Retour au monde d'un jeune vétéran

Retour au monde d'un jeune vétéran

Post by Karthanis Tyr - January 5, 2009 at 10:07 PM

L'histoire de Karthanis, celui qui n'est pas mort

[:2v13jcax][Chapitre un, l'ermitage][/:m:2v13jcax]
[:2v13jcax][Chapitre deux, le recommencement][/:m:2v13jcax]
[:2v13jcax][Chapitre trois, la poursuite de soi-même][/:m:2v13jcax][/list:u:2v13jcax]


Post by Karthanis Tyr - January 5, 2009 at 10:08 PM

Chapitre un, l'ermitage

Le vent soufflait terriblement fort en ce début d'hiver. Les cîmes surplombant les terres du Bastion Berguenois se fondaient dans le ciel blanc tant la neige qui tombait était épaisse. Cependant, un forme humaine progressait dans la tourmente.

Karthanis poussa la porte de sa masure, et la referma promptement avant que l'intérieur ne se confonde avec l'extérieur. Il retira progressivement ses lourds manteaux de fourrure, et les posa près du feu afin qu'elles sèchent. S'approchant de la fenêtre, il ouvrit une petite trappe, et prit une grosse poignée de neige que reposait sur le rebord à l'extérieur, et la déposa dans un petit récipient, qu'il plaça près de ses vêtements. Puis il s'attaqua à l'animal qu'il avait rapporté, un lièvre pris dans un colet, qui lui servira de repas pour les deux ou trois jours à venir. Il s'assit devant sa table, et regarda un instant le lièvre étendu.

Karthanis est ce qu'on pourrait appeler un ermite. Loin de tout contact humain, il vit ses jours selon le rythme de la rude nature de la région. Mais il n'en a pas toujours été ainsi. Karthanis est né à Bergheim, et était destiné par ses parents, et comme beaucoup d'autre jeunes berguenois, à devenir un homme d'armes. Et c'est ce à quoi il fut élevé pendant son enfance, et son adolescence, jusqu'à son âge adulte, où il fut envoyé pour la première fois aux frontières du pic d'Answlad le Preux combattre l'elfe noir.

Karthanis et ses compagnons eurent vite fait de croiser des patrouilles elfes sur les flancs des montagnes, mais l'expérience de Gundar, leur chef, leur permit de toujours les prendre par surprise. Aucun quartier n'était accordé, et les jeunes berguenois se constituaient une vértiable collection de trophées sur les corps des elfes. En remontant leur piste, les hommes arrivèrent en vue de la bouche du tunnel elfe noir qui avait permis l'incursion. Il était faiblement gardé, car les patrouilles n'avaient pas pu donner l'alerte, et les hommes du froid avaient progressé rapidement. Gundar jeta un oeil et e retourna vers ses compagnons. Ils allaient bientôt attaquer.
L'assaut fut si brutal que les elfes furent aussitôt repoussés dans les galeries. Karthanis tranchait dans la chair sombre de l'envahisseur en poussant des cris à faire trembler la terre. Les elfes mourraient un par un sans pouvoir répondre. Soudain, Gundar signala l'arrêt de la poursuite.

"Nous allons trop profondément. Ils ont eu ce qu'ils ont cherché, remontons et nous ferons s'écrouler ce passage."

Les humains entamèrent le chemin inverse. C'est proche de la sortie qu'un elfe couvert de sang apparut devant eux. Il tenait dans sa main un objet étrange, qui s'embrasa lorsque l'elfe murmura un mot. Le cœur de Karthanis s'arrêta une seconde. Comme habité par quelqu'un d'autre, il hurla en empoignant sa lame et courut vers l'elfe, qu'il décapita d'un seul coup. L'artefact chuta alors que la vie quittait les doigts de l'elfe noir, et lorsqu'il toucha terre, l'air s'embrasa et les parois furent pulvérisées. Karthanis fut projeté vers l'extérieur, brûlé à la jambe, et le tunnel s'effondra sur ses compagnons.

