Confidences
Post by Bel'labress Mel'Viir - January 23, 2009 at 1:57 AM
*Les caractères de l'écriture dans le cahier posé à son chevet avaient un certain style qui se démarquait. On pouvait y reconnaître la langue Ilythiirie. *
Cela fait un an depuis mon arrivée en Systéria. Cependant, je ne peux toujours pas me résoudre à m'accoutumer aux valeurs de cette Cité. Cette société grotesque et barbaresque à mes yeux se déforme plus j'apprends à la connaître. La loi du plus fort y règne, les gens ne pensent qu'à leur bourse et toujours, ils ne recherchent que le pouvoir. J'ai peur de m'y fondre.
En Udossta, avant d'être cachée dans cette caisse en bois, tout était si calme. La vie nocturne m'appelait à elle, et la Matrone de la maison des Xul'Fyir m'emmenait dans différents endroits si paisibles, si calmes, si passifs... Les activités diurnes étaient consacrées à mon sommeil. Ici, cette lumière si forte m'irrite la peau, ce qui m'empêche de trouver un sommeil profond.
Les gens vivent dans une jungle et la Cité est polluée par diverses espèces aussi sauvages les-unes que les autres. Je trouve réconfort lorsque Madame la Comtesse Mel'Viir, que bientôt j'appellerai Mère de façon officielle, vient caresser mes cheveux... Je repense alors à mon humble vie chez les elfes noirs.
Je suivrai les enseignements d'un humain. J'espère qu'il saura me montrer les facettes les plus aguichantes de Systéria car selon moi, les habitants ne méritent pas cet archipel. Un voyage en Udossta leur permettrait de trouver la sagesse, et de revoir la façon dont ils accordent priorité à leur valeur.
Bel'labress Mel'Viir
Post by Bel'labress Mel'Viir - January 27, 2009 at 6:56 PM
*Une page s'ajoutait à ses écrits nostalgiques et mélancoliques. *
Aujourd'hui, un homme de sang impur est venu m'adresser la parole. Pour seuls mots, il me demanda mon nom, sans même se présenter, sans même une quelconque marque de courtoisie. Une simple étiquette... un simple nom. Je mangeais pourtant doucement, comme à mon habitude. Il fallait que cet être immonde vienne se mêler de la partie... Je payai un repas pour finalement le laisser moisir sur la table déserte. J'espère qu'il n'en a pas profité pour aller y mettre ses sales doigts.
Désormais ennuyée, je me rendis à la bibliothèque. À mes yeux, c'est un grand havre de paix où personne n'ose s'aventurer, sauf les grands esprits. La peur d'apprendre, c'est ce que je perçois dans cette société où pour survivre, les bras doivent être aussi gros que les têtes. J'ai eu la chance de lire les écrits de divers auteurs. Mon préféré, pour la lecture plutôt divertissante, adopte le pseudonyme de Plume. La morale qui y est dégagée m'interpelle. La plupart des autres histoires racontent des aventures au-delà de l'ordinaire, ce qui en fait des histoires ordinaires. J'essaierai de lire davantage afin de m'informer sur Systéria, ville aux facettes inconnues.
Mère semble bien occupée. Entre deux rencontres, elle vient parfois s'asseoir à mes côtés pour échanger sur mes nouveaux acquis, mes nouvelles observations. Ma rencontre avec Monsieur le diplomate approche, Madame la comtesse sera sans doute ravie.
J'ai rencontré l'Intendant, Monsieur Bolton. Ses traits austères m'inspirent à la fois méfiance et respect. Son ton est sec et doux à la fois. Madame ma Mère semble lui accorder tout son respect, j'en ferai de même.
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - January 30, 2009 at 7:53 PM
Le prochain écrit de la jeune elfe noire avait plusieurs ratures.
Je me dirigeai à la bibliothèque impériale. Comme plus tôt je l'ai mentionné, c'est mon lieu privilégié que je considère comme mon havre de paix. Cependant, les raisons de ma venue étaient tout autre. J'allais enfin avoir mon premier cours donné par un des Diplomates de cet Empire.
Je m'avançai donc jusqu'à la seconde porte du couloir qui se trouvait à ma droite. C'est à ce bureau que nous avions convenu d'un rendez-vous. Je cognai donc trois petits coups sourds, puis la porte s'ouvrit. J'entrai et m'installai à la chaise qu'il m'indiquait. Les présentations suivirent et l'homme que j'appellerai maintenant Maître m'expliqua les différents points que nous verrions durant mon apprentissage, ainsi que les motivations qui le poussaient à me prendre sous son aile. Il commença par la montée au trône de Maemor Premier. Je comprends maintenant mieux les origines barbaresques de Systéria. Ensuite, nous quittâmes son bureau afin de se diriger à l'extérieur. C'est dans ce lieu que je travaillai ma concentration. Bien vite nous fûmes dérangés par les coups de canons qui grondèrent dans le ciel, en provenance du port. Il fallait donc remettre le rendez-vous à un jour autre.
Lorsque je me rendis à nouveau au coin chaud, quelques jours plus tard, je revis le même demi sang ingrat. Cette fois, au moins, il s'abstint de venir me harceler en me demandant impudemment mon nom. Je mangeai donc tranquillement, jusqu'à ce que cette femme de rose vêtue vienne me déranger pendant mon repas. Ses manières étaient néanmoins plus sophistiquées que celle du demi-elfe, donc je décidai de l'écouter. C'est alors que cette ancienne serveuse des mercenaires vint se moquer de moi par ses propos qu'elle aurait mieux fait de garder pour elle. Enfin, je ne m'en préoccupai pas davantage.
Je discutai donc avec cette femme. Elle me posa diverses questions et je tâchai d'y répondre du mieux que je le pouvais. Madame la Comtesse, Mère, entra ensuite au Coin Chaud. Cette humaine, Milya, quitta donc la pièce afin de nous laisser seules. Je racontai à Mère la façon dont le demi sang avait récidivé en venant me déranger alors que j'étais en discussion avec la demoiselle Lylia. Nous allâmes à sa rencontre et c'est alors que celle que j'aurais pu considérer comme ma matrone si nous avions été en Udossta cracha sa hargne sur ce sot impoli. Il n'aura désormais plus le droit de m'approcher. J'espère qu'il comprendra ce message.
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - February 6, 2009 at 7:11 PM
Les pages étaient froissées et la calligraphie avait été négligée.
Comme à mon habitude, j'allai au Coin Chaud afin de déguster mon repas quotidien après mon lever. Je passai ma commande à Ellara qui s'empressa de me préparer un bon met, alors que moi je pris place à ma table fétiche. Mes oreilles se dressèrent lorsque j'entendis la porte ouvrir.
