Discussion houleuse dans le bureau du Consul
Post by Cornelius Aigrepont, Ind - May 18, 2008 at 2:55 AM
La soirée venait à peine de commencer pour Cornelius alors qu'il se dirigeait déjà vers l'énorme bâtiment impérial qui se profilait à l'horizon, celui qui l'abritait depuis plus de deux ans déjà: le palais. Il devait rencontrer le Consul Bolton pour discuter de sa démission et de plusieurs sujets.
Il salua les quelques gardes de service ce jour là et alla attacher son cheval à l'un des poteaux prévus à cet effet aux écuries impériales. Un palefrenier se précipita dessus et commença à lui octroyer toutes sortes de soins. Tandis que ce dernier s'affairait à dorloter la bête, Cornelius lissa sa cape et franchit la herse qui séparait le palais des jardins. Il ne fit pas de détour, de peur d'être en retard à son entretien, et alla directement vers le bureau de son supérieur hérarchique.
-Bonjour, monsieur Aigrepont. Ce bureau est décidément très achalandé.
Il reconnut aisément la voix de la Chancelière et s'avança pour la saluer. Il fallait dire que l'escalier menant au bureau du consul était très étroit, aussi ne pouvaient-ils pas faire autrement que de se parler à partir de marches différentes. Alors qu'ils entamaient une conversation sommaire, Thomas Bolton vint ouvrir à Sinriia, qui avait cogné à sa porte un peu plus tôt. Il aperçut également son diplomate suspendu à ses côtés. Dans le petit bureau froid et inhospitalier se tenait déjà Richard Datant, les mains croisées derrière le dos. C'était bien un des hommes que Cornelius détestait le plus. Il ne méritait assurément pas son poste de chevalier et n'aurait jamais dû devenir ministre. C'était une aberration.
-Madame la Chancelier des Universités, monsieur Aigrepont, je vous en prie, entrez.
Avant que le diplomate et la chancelière aient pu s'exécuter, le chevalier s'interposa et lança une conversation directe avec la chancelière.
-Chancelière, si vous le permettez, j'ai une question à vous poser. Étant donné la position importante du Consul au sein de l'hôpital Ste-Élisa, qui n'est, je le rappelle, pas affilié à l'Empire, je me demandais si vous ne jugiez pas, tout comme moi, légitime que ce dernier repasse un test sanguin auprès de la Confrérie Pourpre. La dualité de ses postes peut lui permettre de falsifier ses rapports médicaux, nous devrions refaire des tests pour nous assurer de leur validité.
-Je comprends, mais...
Alors qu'ils continuaient à parler, Bolton, qui semblait hautement amusé par les commentaires du chevalier offensant, invita Cornelius à entrer dans la pièce, ce qu'il fit. Il s'assit devant lui, sur un des bancs inconfortables caractéristiques à la pièce, qu'il revoyait alors pour la quatrième fois. C'était un mauvais présage. Aller si souvent dans le bureau de son supérieur prouvait que sa compétence n'était pas à son meilleur. Après quelques minutes d'écoute de la conversation houleuse entre la Chancelière et l'ex-Major, Cornelius entreprit de lancer un sort innoffensif de vision nocturne, ne voyant plus très bien son interlocuteur.
-In Lor...
Ses pupilles se dilatèrent. Ce sort était définitivement très pratique: À présent, il voyait beaucoup plus clair. Après avoir demandé télépathiquement au Consul ce que signifiait cette mascarade de la part de Richard, il se tourna et ne put résister à la tentation de se joindre au débat.
-Chevalier Datant, soumettre le Consul Bolton aux tests de la Confrérie Pourpre serait une abérration littérale, étant donné qu'il vient tout juste de couper leur budget. Nous ne pourrions nullement nous fier sur leur impartialité. Ils risqueraient de falsifier les résultats.
Le ton était cinglant, et le Consul, en arrière-plan, étira un léger sourire à la remarque de son diplomate. La haine qu'imaginait Cornelius n'était peut-être pas aussi grande qu'elle en avait l'air... Le Chevalier ignora la remarque et poursuivit sa discussion avec Sinriia. Quelques minutes plus tard, ce fut à nouveau au tour du diplomate outrecuidant de formuler une remarque arrogante.
