loyauté envers le Saint-Empire n’avait pas pu être remise en cause jusqu’alors. En secret, il continuait d’informer son maître, l’héritier légitime, de ce qui se tramait dans son dos. Le coup de grâce aurait été porté au moment du bal, dévoilant la mascarade. C’était aussi probable. De plus, cela s’ajoutait au fait que la situation était telle qu’il aurait été bien imprudent de dénoncer toute une partie de la noblesse. Ca aurait favorisé Lepidus.

Ou peut-être n’était-ce rien de tout cela et Thomas se trompait complètement. La deuxième solution n’en gardait pas moins ses faveurs. Il fallait rester prudent…


Post by Thomas Bolton, Emp - April 30, 2008 at 7:58 PM

Le bal était terminé, les prisonniers systériens et le Consul infiltré embarquèrent en hâte sur le premier bateau de commerce qui passait près du port de la cité. Rien ne s’était déroulé comme prévu, le chaos avait été engendré. La seule chose dont se félicitait Thomas, c’était que le désordre ambiant touchait aussi de plein fouet le trône du Saint-Empire. La Petite Sœur pouvait respirer quelques temps et consolider ses alliances. Du travail en perspective…

Après avoir remonté le fleuve jusqu’à Posdrenia, leur traversée commença. Les vents étant favorables, ils arrivèrent rapidement à Systéria, voyant la minuscule nation qui se réclamait empire s’approcher d’eux, peu à peu. Armika, à la proue, regardait l’horizon. Elle n’avait pas pris la peine de se peigner et de remettre de l’ordre dans ses affaires. Fait assez surprenant pour le souligner. Lentement, il avança vers elle. Il posa sa main libre sur son épaule.

« Ne regrette pas, ne regarde pas en arrière, Armika. »

Après un soupire, elle lui répondit d’une voix chargée d’émotion :

« Facile à dire, pour toi. Tu n’es pas considéré comme un traître à ta patrie. »

« Mais Brégunia n’est plus ta patrie, désormais. Systéria te révèrera pour ce que tu as accompli là-bas. »

« Ai-je vraiment eu le choix ? »

« Oui, tu as eu ce choix quand les intrigants de la Cour travaillaient à te rallier à eux. Tu aurais pu choisir ta terre natale, mais tu t’es finalement rangée aux côtés de Cybelle. Tu l’as fait, en toute connaissance de cause. »

Quelqu’un approchait. Elle reprit sa voix froide et neutre qui la caractérisait si souvent lors des dîners mondains. Thomas se retrouva en face du diplomate Orlan Barenton. Il le salua, alors qu’Armika s’éloignait pour ruminer de biens sombres pensées…

« Seigneur Barenton. Ce que vous avez accompli pour votre pays ne sera oublié, vous avez ma parole. Vous avez été d’une grande aide et la Couronne ne l’oubliera pas. »

Puis vint le moment de débarquer. La Chancelière, la Garde des Sceaux et Thomas allèrent parler à l’impératrice, escortés jusqu’au palais par Kalidor Majere et Arthas Menethil. La discussion fut brève, la situation décrite superficiellement.

Le lendemain matin, une lettre se trouvait sur son bureau. Un sceau violet, un R et un M entrelacés gravés sur la cire. Il sourit et brisa le cachet.

Mon neveu,

Je viens d’apprendre la nouvelle. Tu as de la chance que je garde mes oreilles grandes ouvertes, rien que pour toi. Oui, évidemment, j’exagère, mais tu me connais, n’est-ce pas ? Quel capharnaüm tu as mis avec tes compatriotes à la Cour de Briganne ! Tu es généralement plus subtil, que t’est-il arrivé ? Je suppose que la situation ne t’a pas laissé le choix. Je me demande à qui échouera la couronne impériale. A l’Archevêque de décider, je crois.

Quoiqu’il en soit, je ne t’écris pas par pur sentiment d’amour familial. Hier au soir, le Consul Bolton est parti d’Exophon. Par des moyens magiques, cela va de soi ! J’ai bien évidemment mis au courant ses partenaires financiers. Tu trouveras ci-joint la liste des contacts que nous avons rencontrés, lui et moi. Chacun à sa spécialité, tu n’auras qu’à choisir ce qui te plaît le plus. Fort heureusement Cosme d’Olanno n’a pas cherché à te rencontrer, il y a eu de petits accrochages militaires à la frontière sud avec Nguelundi.

Avec affection,
R. M.

Suivait une liste de noms. Les deux chemins se rejoignirent en un seul et Catanzaro Ursinis disparu d’Enrya…

Sauf des registres administratifs d’Exophon, évidemment.