Une femme s'immobilisa devant ma table, laissant sortir de sa bouche une affreuse mélodie, soit un bonjour enthousiaste. J'entrouvris mes lèvres et les recollai aussitôt en m'épargnant par le fait même la torture d'une conversation ennuyeuse. Elle me pensa muette; faux. Elle me pensait dans ce groupe qui n'adresse pas la parole aux humains; plus ou moins faux. Certains, aux premiers abords, dégagent une certaine fierté et joie de vivre qui me répugne. Je préfère le silence plutôt que la parole, la simplicité plutôt que l'extravagance et la monotonie plutôt que l'enthousiasme. La femme se lassa de moi et mon repas odorant arriva.
Une seconde femme entra. Toutes deux ensemble, elles ressemblaient à des filles de joie et cette vision fit monter ma nausée. Je mangeai tranquillement en tentant d'écarter cette hideuse image de mes pensées. Voici une formule scientifique à laquelle j'ai réfléchi et ce, depuis mon arrivée: Barbares+Filles de joie aux manières barbaresques+Quelques exceptions=Cité animale nommée Systéria. En plus de se vêtir telles des prostituées, elles pratiquaient l'archerie.
Enfin, la visite tant attendue suivie. Siinria Mel'Vir entra avec grâce et distinction dans cet endroit minable. Je la saluai respectueusement. Elle représente néanmoins la seule femme que j'affectionne particulièrement. Nous échangeâmes sur mon premier cours avec l'homme que j'appellerai, après réflexion, Monsieur M. J'ai appris que le narcissisme est omniprésent malgré sa subtilité, par le fait même, l'appeler Maître lui donnerait plus d'importance qu'il n'en a réellement. Notre dialogue continua, mais il prit fin assez tôt.
Je retournai à ma chambre en Basse-Ville et c'est ainsi que mon mal se fit sentir. Mon coeur me torturait, ma tête m'élançait, je souffrais silencieusement et je fis annuler mon rendez-vous avec Monsieur M. Je suis malade, je souffre, mais j'ai conscience de mon existence, je vis. Mon chemin se continuera jusqu'à l'entier accomplissement de ma destiné.
Guéris ta fille, Enyde-Mä,
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - February 10, 2009 at 7:26 PM
Mon mal est passé, tout comme le temps qui me semble infini et péniblement long. Je restai dans ma chambre, délaissant le coin chaud pour une fois.
Je demandai à la tavernière à l'étage du bas de me monter de bons petits plats. C'est ce qu'elle fit. Une auberge de la Basse-Ville paraît certes plus miteuse qu'une se trouvant en moyenne ville, mais je voulais connaître cette misère que les habitants redoutaient tant. Le repas dégageait une odeur nauséabonde qui m'évoqua la senteur de la caisse dans laquelle je fus prisonnière les deux premiers jours sur le bateau qui me transporta en Systéria. Sans râler, sans grimacer, je mangeais.
Mes souvenirs d'Udossta se bousculèrent, laissant place au mépris de la Cité dans laquelle je vis présentement. Xas, je suis nostalgique et cette nostalgie durera à l'infini, tout comme le temps qui se dissipe. Une minute passe, une seconde minute m'attend. Un simple cycle perpétuel qui ne peut être arrêté et je suis sa victime. Je vieillis en étant immortelle. Cette idée me semble absurde, mais pourtant vraie, surtout dans ce monde où les hommes s'entretuent pour la lutte au pouvoir.
J'en suis exaspérée. L'enfance n'est pour moi qu'une enveloppe corporelle dans laquelle mon esprit adulte est enfermé pour me permettre de vivre plus longtemps. Les hommes viennent: "Que fais-tu seule", me disent-ils. Je leur réponds simplement: "Qui est-ce qui vous a dit que j'étais seule?" Ils posent cette question car ils me perçoivent comme une enfant, sans connaître ce don que je possède: la sagesse. Pourtant, s'ils posaient la question à un adulte assis seul à une table, il dirait oui, il confirmerait sa solitude et ce sans tenir compte de sa foi, de sa dévotion qu'il a envers une personne ou une divinité.
Jour après jour, je transporte mes souvenirs. Je ne suis pas seule. J'appréhende le jour où quelqu'un d'autre saura comprendre cette vision, sans même que j'aie à lui en parler.
Que le temps s'égraine à chacun des pas que je ferai.
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - February 20, 2009 at 1:56 AM
Depuis un moment déjà que je suis mal... D'abord, ce fut les vomissements alors que j'étais encore dans cette auberge miteuse. Après une simple pause où tout allait pour le mieux, une toux vint s'attaquer à moi, pauvre corps si faible. J'ai longtemps dormi. Mère s'est occupé de moi et elle m'a annoncé que j'étais maintenant une Mel'Viir. J'en étais charmée, je le suis encore d'ailleurs. Je ne peux me permettre de la décevoir. Chacun de mes faux pas sera perçu comme une torture pour moi. Viconia semblait s'être laissée envoûtée par cet énergumène qu'est Systéria, je ne tomberai pas dans ce piège si évident.
Je souffre encore, mais c'est la preuve que je survis. Je devrai bientôt reprendre les cours avec Monsieur M., j'ai pris un certain retard. Mère voulait passer plus de temps avec moi. Je sens qu'elle n'apprécie pas particulièrement le Diplomate. Est-ce parce qu'il est aussi ordinaire que les autres hommes que je côtoie depuis mon arrivée? Cette notion est encore nouvelle pour moi. J'imagine néanmoins qu'elle se fera un plaisir de m'enseigner l'art de la discussion. Pourquoi parler si tout ce qui sort de nos lèvres frôlent le ton de la stupidité? Je préfère penser, je préfère la spontanéité plutôt que les belles phrases qui paraissent sophistiquées pour épater la cour inexistante.
Le seul être divin qui se prononce intelligemment est Mère. Sa voix me berce, malgré sa dureté. Elle sait couper la langue par ses paroles recherchées. Je l'aime, je la vénère secrètement par ces écrits.
Je ne peux me permettre de démontrer mes sentiments, ce serait prouver que je suis faible. Pourtant, rien ne m'empêche de penser. N'est-ce pas là la raison d'exister?
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - February 24, 2009 at 6:32 PM
Je suis toujours étendue sur mon lit à l'hôpital Ste-Élisa. Les infirmiers vont et viennent pour me servir mes repas, me les desservir et vérifier si tout est en ordre. Je pourrai enfin sortir, demain.
J'ai eu la chance de discuter longuement avec Mère à propos de divers sujets lors de son dernier passage. Le plus intéressant était celui qui concernait les rumeurs en Basse-Ville. Le fait que je lui demandai davantage d'informations à ce sujet la fit sourire. L'explication que je voyais face à ces actes sordides commis était bien sûre de vouloir attirer l'attention afin de s'accomplir, de se prouver. Puisque les rumeurs circulent de bon train, ce démon doit sans doute être flatté d'avoir autant d'attention. Je partageai mon point de vue à Mère qui elle, opta plutôt pour la détresse psychologique de ces personnes. C'est d'ailleurs pourquoi elle me confirma qu'elle serait ces derniers jours en phase d'observation pour dans un avenir proche pouvoir les guider afin qu'ils œuvrent pour une cause juste.
