Retour des terres désertiques...

Retour des terres désertiques...

Post by Sarä Taur'Amandil, OdS - July 7, 2008 at 2:01 AM

Retour des terres désertiques...
Découragement ou lucidité?

Certaines personnes sont convaincues que quiconque peut parvenir à n’importe quoi s’il le veut vraiment. Ces mêmes gens disent qu’en y mettant les efforts nécessaires, on parviendra toujours à nos buts. Ce soir là au manoir Balgor, Sarälondë Taur’Amandil doutait sérieusement de cette phrase. Non, se disait-elle, toutes les vies ne sont pas accessible a tous. Était-ce par découragement ou par lucidité? Laissait-elle de coté son précieux orgueil pour enfin admettre qu’elle n’y arriverait pas? Le moral de la demi elfe était sans doute au plus bas, malgré la réussite de l’Ordre du Soleil dans sa manœuvre dans les terres arides. Sarä s’était mis les deux pieds dans une voie dans laquelle il était difficile de rebrousser chemin.

Sarälondë s’enroula lentement d’une serviette en sortant enfin du bain dans lequel elle se laissait tremper depuis presque une heure. Son corps en entier était souffrant et son esprit totalement exténué. Elle prit place devant le miroir qui surplombait la commode dans cette pièce. Son visage était rougit par le soleil et douloureux, sans parler de sa lèvre fendue et de son front un peu entaillé près du sourcil. Son expression se changea en un amalgame d’émotions avant de se figer sur une en particulier. La demi elfe pleurait rarement, tellement rarement. Mais ce soir là seule au manoir, elle ne pouvait retenir ces larmes. Le visage déconfit elle s’observait et les réflexions s’enchaînaient les unes après les autres… C’était à la fois touchant et pathétique.

« J’ai été plus nuisible qu’utile… À quoi ai-je pensé? Je ne peux pas les suivre ainsi… Je ne suis pas comme eux… Je n’y arriverai jamais. Brehan avait sans doute raison finalement… Qu’est-ce qui me motive? Il ne m’a sûrement pas questionné à ce sujet sans raison… J’ai si peur pour ma vie et je ne crois pas qu’elle sera longue dans cette voie… Comment ai-je pu autant me fermer les yeux? Comment ai-je pu être aussi aveugle? Je veux bien servir la cause Thaarienne mais à ce prix…? Je ne sais plus… Il faut savoir prendre sa place dans l’ordre des choses… Et ma place n’est pas d’être au seuil de la mort… Je veux sauver des vies… pas la perdre. Que vais-je faire… Je me sens dans une telle impasse… »

Elle ferma lentement les yeux. Sarälondë avait du mal à se regarder en face en entretenant dans son esprit des songes comme ceux qui l’assaillaient. Comment être d’une parfaite franchise quand on savait très bien que cette vérité n’était pas vraiment acceptable aux yeux de ceux qui croyaient en nous? Comment dire à celui qu’on aime que la voie qu’il croyait bonne pour nous est en fait celle qui maintenant nous faisait le plus de mal et nous terrorisait? Le médecin chef manquait visiblement de courage et de détermination. Retirée de son élément, Sarä perdait ses repères et son calme laissait place à l’angoisse.

Était-ce la fatigue et le accablement qui venait brouiller le jugement de Sarälondë? Seul le temps nous le dirait… La nuit porte conseil disait-on… Gageons cependant que le sommeil de la vigile Taur’Amandil n’avait pas été de tout repos…



Post by Sarä Taur'Amandil, OdS - July 9, 2008 at 4:52 AM

La poussière retombe…
Ne faisant sans doute que couvrir

Les jours avaient passés, la poussière un peu retombée. Le moral du médecin chef était revenu. Il fallait dire également que son esprit était occupé à d’autre chose… Entre la délégation de ses tâches à Koenzell et la naissance des deux filles de sa collègue, Yuri Minh Yu, Sarälondë n’avait pas eu beaucoup le temps pour se ressasser constamment les visions d’épouvantes qui résidaient maintenant dans son esprit.

Le voyage éminent à la capitale elfique était sans doute ce qui la préoccupait le plus. La présence du Haut-Paladin Balgor pour ce long périple à Galadh’Einior venait un peu bousculer les plans qu’elle avait établit avant de lui en parler. Si c’était une bonne chose qu’il vienne, Sarä ne le savait toujours pas… Comment réagirait sa tendre famille lorsqu’ils la verraient débarquer avec un humain? Sans doute pas de la surprise… Après tout, lors de son premier grand départ, la croyance populaire disait que c’est ce qui arriverait. Et comme les membres de la famille Taur’Amandil avaient tous en commun, et ce sans exception, le fait d’aimer particulièrement avoir raison, ils tiendraient sans doute à leur prédiction.

