Sommeil troublé, silence imposé.

Sommeil troublé, silence imposé.

Post by Nienna Surìon - May 17, 2008 at 8:15 PM

Il faisait nuit sombre, le ciel était chargé de nuages si imposants, que les rayons de l'astre lunaire les transperçaient à peine, l'air était lourd et empreint d'humidité. Les rues de la cité avaient été désertées, aucun passant, aucune discussion de balcon, aucun rassemblement au port.

Dans la taverne la plus fréquentée par les citoyens de Systéria, se trouvait la jeune Livia DeCaire, assise avec discrètion à une table bien à l'écart de l'action continue de l'auberge. Elle tentait de lire un peu, en vain, beaucoup de soldats terminèrent de leur quart de travail et se rejoignèrent au Coin Chaud, question de bien entammer la soirée après une rude et longue journée. Une petite foule s'était amassée au comptoir, tout près de Julien le tavernier, qui semblait débordé. Décidément, les affaires se portaient bien pour lui ce soir là. Un homme à la carrure imposante et à la voix rauque, se tenait debout sur une chaise de bois. De par son apparence et le machisme qu'il dégageait, Livia en conclut qu'il s'agissait d'un militaire. C'était évident qu'il avait abusé de la boisson, il titubait sur sa chaise et ses compagnons d'armes se postaient tout près de lui, pour le retenir s'il tombe à cause de l'ivresse qui l'a gagné rapidement en début de soirée. Il tenta d'imposer le silence aux nombreux occupants de la taverne pour commençer à racontrer de vieux contes et des légendes qui avaient vu le jour outre-mer. Il s'écriait haut et fort, appuyant ses récits imaginaires et gestes vifs et fort expressifs.

- C'est alors que le nain saisissa la chance qui lui avait été offerte, et réussisa glorieusement à occire de Troll!

Les personnes écoutant les histoires rocambolesques de l'homme s'esclaffaient de rire, certains se moquaient vilement de ce dernier. Froissé, il se redressa brusquement, et s'écria:

- Quoi?! Bon! Nous ne me croyez pas hein? Ok peut-être que mon histoire de Troll ne tient pas debout, mais elle là-bas là! La jeune femme qui est tellement silencieuse qu'on croirait qu'elle a perdu sa langue!! Elle, elle à l'air d'une personne qui en connait des histoire!

Livia rehaussa sa tête bouclée lentement, sachant pertinemment de l'homme ivre ne pouvait s'adresser à quelqu'un d'autre. Sur un ton voix à la fois distant et réservé, elle répliqua:

-Qu'il y a-t-il jeune homme?

Il s'empressa de répondre:

- Les gens ici présents ne semblent pas appréciés mes histoires, vous devez en connaître des tas vous, je vous vois lire à longueur de journée en ces lieux! Mademoiselle, racontez-nous une histoire!

Un inconnu dans la pièce s'enquis d'ajouter:

- Ouais! Une bonne histoire cette fois-ci!! Allez ma p'tite dame, approchez-vous!

Livia semblait un brin hésitante, rougissant à vue d'oeil en voyant tous les regards se retourner vers elle. Après un bref moment, elle referma son bouquin puis vînt prendre la place du militaire ennivré d'alcool qui lui cèda sa place avec un protocole digne de la noblesse. Livia s'assied doucement, rouvra son livre puis s'éclairçissa la gorge.

-Bien ... Connaissez-vous la légende intitulée ''Attention aux chants meurtriers de la mer'' ?

À l'unisson, tous les clients de la Taverne s'écrièrent:

Non!! On veux savoir!! S'il vous plait!

Livia acquiessa doucement, toisant les quelques vingts personnes foulées à l'entour d'elle et qui n'attendait que le début de son récit, fixant tous ses lèvres.

