Chroniques d'un bébé en danger
Post by Lili - December 31, 2008 at 7:09 PM
*Chroniques d'un bébé en danger *
-1- La routine du matin
La vigile Paulette avait les épaules molles si tôt ce matin là. La nouvelle gouvernante des Balgor s'amusait, chaque matin autour de quatre heures et demi à remontrer gentillement la garde. Partout où Lili posait le pied, les dernières semaines, elle emmenait avec elle un vaste calme, un aura paisible.
-Paulette, il ne faudrait pas fermer l'oeil sur le passage d'un vilain. Lui sourit la moniale. Allons, gardez l'oeil ouvert, je vous apporte une bonne boisson de N'guelundi aux grains épicés. On appelle cette boisson le "café". Cela vous fera grand bien, vous verrez.
-Merci Lili. Oh, et bonne journée surtout!
-Oui, bonne journée Paulette!
La blonde nourrice déverrouilla doucement la porte, puis entra dans le manoir, encore à demi endormi. Elle entreprit de faire chauffer le four et le foyer, pour réchauffer ainsi, par le sol, l'étage supérieur où assurément Madame Balgor profitait du peu de temps qui lui était possible avec la petite Tärasïlme. Les craquements du plancher signifiaient à la gouvernante que Monsieur se levait, sans doutes s'occupait-il de faire sa toilette, ou de profiter aussi de la présence de toute sa famille. Alors, dans ce calme rempli de la musique des petits bruits quotidiens, de ces petits riens rassurants, Lili préparait le thé, le petit déjeuner ainsi que les vêtements d'extérieur des maîtres de la maison. Peu à peu, la vaste demeure s'emplissait d'odeurs délicieuses de fruits séchés, qui cuisinés dans des crèmes et des farines, se réhydrataient doucement.
-AAarhh! COCO!
Le réveil de l'oiseau. Puisque monsieur semblait se prendre d'affection pour la bête, elle n'y portait guère d'attention. Plus tard, quand la toute petite irait à la sieste, la gouvernante irait lui lire un chapitre de la bible Thaarienne, histoire de calmer les cris du terrible perroquet. Le moine n'avait pas de réelle affinité avec l'animal, mais découvrait que cette créature aux couleurs vibrantes se calmait aux saintes paroles de Thaar, lors de l'heure où elle lui faisait la lecture.
Plus que quelques minutes avant que le couple Balgor ne descende, Lili sortit à l'extérieur, offrir la boisson nommée "café" à la vigile qui surveillait les jardins du manoir. Un breuvage qui fut salutaire à cette personne qui restait, on ne sait comment, éveillée jour et nuits pour assurer le bien être de cette famille plus qu'attaquée que ce soit par les rumeurs, par les mauvaises langues ou encore par le courrier anonyme. Les deux femmes s'échangèrent une ou deux plaisanteries intellectuelles avant que Lili ne retourne à l'intérieur, préparer la table.
Lorsque la famille se présenta au rez-de-chaussée, la table était mise. Des petits biscuits d'avoine et aux raisins, des jus multiples sans doutes préparés par le mari Balgor précédemment, des salades de fruits mélangées à de bonnes noix, et toutes sortes de petits plats encore chauds les attendaient. Tout prêt pour démarrer une journée en beauté. Alors, Lili venait prendre la petite Tarasilme, pour donner le loisir à Saralonde de manger à son appétit. Familiarisant ainsi le bébé à l'idée de quitter sa mère pour une autre journée consécutive. La période des pleurs lors du départ de la mère n'était cependant pas encore arrivé. Alors, pendant l'heure du premier repas de la journée, Lili accueillit les deux adultes Balgor d'un invitant "bonjour". S'inquiétant de leur santé et de savoir comment ils allaient au petit matin, puis berçait l'enfant tout en lui meumeumant des comptines qu'elle avait apprises pendant des années de voyages autour des landes d'Enrya... Jusqu'à l'heure du départ des parents Balgor.
Post by Lili - January 9, 2009 at 8:13 PM
-2- Les petits plaisirs
Madame Balgor quittait le manoir, suivi de près par monsieur Balgor. À la fenêtre, Lili les saluaient, la petite Tarasilme blottie dans un bras, qui aggripait gaiement un pli de son foulard décoratif. Une autre journée qui démarrait. La première étape était donc d'inspecter chaque pièce pour s'assurer que le manoir était bel et bien vide. La nourrice n'aimait pas les surprises, du moins, pas les mauvaises. Et ne voulait pas que son calme ne soit troublé par un quelconque malfrat. La petite déjà offrait des sourires à sa nourrice, qui lui décrivait tout ce qu'elle faisait, pour l'habituer au langage dès son plus jeune âge. Sans nul doute cette enfant parlerait tôt.
