Un passé raté... et un avenir sans envergure ?

Un passé raté... et un avenir sans envergure ?

Post by Tryptophan - May 23, 2008 at 8:28 PM

Le voyage s’était déroulé sans anicroches, hormis la lenteur du navire accompagnée de l’ennui habituel que cela crée chez les passagers. Ce ne fut que lorsque celui-ci quitta le port de la petite ville côtière du continent que Tryptophan ressentit le poids sur ses épaules s’alléger un tant soit peu. Après quelques jours passés sur le bateau, il en était venu à la conclusion que rien, ni personne ici, n’était à sa recherche – et comment l’auraient-ils pu, en route ainsi vers une île, si lointaine, lui qui avait d’ores et déjà traversé tant d’horizons différents afin de s’en éloigner, jusqu’à ce que le souvenir même de son existence y soit oublié.

\tLa nourriture avait été mauvaise, le confort, négligé, le panorama ennuyeux, l’embarcation tanguait à n’en plus finir, rendant nauséeux la plupart des quelques occupants, mais au final, ils avaient finalement atteint l’île de Systéria. Après tout, c’était la seule chose qui comptait, la raison unique du voyage et il ne s’en plaindrait pas, surtout au prix ridicule qui lui avait été demandé. Certes, il n’avait pas été autorisé à emmener quoi que ce soit avec lui, sous peine de devoir payer des gages supplémentaires : cependant, il n’y avait vu aucun problème, lui qui avait tout perdu si ce n’est son libre arbitre et sa vie. Quant à la liberté, bien qu’il était parvenu à échapper au cachot, il ne se considérait toujours pas comme étant réellement libre. À force de jeter des regards furtifs par-dessus son épaule partout où il allait, il craignait de se rompre le cou.

\tLes choses, espérait-il, seraient différentes à Systéria. Il avait entendu dire qu’ici, le gens pouvaient prendre un nouveau départ, si ce n’est qu’en prenant une distance physique et mentale par rapport à leur passé. Il n’y était toujours pas parvenu et avait donc décidé d’emmurer tous ces problèmes dans son esprit, laisser les choses se tasser afin de pouvoir mieux se reconstruire. Un jour, peut-être, y retournerait-il, lorsqu’il aurait moyen de rétablir la vérité. Mais d’ici-là… D’ici-là, sa nouvelle vie deviendrait exactement cela, sa vie.
\t
\tIl avait du vendre sa monture pour se payer le voyage, heureusement à fort prix, et toutes dépenses payées, il lui restait toujours pas moins de cinq centaines d’écus d’or. Cela pouvait sembler largement suffisant pour survivre, durant, quelques semaines, quelques mois, certes, mais lorsqu’un homme, vêtu d’une simple toge et d’une bourse pose pied sur de nouvelles terres, les dépenses s’amoncellent rapidement s’il désire s’y établir. Heureusement pour lui, les difficultés des derniers mois l’avaient aguerri jusqu’au point où pour lui, posséder un toit au-dessus de sa tête ne relevait plus de la nécessité, ni même du luxe, et cela ne faisait donc guère partie de ses préoccupations, pour l’instant du moins. Il avait appris que la forêt prodigue à la fois danger et abri, pour ceux qui savent s’y prendre, ainsi que nourriture, eau et plus que tout, sérénité.

\tLe bateau avait accosté depuis quelques minutes déjà et la plupart des occupants avaient amassé leurs maigres possessions, puis s’étaient éloignés d’un pas lent. Tryptophan, pour sa part, se sentait revigoré par la perspective d’enfin pouvoir poser pied sur la terre ferme et retrouver un équilibre plus normal. Contrairement aux autres gens ankylosés par la longue période d’inactivité, le jeune homme avait employé ce temps mort à faire ses exercices avec concentration, aussi se sentait-il prêt à tout, spécialement à entamer la journée du bon pied.