- Il fût un temps, où les mers embrassaient paisiblement les terres du monde entourant Systéria, où la faune et la flore coexistaient en parfaite harmonie, où les hommes vivaient d’amour et d’eau fraîche. Bien avant l’obsession des conquêtes, bien avant les convoitises des plus grandes richesses de ce monde, bien avant que la terre soit souillée de sang impur, le monde ne ressemblait pas à celui que connaissent les peuples d’aujourd’hui. Pour subsister à leurs besoins primaux, les hommes se lançaient à la découverte des terres et des fonds marins, pour y dénicher de quoi nourrir leur famille et pour troquer leurs prises afin d’acquérir d’autres possessions. Bien entendu, les temps ne tardèrent pas à changer, et les motifs des voyages en mer se tournèrent davantage sur la ruée vers l’or. Le temps de la piraterie naquit. Ce temps de barbarie commença lorsque l’inquisiteur le plus redouté jusqu’à ce jour se rendit en terres étrangères, là où vivait le peuple des Groghmals, alors réputé pour leurs richesses grandioses. L’inquisiteur, de son prénom, Bazile, convoitait leur plus grand trésor, ancienne possession d’un membre de la royauté Groghmale, celui de feu Dragor Tison’zel. Les ragots disent que, quelques jours précédant son passage vers l’autre monde, il aurait placé sous terre son immense trésor dans un endroit gardé secret et qu’il aurait rédigé sur son lit de mort une carte codifiée qui, une fois déchiffrée, mènerait à ses milliers de pièces et lingots en or ainsi qu’à ses montagnes de pierres toutes aussi précieuses les unes que les autres. Bazile rêvait jours et nuits de ce trésor aux proportions pouvant défier l’imagination des plus fêlés qui vécurent à cette époque. Il décida donc, sans l’autorisation du Roy, de partir avec sa flotte et d’aller chercher le trésor de Dragor. Quelques mois plus tôt, l’un des siens se fît passer pour un marchand auprès des Groghmals et déroba le parchemin de Dragor qui était laissé en garde dans un coffre. Cet homme avait son rêve dans ses mains, il rassembla pas moins de quarante hommes et prirent possession du trésor du défunt Dragor. Malheureusement pour lui, les Groghmals, alertés par leurs bateaux accostés près du rivage, se lancèrent à la poursuite des humains. On pu entendre des larmes s’entrechoquer durant la nuit entière. Les humains, par l’on ne sait quel miracle, sortirent vainqueurs de ce sanglant combat. Lorsqu’ils reprirent la mer pour rapatrier cette incommensurable fortune dans la cité humaine, les matelots, qui festoyaient depuis le début de la traversée, entendirent des chants mélodieux qui provenaient d’une lagune aux aspects qui émerveillent l’œil au tout premier regard. Intrigués, les marin allèrent quérir Bazile qui prit ses longues vues et scruta attentivement la dite lagune. Il entrevît quelques femmes au corps de poisson qui jouaient avec des coquillages et qui plaçaient des étoiles de mer dans leurs longues chevelures. Les membres de l’équipage, y comprit Bazile, furent aussitôt hypnotisés par les airs mystérieux de ces si jolies créatures. Bazile ordonna à ses matelots de s’approcher de la mystique lagune pour voir les protégées de la mer de plus près. En voulant approcher les sirènes qui semblaient appeler les marins, Bazile couru à sa perte. Les sirènes plongèrent dans l’eau et se mirent à nager autour du navire. C’est alors que plusieurs autres beautés marines se joignirent aux autres. Bazile et son équipage comprirent alors qu’elles étaient très nombreuses. Les chants, qui paraissaient lyriques et empreints de nostalgie résonnaient encore dans la tête des malheureux marins. Nul ne sait ce qu’il arriva dans les secondes qui suivirent mais personne ne revu le bateau de l’inquisiteur Bazile, ni même un membre de son équipage. Seul une poignée de pêcheurs qui se trouvait à proximité entendirent des rires de femmes transportés par le vent jusqu’à leurs oreilles. On raconte que quelques explorateurs du monde auraient retrouvé des pièces du trésor de Dragor. Les pièces en or de son trésor étaient gravées de son insigne, prouvant hors de tout doute, que le trésor existe et qu’il n’est pas entre les mains de Bazile. Depuis ce temps, bon nombre de marins cherchèrent le trésor de Dragor, guidés par l’avidité, ils se rendirent près de la lagune aux sirènes et ne revirent jamais … On dit que celui qui détiendra la fortune de Dragor, sera plus riche que n’importe quel Roy vivant dans ce monde ...