En se réveillant, Karthanis ne savait pas combien de temps il était resté inconscient dans la neige. Sans doute plus longtemps qu'il n'était humainement possible. En essayant de se remémorer la scène, il revit l'elfe, sa tête volant dans les airs, puis le bruit, le feu... Sa jambe le lança violemment. Puis le froid s'insinua en lui. Rassemblant ses quelques forces, Karthanis se releva et commença à marcher, mais il gisait depuis trop longtemps, et on ne voyait même plus les cadavres des elfes qui étaient tombés devant le tunnel.

À partir de ce moment, les souvenirs de Karthanis le font souvent sourire, comme s'il s'imaginait les raconter devant une audience incrédule. Le champ de vision de Karthanis, tandis qu'il boitait sur la montagne enneigée, gardait un point d'ombre, comme s'il avait fixé le soleil trop longtemps et que ses yeux en gardaient la brûlure. Mais ce point, indiquait toujours la même direction, si bien que Karthanis doutait qu'il s'agisse de ses yeux. N'ayant pas d'alternative, il entreprit de suivre ce point. La nuit tombait, et toujours ce point d'ombre était visible. Petit à petit, ce point d'ombre disparut pour laisser place à la silhouette d'une maison isolée.

Karthanis rouvrit bursquement les yeux. Le lièvre était toujours la, sur la table. Cela faisait maintenant six ans. Il avait pu retrouver la route de Bergheim et s'y était rendu plusieurs fois, mais la façon dont les habitants le regardaient le faisait se sentir étranger. Nul ne l'avait reconnu, et lui même sentait qu'il avait changé depuis sa presque-mort. Il se sentait plus fort, mais aussi plus seul, même parmis la foule. Lors de ses descentes, il s'embarquait parfois sur des caravanes en direction de villes portuaires pour y acheter quelques épices avec l'argent qu'il retirait des peaux qu'il
vendait. Il n'avait d'ailleurs presque plus de sel...

Il avait entendu des marins parler d'un Empire appelé Systeria, et combien leurs échanges étaient fructueux. C'était une terre assez jeune, et un mélange de population sans précédent. Karthanis se dit que les réponses à ses questions, à sa survie miraculeuse, et peut-être à qui, ou quoi, il la devait, se trouvaient peut-être la bas. Payant un capitaine en peaux tannées, il s'embarqua sur l'esquif qui l'ammènera à Systeria... Il était temps de revenir au monde.


Post by Karthanis Tyr - January 5, 2009 at 11:54 PM

Chapitre deux, le recommencement

Depuis plusieurs semaines, Karthanis avait accosté à Systéria. Les débuts n'ont pas été faciles, et les quelques bénéfices qu'il avait apportées avec lui, pris sur la vente des peaux qui paya le trajet, avaient fondu comme neige au soleil...

Il errait dans les rues. Il avait appris bien vite qu'il ne pouvait pas librement éxercer ses compétences sur ce continent. Ce qu'on appelait les Guildes contrôlaient toute activité, et la seule perspective qu'avait le jeune homme était de se livrer à ses occupations en clandestin. Mais ce qui était encore dans son esprit, toujours vif et pressant, comme si son voyage lui donnait l'impression d'en être très près...

"Pourquoi suis-je vivant?"

La cuisse de Karthanis porte encore la marque des flammes noires. Karthanis avait reconnu l'échec de son ermitage, ne trouvant ni en lui ni dans la nature vierge une raison de ne pas être mort ce jour la. Il avait tenté d'approcher le clergé de Thaar, mais en fut presque aussitôt dissuadé en entendant des buveurs parler des sentences appliquées par le tribunal aux hérétiques... Et il craignait bien d'être pris pour tel, si jamais il venait à porter son histoire inexplicable aux oreilles d'un prêtre zélé...

Il restait néanmoins un problème de survie élémentaire. Si cela continuait, il n'allait bientôt plus avoir de quoi se nourrir... Il se résigna à se procurer un permis de chasse, et quémanda un moyen de contacter les détenteurs de telles autorisations, la Fraternité du Chêne. Il s'avéra que ce ne fut ni plus ni moins que Domilixia Segal qui entendit sa requête. La discussion aidant, Karthanis fut familiarisé avec les fondements de la Fraternité, ainsi que ses croyances, et fut soumis au rituel du Serment à la Trinité Druidique.

