Les dernières prières au Prince Noir
Post by Azénor Iriis - September 24, 2008 at 8:53 PM
Depuis plusieurs jours, Azénor restait assise au centre de la petite cellule dans laquelle elle était retenue. Alors que la vie poursuivait son cours à l'extérieur de ces murs de pierre froide, le temps s'était arrêté pour elle. Elle n'adressait plus la parole et n'accordait aucun regard aux paladins qui lui rendaient parfois visite. La plupart d'entre eux étaient gentils avec elle, ils lui souriaient, lui apportaient sa nourriture chaque jour et l'encourageaient, lui disant que son âme serait bientôt purifiée. Quelle bande d'hypocrites, se disait-elle. À ses yeux, son âme était déjà pure. Depuis les terribles événements de la chapelle, elle ressentait plus que jamais le regard du Prince, posé sur elle. Elle rêvait parfois d'une grande main griffue et froide, qui lui caressait la tête, la rassurant que ses choix avaient toujours été les bons. Elle se disait que la trahison dont elle avait été victime était un affront direct à ses convictions, à sa foi inébranlable et qu'ainsi cette personne avait trahit le Prince Noir lui-même. Au delà de la mort, au delà du temps, cette personne finirait par payer, et Azénor serait aux première loges pour y assister. Elle priait Yagshul chaque jour, lui promettant une âme dévouée qui serait son esclave pour l'éternité. En fait, toutes ses pensées étaient dirigées vers lui. Elle ne désirait plus fuir, elle était prête à le rejoindre. Une dernière marque de fidélité devait d'abbord être faite, un sacrifice ultime... et ce ne serait pas par les flammes vengeresses de Thaar. Ce qu'elle avait en tête, nul ne le savait... Mais personne ne pourrait l'empêcher d'accomplir cette action, celà elle le savait. À mesure que le temps passait, un certain malaise se faisait sentir par ceux qui s'approchaient d'elle, comme une ombre opressante qui planait autour de la prisonnière.
Post by Gannd Auréalis , OdS - September 25, 2008 at 3:31 AM
Tard dans la nuit , alors que les prières d'Azenor étaient a leurs paroxisme , un Elfe l'épiait . Aux travers des barreaux il la regardait d'un regard sévère.
- Prie autant que tu le désir , ici ton dieu ne t'écoutera pas .
Il continua un moment a la regarder puis rajouta ces quelques mots semblant se parler a lui même.
-La noirceur de ton âme , même suite aux flammes du bûcher n'aura pas de repos...
Il tourna le dos a l'impis et fis claquer sa cape de l'Ordre puis d'un pas léger il quitta la Caserne.
Sa marche ne prit fin qu'aux Quartiers de L'ordre où il entra au Temple afin de prier Thaar le Juste , celui qui juge et punis ceux s'oposant a ces Vertues.
Post by Azénor Iriis - October 5, 2008 at 5:18 PM
L'heure de son exécution approchait à grand pas. Le garde qui était posté devant la porte de sa cellule n'avait cessé de lui casser les oreilles avec ses sermons durant toute la journée. Elle entendit alors quelqu'un descendre pour venir la voir, il s'agissait de Mathéo. Il lui donna une toge cérémoniale blanche et lui ordonna de se changer, ce qu'elle fit. Alors qu'il repartit un moment pour la laisser se changer, la jeune femme pris soin de récupérer la dague qu'elle avait cachée sous une pierre branlante du sol de la cellule. Elle cacha ses mains derrière le dos, tennant fermement la dague alors que Mathéo revenait vers elle.
- Bien, avez vous une dernière déclaration à faire? Profitez-en c'est l'unique chance que vous avez.
Les yeux gris d'Azénor étaient fixés sur le visage de Mathéo. Après un inconfortable moment de silence, elle s'adressa à lui d'une voix douce et calme.
- Oui... Je refuse qu'en plus de prendre ma vie, Thaar souille mon âme par ses flammes vengeresses. C'est la seule chose de valeur qui me reste et je compte bien la garder intacte...
Elle dévoilà alors son arme. Elle la serra à deux mains et vint poser la pointe de la lame sur sa propre gorge.
-
Qu'est-ce que vous faites! Rangez celà immédiatement!
-
Yagshul, Prince de la nuit, que cet ultime sacrifice soit le reflet de ma dévotion. Mon âme vous appartient, je vous servirai pour l'éternité.
-
Arrête!
D'un geste rapide et décidé, elle planta la longue dague dans sa gorge et s'écroula aussitôt au sol
- Idiote! Mais qu'as-tu fais!
Elle émettait un horrible gémissement étouffé par le sang qui coulait abondament de la blessure. Mathéo s'empressa de lui porter assistance et vint poser sa main sur la plaie après avoir retirer la dague de sa gorge. Il invoqua les pouvoirs divins afin de la soigner alors qu'il en était encore temps. Une aura bleutée enveloppa Azénor pendant un moment et la blessure se referma lentement pour laisser place à une vilaine cicatrice.
- N... non! Ne me sauvez pas! Non! Arrêtez!