Livia s'arrêta, posant son regard vers son auditoire pour indiquer la fin de son histoire. Les gens se mirent à applaudire. Ils en redemandaient.

- ENCORE! ENCORE!

Livia rétorqua, avec une grande gêne très lisible sur son visage:

- Je ... bien. Vous aimez les histoires de marins?

Tous approuvèrent en hochant positivement de la tête. L'ivrogne, qui, malgré ses efforts, n'avait pas réussi à soutenir l'attention des citoyens comme Livia l'avait fait, rajouta:

-Mademoiselle, vos histoires sont fantastiques! S'il vous plait, une dernière!

Livia acquiessa, puis un élan de joie parcoura l'auberge, qui était encore bien occupée malgré l'heure tardive. Même julien avait délaissé ses besognes pour écouter Livia.

-Voilà! L'histoire ce termine ainsi.

À nouveau, Livia fût applaudie par ses auditeurs. Les gens se remirent à bavarder ensembles, quelques citoyens virent remercier Livia pour le divertissement qu'elle leurs avait offert. Peu à peu, la taverne se vidait, hommes et femmes retournèrent graduellement chez eux pour s'enquérire d'une bonne nuit de sommeil. Livia retourna à son tour dans les dortoires de l'armée, épuisée. Après s'être départie de ses apparâts, elle se rafaîchissa le visage avec un linge qu'elle humecta dans un bol d'eau. La jeune humaine se glissa dans son lit, puis tomba dans un sommeil profond en très peu de temps. Le dortoire était plongé dans une noirceur totale. Un silence parfait règnait aux alentours. Plongée dans ses rêveries, Livia sembla soudainement avoir le sommeil agité. Son rêve devînt flou, et lentement, il changea du tout au tout, une ombre mystique apparût dans ses songes, un sentiment de crainte s'empara de la jeune femme. Cette ombre ne lui inspirait rien qui vaille.

- Livia ... très chère Livia ... Tu aurais pu m'aviser de ton départ. J'ai eu peine à te retrouver. Comme je peux le constater, tu es venue en Systéria ... C'est bien, c'est justement ce que j'attendais de toi. Malheureusement, les choses ne se déroulent pas comme je l'avais prévu Livia ... Tu t'es amourachée bien rapidement de cette jeune recrue de L'armée des Mercenaires ... comment se nomme-t-il déjà? Jorlin? Fokfin?

Dans ses songes, Livia se retrouvait dans une sorte de trou noir, coinçée avec cette ombre éppeurante. Elle savait pertinemment de qui il sagissait. C'était la créature qui a tué Damien, nul autre ne pourrait lui parler ainsi. Cette créature, comme le constata Livia, avait le pouvoir de prendre différentes formes, humaines, animales, indéfinies ...

Contrariée, Livia répliqua sèchement:

- Forklin.

L'Ombre laissa s'étouffer un rire amusé, puis ajouta:

- Très bien, Forklin. N'empêche que tu me déçois Livia ... Je t'avais consignée au silence. Ce qui se trame avec moi, ça doit rester notre petit secret. Je t'avais juré que je te punirais si tu parlais de moi à qui que ce soit ... Je n'ai pas le choix comprends-tu? Tu n'est pas maligne si tu croyais qu'en trouvant un endroit isolé pour tout avouer à ta nouvelle flamme tes petits secrets, moi je ne t'entenderai pas. Je vois tout, je sais tout. Tes moindres faits et gestes. Ce n'est pas parce que tu ne me vois pas, que je ne suis pas présent.

Livia rétorqua avec argne:

- J'ignore qui vous êtes, mais forcémment, vous ne voulez pas mon bien. Je ne comprends pas ce que vous voulez, et je ne plierai pas à vos commandements. J'aime Forklin, vous n'y pouvez rien, je ne lui cacherai rien, jamais!

-Et que fais-tu de Damien? Tu l'as déjà oublié?

- Non! Je pense beaucoup à lui ... C'est mon ange guardien. Je sais qu'il veut mon bonheur de là où vous l'avez expédité si injustement ... J'ai fait mon deuil de sa perte, simplement.