Elle me raconta ensuite l'histoire de L'Ange Noir. C'était l'assassin le plus connu voire le plus célèbre de Systéria lorsqu'il était actif. Cette fois, c'était à des fins purement personnelles et glorieuses qu'il commettait ses actes. Il en oubliait sa servitude à l'égard du Prince des Ténèbres et agissait par égoïsme. D'ailleurs, son nom sombra aussi avec lui.
Mère commencera à m'enseigner. Le chemin des ombres est rempli de subtilités lesquelles me demanderont d'être éveillée et surtout, préparée.
La vie est une maladie mortelle, je n'ai et n'aurai qu'une seule chance.
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - March 1, 2009 at 8:21 PM
*Les pages s'ajoutèrent à un rythme plus ou moins prolongé. *
J'ai eu un entraînement strictement basé sur la télépathie avec Monsieur M. J'ai beaucoup progressé depuis notre dernière rencontre. Je maîtrise davantage mes émotions et mes impressions. Je suis sûre que Mère serait fière. Il a aussi abordé un sujet plus délicat, plus subtil que je ne pourrai exercer sauf en sa présence. Les bases de l'attaque mentale ne peuvent être un réel danger, je n'arriverais pas à blesser une simple poussières. Cependant, à long terme, je sens que son pouvoir peut-être une arme destructrice dont les conséquences ne peuvent être visibles. La concentration que cela exige me semble pour le moment surhumaine, mais je suis assurée qu'à long terme, je maîtriserai cet art si complexe.
Je suis sortie de Ste-Élisa. Mon état se porte bien mieux. J'ai repris mes sorties quotidiennes au Coin Chaud. D'ailleurs, la dernière fois que j'y suis allée, j'ai vu Madame Minh Yu attablée avec d'autres créatures sauvageonnes. Évidemment, je suis restée en retrait pour éviter d'attraper la rage. Il semblerait que cette maladie soit contagieuse et mortelle, probablement autant que la vie. Je pensais à Mère, à notre future discussion, à notre avenir à toutes les deux. Je pensais à ma cousine qui semble avoir quitté la Cité et je dois dire que je comprendrais son départ. Rien ne pourra remplacer Udossta, rien.
Sur ces quelques mots mélancoliques, je conclus.
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - March 7, 2009 at 12:06 AM
Que de changements...
Je me rendis au Manoir Minh Yu. Je cognai trois coups comme à l'habitude. Personne ne répondait. Mère arriva peu après. Elle me fit entrer et m'annonça qu'elle avait acheté un manoir dans le quartier de l'Ordre du Soleil. Mère monta bien vite dans la chambre que Madame Minh Yu lui avait offerte et commença à emballer ses effets. Pendant ce temps, je me questionnai à savoir si Monsieur Alak'nar, mon futur Père, allait vivre avec nous. En descendant, Madame la Marquise confirma ma pensée, mais soutint que Monsieur était fort occupé et par conséquent, passerait la majeure partie de son temps à son bureau. Nous sortîmes et allâmes vers notre nouvelle demeure.
En y posant le pied, la première chose qui me marqua était l'espace bien vaste de chacune des pièces. Je pris le temps de visiter chaque salle, chaque chambre. Le balcon attira mon attention. La vue était belle, l'air était frais mais doux. Mère vint me rejoindre et c'est ainsi que notre conversation enchaîna. Elle se fit un plaisir de me parler du quartier et des gens qui l'habitait. Sarälonde Balgor, directrice adjointe de Ste-Élisa guidée par sa paranoïa et ses peurs, Ascyla Syre, jeune égoïste vantarde extravagante. Je restai tout de même indifférente, malgré une lueur de curiosité qui perlait dans mon esprit assoiffé de comprendre cette race inconnue. Nous discutâmes ensuite de mon avenir et Mère m'annonça que nous passerions plus de temps ensemble afin de peaufiner mon éducation. Évidemment, la nouvelle me remplissait d'une joie que je laissai cachée.
Plus tard dans la journée, je rencontrai une jeune demi-sang, Nemia. Elle se fit un plaisir de m'ennuyer avec des questions impertinentes et sa voix de crécelle. Qui aurait cru qu'une elfe noire pouvait avoir l'air si enjouée. Cela s'explique sans doute par le fait qu'elle n'ait jamais connu Udossta. Bien vite, elle comprit que je me désintéressais d'elle.
Cette Cité est une foire.
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - March 14, 2009 at 4:30 AM
S'ajoute à ces tranches de vie une histoire de ma création.
Trois coups. Je demeure assise, concentrée sur mon écrit. Mes oreilles sont fermées. Quatre autres coups. La porte de bois tremble. Ma main bouge, des traces d'encre deviennent distinctes. Les coups se multiplient. Je n'entends rien. Il y a des cris. Je n'entends rien. La porte craque. Je reste insensible. Quelqu'un entre. Tout est silence. Tout est ralenti. Il lève le poing, il le rabaisse violemment. Son odeur chatouille mes narines. Machinalement, les coins de mes lèvres s'étirent; je souris. Sa douce peau rugueuse frôle la mienne, puis plus rien.
Cher Père,
C'est avec amour que je t'écris cette lettre. Les heures filent et moi, je me dissipe. En ce moment, mes sens m'indiquent que tu cries, que tu frappes. Je sais que tu essaies d'évacuer ta colère, je te connais, je suis ton oeuvre. Mes yeux aimeraient se remplir de larmes, mais le bassin est à sec, comme à chaque fois. Toujours tu m'as dit de ne pas pleurer. Je sais bien qu'à tous les soirs, lorsque tu revenais de la taverne en dégageant cette forte odeur d'alcool, toi, tu te permettais d'être faible. Tu aurais pu remplir des verres et les boire t'aurait revigorer. Je ne t'en veux pas. J'ai toujours su que j'étais plus forte que toi et tu as compris maintenant.
Ce bruit mât, n'est-ce pas Mère qui vient de s'écrouler? Je serais prête à parier ma minable existence que c'est le cas. Ne t'inquiète pas, papa. Tout ce sang, tu ne le gaspilleras pas. Tu le lècheras jusqu'à la dernière goutte et pris d'un quelconque délire, tu croiras ne faire qu'un avec ta défunte épouse. Tes fils pleurent, mais ils ne retiennent pas ton attention.
La colère qui t'habite te ronge. Tu n'es plus homme, tu es bête. Tes pas deviennent lourds, tes griffes acérées détruisent le plancher et tu montes les escaliers qui mènent à ma chambre. Tu sais que mon regard vitreux t'effraiera lorsque tu entreras. Ainsi, tu n'oses pas ouvrir. La créature en toi te pousse pourtant à le faire. Tu as encore tes inhibitions, tu te contentes de cogner. J'écris. Je m'apprête à arrêter et tu sais. Lorsque j'aurai terminer, tu surgiras dans ma chambre. Je savoure les derniers instants. Je laisse durer ta folie. Je me suis bien amusée.