La voix d'Azénor était rauque et faible, son teint déjà très pâle devint presque blanc. Elle toussait encore un peu de sang mais avait pu être sauvée in extremis par Mathéo. Elle le foudrayait du regard, une haine indescriptible pouvait se lire dans ses yeux. Alors que Kertan entra dans la géôle à son tour et était intrigué par tout ce sang qui couvrait le sol, Mathéo la signa et récita une longue prière à son endroit. Elle cracha par terre. Malgré le fait que les deux hommes tentaient de la rassurer sur son sort, sa colère n'allait qu'en augmentant. Il avait osé interrompre son sacrificice, son âme qu'elle voyait si pure serait souillée. Ils changèrent sa toge tachée de sang, la ligottèrent et l'emmenèrent vers le lieu de l'exécution.
Sur le chemin, elle remarqua que toutes les têtes se tournaient vers elle. Certains l'observaient avec un regard remplit de compassion, d'autres de dégoût. Elle trouvait celà insupportable. Quelques curieux s'étaient rassemblés au lieu de l'exécution, elle cru reconnaître quelques têtes familières. Un grand bucher avait été monté et on l'attacha en plein centre de l'immense tas de bois sec.
C'est alors qu'une voix qui semblait venir d'outretombe vint s'adresser à elle dans sa tête. Réalité ou fruit de son imagination, elle l'entendait clairement lui donner des instructions.
- Rejoins-nous, mord ta langue et vide toi de ton sang... Sacrifie-toi au nom du Prince avant d'être touchée par le feu purificateur. Rejoins-nous!
Alors que l'assistance avait droit au discours protocolaire de l'Ordre du Soleil, Azénor n'hésita pas pour passer à l'acte et ainsi accomplir ce qu'elle avait voulu faire plus tôt dans la cellule. Elle se mordit violement la langue, la coupant presque. Une grande quantité de sang s'écoula alors de sa bouche.
- Oui! rejoins-nous, gagne ta place au royaume du Prince Noir. Accomplit ton destin!
La tête d'Azénor tomba sur sa poitrine, la douleur lui faisant perdre conscience. Alors que le discours arrivait à sa fin, la vie quitta doucement la jeune femme... Il était trop tard. Le bucher fût allumer mais le feu ne consuma qu'une enveloppe vide. Son âme avait déjà été emportée dans les abimes. Après tant d'efforts, il n'avait suffit que d'un simple geste résolu afin d'échapper au destin qu'on voulait lui imposer...
À l'unique voix qu'elle entendait depuis un moment se joignirent le son de centaines d'autres qui l'accueillirent dans les ténèbres. Enfin, elle pourrait servir éternellement son seul et unique maître... le sombre Yagshul.
Post by Yuri Minh Yu, AdC - October 6, 2008 at 5:03 AM
Les prières s'élevaient dans le plus plate silence. Seulement acompagnées d'un discours de paladins. Dans sa longue tenue blanche, tenue de veuvage, dans sa cape de fourrure de loup noir et son foulard, elle observait la condamnée. Oui, ses yeux qui filtraient la lumière du soleil étaient fixés sur ce frêle corps. Ce corps... qui serait un exemple devant les dieux, devant chaque citoyen de ce qui arrive à celui qui s'oppose à Thaar.
Ce corps, mais seulement un corps. Tout ce sang qui était venu immaculer la toge blanche qu'on l'avait forcée à porter. Tous ces regards à l'assemblée qui fuyaient le macabre spectacle. Mais la veuve, la veuve du légendaire Kalidor observait de front cette contestataire du tout puissant Thaar, du dieu Justice. Le discours fut long, elle pu même déceler qu'un passage fut sauté. Étais-ce un prélude à ce qui allait arriver? Le corps de l'exclue était déjà vide d'âme. La tête couchée contre sa poitrine, comme une enfant qui refuse de s'excuser et expose son crime avec une jalouse fierté. Celle qui dit: "Oui! C'est moi qui l'ai fait, et rien n'y changera jamais.".
Et les flammes vinrent lécher ce corps, avec une langueur, une sensualité que seul celui qui désire la mort peut reconnaître. Et cette belle veuve regardait avec envie ce magnifique corps se consumer. Les lambeaux de chair qui se détachaient lentement, d'abord fondus, ensuite croustillants puis consumés, s'envolant dans les airs, tel une fée qui fuit vers son harem de paix. Ces globes oculaires qui, d'abord commencèrent à se consumer, puis éclatèrent sous la chaleur des flammes. Comme les caresses ardentes d'un amant trop désireux, ce corps s'enflamma, jusqu'à ne laisser que quelques ossements. Une cendre d'Azénor vint se loger sur la peau déjà souillée par le mélange des races de Yuri. Alors que le spectacle était sur le point de s'éteindre, elle vint glisser ses mains gantées contre sa joue, pour essuyer tout ce qui restait de ce corps sans âme.
Émue, la directrice du laboratoire se redressa de son banc, puis applaudit chaleureusement. L'assemblée, les regards offusqués, dégoûtés, observaient cette femme, qui, on disait n'était plus que l'ombre d'elle-même depuis la mort de son mari. Elle applaudissait, les yeux remplis de cette expression d'acclamation. Mais acclamer quoi, la cuisson de ce corps, trop jeune, ou bien l'exploit de l'ordre du soleil.
Et les prières cessèrent, il était temps de partir. Elle était satisfaite.