Ce n’était donc pas tout à fait à tête reposée que Sarälondë rédigeait son rapport pour l’Ordre du Soleil à propos de la croisade dans les terres arides. La vigile avait reçu le mandat de rédiger celui-ci. Quelques jours auparavant elle était si lasse de toute cette aventure qu’elle ne parvint même pas à cacher son mécontentement au Haut-Paladin Christian quand il lui donna cette tâche. Le médecin Chef n’avait absolument pas le temps pour cela malgré qu’elle en connaisse l’importance de ces rapports. Cependant elle s’y soumettait. Sarälondë trouvait déjà qu’elle s’en sortait particulièrement bien depuis la croisade, aussi bien se rendre un tant soit peu utile. Peut-être avait-elle mieux agit quelle le croyait ou sinon que l’autorité de l’Ordre était un peu défaillante. Qui aurait pu le dire? Visiblement personne ne lui en tenait mention. Pour le mieux ou pour le pire… C’était un autre questionnement auquel personne n’avait de réponse.

Sarälondë déposa lentement sa plume dans l’encrier. Elle avait enfin terminé ce document, une bonne chose de faite se disait-elle. Peut-être même que ces événements ne seraient plus qu’un mauvais souvenir bientôt? Du moins jusqu’à la prochaine fois…


Post by Sarä Taur'Amandil, OdS - July 11, 2008 at 6:04 AM

Conversation au Saint Temple
La sincérité d’un homme

Des bruits de pas s’approchaient lentement de la demi elfe. Yeux mi clos, elle murmurait dans la douceur de sa langue natale des prières Thaariennes. L’homme qui avançait vers elle était entré la tête haute. Le vigile de Nogar était le portrait même de l’homme vertueux. Toujours bien mis, d’une bonne éducation et la main sur le cœur, le fervent de Thaar était confiant de lui-même. Jusqu’à présent il n’avait jamais défaillit. Droit, c’est un simple terme qui le définissait à la perfection. Son regard gris acier se posait donc sur Sarälondë, qui elle arborait toujours cet air sérieux et concentré qui définissait son visage dessiné de traits elfiques. Lentement il prit place à ses côtés et il posait son attention maintenant vers l’hôtel. Tous deux étaient assis dans le Sainte Temple de Thaar. Il la salua brièvement d’un geste de tête en guise de retour du salut qu’il avait reçu. Cette salutation distante vint rendre mal à l’aise Sarä. Elle connaissait maintenant bien le vigile, il ne faisait pas cela sans raison. Tous deux savaient comment l’autre fonctionnait. Ces silences qui se glissaient souvent dans leur conversation étaient souvent plus évocateurs que les mots eux-mêmes…

« Bonsoir Sarälondë »

La voix sérieuse de Brehan venait enfin trancher le silence angoissant qui avait prit place. Il pouvait entendre le son des billes de bois s’entrechoquer. Tenant son chapelet, Sarälondë le faisait passer d’une main à l’autre dans un geste inconscient de nervosité. Brehan jeta un coup d’œil à la jeune femme. Il savait très bien qu’il pouvait énormément en apprendre simplement en la regardant. Si on était le moindrement attentif, on remarquait que chaque tic semblait avoir sa signification. Visiblement elle savait de quoi il lui parlerait, c’était une évidence… Le silence continuait jusqu’à ce qu’il élève la voix à nouveau.

« Alors, peut-être me comprenez-vous mieux à présent. Un exemple vaut mieux que de belles paroles. »

On y était, le débat était maintenant engagé avec l’homme. Sarä savait très bien qu’elle ne s’en sortirait pas facilement. Mine de rien le vigile de Nogar avait de l’influence. Son insistance et sa franchise faisaient en sorte qu’il parvenait à faire réfléchir les autres sur eux-mêmes. Était-il conscient de cette aptitude? C’était dur à dire. Dans un murmure elle lui répondit après quelques secondes de réflexion

« J’avais réussis à chasser ces images de mon esprit… »

Il l’interrompu en se levant lentement. Visiblement il sentait que la conversation prendrait sans doute une tournure qui ne pourrait se poursuivre dans les chuchotements. Il lui fit signe de le suivre. C’est sur le toit du Saint Temple qu’ils poursuivaient donc cette discussion. Près d’un rempart, Sarä croisa les bras et scrutait l’horizon, Brehan quant à lui posait son attention sur la demi elfe près à continuer son interrogatoire…

« Vous n’êtes pas trop ébranlée? »

« Les heures suivant mon retour ont été difficiles, je ne vous le cacherai pas…»

C’est avec réserve que la demoiselle lui répondait. Il valait mieux garder ses réponses simples avec Brehan. Il poursuivait avec une autre question. Le vigile avait quelque chose derrière la tête visiblement. Il semblait sans attente envers les réponses cependant.