- Je t'offre la rédemption. Une chance que tu ne peux pas rejetée. N'oublie pas que je pourrais te ramener à Damien quand je le voudrais. Je pourrais t'achever à l'instant même. Tu ne verrait pas le Soleil de demain ...

- Alors si je vous irrite autant, pourquoi vous ne le faites pas?

- Parce que, je t'ai dit, bien que tu ne le penses pas une seconde, que je ne suis pas une force obscure, ni pure. Je sais que tu ne veux pas quitter Forklin, d'autant plus que j'ai quelque chose n'inachevé que tu dois faire toi. Ce Forklin me sera utile ...

- Je vous interdit que faire quoique ce soit à cet homme, où vous pourrez être certain que jamais je ne vous aiderai à arriver à vos fins!

- Je ne le toucherai pas, si tu te plis à mes volontés.

- Qu'attendez-vous de moi à la fin?!

-Tu le sauras en temps et lieux, tu n'es pas prête, en fait ... tu es très loin d'être prête. Tu n'es pas encore assez forte ... Ne t'inquiète pas, tu le sauras quand le temps sera venu ...

Perplexe, Livia toisa l'ombre mystérieuse un moment, l'air résignée, elle garda un silence implaccable.

- Biieenn ... ce que je vois me plait enfin. Ne t'inquiète pas pour ton bien-aimé, tu as ma parole. À moins que ... tu me tournes le dos ... Sur ce, le jour va bientôt se lever, il est temps pour moi de m'éclipser. Mais avant, je dois te punir, car tu as tout de même dérogé à l'un de mes commandements les plus fondamenteux. Je referai surface sous peu, d'ici là, n'oublie pas que je vois tout ... et je finis toujours par tout savoir.

Soudainement, l'Ombre disparût dans un nuage orangé qui enroba Livia en quelques secondes seulement. La jeune femme poussa un cri de douleur qui la sorta de ses songes, et qui réveilla également, les autres occupants du dortoire qui s'empressèrent d'aller voir Livia.

- Est-ce que ça va recrue DeCaire?? Que s'est-il passé ??

Une jeune femme s'assied sur le rebord du lit appartenant à Livia, elle posa le revers de sa main sur son front brûlant.

- Vous êtes souffrante?

Livia hochant négativement de la tête, répliquant pour toute réponse:

- Non ça va, j'ai seulement fait un mauvais rêve ...

Peu convaincue, la jeune femme retourna à son propre lit, rajouant seulement:

- Tâchée de vous rendormir, le jour va bientôt se lever et une rude journée nous attends.

Livia s'entendit à nouveau dans son lit, sentant une attroce brulûre sur son homoplate droite ...

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Post by Nienna Surìon - May 19, 2008 at 10:20 PM

Par un début de soirée pluvieux, Livia était assise sur le rebord de son lit, dans les dortoirs de la caserne de l'armée des Mercenaires. Par l'unique fenêtre de la pièce, Livia plongea son regard livide et froid sur l'extérieur, observant d'un air de marbre, les passants qui hâtaient le pas pour se réfugier de la pluie incessante. La jeune femme poussa un long soupir. La caserne était vide, ormis le sergent en service et quelques poignées de gardes qui surveillaient l'entrée du quartier maître. Intérieurement, elle les plaignait, ses pauvres frères d'armes en service avec cette température peu clémente.

Livia avait terminé son quart de travail depuis longtemps déjà, mais elle était toujours vêtue de son uniforme, redoutant le moment où elle devrait se dévêtir. Un silence de mort règnait dans le dortoir, aucun bruit, aucun écho, aucune voix, seulement son souffle serein et lent. Livia se lassa de ses observations futiles par la fenêtre, elle posa un tendre regard vers son bracelet de rubis, généreux présent offert par Forklin. Elle délaissa ses airs indifférents et frigides pour afficher un faible sourire en coin, l'air pensive. Elle caressait lentement l'ornement à son poignet, murmurant pour elle-même:

- Oh Forklin ... j'ai hâte que tu me reviennes ... Te savoir loin de moi, par les temps qui courent, me rend si inquiète ...