-On ouvre les rideaux, pour laisser entrer la lumière du soleil et réchauffer le manoir. Ensuite, on va prendre quelques coussins et des draps doux pour t'étendre et nous jouerons ensemble.
"Apfffrrrrrt"
-Oh, oui. Apffrrrt toi aussi, petite coquine!
"Bprrfrrrt"
Lili rit un peu, le regard bienveillant. Comme elle le décrivit à l'enfant, elle ouvrit les rideaux opaques, laissant ceux léger voiler les fenêtres pour empêcher quiconque de voir à l'intérieur. On ne pourrait déceler alors que des ombres passer d'une pièce à l'autre. Même les cris de Coco s'adoucissaient par moments lorsqu'ils étaient complètement seuls dans la grande demeure. Ensuite, la blonde nourrice ramena l'enfant dans le grand salon, puis déplaça les coussins et petites couvertures douces pour y installer la jolie Tarasilme. La première étape serait de changer ses langes. Alors, elle vint chercher des langes propres, des broches sécuritaires pour les attacher, puis une petite bassine d'eau avec des chiffons doux pour tout nettoyer. En chantant des airs marins, qui sait, peut-être même des airs pirates perdus depuis une ou deux décennies, elle changeait la petite Balgor avec toute la douceur que se devait d'avoir une nourrice.
La petite répondait bien lorsque Lili laissait tomber de petites gouttes d'eau tiède sur son petit ventre rebondit. Alors seulement cette gentille nourrice allait poser sa bouche sur la chair tendre de l'enfant pour la dévorer de bisoux qui, bientôt éveillerait l'enfant pour lui soutirer de petits rires. Les réactions du moment était que cette minuscule créature s'aggripait aux cheveux interminable de sa gardienne lorsqu'un contact de la sorte était fait. Alors ensuite elle faisait glisser le chiffon mouillé sur le corps de la petite, qui cherchait à aggriper le linge humide pour en téter un coin. Chose qui amusait franchement cette ancienne marin. Alors seulement lorsque ce petit être maladroit arrivait à aggriper la débarbouillette, Lili entreprenait de terminer de la changer, lui laissant profiter de ses petits moments de liberté, hors de ses langes. Le perroquet derrière lançait parfois son lot de bêtises, mais en étant ignoré, il finissait bien par se résigner... pour un moment.
Et ainsi, les deux filles de la maisonnée, durant la journée, avaient des petits moments privilégiés ainsi à jouer ensemble. Des jeux qui, pour un bébé de cet âge développait le sens de la confiance ainsi que de la motricité. Sans aucun doute, les deux créatures féminines se trouvaient une complicité sans pareille, et tout ceci seulement dans un petit moment croqué dans une journée.
Post by Sarä Taur'Amandil, OdS - January 10, 2009 at 2:44 PM
Les matins chez les Balgor
Une gouvernante efficace
Les matins, environ aux mêmes moments où Lili arrivait, étaient des moments remarquables de tendresse maternelle. Maman essayait-elle de compenser pour sa future absence de la journée, qui revenait jour après jour, inlassablement? Sans doute comblait-elle la quantité limité par de la qualité. C’est donc au levé du soleil que Sarä se levait, avec plus ou moins bonne mine, du moins dernièrement. La petite, elle, généralement dormait toujours. Sous le regard à la fois tendre et anxieux de sa mère, Taräsilmë était observée scrupuleusement. Tout dépendant de la nuit que la petite avait passée, Mathéo lui se permettait de plus ou moins traîner dans le grand lit de la chambre des maîtres de maisons… Après tout n’était-ce pas lui qui se levait le plus fréquemment la nuit?
Dès que la petite ouvrait les yeux, Sarälondë lui murmurait doucement. La langue elfique fluide dans laquelle elle lui parlait ressemblait presque à une petite mélodie. Rare était les occasions où Sarälondë avait la chance de « converser » dans la langue des elfe, l’Elda’lem. Aisément la petite de quelques mois pourrait parler des son jeunes âges deux langues, c’était une obligation dans le cœur elfique de sa génitrice qui était attachée à ses origines. Sans doute trop au goût de son époux… Mais il se passait de commentaire depuis qu’il avait déjà tenté l’expérience jadis.
Une fois le bébé bien réveillé généralement elle réclamait le sein de maman, affamée comme un petit ogre. Chose que naturellement Sarälondë ne lui refusait pas. Quelle scène attendrissante c’était. Surtout l’expression d’un tendre sourire forcé sur les lèvres de la demi elfe alors que son petit quart d’elfe tétait … C’était un peu douloureux, même à la longue. Monsieur généralement se levait entre temps et se préparait un peu. Naturellement il réclamait également de prendre dans ses bras sa petite blondinette adorée. Il était fou d’elle. Durant ce temps Sarä se préparait en enfilant l’une de ses fameuses robes que les journaux malfamés auraient sans doute qualifiées de « Guenilles elfiques ».