\tIl se dirigea vers la rampe de débarquement qui donnait directement sur les quais de Systéria et atteignit finalement la rambarde, d’où il put apercevoir pour la première fois l’étendue de cette ville dont il ne connaissait absolument rien et dont l’existence était pour lui un fait nouveau d’il y a à peine quelques semaines. Un petit sentiment d’exaltation monta en lui, bien qu’il s’assura de le conserver bien contenu dans un petit recoin de sa cage thoracique. Seul le temps saurait lui dire s’il les avait réellement semés. Avant son départ, il croyait bien être enfin libéré de cette menace, quoi qu’il n’ait jamais retourné sur ses pas pour vérifier, mais il estimait être demeuré assez longtemps dans le petit village pour s’assurer ne pas avoir été suivi, aussi s’était-il finalement embarqué sur le premier navire partant lorsque l’occasion s’était présentée, chose qui n’arrivait pas très souvent. La correspondance du continent vers Systéria était un évènement qui semblait plutôt rare et cela lui convenait parfaitement.

\tEn observant la foule, il fut rassuré de constater qu’il s’y mélangerait aisément : effectivement, des gens de toutes les origines, ainsi que ce qu’il qualifiait plutôt de choses que de gens, s’y trouvaient en un amalgame diversifié, si ce n’est carrément hétéroclite. Assurément, un simple homme de sa stature moyenne ne serait point un centre d’attraction. Malgré ses pauvres habits, il avait néanmoins cette qualité du regard témoignant d’un esprit vif et alerte, quoiqu’un peu paranoïaque. Malheureusement pour lui, il n’avait pas toujours le sourire facile, aussi se faire des contacts serait peut-être un peu plus ardu, cependant il appréciait singulièrement la paix du solitaire et la richesse du nomade.

\tLa forte brise de la côte le força à nouer sa longue chevelure blonde afin d’y voir quelque chose sans passer son temps à repousser quelques mèches rebelles. Après quoi, il pouvait enfin se mettre en quête de trois choses : de la nourriture, un endroit où faire ses ablutions, chose qui lui avait grandement manqué à bord du navire, ainsi que des renseignements à propos de… À vrai dire, il ne savait trop à propos de quoi, puisqu’il ne connaissait, hormis le nom, absolument rien de cette île.

\tIl s’engagea donc sur les quais, se dirigeant vers la ville elle-même, jaugeant les gens du regard, un peu incertain à l’idée d’approcher quiconque. Après tout, parlaient-ils seulement la même langue que lui ? Après quelques minutes à errer sans but trop précis, il ne se trouvait toujours pas le courage d’aller droit vers un individu, et espérait peut-être, se faire accoster…


Post by Ryu Hattori, Adm. - May 25, 2008 at 3:06 PM

* Trop de regards perdus, un air de coupe jarret, un homme désoeuvré en quête d'une action néfaste. Cela faisait maintenant plus de vingt minutes qu'il suivait l'homme, il était débarqué d'un navire de pêche qui en moment creux transportait des passagers. « L'échalotte. » venait de reprendre la mer depuis quelques minutes et l'homme semblait ne pas savoir que faire, comme un peu tous ces immigrants qui arrivent sur Systéria, comme il était arrivé sur les quais fraichement évadé du domaine, il se décida à l'aborder prêt à tout, comme aurait t'il réagit lui si le premier jour de sa nouvelle vie d'aventurier sur systéria un homme avec des cheveux tressés, des tatouages d'origine T'sen sur les bras serait venu lui demander ce qu'il était venu faire la. Pas très bien certainement. *

* « Bonjour Monsieur, je suis Ryu de l'armée des mercenaires, guilde en charge de ce quartier. Puis je vous demander ce que vous faites ici ou vous renseigner ? »*

* Le ton était sec, le débit rapide mais l'on ne sentait aucune animosité dans l'intonation de la voix. Ryu resta donc fixe et droit, la main sur le pommeau de son épée. *


Post by Tryptophan - May 26, 2008 at 8:29 AM

L’homme semblait être sorti de nulle part et partout à la fois, c’était plutôt difficile à déterminer vu le nombre disparate de gens à partir de ce point sur les docks. Les bâtiments de la ville étaient tout près à présent et la foule se faisait moins dense par endroits, néanmoins il était pour ainsi dire impossible de juger d’où il était arrivé.

