L’homme qui courrait
Post by Anar Al Kazar, AdM - February 6, 2009 at 2:42 AM
L'homme qui courait
*Un bruissement de feuille, un craquement de branche, un son de pas non loin, l’angoisse sur le visage d’un homme dans la nuit… Un homme qui courrait pour échapper à son funeste destin, haletant comme un chien. Il fuyait quelque chose de terrible, une ombre qui le suivait sans relâche, une ombre terrifiante et rapide qui ne semblait jamais se fatiguer contrairement à lui. Dans sa tête tout se bousculait, qu’était cette chose qui le poursuivait ainsi, et pourquoi elle le faisait? Il devait constamment courir et courir sans s’arrêter sinon elle le rattraperait et qui sait ce qu’elle pourrait lui faire ? L’homme espérait lui échapper à la longue, après tout il était dans le labyrinthe du château de Systeria, il le connaissait par cœur sous toutes les coutures. Chaque pouce d’herbe, chaque haie, il les connaissait. Il misait donc sur cet atout pour échapper à la terrible créature qui avait décidé de le tuer, du moins c’est ce qu’il croyait. Il prit une pause pour ses repères, il ne devait pas se perdre. Il regarda autour de lui, le silence de la nuit rendait son décor des plus angoissants mais plus aucun bruissement de feuille, de craquement de branche, de bruit de pas... Il soupira de soulagement et prit le chemin du château afin de pouvoir se mettre à l’abri parmi la horde de serviteurs et des gardes mais alors qu’il empruntait le chemin du petit pont menant de l’autre côté du labyrinthe dans la première partie, il stoppa net. La sueur perlait sur son front, une sueur froide. Dans l’ombre la plus parfaite qui soit, l’être qui le poursuivait sortit devant lui. Il tenta de reculer mais se heurta à un mur. Il aurait bien crié mais sa gorge se nouait de peur. L’ombre s’avança vers lui, lentement. *
-**N’approche pas démon! **
S’écria l’homme dans un ultime effort mais l’ombre ne cessa point.
-Ou sinon quoi?
Rigola l’être sombre.
-**Je… Je vais appeler la garde! **
Mais l’ombre ne cessa point.
-Pas si je te tue avant, cher Wallace…
Jusqu’à ce moment là, l’homme croyait avoir une chance de s’en tirer indemne, il espérait que cette créature le laisserait tranquille s’il invoquait la garde impériale mais ses espoirs furent vains quand elle s’approcha de lui encore et encore tel un étau. Son poursuivant s’arrêta enfin, à 2 mètres de lui, il pouvait enfin distinguer la forme de son attaquant. Sous les vêtements d’assassin, il en était sûr, ce n’étais pas un monstre ni un homme, mais bien une femme ! Alors l’homme soupira de soulagement, même qu’il en souriait.
-**Une femme… tu es une femme… Oui j’ai bien cru mon heure arrivée, tu t’es bien joué de moi sale catin ! **
Prit d’un regain de courage, Wallace se précipita sur ce qui semblait être une faible femme jouant la comédie. Poing serrés il espérait pouvoir la frapper suffisamment fort pour l’assommer voir même la tuer. Il frappa de toutes ses forces d’une gauche bien placée croyant l’avoir eu jusqu'à ce que l’ombre esquisse avec agilité sur la droite et lui assène un puissant coup de poing au ventre. L’impact avait été puissant, il en était plié en deux.
-Tu… as des gants de fer... arr….. c’est d’la triche…. Arr!
-**Comme il est vilain le jardinier… Attaquer une faible femme dans la nuit… Il devrait avoir honte. **
-Attends que je me redresse, tu vas y goûter!
*Non seulement l’être avait des gants en métal, mais elle le refrappa de nouveau, avec ce qui semblait être une botte au bout de fer. Le jardiner était scié en deux, gémissant de douleur. *
-Maintenant tu vas te tenir tranquille ou je te fracture chacun de tes petits membres de sorte à ce que tu ne pourras plus jamais… bouger…
-Mais qu’est-ce que tu me veux par les dieux!!?? Pourquoi me poursuivre??!!
*La femme attrapa Wallace par les cheveux lui qui gémissait de plus belle. Sans doute avait-t-il une côte cassée suite au coup violent. Elle le redressa contre le mur de brique gris du château. Son regard était mêlé de haine et de peur. L’ombre se recula quelque peu et s’accroupit devant lui tout en sortant de derrière son dos une arbalète tout aussi noire qu’elle, armée d’une flèche de fer. *
-Cette arbalète est unique, tu sais pourquoi? Parce qu’elle est la plus puissante arme de jet de cette île. Un seul de ses carreaux t’arrache une main aussi violemment qu’un dragon, ou peut te fendre le crâne de bord en bord aussi rapidement et facilement d’une brique de beurre. C’est à ta guise. Et le plus beau dans tout ça, mon ami, c’est que l’un de ces carreaux t’est destiné.
