La leçon d'équitation

Post by Cornelius Aigrepont, Ind - April 27, 2008 at 2:18 PM

Le soleil resplendissait sur Systéria lorsque Cornelius tourna le coin de la rue qui le mènerait à sa taverne fétiche, le Coin Chaud. Il aperçut alors sa pupille Kirael et son ami Malbruck qui discutaient affaires, accompagnés par deux rats et un chat. Il s'approcha donc des deux personnes qu'il pouvait sans doute appeller amis et les héla.

-Hey, là! Que voilà donc deux bons amis!
-Malbruck est heureux de vous revoir, Cornelius.
-Oooooh! M. Cornelius!

Après d'heureuses salutations, Malbruck s'en alla chercher de l'or dans son coffre de banque afin de payer les rats qu'il venait tout juste d'acheter à Kirael.

-Alors, M. Cornelius, vous allez bien?, demanda Kirael d'un ton innocent.
-Comme à mon habitude, damoiselle Kirael. Dites-moi, dressez-vous des montures?
-Bien sûr! Laquelle vous faut-il?
-J'apprécierais beaucoup avoir un cheval à robe argentée. Bien que je ne sache pas monter, il me semble qu'il serait on ne peut plus utile à ma personne de posséder une bête pouvant me transporter plus rapidement que mes propres jambes.
-Il vous en coûtera 300 écus, déclara-t-elle ingénument.

Sur les entrefaites, Malbruck revint avec l'or et paya dame Kirael avant que cette dernière ne s'en fusse chercher la monture demandée par son précepteur pédant. L'homme courbé et défiguré était somme toute très sympathique, malgré son physique repoussant. Cornelius engagea la conversation avec lui après avoir longuement regardé ses deux rats s'ébaudir sur lui.

-Le règne animal est fascinant.
-Malbruck dirait plutôt qu'il est intriguant.
-Vraiment? Pourtant, il me fascine plus qu'il ne m'intrigue.
-Chacun est libre de ses choix.
-Faites-vous partie du camp "Humain supérieur" ou "Humain égal"? Je veux dire, croyez-vous que les humanoïdes soient également des animaux?
-Malbruck en est la preuve vivante.

Cornelius éclata d'un rire léger, ce qui était une chose rare chez lui. L'homme l'amusait grandement et il se plaisit à discuter philosophie avec lui.

-Ainsi, vous croyez que les animaux ont une conscience?
-Malbruck pense que oui. La preuve, ils peuvent communiquer avec des sons. En plus, si on frappe un rat chaque jour, au bout d'un moment, il deviendra méfiant. C'est un signe qu'ils possèdent une mémoire et sont aussi dotés de conscience.
-Certes, mais les animaux ne sauraient jamais s'envoyer des messages aussi précis que ceux des humanoïdes. Le langage est un atout incroyable. Les arts sont également propres aux humanoïdes. Tenez, les animaux ne sont pas inintelligents, juste inférieurs. J'ai eu l'occasion d'observer le comportement d'un gorille dans la jungle. Ils se servent même d'outils pour manger.

La discussion se poursuivit jusqu'à ce que Kirael revienne, tirant un superbe cheval argenté par une bride improvisée. Cornelius fut littéralement ravi par la monture qu’elle lui avait ramenée. C’est alors qu’il proposa que Malbruck, Kirael et lui aillent à l’arène afin qu’il apprenne à monter.

Une fois qu’ils y furent, après avoir fait monter le cheval par la rampe prévue à cet effet, Kirael dut s’absenter. Cornelius tenta une première fois de monter sur le cheval après l’avoir muni d’une selle et ne réussit qu’à tomber sur le dos. À nouveau il essaya et ne réussit point. Ce ne fut qu’à son troisième essai qu’il parvint enfin à grimper sur le cheval, mais ce dernier rua, ce qui résulta à nouveau en une chute pour Cornelius.

-Attendez Malbruck ici, il va chercher quelque chose.

Malbruck courut jusqu’à l’étage supérieur pour s’emparer de quelques pommes qui s’y trouvaient, bien rangées dans un panier à fruits. Il était évident que ces dernières allaient pouvoir aider à dresser le cheval. De peine et de misère, Cornelius et Malbruck réussirent enfin à faire comprendre au cheval que son maître était l’aide-diplomate. Une fois qu’il eut réussi à monter une fois avec succès, ils allèrent dans la rue pour effectuer un ultime essai. Néanmoins, Curtis (c’était ainsi que Cornelius avait baptisé son étalon au membre proéminent) ne l’entendait pas de cette oreille. Il rua et partit en trombe et en ligne droite vers la fontaine des vertus, projetant l’homme pédant sur le bras gauche, ce qui eut pour effet de le fêler.

-Ah! Diantre, mon bras!
-Ne vous inquiétez pas. Malbruck va arranger ça. Serrez les dents à 3. 1… 2… 3!

Il fit alors craquer violemment le bras du pauvre Cornelius, l’empirant plus qu’autre chose, avant qu’un gnome vêtu de frasques oranges flamboyantes n’arrive sur les lieux et ne tente de guérir l’aide-diplomate avec une chanson bardique. Malbruck réessaya de faire craquer le bras après avoir constaté son échec et réussit heureusement à le faire.

-C’est assez. Je crois que l’équitation n’est pas faite pour moi. Venez, je vais ranger ce cheval à l’écurie…

Et bien qu’il fut trop orgueilleux pour l’admettre, Cornelius eut mal au derrière pendant une semaine.