« Serez-vous des nôtres lors de la prochaine croisade? »

« Pourquoi me demandez-vous cela Brehan? »

« Vous ne savez donc pas. »

« Je n’ai pas dit cela Brehan… »

« Vous ne vous en êtes pas remise. Votre maître vous avait-il préparé à cela? »

« Ne le mêle pas à cela… »

Cette fois le ton de Sarälondë changeait. Elle gesticulait. Généralement quand elle gesticulait c’était signe qu’on venait de trouver la corde sensible. Monsieur de Nogar le savait très bien, il poursuivait donc dans le même sens… Pauvre Sarälondë, elle devenait si prévisible parfois. Son corps et son visage étaient une mine d’informations incroyable.

« Est-ce que je me trompe? »

« Je t’ai dis de ne pas le mêler à cela... C’est ma faute si je ne suis pas rigoureuse Brehan, ma seule et unique faute, oui je l’admets, satisfait? »

Donner raison. C’était presque douloureux mentalement pour Sarälondë de le faire. Elle détestait admettre ses tords et surtout lorsqu’elle n’avait pas vraiment le choix de le faire. C’était plus que pour protéger l’image du Haut-Paladin Balgor qu’elle le faisait, c’était car elle était consciente qu’elle s’était aventurée dans un chemin pour laquelle elle n’était pas prête. L’homme à ses côtés la détaillait intensément. Il pencha légèrement la tête de côté avant de lui répondre…

« Je ne sais quoi en penser.. . Au moins, par chance, tous sont revenus indemnes, vous y compris. Êtes-vous fière d’y avoir participé? »

Sarälondë, qui quelques secondes auparavant portait son regard sur le vigile, tourna la tête brusquement. Le petit pincement de lèvre et cet air sérieux venaient lui donner une allure très… Elfique. Brehan connaissait bien cet air. Encore une fois, c’était signe que ses questions avaient du sens.

« Je suis fière de ce que l’Ordre à accomplit oui… »

« Telle n’était pas ma question Sarälondë et vous le savez bien. »

Il se retourna lentement et emboita le pas vers la porte. Cette façon que Sarä avait de détourner les questions… Le manque de franchise de la demi elfe était toujours un signe probant qu’elle tournerait autour du pot durant de longues minutes. Cela ne servait à rien de poursuivre sur la même voie, il fallait comment dire… La faire réagir autrement. C’est exactement ce qu’il cherchait à faire. Lorsque son amie éleva sa voix claire, il comprit qu’il réussirait à la faire parler… Il se retourna lentement sans aucune surprise.

« Attend Brehan… Ai-je si mal agit? Nul part on ne m’en fait mention. »

« On dirait que je suis le seul au regard vif alors que notre vie est en jeu »

« J’ai fait mon possible… »

Alors qu’il sourcillait pour appuyer le sérieux et la gravité de ses propos, Sarä soupirait à la fin de sa dernière phrase. Il avait réveillé chez elle le même découragement qu’à son retour, il y a quelques jours. Un autre long silence se glissait dans la conversation. Cependant l’expression de réflexion sur le visage de Brehan venait en dire long. Il prit une légère inspiration avant de poursuivre. Il se contenait. C’est Sarä qui vint briser le silence cette fois…

« Avec quelles intentions est-tu venu me questionner? Moi c’est ce questionnement qui me vient en tête…. »

« Devrais-je m’attendre à quoi que ce soit Sarä? »

« Que veux-tu dire par là? »

«Écoutez, je vous ai vu vous cacher alors que le combat faisait rage, mais au moins je ne pense pas que ce soit de mauvaise volonté… Mais bien autre chose, et vous le savez très bien. »

« La peur Brehan, c’était la peur n’était-ce pas normal? »

« La peur? La peur de mourir, de souffrir? »

Le timbre de la voix du vigile s’intensifiait. Visiblement sa contenance avait des limites. On ressentait aisément la frustration qui habitait son esprit au moment de ses paroles. Le visage de Sarä lui était un amalgame de sentiment entre la désolation, la honte et le désarroi.

« Est-ce que vous nous auriez laissé mourir sans même nous venir en aide sous le prétexte que vous...Vous aviez peur! »

« Non! »

« C’est là que je veux en venir…. Vous aurez tout le temps du monde de parler de vos faiblesses à votre maître durant votre voyage en Terres Elfiques, j’espère que vous serez capable de franchise…! »

« Brehan… »

« J’espère au nom de Thaar que vous serez surmonté votre peur lors d’une situation prochaine! »

D’un pas lourd et rapide il la quitta sur ses paroles tinter d’énervement… Intérieurement Brehan devait espérer que ces mots éveilleraient l’esprit de son amie la plus proche… Car avant tout, c’est ce qu’elle était pour lui…

Cette conversation aurait-elle de l’influence? Le temps nous le dirait.