-Tu n’es qu’une folle! Une folle je dis!
-Mais n’ai pas peur, je ne l’utiliserai pas contre toi si tu coopères. Non non je serai gentille et douce. Tu n’as qu’à répondre à chaque question que je te poserai et tout ira bien. Mais si tu tente de jouer avec mes nefs, c’est en petit morceau un peu partout en ville qu’on te retrouvera et crois moi, je ne plaisante absolument pas.
*Wallace prit un moment de recul, analysant les menaces et la situation. Visiblement il n’aurait pas intérêt à mentir ou à se moquer d’elle. Il regarda autour essayant de trouver une porte de sortie mais en vain. De toute façon, même s’il lui échappait ce soir là, elle reviendrait sans doute le soir suivant, et l’autre et l’autre après jusqu'à s’impatienter et à venir même en plein jour. Non, comme elle maîtrisait les ombres, se disait-il, valait mieux l’écouter et être honnête pour une fois dans sa vie. *
-Très bien je vais parler… Je n’ai pas le choix je suppose….
-Non pas vraiment.
-Dans ce cas je vais coopérer...
-Un excellent choix Wallace, un excellent choix.
-Que me veux-tu alors?
-**Vois-tu, je t’observe depuis très longtemps au travail, ces derniers temps tu sembles négliger de plus en plus ton jardin et le labyrinthe, sérieusement c’est laid et ça empeste. Alors mon ami, qu’est-ce qui se passe dans ta vie? Tu es agressif envers tout le monde et tu es négligé, je parierais que ça fait des mois que tu ne t’es pas lavé, hein… avoue. Tu es d’un pathétique rare. **
L’homme serra les dents suite aux insultes que son agresseur lui portait. Il aurait bien voulu lui en mettre une sur le nez mais sa côte cassée lui faisait horriblement mal. Il cracha au sol un peu de sang, visiblement il aurait besoin de soins.
-**Tu ne sais rien de moi, tu ne sais rien du tout. **
-**J’en sais suffisamment pour te faire enfermer en prison impériale. Alors répond a mes questions ou tu te feras manger par les rats de la basse. **
-Très bien, d’accord!! Mais pointe ton arbalète autre part!
L’ombre détourna son arme vers le vide, le jardinier quand à lui avait décidé de choisir la prison plutôt que la mort. Il raconta à son agresseur la raison de ce changement de comportement, son récit dura plusieurs minutes.
-Je venais de perdre ma femme quand je tombais gravement malade de chagrin, ma vie était devenu insupportable et ma fille me détestait et m’en voulait pour ne pas avoir pu sauver sa mère. Elle fut violée et tuée sauvagement en basse ville alors qu’elle revenait de chez son frère cadet, c’était il y a environ 7 mois… Mon chagrin était tel que je ne pouvais plus marcher sans tomber impuissant au sol. Un homme est venu me voir une nuit alors que je tentais d’oublier ma vie, à la rose cendrée. Il s’est assit prêt de moi et m’a dit qu’il pourrait calmer mon cœur. Il avait un excellent moyen de me redonner le goût de vivre. L’homme était vraiment sombre, même moi je ressentais l’aura maléfique qu’il dégageait. On aurait dit un démon, ou un mage maléfique, je ne sais pas. Peu importe il était mon dernier espoir. Il m’attira dans une des pièces du haut. Il me raconta que si je faisais tout ce qu’il me demandait, il ferait revivre ma femme comme récompense et que ma vie serait comme avant. J’acceptais sachant que je n’avais rien à perdre. Il me fit alors signer un pacte avec mon sang, sur un contrat en langue que je ne connaissais pas, on aurait dit de l’elfe noir. Les 3 premiers mois furent faciles, il ne me demandait rien de spécial, quelque vol par-ci par-là, rien de compliqué mais il n’en resta pas là. Plus le temps avançait et plus il me demandait des choses compliquées et dangereuses. Il finit par me demander de tuer et de lui ramener des cadavres. Il me rappelait sans cesse que c’était nécessaire si je voulais revoir ma femme. J’ai donc fait ce qu’il voulait, il voulait des corps d’hommes, jusque là je n’ai rien dit, mais il finit par me demander de tuer une enfant. J’ai refusé et décidais de le confronter lui et ses alliés. C’est alors qu’il décida de rompre notre contrat en disant que j’allais amèrement le regretter… Quand je suis tombé devant