Je te dis au revoir, Père. Une démone, voilà ce que je suis. Tu l'as su trop tard. Tu n'es qu'homme après tout, t'en vouloir serait ridicule et me rabaisserait à ton niveau.
Je t'aime.
Les yeux grand ouverts, je me promène parmi les cadavres. Le tapis d'os semble moelleux sous mes pieds sombres. Je vois des gens errer. De pauvres malheureux sur le bord de l'agonie qui attendent leur temps. Les lamentations résonnent à mes oreilles telles une douce symphonie macabre et mélancolique. J'en ressens une sorte de jouissance indescriptible. Je frissonne. Il neige. Mes orteils dénudées se laissent cajoler par les flocons blancs. Je n'apprécie pas ces caresses. Je me sens vivante et impuissante. J'élève ma main gauche au niveau de mon visage. De fines lignes semblent creusées dans ma peau. J'y glisse mon index, le vent souffle. Je suis transportée.
Je suis couverte d'une couche de graisse visqueuse. Je ne pleure pas. des doigts effleurent ma crinière inexistante. Un long fil épais lie mon ventre à celui d'une étrangère. Elle semble heureuse, j'en suis répugné. Souris tant que tu voudras, ma belle, mais lorsque le fruit de tes désirs te paraîtra enfin empoisonné, cette chanson que tu me berceras ne sera que la bise de ta mort.
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - March 24, 2009 at 7:06 PM
Les jours passent. Je m'instruis sur la stupidité de la société Systérienne. Des gens impertinents viennent m'imposer leurs questions tout aussi impertinentes et afin de ne pas sombrer dans leur propre jeu, je garde le silence en les dévisageant, signe d'une haine profonde envers ces individus. "Quel est ton nom, jeune fille?" me demandent-ils. Je ne réponds pas... J'ignore leur but en me demandant mon nom. Qu'en feront-ils... Nous deviendrons amis? Les amis sont inexistants. Ils sont tous égoïstes et hypocrites. Je préfère prendre soin de moi et de mon égocentrisme seulement, en plus de ma chère Mère, bien entendu. Puis ils se fâchent. Ils me pensent sourde, muette, stupide... Je dois dire que la situation est bien ironique, dans ces temps... Me traiter de stupide alors que mon intelligence est sans doute plus développée que la leur... Ils ne comprennent d'ailleurs pas que si je garde le silence, c'est pour être discrète et éviter que des gens idiots viennent me déranger pendant mon repas ou pendant mes observations. Une autre expérience cocasse... Un nain était assis à la table voisine. Il était habillé en pourpre, j'en déduis donc qu'il était de la confrérie. Pendant que j'attends mon repas, il me regarde, en tâchant d'être subtile. Évidemment, ce n'était pas le cas. Cette impression de se sentir observée est nettement sensible. Il délaisse son journal, il s'approche à petits pas de nain ingrat. Il tousse pour attirer mon attention. Je me tourne vers lui. "Êtes-vous aveugle, Mademoiselle?" sont ses mots lorsque sa bouche s'ouvrit. Je n'ai pas répondu. Le seul fait que je me sois tournée vers lui et que je le regardais dans les yeux apportait une réponse suffisante. Évidemment, même pour un pourpre, il me sembla aussi idiot que tous les autres.
À la maison, je parle parfois à Mère. Je me trouve même parfois trop loquace. Nous parlons de cette société dégradante dans laquelle je vis, et des individus qui la pollue. J'adore mes conversations réfléchies avec la Marquise Mel'Viir. J'espère que bientôt, elle aura d'autre temps à me consacrer.
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - April 3, 2009 at 6:15 PM
Le temps est long... Le temps est court... Le temps est indéfini.
Le temps est long lorsque nous n'avons aucun but à atteindre. Les gens errent ici et là en attendant la venue d'un être quelconque qui viendra mettre de la vie dans leur monotonie.
Le temps est court pour ceux qui sont déjà morts. Ils auraient voulu modifier des événements, changer leur vie, mais il est trop tard. Que Thaar ait pitié de leur âme.
Le temps est indéfini pour moi. Les Ilythiiris ont la chance de voir mourir les êtres qui les répugnent et d'apprendre bien plus que n'importe quel humain. Le temps n'a aucune valeur, sauf lorsque je m'approcherai de mon état d'agonie. Mon but à atteindre est simple: acquérir des connaissances et ce, sans relâche. Je les approfondirai, les peaufinerai, les spécifierai... Je serai une créature dotée d'une intelligence exploitée à son maximum. Certes, c'est une ambition assez complexe et probablement irrationnelle. Néanmoins, je peux m'en approcher et mettre de l'effort.
Je commencerai par m'ouvrir davantage sur la culture animale, soit le monde des humains. Celui-ci m'effraie, me répugne, mais je tâcherai de retenir ma profonde nausée. Il doit bien exister certaines exceptions, après tout. Je prendrai des notes sur mes observations quotidiennes et les partagerai avec Madame la Marquise. Après tout, n'est-ce pas elle qui serait la mieux placée afin de me conseiller? Pour les domaines touchant la science, Esmeral me semble assez professionnel pour répondre à mes observations. Il adopte d'ailleurs le rôle de tuteur pour mes apprentissages en alchimie. Sa compétence, il me l'a prouvée. Je passerai davantage de temps à la bibliothèque pour explorer les différents codex existants. Cela me sera sans doute utile dans le futur.
Enfin bref, le temps est parsemé de différentes phases. Je m'amuserai à voir la sénescence se produire sur ces pauvres corps sans âme.
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - April 18, 2009 at 4:24 AM
Tant de chose à exprimer, tant...
Au Manoir Mel'Viir, nous avons reçu une visite de qualité. Notre charmante voisine névrosée est venue afin d'examiner Mère. Celle-ci s'était blessée, par conséquent, le professionnalisme de ladite folle était requis. Étant très sensible aux émotions dégagées par divers, je percevais en elle un mélange de haine, d'ennui et de peur. Ses tentatives de se montrer polie en public étaient vaines. La petite demi-elfe me faisait presque pitié.
J'ai pu échanger des paroles avec notre nouveau résident temporaire, soit Galius. Jamais je n'aurais cru qu'un humain pouvait être si intéressant lorsque le sujet des valeurs est abordé. Certes, notre vision des événements est divergente. Néanmoins, récolter le plus de points de vue afin de se fonder un jugement relativement valide et pertinent demeure un but personnel.
Je ne sors plus en ville. Mère m'a avertie, celle-ci est polluée de diverses créatures démoniaques qui se nourrissent de la crainte et la colère des gens. Je parcours tout de même le quartier de l'ordre, visitant les bâtisses voisines. À la bibliothèque, j'ai eu la chance de tomber sur des livres de médecine. Le vocabulaire était relativement simple et les différentes techniques de base étaient bien expliquées. Ainsi, je me familiarise avec d'autres champs, sans pour autant vouloir exercer. Je ne souhaite qu'acquérir de vastes connaissances générales dans le but de découvrir cette culture qui m'est étrangère, même si dans le fond, la connaître me répugne.
