L'ombre d'un ange
Post by Passeur d'Âmes, GdO - February 25, 2009 at 8:38 PM
Partie 1 – L’inattendu
La nuit était tombée et comme je le faisais occasionnellement à cette heure, je me rendis à la Rose Cendrée.
L’endroit m’enchantait à chaque fois que j’y retournais. L’éclairage sobre, les pièces froides et que des occupants qui
tâchaient de se mêler de ce qui les concernait. De plus, si on disait de leur vin qu’elle avait une belle robe, les serveuses
remplissaient bien la leur.
J’entrai en conservant mon capuchon et mon foulard, comme plusieurs faisaient à cet endroit. Je saluai
quelques fréquentations de la tête en me rendant dans la pièce adjacente. Je préférais le rez-de-chaussée parce que je
pouvais avoir un œil sur les arrivées et départs des gens. À une table ronde, de vieilles connaissances étaient assises,
bière, rhum et vin à la main. Quelques-uns étaient des gens que je n’avais pas vus depuis un long moment. Leur
présence à cet endroit m’intriguait après tout ce temps, mais aucun d’eux ne m’intimidait alors je m’imposai en
prenant place à leur table. Je me gardai toutefois un certain degré de méfiance. On avait forgé en moi un
comportement de paranoïa, rien de moins.
« Tiens. Si ce n’est pas le jeune apprenti. »
Je perdis le souffle, debout, immobile devant mes vieilles connaissances. Parfois, c'est quand on s'en attend le moins
que de telles surprises font surface. La phrase à première vue banale détenait un message qui m’était directement destiné.
Une seule personne m’avait identifié à ce nom auparavant et il s’était dissipé depuis. Visiblement, l’homme qui venait
de dire cette phrase détenait des informations qui pourraient m’intéresser et il le savait. En posant ma cape sur le
dossier de chaise, je pris une place en douceur. Les réflexions se bouleversaient dans ma tête. Qui était-il et comment
avait-il eût connaissance de ce titre qu’on m’avait attribué? En le perçant du regard, je passai à autre chose. Je
n’allais pas le laisser partir sans lui soutirer toute l’information que je devais recevoir. Je poursuivis donc la soirée
comme s’il n’avait jamais mentionné mon titre en prenant des nouvelles de mes anciens contacts. Néanmoins, la
réflexion se poursuivit tout au long et jamais l’idée de poursuivre la discussion avec l’homme ne m’échappa.
Post by Passeur d'Âmes, GdO - February 26, 2009 at 4:56 PM
Partie 2 - L’extorsion
Les bouteilles vides s’entassaient à la table et les discussions, tous les plus lassants les uns que les autres,
s’accumulaient. Déjà, le nombre de personnes autour de la table diminuait, mais le seul vers qui mon intérêt était porté
était toujours là. Un humain aux cheveux blonds salis, la peau claire et de taille moyenne. Cela faisait quelques heures
que je l’analysais et il me paraissait d’un pur bouffon. Le type de personne qui aime blaguer, se vanter et raconter des
histoires – probablement amplifiées – de ses aventures, ses conquêtes et ses succès.
Je commençais à avoir réellement hâte qu’il décide de partir. J’étais justement en train de me dire que s’il ne le
faisait pas bientôt, j’allais devoir provoquer la discussion alors qu’il se leva d’un coup sec et empoigna son manteau. Il
nous salua et quitta la pièce. Rapidement, je me levai pour en faire autant et en me déplaçant rapidement pour le
rattraper, je passai la porte de la taverne. En scrutant les alentours, je pouvais voir sa silhouette qui se déplaçait
calmement vers l’ouest. Il ne me fallut que très peu de temps pour le rattraper. Alors qu’il m’entendait s’approcher
derrière lui, il se retourna, mais j’étais suffisamment prêt pour l’agripper. Une fraction de seconde plus tard, il était
adossé au mur et il pouvait sentir mon haleine tellement j’étais près.
«Eh bien, il était temps. »
Comment pouvait-il, dans les circonstances, trouver l’arrogance pour parler avant moi? Comment, avec une
phrase aussi provocatrice, qui plus est? Je serrai davantage ma poigne sur lui et j’appliquai la totalité de mon poids sur
lui. Il ne pouvait être plus coincé contre le mur qu’il ne l’était à ce moment.
« Qui es-tu et que sais-tu? »
Ma voix, dont le ton avoisinait le chuchotement, tranchait le silence qui nous entourait. Une légère hésitation
était perceptible chez l’humain. Il pesait ses mots et ça paraissait.
« Disons que nous avions le même employeur, il y a quelques années. »
Je ne l’avais jamais vu, mais l’employeur en question n’était pas le type à parler de ses projets à ses différents
fidèles. Certains d’entre eux se connaissaient, car ils devaient collaborer ensemble, mais du temps que je travaillais
pour lui, je n’étais conscient que de ce qui me concernait directement et de façon très limitée.