-De toute façon, Chevalier, je me demande qui vous êtes pour remettre en question l'intégrité et l'honnêteté du Consul Bolton.
Vif comme l'éclair, l'autre lui répondit en changeant complètement de sujet.
-J'ai pu constater, citoyen, que vous possédiez un grimoire, tout à l'heure. Cet objet est interdit dans l'enceinte impériale
-Je ne vois pas en quoi ce grimoire me porte préjudice, Chevalier. Merci quand même.
-J'ai sans doute oublié d'aller le ranger tout à l'heure. Laissez-moi sortir afin que j'aille le ranger.
-Monsieur Datant, ouvrez-lui la porte.
-Je n'ai pas les clés, Consul, faites-le.
-Non.
-Citoyen, je vais devoir confisquer cet objet.
-Nullement, vous croyez bien que je serais allé le ranger si j'en avais eu l'occasion. Tenez, en gage de bonne foi. Je peux vous le donner, puisque vous êtes garde.
-Ce n'est pas mon travail, citoyen.
Sombre idiot... il le réprimandait quant à sa possession de grimoire et ne daignait même pas le ramasser... Décidément, il cherchait à l'éloigner du Consul, c'était presque évident.
-Dans ce cas...
Il fit glisser son grimoire jusque dans un coin sombre de la pièce afin de contenter le chevalier haïssable. Cela ne parut toutefois pas apaiser sa soif de méchanceté.
-Soit, je vous le confisque.
-C'est ridicule, nous venons de vous dire que cet objet ne causait nullement préjudice au Consul et qu'il n'y avait aucun danger.
-De toute façon, Chevalier, si le diplomate Aigrepont me carbonisait avec un sort, cela ne regarderait que nous.
-Pas du tout, cela regarderait l'Empire en entier. Je vous confisque cet objet et le remettrai au tribunal pour refus d'obtempérer.
-Refus d'obtempérer? Vous savez aussi bien que moi que je ne suis pas malhonnête et que je serais allé le ranger si j'avais pu sortir. Redonnez-le moi.
-Ridicule, citoyen, vous savez très bien que vous n'avez pas le droit de porter des objets dangereux dans l'enceinte du palais.
-Montrez-nous l'article qui le spécifie, chevalier.
-Ce n'est pas à moi de faire ça, mais bien à vous, Consul. Vous êtes toujours plongé dans des papiers de toute façon.
-Redonnez-moi ce grimoire, que j'aille le ranger.
-Il a raison, Chevalier. Aucune loi ne spécifie que les gens n'ont pas le droit d'amener des objets dangereux dans l'enceinte impériale, bien que cela soit souhaitable. Vous n'avez pas le droit de confisquer son grimoire. Redonnez-le lui.
-Hors de question. Vous savez très bien que j'ai raison. Vos arguments sont d'ailleurs ridicules, et vous n'avez pas d'ordres à me donner.
-Nos arguments, ridicules? Avez-vous vu les vôtres, et votre comportement depuis le début? Vous accusez le Consul de falsifier ses rapports médicaux et d'être malhonnête et me confisquez un grimoire pour un refus d'obtempérer à un ordre auquel je ne pouvais obéir.
-Il n'y a rien à dire de plus. Je disais donc, Chancelière, avant cette fâcheuse interruption, que...
-Vous ne continuerez pas. Remettez-moi ce grimoire, et j'irai le ranger. Soyez raisonnable, monsieur Datant.
La discussion parut continuer dans une boucle semblable jusqu'à la fin, quand Richard et Cornelius partirent du bureau sans que ce dernier n'ait pu glisser un seul mot sur sa démission au Consul. Mais il avait compris. Il n'obtiendrait rien de bon de ce Richard. Ils arrivèrent bientôt au bas de l'édifice, dans la cour extérieure.
-Remettez-moi vos clés, citoyen. Vous n'êtes pas en fonction.