Elle laissa s'échapper un second soupir puis releva la tête. Livia pu constater, qu'à l'extérieur, la pluie s'était apaisée. Elle décida donc d'aller se dégourdir les jambes à l'arène. La jeune humaine se redressa, visiblement sans empressement. Elle s'affaira à troquer son uniforme de l'armée pour ses habits d'entraînement. La tâche était ardue, en enlevant sa tunique, Livia poussa un faible cri de douleur, accompagnée d'une moue grandement crispée. N'ayant plus que ses pantalons sur le dos, elle alla quérir son sac d'effets personnels pour en retirer un morceau de miroir brisé. Elle tenta de le positionner pour refléter sa blessure à l'omoplate droite. Après plusieurs tentatives infructueuses, la jeune femme entrevit enfin la source de ses attroces douleurs. La plaie, occasionnée par l'étrange brûlure qui suivi sa récente rencontre avec la créature qui semble prendre un malin plaisir à la tourmenter, avaît levé sa peau, qui était visiblement boursoufflée, fortement rougie et très enflée. Livia s'attarda à regarder avec dédain sa brûlure puis, abordant un air inquièt et pleins d'appréhensions, elle s'exclama:

- Oh non c'est pas vrai!

Elle s'empressa de ramener près d'elle, son sac entre-ouvert, en tirant vivement sur la ganse en cuir de celui-ci. Elle farfouilla avec nervosité dans ce dernier, cherchant désespérément un objet particulier. Dans un geste empreint de peur et de presse, elle vida le contenu de son sac sur son lit, posant un regard effrayé sur chacuns des objets qu'elle venait d'éparpiller. Elle trouva enfin se qu'elle cherchait, une peau de mouton roulée, fermée à l'aide d'une ficelle toute simple. Livia tenta de défaire la peau de mouton contenant visiblement un document en papier mais, la peur et la crainte qui l'envahissaient à ce moment précis, la rendèrent si nerveuse, qu'elle tremblait. Livia s'arrêta net, elle inspira profondément, puis recommença son travail avec plus de lenteur et de concentration. Elle parvint enfin à retirer le papier de son enveloppe puis le déplia rapidement. C'était, la missive que le meurtrier de Damien lui avait fait parvenir le même soir où son cher ami Noah s'était fait dérober l'épée qui avait confectionné à sa demande. Elle porta sa main à ses lèvres puis murmura:

- Je le savais bien que j'avais déjà vu cette empreinte quelque part!

Le sceau, qui avait servi à sceller la missive du meurtrier représentait un visage triste consommé par de hautes flammes. Livia soupira à nouveau, constatant que sa brûlure abordait exactement le même signe. En effet, les boursoufflures ainsi si que les rougeurs résultant de cette marque, formaient précisément le même motif que celui imprégné sur la missive. Dans un élan de désarroi, la jeune femme se laissa choir sur son lit, portant ses deux mains à son visage, comme pour se cacher cette lourde vérité dont elle ne supportait pas la légitimité. Elle resta allongée ainsi pendant plusieurs heures, jusqu'à ce qu'elle perçoive au loin, les bruits de pas de ses compagnons d'armes s'approcher des dortoirs. La jeune recrue rappatria ses effets personnels, rangea son sac, puis remettant sa tunique dans une grande hâte, ce qui lui procura de vives douleurs. En entrant dans le dortoir, les recrues trouvèrent Livia plongée dans ses lectures habituelles. Une jeune comparse lui lança à la blague:

- Oh recrue DeCaire, vous êtes là?! Qu'avez-vous fait par ses temps mossades?

Pour toute réponse, Livia répondit:

- J'ai terminé mon quart de travail tôt cet après-midi, je suis donc allée m'entraîner à l'arène. J'en reviens tout juste.

La sueur qui perlait sur le front de Livia était si abondante, qu'elle avait imbibé ses boucles de cheveux environnantes, se qui donnait l'impression à sa comparse qu'elle avait été sous la fine pluie récemment, donnant raison à son mensonge, rendant, par le fait même, ses explications très plausibles.

- Oh génial! C'est une très bonne initiative recrue! N'empêche, il fait un temps de chien dehors hein?