« Et alors? Vis-tu à ce point dans le passé? »
Pendant cette phrase, l’homme essaya de me repousser un peu, pour avoir de l’espace pour respirer. Il se
rendit vite compte que je n’avais nullement l’intention de lui donner. Plus vite il répondrait, plus vite il pourrait partir.
D’un geste du menton, je sommai de répondre immédiatement, ce qu’il fit après un léger rictus.
« Le passé? Non. Peut-être devrais-tu te rendre à la ligue de Zanther. Tu pourrais être fort étonné. »
« Il est vivant? »
« Apparemment, mais j’en ai rien à foutre. Tu vas me lâcher oui? »
Finalement, il n’en savait pas tant, mais il en savait juste assez. La ligue de Zanther? Mais pourquoi? À
nouveau, les questions se bousculaient. La seule chose dont j’étais certain était qu’il n’y avait pas deux solutions, je
devais vérifier moi-même si je voulais en avoir la réponse ultime. Zanther? Comme si je n’avais pas autre chose à faire.
Post by Passeur d'Âmes, GdO - March 3, 2009 at 11:49 PM
Partie 3 – Les réflexions
Est-ce qu’il en valait la peine? Parfois, on essayait de me convaincre que le maître que je servais jadis était un
être individualiste, égoïste et dévoué à son bien-être personnel plutôt qu’aux valeurs projetées par le Prince Noir. Il
n’en était rien. Son dévouement était tel qu’aucun obstacle n’était de taille pour l’empêcher d’éliminer les plus fidèles
croyants du Gardien des Vertus. Il avait réussit à mettre un terme à la vie du Loup Blanc, plus important mortel à
prôner les enseignements de Thaar. Comment pouvait-on prétendre qu’il l’ait fait par gloire? Tous ceux qui
s’opposaient à un tel geste étaient les plus souillés par cette cité aux influences impures. J’avais appris à m’en méfier.
On disait également que l’Ange Noir avait quitté Systéria sans laisser quoi que ce soir derrière lui. C’est faux. Il a pavé
le chemin pour de nombreux aspirants parmi lesquels il m’a désigné comme digne successeur. Il m’avait d’ailleurs
laissé une missive, contenant de précieuses informations et de nombreux conseils. Les plus fanatiques du Père des Vices
avaient été servis lorsqu’ils travaillaient pour l’Ange Noir.
Qu’il soit toujours vivant ou pas, cela changeait-il réellement quelque chose à mes yeux? Probablement pas,
mais je devais en avoir le cœur net. Après tout, non seulement était-il le seul croyant auquel je pouvais m’identifier
pleinement, il avait fait preuve de technique et d’éthique de travail incomparable. Nul doute, je pourrais encore
apprendre de lui.
Ma décision était prise. Je ne pouvais pas laisser sombrer le souvenir d’un mortel dévoué à mon maître divin
de la sorte, et ce, malgré les tentatives des croyants jaloux de me faire croire autrement. Je me devais de partir à sa
recherche. S’il était réellement mort, j’en voulais la confirmation.
À l'aube, je naviguerais vers la ligue de Zanther.
Post by Passeur d'Âmes, GdO - March 11, 2009 at 8:16 PM
Partie 3 - Les réflexions (suite)
J’étais un individu qui détestait la mer et tout ce qui pouvait s’y rattacher, même indirectement et je n’étais
donc pas très enchanté à l’idée de devoir naviguer vers la ligue de Zanther, mais c’était le seul moyen de me
clarifier les idées et d’obtenir une conclusion définitive à toutes ces rumeurs qui sollicitaient ma curiosité.
Je me rendis au port où grouillait de nombreux marchands et mercenaires. Les premiers préoccupés par leurs
revenus, marchandaient avec un niveau de stress palpable alors que les seconds, préoccupés par très peu de
choses, surveillaient nonchalamment le quartier portuaire dans l’attente de la fin de journée où ils iraient rire
énergiquement et boire abondamment.
Après quelques demandes de renseignement, mes recherches m’amenèrent vers un marchand qui, à l’aide de
son petit équipage, remballait ses biens et s’apprêtait à partir. En discutant avec lui, j’en arrivai à une entente
qui me permettrait de voyager à faible coût vers les côtes d’Egador.
Le voyage était long et déprimant. Comment pouvait vivre des individus, ainsi entourés d’eau à perte de vue?
J’aime toujours être en contrôle de chaque instant de ma vie et, sur la mer, je me sens toujours piégé. Au moins,
je pouvais utiliser ce temps pour réfléchir à plusieurs affaires d’importance; des éléments diplomatiques, d’autres
financiers, d’autres stratégiques et, surtout, je pouvais réfléchir à mon avenir. Les ténèbres me réservaient quel
sort? Pourrais-je enfin prendre place parmi les disciples de Yhagshul, mon maître incontesté. Je savais que j’avais
le caractère, la fidélité et le talent nécessaire pour l’être, mais il semblait que les mortels responsables pour repérer
les individus comme moi en jugeaient autrement. Pourtant, l'Ange Noir m'avait désigné comme son successeur.