J'écris, je travaille, je peaufine... J'arriverai à quelque chose. Mère m'accorde une confiance quasi entière, il en va de même pour moi.
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - April 29, 2009 at 10:55 PM
*La calligraphie avec laquelle était rédigée son journal arborait des formes allongées et minces. Cette fois, le papier gardait sa belle couleur initiale, une blancheur immaculée. *
Les événements deviennent de plus en plus intéressants.
Je m'étais installée au coin chaud après une discussion avec Madame la Marquise. Nous avions discuté de mon avenir, de mes intérêts. J'étais fin prête à demander un entretien avec le Comte Glâdenuc pour discuter de ma possibilité d'admission au sein de l'Académie Pourpre. Ainsi, je sortai parchemin et encrier avec une plume au bout fin et je commençai ma rédaction. C'est alors qu'il fit son entrée.
Un vieux gnome au chapeau pointu se fit alors saluer. Je chiffonai mon papier, il m'était maintenant inutile. Je lui désignai la chaise pour que nous puissions échanger de façon plus confortable. Il me demanda de lui partager mes connaissances. Je lui fis donc part de mon intérêt pour la télépathie et nouvellement pour l'alchimie. Je lui parlai de mes cours avec Monsieur le diplomate et Monsieur Esmeral pour les deux disciplines. Il se montra fort intéressé par ma candidature, même lorsque cet immonde barbare vint s'interposer sans délicatesse. Il prit plaisir à me rabaisser, sans doute pour se remonter. Néanmoins, je tâchai de garder mon calme tout en lui partageant poliement mon point de vue que je savais qu'il n'adopterait jamais.
Le Comte me pria alors de le suivre. Il me présenta vaguement le campus de l'Académie avant de me conduire dans une salle où le sol était boueux. C'est à ce moment qu'il me demanda une démonstration de mes acquis psychiques. Il se montra fort satisfait, et c'est alors que je dus prêter serment, ce qui venait confirmer mon admission.
Me voilà donc officiellement Pourpre. Je continuerai à suivre mes cours et prendrai le temps d'explorer les environs de l'Académie avant de rédiger ma lettre de motivation qui pourtant, est déjà bien claire. Mère ne connaissait que mon potentiel et mon engouement pour ladite Guilde. Maintenant, j'ai au moins ma confirmation.
Mère, mon guide, sera fière de moi. Je sais qu'elle avait plusieurs attentes qui me concernaient, dont celle-ci. Ce n'est qu'un pas vers mon accomplissement, et vers le destin que Madame me réserve. Je ne compte pas échouer, ce serait lamentable. Chaque jour, je prie pour qu'elle me protège et mon offrande sera mon être entier.
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - May 8, 2009 at 8:44 PM
Les événements se bousculent, où donner de la tête?
Mon intégration au sein de la Confrérie fut plutôt rapide. Ma lettre de motivation fut rédigée après que j'aie exploré l'Académie et ces bouquins. Je me trouvai un maître, quoi que ce terme est un plutôt fort pour la façon dont je le considère, lui envoyai une lettre, et voilà que je devins apprentie. Les deux champs que je privilégie sont bien entendu l'alchimie et la télépathie. Par conséquent, les idées se bousculaient à un point tel que j'avais les idées nécessaires pour débuter ma thèse. C'est alors que j'entrepris la rédaction, bien assise dans le calme du coin chaud. La porte s'ouvrit, je sentis un courant d'air. Le diplomate Morvan venait de faire son entrée. Par respect, je me levai et le saluai, puis l'invitai à prendre place à table afin qu'il puisse lire le commencement de ma vulgarisation. Il entama sa lecture, semblant fort intéressé. Lorsqu'il termina, son visage changea de forme. Il avait l'air sérieux et grave. C'est alors qu'il commença à me dire qu'il ne voulait pas que ma thèse contienne trop d'informations au propos de la télépathie. Il ne voulait pas que trop de gens ne s'y intéresse davantage. Son attitude me sembla louche, de même que ses motifs qui le poussaient à vouloir restreindre les informations que je partagerais au nom de la connaissance. Il alla même à me faire du chantage. Sa seule excuse fut: La confrérie peut abriter de nombreux ennemis, il ne faudrait pas que ces textes tombent entre de mauvaises mains. Il laissa sous-entendre que la télépathie au sein de l'Empire était un domaine très utile. J'ai pensé à des pratiques douteuses, mais qu'en sais-je vraiment? Après ses mises en garde, il partit. Je racontai notre entretien à mon second professeur, Esmeral.
Une fête impériale, rien de plus banal pour souligner un échec évident. Irai-je? La réponse est définitivement non. Afin de donner l'illusion que je m'intéresse ne serait-ce qu'un peu aux événements "Grandioses" de cette Cité, je montrai ma bonne foi en demandant à Galius de me résumer la "splendide", pour ne pas dire horrible, fête montée par notre voisine névrosée. Quel résultat cela donnera-t-il que de s'abrutir en demeurant avec des gens psychologiquement atteints? Je continuai à lui parler. Malgré sa naïveté, c'est un homme qui sait me divertir. Il me parla de sa douce flamme, Claire, dont le nom m'échappe. Il me sembla si amoureux, si pittoyable, que ça en était beau à voir.
Je n'ai pas pu voir Madame la Marquise. Elle ignore mes nouveaux acquis. Néanmoins, je suis consciente que c'est une femme très occupée. Je tâcherai de me montrer patiente et indulgente.
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - May 15, 2009 at 5:09 PM
*Quelques pages s'ajoutaient à son cahier personnel. Après chaque utilisation, elle le cachait soigneusement dans un lieu inconnu de tous. *
Les jours se succèdent. L'un décède, l'autre naît. La routine se perpétue. J'étais au coin chaud, attablée avec Madame la Marquise et son esclave de mercenaire. Ils parlaient, je n'écoutais pas. Je bousculais mon morceau de viande avec les pointes de ma fourchette et j'anticipais de quel côté il tomberait malgré sa structure diforme. Un elfe noir entra. Il paraissait jeune et ses traits, quoique familiers, demeuraient inconnus. Sans un mot, il prit une place à ma gauche. Son impolitesse me frappa radicalement. Mère ne fit rien pour l'en empêcher et elle ne sembla pas agacée pour autant. Je tâchai d'en faire ainsi, même si la curiosité, sentiment que j'essaie de dissimuler le plus souvent possible, prenait le dessus. Je l'examinai. Il était jeune, mais son visage paraîssait intelligent. Malgré sa flagrante arrogance, je lui trouvais quelque chose d'attirant, dans l'optique tout à fait intellectuel. C'est alors que la question cruciale sortit: " Qui es-tu?" Je n'y croyais donc pas... Le jeune fils de Madame la Marquise Mel'Viir était devant mes yeux. Je ressentis un mélange d'admiration et de haine à son égard. Ses mauvaises manies dignes d'Udossta me répugnaient, du fait que nous étions maintenant dans une Cité humaine et qu'il fallait adopter leurs coutumes pour intégrer leur habitus. Il jouait bien mal son rôle, par conséquent. Certes, je m'ennuie d'Udossta. Cependant, si j'avais voulu imprégner la Cité Systérienne des pratiques de mes origines, je n'en serais pas vivante. Nos manières, faits et gestes, doivent demeurer secrets...