le corps inerte au sol, de ma fille, mon monde n’existait plus. L’Ordre ne faisait rien pour moi et me rejetait comme un pouilleux. J’ai erré longtemps en ville sans savoir où aller, alors j’ai plongé dans mon seul réconfort, la seule chose qui me gardait vivant, l'alcool et les drogues. Je savais que j’avais fait un mauvais choix en ayant goûté aux crimes, et je m’étais endetté c’est pour ça qu’ils ont tué ma fille, pour se venger de moi. Je croyais au début que tu étais un de leur assassin. C’est ce qui arrive quand on se frotte à ces gens là. La vie est précaire et tout est excuse pour se faire tuer. Des dettes, c’est la pire chose qui puisse arriver. Pour rester vivant j’ai dû faire des tas de choses vraiment laides. J’ai volé, tué dans l’espoir de pouvoir me réveiller le lendemain… Pourtant… Je me sens mort, chaque minute de mon existence…
-**Tu es pathétique, jardinier. **
-Je sais…
-J’ai bien envie de t’arracher une main et de te fracturer la jambe droite, par compassion. Tu sais ce qui arrive aux gens vivant du crime en Systeria? Ils sont pendus ou décapités sur la place publique. C’est ce qui t’attendra…
-Tu m’avais pourtant dis que je vivrais si je parlais!
-Oui, mais je n’ai pas spécifié combien de temps.
-Enfant de!…
-Tu tu tu tu… pas de grossièreté devant une dame allons.
-Mais qui es-tu bon sang!!? Je t’ai tout dit! Pourquoi??
L’ombre attrapa Wallace par les cheveux une fois de plus et entreprit de le ficeler comme un saucisson. Il tenta de résister en essayant de mordre la femme mais il se cogna contre des manches de fer. Il commençait sérieusement à se poser des questions sur l’identité de l’ombre féminine. Il ne pouvait plus bouger maintenant, son destin était tracé et il voyait l’ombre comme une faucheuse maléfique venant achever son existence. S’en était fini il ne lui restait plus qu’à supplier Thaar d’avoir pitié de son âme d’ahuri. L’ombre attrapa un bout de corde et traîna le jardinier hors du labyrinthe. Bien sûr comme l’ombre ne connaissait pas vraiment les lieu, elle se trompa quelque fois de direction, ce qui fit durer le supplice de l’homme encore plus longtemps, même qu’on aurait dit qu’elle faisait exprès pour le faire souffrir encore plus. Elle sortit enfin du vert et sombre endroit pour passer peinarde devant un tas de gardes impériaux. Il ne comprenait pas pourquoi ils ne faisaient rien alors qu’il s’époumonait en criant à l’aide. Si bien que l’ombre décida le bâillonner pour avoir un peu de tranquillité. Elle le traîna jusqu’en prison impériale où deux forts gardes impériaux le posèrent sur le lit et lui enlevèrent la corde et le bâillon. C’est une fois qu’il fut installé que l’ombre enleva la tonne de vêtement pour dévoiler la silhouette fine et aguichante d’une demi-elfe. Le jardinier fronça le regard.
-Je vais faire appeler la grande Médecin Salarondë à ton chevet elle te soignera. D’ici le verdict qui sera rendu par le Chevalier-Capitaine, je t’en prie fais comme chez toi.
Ricana-t-elle méchamment.
-Je t’avouerais que… en fait je ne te connais pas du tout. J’ai mentis. Le chevalier-capitaine avait des doutes sur toi suite aux nombreuses plaintes qu’il a reçu, des menaces et un changement de comportement inexplicable. Nous avions des doutes à ton sujet c’est pourquoi j’ai accepté de prendre l’affaire. En fait j’ai mentis. Je suis Anar Al Kazar, femme du Chevalier-Capitaine et tu t’es fait avoir. Mais cela n’a pas d’importance maintenant puisque tout se finira pour toi, très bientôt. Le crime ne paie plus, quand j’y suis.
Anar souriant et s’en alla, laissant l’homme blessé sur son lit de prison. Le plus dur avait été fait, en moins d’une nuit. Il est facile de faire faire ce qu’on veut à des gens instables psychologiquement, le jardinier avait craqué dans une ultime envie de parler à quelqu’un. Il n’avait pas eu de chance ce soir là… Anar se retira donc dans le bureau que son époux avait trafiqué. C’est vrai qu’ils n’en avaient pas à la maison. Elle entreprit de rédiger un rapport sur l’arrestation du jardinier Wallace, maintenant, la suite dépendait de son cher mari.