Livia hocha doucement sa tête pour donner raison à la jeune demi-elfe, puis retourna à sa lecture quotidienne.

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Post by Nienna Surìon - June 21, 2008 at 8:33 PM

Le Soleil, qui se faisait de plus en plus rare en ces temps mossades et sombres, règnait fièrement sur le ciel. Les rayons chaleureux de celui-ci réchauffaient la peau de Livia, lui procurant un réconfort instantané. La jeune femme venait de quitter la caserne de l'Armée des Mercenaires pour aller prendre un peu d'air frais. Elle décida donc d'aller aux portes de l'entrée de la ville, là où Forklin lui avait apprit à faire du feu pour la première fois, dans une petite forêt, peu dense mais aussi peu fréquentée par les citoyens de Systéria. Elle attendait que son bien-aimé termine à son tour, son quart de travail.

Livia s'assied un moment sur un large rocher plat, recroquevillée sur elle-même, ayant ramené ses genoux contre sa poitrine, et ayant enroulé ses jambes de ses bras. Elle posa son front contre ses genoux et ferma les yeux pendant quelques temps, profitant de l'un de ses rares moments de répit, empreint de calme et de sérénitude. Rien ne lui sembla plus reposant que les mélodies des oiseaux qui virevoltaient de branches en branches. La jeune femme se remémorait les moments précieux passés ici, en compagnie de Forklin, les fous rires, les regards amoureux, les tendres baisers, les accolades réconfortantes ...

L'humaine soupira brièvement, puis, soudainement, elle fût prise d'un drôle de ressentiment. D'emblée, les chants des oiseaux ne se faisaient plus entendre, un silence de mort règnait autour d'elle, plus rien ... Aucune brise de vent, aucune sensation de rayons de soleil qui plombaient sur sa personne il y a quelques secondes à peine .... rien ...

Un frisson interminable s'empara de la jeune femme, elle n'osait prendre conscience de se qui clochait, prise de frayeur et d'inquiètude, des sentiments qui la ronge trop souvent ...

Dans un geste vif et inespéré, Livia releva sa tête bouclée et poussa un cri d'effroi. Livia était paniquée à la lumière de se qu'elle découvrit à l'instant. Elle avait le souffle coupé, son sang se glaça lorsqu'elle constata qu'elle n'était plus dans la fôret bordant Systéria mais bien dans une immense grotte aux allures lugubres, complètement isolée des sentiers fréquentés par les passants et les commerçants. Dans un élan de frustration et de révolte face à sa situation, Livia fonça vers l'entrée des catacombes dans lesquelles elle fût transportée. Un mur invisible l'empêcha de recouvrer sa liberté. En effet, lorsqu'elle s'élança pour quitter cet endroit morbide, elle se heurta à un obstacle imperceptible à l'oeil nu, se retrouvant étendue sur le sol froid et humide, inconsciente, la collision l'ayant solidement assomée.

C'est à la lueur de l'aube que Livia se réveilla, elle voyait flou, mais distingua une silhouette postée à ses côtés. La jeune femme, encore sonnée, souria doucement puis murmura:

- Oh Forklin, te voilà! Ouf ... j'ai eu si peur ...

Un rire amusé résonna dans la vaste caverne. Livia mit du temps à recouvrer tous ses esprits. Elle remarqua alors qu'elle se trouvait toujours dans sa prison de pierre, et que l'entité qui l'observait n'était pas Forklin, mais bien une créature ideuse, mi-homme, mi-lézard. Encore étendue à même le sol, Livia n'avait pas la force de se relever et d'affronter son ravisseur. Elle était totalement à sa mercie, faible, et prisonnière. Elle obtînt la force de se hisser et de se reculer pour finir coinçée entre deux murs de pierre. Sa vue se précisa lentement, et Livia poussa un seconde cri alarmant en ayant bien détaillé l'allure de l'homme-lézard. Ironiquement, il souria l'air amusé, puis lorsque Livia cessa d'hurler à tue-tête, il lui répliqua:

- Personne ne t'entendra ici Livia, garde donc tes forces au lieu de les utiliser vainement ...

Livia jetta un regard belliqueux à son assaillant puis ...

[ À Suivre ...]