Les enseignement de Domilixia éveillèrent en Karthanis un nouvel espoir de redevenir maitre de son destin. Serait-il possible que Mélurine ait joué avec lui? Serait-il possible qu'elle lui ait redonné vie lorsqu'il était étendu dans la neige, brûlé par le feu et mordu par le froid? Et si oui, dans quel but?


Post by Karthanis Tyr - January 11, 2009 at 5:45 AM

Chapitre trois, la poursuite de soi-même

La nuit était tombée depuis plusieurs heures lorsque les bottes d'un homme seul troublèrent le silence des rues de Systéria, contrastant singulièrement avec les batailles de chats de gouttière et le passage des patrouilles. La forme humaine, un rien grotesque, avec les amples pans d'un lâche mateau en cuir flottant sur les côtés, et un sac gonflé jeté sur l'épaule, avaçait d'un pas rapide.

« Hé, Karth! »

Le halo d'une lanterne éclaira le marcheur, qui tourna la tête. C'était Thor, passablement éméché, accompagné d'un très jeune militaire et d'une femme en armes arborant les couleurs de Thaar. Bon sang, Thor, tu t'acoquines avec tout ce qui paraît sympathique... À regrets, le jeune chasseur d'immobilisa, et se tourna vers cette équipe improbable.

« Tu viens? On aller à taverne de l'armée, tenir compagnie Esmeralda », articula Thor, dont les effluves d'alcool parvinrent jusqu'au nez de Karthanis.

Ses deux compagnons semblèrent insister du chef, aussi Karthanis n'eût-il pas envie de les décevoir. En soupirant, il fit donc demi-tour et les suivit jusqu'à ladite taverne.

La boisson coulait à flots, grâce à la générosité du demi-orque. Celui-ci raillait le militaire, Belianor, sur sa capacité à le vaincre au combat, lequel répondait prudemment. Kelseth, nouvellement ordonnée au paladinat de l'Ordre du Soleil, se contenait de boire son breuvage en souriant. Karthanis faisait de même, tout en s'amusant à mettre Belianor en garde sur le redoutable guerrier de Vaerdon.

La bougie de leur table fut soufflée lorsqu'on poussa la porte de la taverne. Une grande carrure, vêtue d'une ample toge et coiffée d'un chapeau en pointe, avança à l'intérieur. Karthanis le reconnut comme étant Orkha, un druide qu'il avait croisé plus tôt dans la semaine, à une malheureuse réunion de la Fraternité du Chêne. Il faut avouer que le shaman avait impressionné le jeune homme, car bien que métissé d'homme et d'orque, il semblait d'une grande sagesse. Les druides fréquentaient donc ce genre d'établissement, sur le port? La présence de celui-ci, en tous cas, lui inspira le besoin de le saluer par son nom, et cela eut l'effet escompté, car le druide posa ses yeux sur lui et ils engagèrent la discussion.

La porte de la taverne claqua, emportée par un courant d'air. Dans les rues du port, Karthanis et Orkha marchaient vers la sortie de la ville. Le jeune chasseur exultait de la chance qu'il avait. Son initiation à la Fraternité avait donné une chance à sa quête, et rencontrer Orkha était en sus une chance d'avoir des réponses... Il lui tardait de lui raconter son histoire.
Le demi-orque écoutait attentivement alors que Karthanis relatait l'évènement qui l'amena à Systéria, tous deux assis sur un tronc desséché, recouvert de mousse, à la lisière de la forêt bordant la cité. Lorsqu'il eut terminé, le sage planta son regard dans le vague des branches, à peine éclairées par la faible lueur des torches des remparts de Systéria.

« C'est ton totem... Oui, je croire que pas me tromper. C'est lui qui protéger et refuser que toi mourir. »

Mélurine? Le totem? Ces notions se livraient à un conflit dans l'esprit du chasseur. Cependant, les paroles d'Orkha avaient plus de sens que ses propres suppositions. Oui, le totem. Domilixa en avait parlé, c'était l'enjeu du rite d'intronisation dont elle lui avait parlé à son initiation. L'esprit protecteur censé veiller sur chaque être, et qui assistait activement celui ou celle qui prenait le soin de le contacter et de le respecter...

Lorsque les deux hommes se quittèrent, Karthanis avait la tête en ébullition. Sa quête à Systéria avait peut-être réellement un sens, et ses doutes du début s'estompaient...