Mère me parla en retrait, dans la journée qui suivit. Elle ne tolèrerait pas les enfantillages du côté des deux partis. Je lui affirmai qu'elle n'aurait pas à s'inquiéter, que la surprise m'avait simplement ébranlée. Néanmoins, elle m'apporta quelques spécifications quant au comportement des mâles.
Ainsi, j'ai donc un grand frère, mais à quel prix? J'espère simplement qu'il ne représentera pas une nuisance pour moi, mais bien une source de motivation.
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - June 10, 2009 at 12:46 AM
Plus rien ne va... Mais est-ce que quelque chose allait réellement?
Ma santé se détériore. Je garde le silence. Le serpent qui m'avait mordu a fait une victime. Mon pied enfle, une forte toux m'accable. Je ne peux plus marcher, la douleur est intolérable. Je ne veux pas déranger Mère, elle est bien occupée, surtout avec cette nouvelle réforme. Mon lit sera peut-être mon lit de mort. Je tâche de trouver remède avec le peu d'ingrédients à ma disposition. J'ai des sueurs froides. Me concentrer est une activité plutôt compliquée. Je ne m'appitoie pas sur mon sort. Si j'ai à mourir, je mourrai. Néanmoins, il semble que quelqu'un devra me transporter à Ste-Élisa, ou qui sait, peut-être est-ce que ce sera Esmeral? Je me contente de cette dernière lettre avant d'aller dormir. Écrire à la confrérie pourpre? Impossible pour le moment. Qui irait porter ma misérable lettre?
C'est ainsi que je te dis bonne nuit, journal. La Mère Noire veille sur moi, je le sais, je la sens.
Bel'labress
Ceux ayant accès au Manoir Mel'Viir peuvent écrire.
Post by Bel'labress Mel'Viir - June 10, 2009 at 10:32 PM
J'étais assise à mon bureau dans ma chambre. Trois pommes, côte à côte, prenaient sagement place sans bouger. Alors que je prenais de simples notes plutôt insignifiantes, la toux et la fatigue me prirent en même temps. Je me levai précipitamment, prenant appui sur mon pied blessé, et je tombai. De justesse, je réussis à m'agripper à mon lit et à me hisser dessus. Je regardai le plafond, souffrante. C'est alors que j'aperçus Mère, qui jusqu'à maintenant ignorait mon état.
Je l'avais dérangée... J'avais honte. J'aurais préféré mourir sur ce lit plutôt que de l'inquiéter. Elle examina mon pied boursoufflé qui arborait une étrange couleur noirâtre, ainsi que les deux trous qui optaient plutôt pour un ton blanc. Jusqu'à la moitié de mon tibia, l'infection s'était propagée. Elle toucha mon front fiévreux. Un humain aurait eu pitié de me voir ainsi, mais loin de moi l'idée de jouer les victimes, de jouer la faible. Elle sortit une fiole qui empestait l'ail à plein nez. Lorsqu'elle versa une partie du contenu sur la plaie, la douleur me prit. Puis elle étendu le liquide sur toute ma jambe, provoquant d'atroces élancements. Elle me fit boire le reste. Elle me fit part qu'elle comptait avertir notre voisine névrosée qui, malgré son pitoyable état mental, est devenue Ambassadrice. Je ne pouvais contester ce qu'elle disait. Après tout, elle aspirait à de grandes choses pour moi. Mourir réduirait ses efforts à néant. Après quelques mots, elle me laissa tranquille, sortant de ma chambre.
J'étais seule dans mon agonie temporaire. Je ne pouvais trouver sommeil. Je suis rendue incapable de rien pour le moment, sinon écrire. Je ne compte pas faire parler de ce qui m'arrive. Je me contente d'être discrète.
Je serai guérie. Le temps? Indéterminé. Je sais que la Mère Noire veille sur moi, et pour ça usstan ssinssrigg ilta.
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - June 30, 2009 at 5:16 AM
Les choses reprennent leur tournure, ou presque.
Je me suis remis de mon infection. J'ai repris le travail à la Confrérie, en commençant par jouer les scribes en retranscrivant certains ouvrages. Par la suite, je passai beaucoup de temps dans la chambre à Mère, à mettre de l'ordre dans mes pensées par des périodes de méditation accompagnées de séances de boule de cristal. Cette dernière a évoqué en moi une idée. Je me mis à passer plus de temps, étudiant chacune des facettes, passant certaines nuits debout pour cause d'insomnie et de vouloir à tout prix prendre des notes. Ayant assez d'informations en ma possession, je me mis à écrire cet ouvrage que j'eus tôt fait d'envoyer au Comte Glâdenuc.
Plusieurs analyses de sang sont demandées afin de déceler la nécromancie. Je doute que celles-ci seront efficaces, la nécromancie n'est pas dans les gènes d'un individu ni dans son sang, mais contrôle l'âme. Mon "maître" désengagé, Monsieur Emrys, voulait sans doute me superviser pour cette tâche qui n'aura pas lieu. Je suis heureuse de ne pas œuvrer avec lui, après tout, depuis mon entrée je ne travaille que seule, et je ne peux cacher que la tournure des choses me satisfait grandement.
Les seuls alchimistes qui m'apporteront une aide certaine seront madame Minh Yu ou Esmeral. D'ailleurs, je ne peux faire confiance à quiconque autres que ces individus et Madame la Marquise. Je leur dois toute ma dévotion, de même qu'à la Mère Noire.
Que de reconnaissance pour ces individus si chers à mes yeux.
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - July 1, 2009 at 4:07 AM
Une rencontre inutile, une perte de confiance.
Une rencontre avec Monsieur Emrys, mon supérieur désengagé pour cause d'occupation, fut totalement inutile, et le restera peu importe la future raison qui nous poussera à nous rencontrer. Il entra, et se mit à lancer diverses insultes injustifiées à mon égard, moi qui étais tout à fait ponctuelle et qui n'attendais que sa venue. Lorsqu'il prononça enfin mon nom, malgré le fait que je lui demandai qui il cherchait (mais évidemment, il ne pu entendre de ses sales oreilles humaines contaminées par les paroles de gens plus inintéressants les-uns que les autres), je ne pus que me lever pour réfuter ses paroles lancées sans aucun fondement. Après tout, jamais il n'avait pris la chance de rencontrer sa nouvelle apprentie laissée à elle-même, maintenant, elle ne s'en plaind pas. Il m'interpella pour en revenir à l'analyse sanguine qui était bien entendu inutile puisqu'aucune des races ne pouvait être contaminée par le sang d'un démon. Il soutint qu'une analyse sanguine pour déceler la nécromancie était nécessaire, mais étant plus brillante que lui, je lui expliquai que la nécromancie ne pouvait contaminer le sang d'un individu. Par conséquent, il ne se résigna pas. Il insista pour observer mes méthodes, chose qui n'arrivera certainement pas en sa présence que je considère comme un fardeau.