Quel bonheur de voir une table mise et un déjeuner appétissant sur la table. Décidément le choix de la gouvernante avait été parfait et était même un petit baume pour les esprits préoccupés du couple Balgor. Un fait étonnant était le grand appétit de Sarälondë, qui était généralement d’un caprice remarquable. Visiblement ce qui lui était présenté sur la grande table de la cuisine tombait dans ses goûts. Cependant cet appétit matinal ne changeait rien au fait que chaque semaines elle semblait perdre un peu de poids, voir même trop. La médecin était passée en quelques mois d’une femme ayant quelques formes dut à sa grossesse, à svelte comme en général et ensuite à la limite d’être maigre. La surcharge de travail commençait-elle à avoir raison d’elle physiquement…? Peu de gens la questionnaient. Il n’y avait sûrement pas matière à s’inquiéter.
Sans relâche Sarä posait son regard sur Tarä alors que Lili la tenait pour prendre soins d’elle durant le déjeuner. Son cœur de mère était sans doute déchiré plus l’heure du départ approchait. Quant vint le temps de celui-ci, Monsieur et Madame Balgor prirent à tour de rôle la petite Taräsilmë pour lui faire une étreinte digne de l’amour sans fin qu’ils lui portaient. La blonde gouvernante vint la reprendre dans ses bras protecteurs. L’enfant restait calme, sans doute s’était-elle déjà habituée à ses départs fréquents? Allez savoir…
Les Balgor étaient repartis pour une autre longue journée.
Post by Sarä Taur'Amandil, OdS - January 17, 2009 at 9:31 AM
Les retours tardifs
Le défaut flagrant de maman
« Une chose de moins à régler… »
C’est dans un faible murmure elfique que Sarälondë prononça ses mots en avant de faire valser un peu n’importe où sur son grand bureau un dossier portant la mention « Centre d’emploi Systérien ». Il était sans doute près de dix heures du soir, une journée absolument… Exécrable. Elle avait quitté le bureau de l’ambassade vers les huit heures trente, escortée par un vigile de l’Ordre du Soleil. D’ailleurs cette journée interminable ce fut encore pire lorsque le dossier valsant en question accrocha un pile de livres qui traînait et que ceux-ci se retrouvèrent sur le sol. L’expression de la demi elfe fut délicieuse. C’était un petit rien, mais qui ajoutait à la scène une dose de pathétisme immanquable.
À cette heure la gouvernante était partie depuis un instant. Tout était parfaitement propre de la cuisine… Dans la salle de séjour. Sans doute Lili était-elle restée quelques heures supplémentaires pour aider monsieur Balgor avec la petite Taräsilmë, à l’aube de sa première année, qui dormait à poings fermés à cette heure là.
Malheureusement pour la gamine, c’était le troisième jour de suite qu’elle ne verrait pas sa mère de la journée, mise à part pour l’instant matinal. La médecin de renom était-elle une mère insensible? Bien sur que non même si parfois on aurait pu le croire. La situation était un déchirement pour cette femme pleine de responsabilités. Était-ce l’orgueil de réussir qui la motivait ainsi à poursuivre un rythme de vie absolument nuisible pour elle et son entourage? Peut-être était-ce pour leur bien également… qui sait? Cela faisait jaser, mais bien rare étaient ceux qui passaient leurs réflexions verbalement.
Près de deux heures supplémentaire passèrent quand la porte du bureau de Sarälondë fut poussée par le Haut-Paladin Balgor qui venait voir où elle en était. Quelques heures auparavant Sarä lui avait stipulé avec tendresse qu’elle monterait à l’étage dans une petite minute… La minute était devenue une heure et cette heure s’allongeait un peu trop visiblement. Il l’observa en silence l’instant de quelques secondes puis vient poser un baiser sur son front sans ajouter grand-chose. Qu’avait-il à ajouter en fait? Rien pour le moment.
Près d’une demi heure plus tard Sarälondë regagna enfin les côtés de son époux qui s’était tout bonnement endormit. En prenant garde de ne pas le réveiller, la demi elfe vient de blottir contre lui. C’était bien là le seul réconfort de sa journée. Malgré tout elle n’arrivait pas à fermer l’œil… Elle était bien la seule car l’enfant Balgor, Taräsilmë, était un bébé extrêmement facile en ce qui concernait les nuits…
Qu’est-ce qui trottait dans la tête de cette honnête médecin diplomate?