     Puisque l’homme lui avait bloqué la route et lui faisait maintenant face, Tryptophan avait dû s’arrêter net, quoi qu’il aurait très bien pu le contourner et poursuivre son chemin : mais puisqu’il cherchait justement à se faire accoster, il n’en voyait pas l’usage, d’autant plus qu’à en juger par l’allure nerveuse de l’homme ce n’était peut-être pas la meilleure chose à faire pour l’instant. L’œil attentif de Tryptophan, habitué à voyager et rencontrer des étrangers tout le jour durant embrassa l’image d’un seul regard, analysant du coup la posture légèrement menaçante de l’homme. Il ne manqua pas de remarquer ses tatouages quoi que leur signification lui échappait totalement : autant qu’il en sache, chacun d’entre eux aurait pu représenter l’une des victimes du mercenaire ou encore étaient-ils seulement ornementaux.

     Une chose était certaines cependant : il l’avait entendu se présenter comme étant membre d’une guilde de mercenaire, d’où Tryptophan en avait déduit qu’il devait certainement lui-même être mercenaire. Malgré ses allures relativement menaçantes, son regard et son ton ne semblaient pas immédiatement empreints de violence, mais plutôt de précautions. Si le groupuscule dont il était membre dirigeait vraiment le quartier, cela relevait peut-être simplement du gros bon sens qu’il vienne ainsi s’enquérir d’un visage inconnu. D’un autre côté, Tryptophan trouvait toujours agaçant ce type de présomptions : la plupart du temps, ces petits groupes n’étaient rien de plus qu’une bande de malfrats prétendant à posséder un certain pouvoir, chose que les autorités locales ne toléreraient probablement pas très longtemps s’ils parvenaient à réellement influencer le cours des choses.

     Une fois son analyse terminée, Tryptophan cessa de jauger Ryu du regard et écarta légèrement les mains de chaque côté, jetant délibérément un regard exagéré à gauche, puis à droite. Puis, haussant les épaules en signe d’ignorance, il dit simplement, d’un ton un tant soit peu goguenard :

«  - Que croyez-vous que je fasse ici ? Je marchais, simplement ! J’arrive à peine du débarcadère ; je n’ai point encore posé le pied sur une seule dalle des routes de cette ville ; je porte encore cette tunique pouilleuse que j’ai enfilée au début du long voyage qui m’a été nécessaire pour arriver jusqu’ici. Justement, ce que je fais ici, c’est précisément chercher quelqu’un, oui quelqu’un qui pourrait me renseigner à savoir tout d’abord, où-est-ce que je pourrais me procurer des habits pas nécessairement présentables, mais à tout le moins plus décents que ceux-ci, et en second lieu j’aimerais savoir si votre ville a de la nourriture à manger, non pas nécessairement un repas de gastronomie, mais quelque chose autre que des biscuits secs et sans goût accompagnés de poisson séché ? »

     Tout au long de son explication, il était demeuré calme, le visage mi-figue mi-raisin visiblement non pas par insolence, mais plutôt de par la fatigue et la lassitude du long voyage. Son regard retomba à nouveau sur la main de Ryu qui enserrait toujours le pommeau de son arme, lui qui était toujours prostré dans sa position crispée.

Post by Ryu Hattori, Adm. - May 26, 2008 at 10:42 AM

* Relachant un peu la garde de sa lame, il replaca d'un geste rapide ses cheveux en arrière et se massa le cuir chevelu. Tous ces étrangers voulaient la même chose, de nouveaux habits, un endroit ou dormir et de quoi se restaurer, tous sans exception. L'homme n'avait pas l'air d'un couard, il pouvait donc l'inviter à se renseigner auprès de l'indépendance, une auberge de plusieurs étages ou il était certain qu'il puisse encore trouver un endroit ou dormir et un repas presque correct bien que les fréquentations de cette auberge étaient du genre à louer les chambres à l'heure. Détaillant avec dégout les vêtements de l'homme il secoua la tête comme perdu dans ses pensées, la main quitta la garde de l'épée pour lui indiquer une direction, celle d'un chemin qui serpentait hors de la ville en direction de la foret. Son accent Sifflant ainsi que son élocution témoignaient de son éducation sur l'archipel, néanmoins la diction était correcte. *

