Les vêtements de Halik
Post by Xul'zaer Maeldrim, Ind - June 9, 2008 at 6:56 PM
Les paroles de l'elfe noire étaient étouffées par les murs recouverts de maintes décorations de sa demeure de la Basse-Ville. L'attitude de la femme était ouverte malgré le ton direct de sa voix, tranchant comme une épée...
« Voudriez-vous quelque chose à boire ? »
Xul’zaer se tourna en direction de l’elfe noire. Cette dernière attendait fermement une réponse, l’un de ses bras tenant le panneau ouvert de ce qui semblait être une armoire à boisson. Sa main semblait serrer une bouteille particulière. Peut-être espérait-elle une demande de cette boisson particulière. Son regard sûr et froid fixait l’elfe noir. Elle aurait facilement pu être une Matriarche puissante… mais les choses fonctionnent différemment ici.
**« Du cidre noir, vous en avez ? » **répondit-il.
Il avait en main une chemise de fort belle apparence, qu’il tentait de teindre du mieux qu’il le pouvait. Sur la chaise de bois rembourrée à côté de lui avaient échus le reste des vêtements que l’elfe noire lui avait remis. C’était en somme une garde-robe très soignée dans des standards humains, et une garde-robe exceptionnelle pour les standards différents des elfes noirs. Elle était à la fois sombre et distinguée, en plus d’être ample et légère. De forts beaux atours, digne d’un futur marchand.
« Non, il ne m’en reste plus, je suis désolée. Vous voulez autre chose ? » demanda-t-elle.
« Non. J’espère que cela ne vous offusquera pas mais je ne suis pas un très gros buveur… ou enfin, je suis plutôt sélectif dans ce que je bois. Merci tout de même… » répondit-il en souriant légèrement.
Les couleurs que l’elfe noir tentait de mélanger afin de teindre les habits étaient atroces. On aurait dit la couleur de baies rougeâtre écrasées sur un parvis sur lequel séchait depuis plusieurs jours une marre de sang saumâtre. Un rouge décidément affreux. Et la suite s’annonçait encore pire car il n’avait pas encore souillé les autres pièces de vêtements ! Il ne fallait pas être une couturière d’expérience pour s’apercevoir que du talent en matière de mode, ce Xul’zaer n’en avait aucuns. Cette elfe noire, bien que Chancelière de l’Empire, le remarqua aisément.
« Besoin d’aide ? » demanda-t-elle, amusée…
*Enfin… *
« Oui, je vous pries… », souffla-t-il.
Encore dix secondes et je renversais ces foutues teintures. L’elfe noir s’écarta, laissant la place avec un soulagement évident à la Chancelière Mel’vir. Apparemment, ces vêtements étaient ceux de son ancien mari, un dénommé Halik. Elle lui confia que ce dernier était maintenant recherché par l’Armée et toute la ville pour diverses activités criminelles ainsi que par l’Ordre de Thaar pour entretient d’un culte de Yhagshul. Il se prénommait lui-même l’Ange Noir, à ce qu’elle affirmait. Il n’en avait jamais entendu parler, de ce Halik.
**« Ange Noir… je ne pense pas me tromper, c’est le nom qu’ont adoptés quelques obscurs chefs de guerre dans l’histoire d’Udossta Thac’zil. Ils ont fait de grandes choses avec ce nom » **dit-il pensivement...
Porter les vêtements d’un criminel recherché, ce n’était guère réjouissant. Ni d’ailleurs très intelligent. Lui-même avait déjà eu quelques démêlés avec un soldat de l’Armée de mercenaires récemment, pour coiffer le tout. Mais il ne pouvait pas refuser le cadeau de la Chancelière. Peut-être a-t-il réellement les moyens de s’affirmer comme un quelconque chef de guerre en cette île, ce Halik.. .autrement, il a un culot incroyable. La Chancelière Mel’vir termina de teindre les vêtements, d’une manière fort élégante. Maintenant, il avait du moins l’apparence d’un quelconque commerçant, et cela pouvait grandement l’aider à pénétrer les sphères commerciales de la cité. Il la remercia fort convenablement; à partir de cette rencontre elle-même et son fils auraient toujours un accès particulier à son futur commerce.
Dès qu’il eut quitté la compagnie de la Chancelière, il s’assura aussitôt deux fois plutôt qu'une que plus aucuns signes distinctifs n’étaient décelables sur le dessus et l’envers des vêtements. Il avait beaucoup plus peur en l’incompétence de la garde que de l’assassin lui-même. Il y avait fort peu de chances qu’un criminel notoire ait le temps de s’attarder à l’habillement de tous et chacun. Et encore, il n'avait plus besoin de ces vêtements particulier à vivre dans l'ombre comme il le faisait. Le changement de couleur contribua en très grande partie à ce que plus aucuns rapprochements n'étaient possibles entre lui et ce criminel. Peut-être lui-même pourrait-il s’en rendre compte un jour si leurs chemins se croisaient… et encore, il en doutait fortement.