Tout cela pour dire que je ne compte pas interagir à nouveau avec cet ignoble individu qui manque d'intelligence. Je compte faire une demande afin que Monsieur Mirano se charge désormais de mon cas, quoiqu'en y pensant, je songe à la solitude bienfaisante à laquelle j'aspire. Je crois simplement que je continuerai à faire mes recherches seule, et peut-être que je tâcherai de convenir d'un entretien avec Madame Minh Yu pour travailler au laboratoire. Dans tous les cas, Esmeral est et ne sera que mon unique mentor.
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - July 10, 2009 at 7:28 PM
Ça y est, j’ai quitté l’archipel systérien. Le vieil ivrogne ignare a accepté de me conduire jusqu’aux berges d’Udossta. Je ne compte pas m’y éterniser. Je ne dois tuer que 8 personnes et les envoyer à la Vierge des Douleurs qui saura les punir pour leur manque de vigilance et leur mensonge mal dissimulé. Je connais la vérité, mais au final, ma famille survivra par mon sang et ma chair. Je prendrai le temps qu’il me faudra pour en venir à bout, l’important est d’éradiquer ces créatures honteuses.
J’ai discuté avec la Marquise, la veille de mon départ. Celle-ci, toujours de bons conseils, n’a pu que me guider et m’offrir une préparation avant la grande tuerie, ou plutôt la grande libération. Je ne compte pas me dévoiler. La discrétion a bien meilleur goût. Je ferai faire une partie du travail par quelqu’un d’autre, mais la matrone sera mienne. Je l’endormirai violemment, avant de lui transpercer la cage thoracique d’une dague. Puis sur chacune de ses joues, le symbole de la Mère noire et du Prince. Je compte me la réserver lorsque les 7 autres impudents seront morts.
Ma motivation n’est certainement pas la vengeance. Je ne veux que prouver leur incapacité à accomplir un travail plutôt simple. Ils étaient 8 contre 6, je serai seule contre eux. J’y arriverai. Le doute n’existe plus.
Je continuerai à écrire. Ce sera mon trophée.
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - July 14, 2009 at 12:43 AM
Les jours ont passé. J’ai à peine mangé. Je mène, depuis mon arrivée, une vie vagabonde destinée à la survie. Je passai des nuits, des journées entières à marcher à l’abri des gens, des regards. Certes, lorsque le soleil daignait se montrer, les ruelles étaient devenues calmes et dégarnies.
En poursuivant mon chemin, je tombai sur un regroupement de mâles qui discutaient, ou plutôt, se plaignaient du fait qu’une certaine matrone prenait trop d’expansion. Il semblait, par une chance inouïe, que nous avions une ennemie commune. Je réussis, tout en demeurant dans l’ombre de ma cachette, à établir un lien télépathique avec cinq de ces êtres hideux et hypocrites. Je leur communiquai cette histoire qui était mienne, en manipulant leurs émotions afin d’éviter qu’ils ne s’affolent. Évidemment, l’échec de la famille Zreta’Myzrr était inacceptable pour n’importe quel elfe noir qui respectait ses origines. Je réussis à attiser leur colère. Je doutais de la capacité de ce groupe, néanmoins, ils semblaient motivés et déterminés à les tuer tous.
Le soir venu, je me dissimulai près de la maison de la famille impudente qui daignait encore se montrer et vivre comme si aucune erreur n’avait jamais été commise. Un à un, ils commencèrent à sortir pour se diriger vers leur lieu de culte. Avec soin, je visualisai la maison, allant même jusqu’à y transporter mon esprit. Un enfant, un bébé, reposait sagement dans un berceau. À l’entrée, deux femmes parlaient, sans doute les filles de la matrone. Je demeurai longtemps cachée. Je trouvai même sommeil un moment. En entendant des bruits de pas, alertée, je me levai. À l’entrée, un jeune mâle, seul, assis dans les escaliers. Avec rage, je l’endormis brutalement, sa tête heurta en un bruit sourd une marche. Puis rapidement, je m’approchai, regardant autour pour être sûre de n’être vue par quiconque. Je sortis une dague. Il eut à peine le temps de palpiter des cils que celle-ci était plantée dans son abdomen. Dans un mouvement précis, sur une joue le Prince Noir, sur l’autre la Vierge des Douleurs. Tel un bandit, je quittai l’endroit. Évidemment, je reviendrai.
Bel’labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - July 16, 2009 at 11:50 PM
Amalgame d’émotions, que me réserve mon avenir?
J’ai rencontré un mâle qui marchait non loin de la ruelle. Accroupie dans mon coin, je reconnu bien vite son visage. Je bondis sur mes deux pieds, l’interpellant par son prénom afin d’attirer son attention. Violemment, je l’agrippai par le manteau avant de l’entraîner dans la ruelle. Surpris, il n’eut d’autre choix que de me suivre. Rapidement, il me reconnu. Ses premières paroles me laissèrent indifférentes, évidemment, il me croyait morte. Étrangement, il m’embrassa. Je demeurai stupéfaite. De telles marques d’affection chez les elfes noirs étaient plutôt rares, voire inexistantes. Par après, il reprit un air grave, comprenant ce qu’amenait ma venue et la coïncidence avec la mort plutôt suspecte de l’ilythiiri. Nous discutâmes, tranquilles, sur la suite des événements. Il me proposa son aide pour punir cette faute impardonnable, puis me demanda de le suivre. J’acceptai.
Assise autour d’une table, la famille Aerxel’ partageait un repas copieux avec une intruse comme invitée. Les discussions étaient basées sur la famille concernée par ladite faute. Haine et déception étaient au rendez-vous. La matrone semblait peu heureuse devant l’incompétence commise par sa sœur de race. Ainsi, elle donna son approbation pour que la famille puisse m’aider à éradiquer lesdites gens. Elle me proposa de dormir sous son toit, humblement, je refusai. La pitié et la compassion ne sont pas des valeurs que je chéris particulièrement.
Je retournai dans ma ruelle crasseuse. Je m’assis sur le bord d’un bâtiment, puis je pris le temps d’écrire. La progression évolue positivement, bientôt, l’attaque sera lancée et de mes mains je tuerai cette pourriture.
Bel’labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - July 22, 2009 at 12:38 AM
Le sang a coulé, me voilà rassasiée.