* Il continuait de regarder cette tête blonde, cernée de mêches qui volaient au vent comme des mouches autour d'un corps, les yeux mobiles n'avaient cessé de parcourir son corps, s'arretant sur sa main comme si il le pensait capable de le prendre par surprise et de lui trancher un membre d'un coup rapide. Passant les mains à sa ceinture, il attendait une réaction de sa part. Des nouvelles têtes, il en avait déja vu pas mal parcourir les quais... Des elfes noirs, des orcs... tant de monde dans un but commun, trouver une autre vie, réussir, perdre. Il allait saluer l'homme et reprendre sa route quand il revint sur sa décision. Une fois encore la main s'éleva dans les airs indiquant une autre direction contraire à la première donnée.*


Post by Tryptophan - May 26, 2008 at 11:10 PM

Non, il ne pouvait pas dire qu’il savait se servir d’une arme, du moins pas de manière efficace ni précise. Cependant, quelques temps avant de s’embarquer sur le navire, force lui avait été de découvrir qu’en situation désespérée, il savait se bagarrer de façon surprenante et devenait rapidement imaginatif quant à la façon d’utiliser une arme, peu importe laquelle. Apparemment, s’il poursuivait son chemin dans la même direction il atteindrait une auberge plus ou moins recommandable. Cela lui servirait bien en fin de compte, puisque ce genre d’auberge offrait la possibilité d’utiliser leurs services pour seulement une heure. Il n’avait guère besoin d’y passer la nuit complète, simplement d’utiliser leurs installations pour se nettoyer. Ensuite, il pourrait aller jeter un coup d’œil à cette ‘caserne’ bien qu’il ne sache toujours pas de quoi il s’agissait, histoire de voir quel genre de boulot ils auraient à lui proposer, car il devinait que sans travail, sa bourse n’irait pas en s’alourdissant… Bien qu’il ne le connaisse pas, si le nom de cet homme pouvait lui servir de référence et lui faciliter la tâche de se trouver un quelconque revenu, pourquoi pas ?

 «  - À la caserne vous dites ? Quelle caserne ? Quel type d’emploi offrent-ils ? J’ai souvent chassé à l’arc durant mes voyages, si cela peut leur être utile ; je n’y suis pas passé maître, mais la traque au petit gibier ne m’est pas totalement inconnue, » affirma-t-il en dodelinant pensivement de la tête.

Post by Ryu Hattori, Adm. - May 27, 2008 at 10:33 AM

* un éclat de rire perca le quartier du port, les yeux remplis de larmes, Ryu n'en pouvait plus... La main ayant totalement délaissé son arme, il l'avait appliquée sur son torse, a plat sur son sternum tentant de reprendre sa respiration sous le regard de l'inconnu. les badauds passèrent à coté de lui en souriant, peu avaient vu ce mercenaire rire depuis une année ou deux. Depuis en fait l'attaque d'un groupe mercenaire par la panthère, un assassin de la ville, qui avait allongé deux de ses compagnons de guilde. *

* Secouant la tête et souriant encore à la remarque de l'homme, Ryu le salua et repris sa ronde dans le quartier du port, louvoyant entre les commercants et les crieurs publics qui annoncaient le besoin de se masquer la bouche à cause de l'humidité et des maladies que cela pouvait ammener. Manifestement, l'hopital ne manquerais pas de travail. *


Post by Tryptophan - May 27, 2008 at 10:31 PM

Voilà qui était un comportement bien étrange. Tryptophan ne savait guère ce qu’il avait pu dire qui aurait pu être d’une hilarité aussi profonde, néanmoins il ne s’en soucia pas plus qu’il n’en était nécessaire. De toutes façon, l’homme était reparti assez brusquement après ce dernier commentaire, alors que Tryptophan avait obtenu ce qu’il recherchait : de l’information, des directives, quelques conseils, et il avait même obtenu davantage : un nom qu’il pourrait utiliser en référence. Cela pouvait s’avérer un atout d’une grande valeur dans une ville inconnue.