-C'est ridicule, je ne suis que suspendu. Il appartient au Consul de déterminer mon rang, pas vous.
-Vous connaissez les codex, citoyen, personne ne peut posséder les clés d'une guilde sans autorisation.
-J'ai cette autorisation depuis belle lurrette, cher monsieur.
Le chevalier fit signe aux deux gardes de l'entrée afin qu'ils viennent l'aider à saisir le trousseau du diplomate, alors que Cornelius était occupé à se gausser intérieurement de l'homme pathétique.
-Je vous donnerai mes clés en échange de mon grimoire. Il est très important.
-Non, il n'y a pas d'échange à faire. Ce grimoire sera remis au tribunal, il est confisqué. Remettez-moi vos clés.
-Très bien... J'ai très hâte de vous revoir en cour, très cher monsieur. Au revoir.
Désormais dépouillé de ses deux biens les plus précieux, c'est-à-dire ses clés et son grimoire volumineux, Cornelius n'était plus bon à rien. Ce crétin paierait pour la confiscation injuste qu'il lui avait infligée. Le diplomate grimpa sur son cheval, le talonna et sortit en trombe des jardins impériaux en direction de la bibliothèque. Il avait des missives à écrire...
Aux joueurs présents, j'ai essayé de reproduire la scène avec fidélité mais je ne me rappelle plus de toutes les subtilités. Aussi, Richard, désolé si le texte te fait paraître un peu méchant, mais c'est la vision de Cornelius quoi
Post by Thomas Bolton, Emp - May 18, 2008 at 11:22 AM
La discussion avait duré des heures. Elle avait même été plus longue que le baptême des trois héritiers de la Couronne. Le Chevalier avait souhaité rencontrer le Consul afin d’évoquer plusieurs sujets. Ce serait avant tout des remontrances, Thomas en avait la certitude. Et il ne fut pas déçu.
Des reproches fusèrent pour avoir autorisé le baptême dans un environnement si inhospitalier. Maemor avait déjà trois ans, depuis sa naissance tout n’avait été que remis à plus tard. Nécessité était de procéder à la bénédiction, comme le Père Séverin Icaros l’avait souvent dit aux membres de l’administration, via ses missives.
La sécurité était aussi un point qui posait problème au Chevalier. Entourés des gardes du Grand Maître de l’Ordre du Soleil, ils ne craignaient rien, mais cela, messire Datant n’avait pas voulu le voir. Les arguments du Consul n’y changèrent rien. Campé sur sa position, chaque mot était essuyé d’un revers de main.
Puis vint le moment de contester la validité des analyses de Sainte-Elisa…
« Je ne passerai pas les analyses de sang tant que vous n’aurez pas fait confirmer les vôtres par la Confrérie Pourpre. »
« Pourquoi cela, messire Datant ? »
« Tout simplement par que vous êtes directeur de l’hôpital. Vous représentez une brèche dans la sécurité et il faut la combler. »
« Vous m’accusez donc de falsifier des documents officiels. »
« Non, je doute c’est tout, je ne vous accuse de rien. »
Mais bien sûr.
Thomas restait parfaitement stoïque, avec une pointe de fraîcheur dans la voix, assit sur son épais siège de pierre, inconfortable au possible. Les arguments fusèrent des deux côtés pendant encore quelques minutes. Jusqu’à…
« Ce n’est pas parce que je suis une personne antipathique que je suis forcément d’origine démoniaque, messire Datant. »
La phrase tombait comme un couperet. Il fallait reconnaître que l’homme était rusé. Proposer une contre-expertise par la Confrérie, à qui le Consul avait amputé tout récemment le budget, démontrait une sensibilité politico-stratégique très fine.
Quelques minutes plus tard et Cornelius ainsi que Sinriia pénétrèrent dans la pièce. Cette dernière fut rapidement exaspérée. Que se serait-il passé si le Chevalier n’était pas partit ? Thomas aurait aimé le savoir, assurément…
Telle une statue, il était le seul à ne pas réagir aux attaques du garde impérial, restant de marbre.