L'elfe noir et le sablier

L'elfe noir et le sablier

Post by Xul'zaer Maeldrim, Ind - November 21, 2008 at 9:25 PM

On dit que le temps s’écoule à la même vitesse partout en Enrya. Le forgeron n’y croyait plus… il lui semblait que le temps à Systéria ne s’écoulait que très lentement. Comme un sablier dont on aurait bouché l’ouverture par mégarde ou peut-être même volontairement. Quelqu’un lui avait dit récemment que cette ville était une jungle, la comparaison était judicieuse car le temps pris à s’assurer que la direction que l’on veut prendre est la bonne est perdu. Une jungle, tout simplement.

Depuis quelques jours, son intérêt de joindre l'Association des Commerçants afin d'y exploiter une forge avait légèrement diminué. Et ce n’était pas par pur hasard... Alors qu’il avait toujours cru depuis son arrivée que ce regroupement était un composé de féroces commerçants avec une tête sur les épaules, il en doutait maintenant fortement. Malgré son allure de petite princesse bourgeoise, la marchande Crystelle avait su donner une forte impression de cette organisation à l’elfe, comme quoi on ne trouvait pas uniquement des femelles avec de fortes têtes chez les elfes noirs. Ainsi, il était pour lui difficile de se l’avouer ouvertement, même en pensée, mais il s’ennuyait de la poigne de fer de cette Crystelle. L’organisation semblait aujourd’hui partiellement dirigée par un certain Koenzell, qu’il avait rencontré il y a quelques jours. Il ne doutait pas que ce dernier était un artisan couturier accompli, comme le démontrait la décoration de son nouveau salon de thé, mais le demi-elfe lui avait semblé totalement négligeant côté affaires et comble d’insulte, il encaissait sans broncher un manque évident de respect de la part de sa clientèle. Carrément désolant...

L’elfe noir sorti de sa réflexion, poussant un long soupire. C’est peut-être une parrure… les demi-elfes peuvent parfois être intelligents. Il mérite sa chance. La lune était maintenant pleinement visible à la fenêtre de sa chambre d’auberge. Elle était bien haute et avait prise une teinte jaunâtre qui contrastait élégamment avec l’obscurité du reste de la voûte nocturne. Au loin, en direction des montagnes du nord, on pouvait entendre le hurlement distinctif d’une meute de loups, adoucis par les bruits nocturnes inhérents à la cité. Ces cris appelaient les plus courageux à sortir des murs de la ville : « Venez, humains… venez nous voir chanter nous ne vous ferons pas de mal. ». Xul’zaer soupira à nouveau, un soupir qui s’étira longuement. Ce soir, il n’avait pas envie de sortir se promener comme à son habitude. Il s'étendit dans son lit, les mains derrière la tête, à regarder le plafond.

Le lendemain, il irait s’acheter un sablier. Il n’en avait pas besoin concrètement, mais l’objet serait purement symbolique afin de motiver l’elfe noir à aller de l’avant avec ses objectifs commerciaux dans la cité. Le lendemain, il monterait également un plan d’affaires afin de commencer à promouvoir l’obsidienne par l’intégration de la pierre précieuse dans ses armures et dans ses bijoux. Il espérait grandement que l’Association puisse l’y aider; en retour il espérait que ces derniers s'apercevraient que la présence d’un peu de dents dans cette guilde ne peut que leur être bénéfique…

Et puis, si ce n'était pas satisfaisant, il jonglait toujours avec l'idée d'une implication possible au sein l'Empire. Cet avocat semblait des plus intelligent et l'elfe noir respectait, non sans une certaine retenue, son point de vue et sa hargne envers les mercenaires...