Nous avons lancé l’attaque de jour. Tous les concernés s’étaient réunis au lieu donné avant de se déplacer en groupe vers la porte de la maison. J’étais loin derrière, je ne les accompagnais que spirituellement. Je ne comptais pas m’immiscer bien tôt dans la tuerie, mon temps viendrait, certes, mais pas tout de suite. Je regardai donc les gens se ruer à l’intérieur. Certains tranchaient des gorges, d’autres des abdomens. Des mâles prenaient plaisir à torturer, plantant leur dague dans l’orbite de ces gens qui n’inspiraient aucune pitié. Je m’infiltrai à travers la parade, me dirigeant avec souplesse dans la chambre du nouveau-né. Bien vite, ma haine s’accru, de même que mon profond dégoût que je tâchais en vain de dissimuler. Bébé se mit à pleurer et à crier pour enfin laisser place à un toussotement étouffé, puis au silence morbide. Dans l’autre pièce, des cris gutturaux noyés dans le sang, des bruits de chaises renversées, la mort sentait à plein nez. Je pris le temps d’examiner les lieux à la recherche de la matrone. Celle-ci s’était bien sûr dirigée vers le remue-ménage, par conséquent, je vins à sa rencontre. Lorsque son regard se posa sur moi, elle devint blême, horrifiée, comme si j’étais un être fantomatique. Elle éleva sa dague, puis elle murmura : « Neitar dos orn ehmtun ussta khel. » Ensuite, je la vis morte, étendue de son long corps filiforme et inerte qui coulait rouge. Je m’approchai, puis me penchai, et je pris sa dague pour lui graver deux symboles sur ses deux joues vides. Je sortis ensuite, telle une voleuse, pendant que certains mâles ingrats pillaient la demeure.
Je me dirigeai au port, un bateau m’attendait, un matelot près à naviguer aussi. J’embarquai rapidement, toujours sans être vue ni suivie par quiconque passerait. Nous partîmes.
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - September 7, 2009 at 7:58 PM
Je t'ai délaissé, mais à quel prix?
Le temps a passé, je me suis faite de plus en plus discrète. Cela n'a ennuyé personne, tous sont restés indifférents. Je m'y attendais, et je n'en suis aucunement insultée. Je n'aurais pas voulu manquer à des gens stupides et inconscients.
J'avais loué chambre dans une auberge. Je mangeais des repas, j'écrivais sur tout et sur rien, sur ce que je voyais et ne voyais pas. Je me suis promenée dehors, que lorsqu'il pleuvait et que le soleil était caché derrière la lune. Ainsi, je me promenais au grand froid, mais je ne souffrais pas. Je faisais de longues promenades, et alors que je marchais parfois sans m'en rendre compte, mon esprit volait à travers mes souvenirs.
Udossta me manque et me manquera toujours. Cet ennui ne changera jamais. J'ai cependant décidé de mener une vie à Systéria, et je me dois de l'assumer.
À mon retour, je décidai de quitter la Confrérie pour cause de gens que je jugeais indésirables. Certes, ma décision ne reposait pas que sur ce critère, mais aussi sur mes intérêts qui changeaient.
J'écrivis à Monsieur Stornaar afin de lui partager que je souhaitais désormais intégrer les mercenaires à titre de bureaucrate. Évidemment, celui-ci ne tarda pas à me réécrire, signifiant que sous peu, ma demande serait permise. Une chose en plus était alors réglée.
Je n'en dirai pas davantage, confident, mais je sens un vent de renouveau en ce qui me concerne. Le temps me le dira.
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - September 18, 2009 at 9:42 PM
Le travail a commencé.
J'ai étoffé la plupart des dossiers dans le but de faire du ménage. La lecture me fascine, et en voyant tant de modèles, je sens que j'apprends. Certes, certains doutent de moi à cause de mon bas âge, ou encore de ma race qui est, malgré ce que certains veulent faire croire, encore mal vue. Néanmoins, je me concentre sur ce que j'ai à faire, le reste n'est que superficiel, voire même poussière.
Je marche, je travaille dans les dossiers, et je pense, chose très rare chez les mercenaires. Il y aura toujours des exceptions à la règle, mais n'en reste que le but principal est de monter dans la hiérarchie. Certains utilisent leurs bras, d'autres leur tête, et d'autres leurs intérêts. Je ne cours pas après le pouvoir. Je fais ce que j'ai à faire. J'ai encore toute une vie devant moi pour arriver à mes fins. Être elfe noire est un privilège et l'on ne gaspille pas un tel cadeau.
Le temps passe. Ma perception de Systéria est toujours aussi mauvaise. J'imagine que rien ne changera. Les gens sont ce qu'ils sont, imbus d'eux-mêmes, désagréables, et avares de pouvoir et de richesses.
Je dois avouer une chose. Je suis moi-même avare; de sagesse et d'intelligence. Plus j'apprends, plus je suis satisfaite de ma personne. Égoïste? un tantinet.
Je garde en tête que je dois satisfaire Mère dans mes actions, et la Vierge des Douleurs qui m'a donné ce don.
La nuit tombe, en Udossta, ce serait l'heure de mon lever, mais ce n'est plus le cas. Je prendrai le temps de m'assoupir, de me reposer, et de me noyer dans le néant.
Bel'labress
Post by Bel'labress Mel'Viir - November 10, 2009 at 6:04 AM
Pages poussiéreuses et jaunies par le temps, toujours êtes vous ouvertes à mes pensées.
J'ai fait voeu d'éternel silence. Le plus douloureux fut de transpercer de bord en bord la lèvre supérieure afin de commencer ma toute première couture. Je crois que pendant un temps, mon corps ne pu tolérer cette sensation. À mon réveil, en criant pour la dernière fois de mon existence, j'achevai mon oeuvre sanglante. Cela prendra un moment, mais les plaies cicatriseront. Je prends bien soin d'appliquer une paumade, évitant ainsi un désagrément qui pourrait être causé par une infection quelconque.
Dans chaque parole, une bêtise. Voilà ce qui motiva ma décision. Par ailleurs, mes pensées seront libres d'avoir le dessus, et penser est forme de sagesse. Je me mettrai davantage à l'écriture. C'est, à ce que l'on dit, la forme savante de la parole. Peu de gens savent écrire en ces contrées illétrées, vaut mieux entretenir ce don pour se rapprocher toujours de la perfection, cet ultime défaut à atteindre pour n'importe quel homme ignare et insouciant.
Je compte possiblement m'entretenir avec la Marquise, si ma présence ne l'importune. Faut-il que je m'attende à un rejeton braillard d'ici quelques mois; une horrible innocence nauséabonde qui sentira la bonté et reflètera l'amour inexistant entre deux gens. La situation n'est pas à son paroxysme actuellement, vaut mieux en profiter.
Cher journal, que tes pages vieillissent avec moi, que je t'emporte quand les feuilles tomberont.
Bel'labress