Post by Lili - February 16, 2009 at 7:54 PM
-3- Deux ans Taräsilmë !
Déjà deux ans. La petite était vigoureuse, gaie, vive d'esprit. Déjà elle parlait beaucoup, bien qu'on avait du mal à tout comprendre. Mélangeant la langue commune, le brégunien ancien ainsi que la langue elfique que Sarä avait un peu de mal à lui inculquer. Mais jamais Lili n'allait souligner à la maîtresse des lieux que sa présence était vraiment insuffisante auprès de sa progéniture. La gouvernante n'avait pas à critiquer celle qui la nourrissait. Après tout, la plupart des femmes de manoir fonctionnaient ainsi. Et puis un amour incommensurable s'était établi entre les deux créatures. La petite avait d'ailleurs prononcé le nom de sa gardienne avant n'importe quel autre nom. Aussi était-il très facile à prononcer. Deux ans déjà. Cette petite frimousse avait tellement changé depuis la première semaine de vie où la moniale l'avait vue. Elle grandissait en beauté et en intelligence. Déjà elle commençait à apprendre à bien tenir les plumes et les fusains, à maintenir une bonne posture à table. Rien d'aisé, non. Elle était très jeune. Mais déjà on remarquait la propreté de cette petite créature qui était nettement supérieure à celle d'autres enfants du même âge. Bien évidemment, rien à comparer à un adulte.
Le moment qu'elles préféraient toutes deux était l'heure du bain. On ne rajoutait rien dans l'eau, pour ne pas souiller sa pureté. Seulement parfois une fleur de sel, qui adoucissait la peau et aidait à retirer les peaux mortes après. La gouvernante laissait l'eau tiède. Pas trop froide, pour ne pas brusquer l'enfant, ni trop chaude, pour habituer cette adorable petite créature aux intempéries. Et puis, elles jouaient, s'éclaboussant l'une l'autre. Taräsilmë aimait à souffler dans l'eau pour faire des bulles. Elle savait, dès ce jeune âge, à retenir son souffle et plonger sa tête entière dans l'eau. L'enfant aimait aussi à agiter ses bras et ses jambes dans l'eau, à la manière des nageurs. Comme une petite sirène qui laissait ces milliers de gouttes crystallines rouler sur sa peau de soie. Fallait-il s'attendre à autre chose de la part d'un moine qui avait passé plus de la moitié de sa vie sur un navire, à sauver les hommes tombés en mer. Selon Lili, il était primordial qu'une créature sache nager dès son plus jeune âge. Surtout en considérant que la cour bordait une large rivière. Les deux créatures -marines ?- aimaient bien à inventer des scénarios, et de cette manière, la gouvernante faisait travailler l'imagination de l'enfant. Les jeux imaginaires étaient les premiers signes du développement de l'intelligence d'un jeune humanoïde. Taräsilmë en avait beaucoup. Elle s'inventait poulpe, sirène, dauphin, requin, et parfois elle aimait devenir la princesse des eaux, comme dans l'histoire que sa gardienne lui contait si souvent. Son conte favori.
Quand la petite grelottait et que ses lèvres passaient d'un rose à légèrement bleuté, Lili la sortait en l'enveloppant bien dans une chaude et moelleuse serviette. Prête à aller changer ses langes, et à la glisser à la sieste. Avec ses grandes mains, la gouvernante allait cueillir chaque goutte d'eau qui roulait sur la peau de sa petite protégée. Comme s'il s'agissait là des plus grands trésors que la vie ait pu concevoir. L'une d'entre-elles dévalait avec grande aise le petit nez retroussé de Taräsilmë, qui fut essuyé juste avant de retomber vers les narines. La toute petite vint ouvrir ses bras potelés pour faire une très grande accolade remplie d'amour à sa protectrice. Tous ces beaux sentiments suffiraient à faire pleurer le plus méchant des nécromancien, mais heureusement, aucun n'avait jusqu'alors cherché a approcher cette petite frimousse. Lili veillerait à ce qu'aucune vilaine chose de lui touche avec des intentions malveillantes en sa présence.
La vie quotidienne au manoir était devenue rituelle. Les choses se ressemblaient toutes, mais elles étaient parsemées de petits plaisirs de la vie de tous les jours. Ainsi, une fois séchée, Lili emmena l'enfant dans son lit pour lui raconter l'histoire de la princesse des eaux. Cette histoire qu'elles aimaient tant, toutes les deux.
Depuis quelques jours, la routine était un peu brisée. Une tension régnait à l'intention du manoir, mais seuls les maîtres de la maison semblaient être les détenteurs du mystère de ce qui s'y passait.