Errance bénéfique
Post by Xul'zaer Maeldrim, Ind - June 14, 2008 at 5:36 PM
Que faire dans une ville et que l’on n’a pas encore réussit à s’établir dans le commerce…?
La question était judicieuse. Peut-être d’autres jeunes forgerons prometteurs s’étaient-ils posés cette même question au fil des dernières années. Certains étaient peut-être repartis sans y trouver réponse satisfaisante alors que d’autres avaient peut-être trouvés leur compte à force de patience. En dépit des étranges évènements qui avaient secoué la cité depuis son arrivée, le forgeron elfique semblait toujours encouragé à persévérer dans ses projets. Depuis son arrivée, l’elfe noir n’avait rencontré que des obstacles; quand ce n’était par la kyrielle de permis et de formulaires qu’il fallait remplir pour obtenir des victuailles, c’était les étranges histoires de ces hommes-poissons puants ou de diablotins ailés. Calcule tes heures, vermine ailée… L’elfe noir était loin d’être reconnu pour sa patience, au contraire, mais il avait l’impression que cette fois l’attente était un mal nécessaire et porterait un jour ses fruits.
La question restait néanmoins entière et épineuse : que faire dans une ville lorsque l’on se doit de maintenir intacte une patience déjà à fleur de peau ? Mis à part les recherches qu’ils menaient dans la bibliothèque des magiciens pourpres, il fallait bien après tout occuper le reste du temps. Xul’zaer avait tourné la question dans sa tête bien des fois, pour finalement aboutir à une certaine forme de réponse. Une réponse justifiait amplement tant de pertes de temps.
La taverne portuaire était souvent bondée de monde en soirée. Des marins, principalement, qui venaient étancher leur soif d’alcool entre deux longs séjours en mer. Des ivrognes pathétiques, sans aucuns avenir... L’elfe noir allait souvent s’y asseoir, un livre en main, à une petite table un peu en retrait. Elle était loin du comptoir donc très souvent libre. Son livre était souvent un quelconque codex de lois, la plupart du temps celui des commerçants, qui régissent les différentes guildes de la cité. Lecture étrange, dans un endroit encore plus étrange. Mais connaître les lois dans cette ville semblait être gage de réussite et de survie dans le commerce, ce n’était pas du temps perdu. Cela lui valait la plupart du temps des regards curieux ou méfiants de la part des marins. Il cru même apercevoir, une certaine soirée, la compagnie de marins avec qui il fit le trajet jusqu’à l’île. Enfin, ce n’était pas pour eux qu’il venait là, c’était pour passer le temps. Enfin, presque uniquement.
Les discussions qu’il venaient à capter, d’une oreille distraite, étaient la quant à elles la plupart du temps de peu d’intérêt. On discutait de l’état de la mer, mais excessivement trop souvent des femmes. Apparemment, les demi elfes étaient les plus « compétentes », pouvait-on y entendre, de la bouche de l’un ou de l’autre des brutes barbues. *Inintéressant, tout ça... Pourvu qu’ils ne souillent pas les elfes noires… *Par contre, à de rares occasions l’on entendait parler de situations politiques sur des îles et continents lointains, de trésors et de monstres marins ainsi que de commerce et de piraterie. Des racontars à moitié vrais, mais toutefois intéressants. Il ne restait pas jusqu’aux petites heures du matin, car bien souvent la cohérence des individus présents, déjà basse à l’origine, diminuait à vue d’œil à mesure que l’astre nocturne grimpait dans le ciel.
En fait, il haissait fréquenter trop longtemps ce lieu comme bien d'autres tavernes. C’était une bien étrange errance pour un elfe noir habitué à toujours travailler; mais il savait pertinemment qu'elle lui serait bénéfique à long terme.