Est-ce que les ombres me rejetaient pour cette raison? Était-ce de la peur? Était-ce de la méfiance? Était-ce de
l'ignorance... impossible pour moi de juger et, de toute façon, cela importait peu puisque le résultat demeurait le
même. J'en vint à la conclusion que la seule chose sensée pour moi de faire était de patienter encore.
Heureusement, le temps sur le navire me permettait également de me ressourcer spirituellement. Mes prières se
comptaient par centaines depuis le début du voyage, qui n’en était qu’à un peu plus d’une semaine. Je devais néanmoins
faire particulièrement attention de ne pas m’emporter dans un élan de fanatisme comme il m’arrive parfois de faire
pendant mes rituels à l’honneur du Prince Noir.
Je me contrôlais bien. J’étais maître de mes gestes et, plus que jamais, je sentais la puissance des ténèbres en moi.
Mon maître surveillait chaque pas, écoutait chaque mot et lisait chacune de mes pensées. Il me guidait. J’étais
désormais un de ses fils…
Post by Passeur d'Âmes, GdO - March 26, 2009 at 1:52 AM
Partie 3 - Les réflexions (suite)
Je commençais, avec la longueur du voyage, à comprendre pourquoi certaines personnes
aimaient une vie sur la mer. À condition de ne jamais sombrer dans l’insanité, être seul avait son
lot de bénéfices. Bien que je fusse toujours pleinement conscient que les possibilités s’arrêtaient
là où l’imaginaire commençait, mes plans étaient forgés pour de nombreux scénarios différents.
S’il était mort ou vivant, s’il m’accueillerait ou me traquerait. Je savais que le prince guidait toutes
mes réflexions et, peu importe l’issue des évènements, j’étais prêt et rien ne me faisait peur.
Je n’avais pas ouvert la missive de l’Ange Noir depuis plusieurs mois. Même si j’en avais
amplement le temps, je m’étais réservé de ne pas l’ouvrir à nouveau jusqu’à ce jour. Néanmoins,
la curiosité commençait à prendre le dessus. Peut-être qu’en l’analysant en profondeur y
trouverais-je des indices sur ses intentions, ses plans et ses projets. Mon regard se posa donc sur
le papier, soigneusement roulé. Lentement, je tendis la main et l’approchai de moi pour ensuite le
dérouler minutieusement. Lecture après lecture, je m’arrêtais sur chaque mot clé, cherchant sa
signification exacte. Certaines phrases attiraient mon attention plus que d’autres.
« Jeune apprenti,
Voilà ton titre. Celui qui est sans doute le plus apte à prendre la relève, bien que je doute que
jamais tu ne pourras m'égaler. Je n'étais pas qu'un sang pur, j'étais un prophète, un messager.
L'élu. Néanmoins, je te remets quelques dernières directive, des pistes et des informations. Elles
te seront importantes. […] »
Visiblement, il avait cru en moi et avait investi ses derniers espoirs en Systéria dans ce
message. Les phrases que je lisais étaient celles d’un elfe noir qui savait que la fin s’approchait,
mais si le Prince Noir lui avait posé un destin différent? Ma lecture se poursuivait parmi les
différents conseils qu’il me laissait, avant de s’arrêter sur une autre phrase intéressante.
« […] Si le doute s'empare de toi. Tu es faible. […]»
Le doute se dissipait grandement. Il avait réellement choisi de me faire confiance pour
prendre la relève. Savait-il ce que le Prince réservait pour lui, ou même pour nous deux? Petit à
petit, je commençais à laisser la frustration engendrée par toutes les questions s’emparer de
moi.
« […] Ton maître,
L’Ange Noir. »
Heureusement, ce matin-là, le marchand m’avait fait savoir que si le climat favorable
persisterait, j’en avais plus que pour quelques jours avant de mettre le pied au sol des côtes
d’Egador. J’attendais le moment avec hâte, mais je faisais tout en mon pouvoir pour demeurer en
tout temps calme et serein.
Post by Passeur d'Âmes, GdO - March 27, 2009 at 10:05 PM
Partie 4 - L'ombre d'un Ange
Bien qu’une faible brume entourait le navire, limitant la vision à quelques centaines de
mètres autour du navire, le marchand et ses employés maintenaient le cap et la vitesse de
croisière du navire. Également, leur calme à l’égard de la brume était fort rassurant. À peine
quelques heures plus tard, l’occasion de comprendre leur calme se présentait à moi alors qu’une
forte lumière s’alluma, perçant la brume. Un phare annonçait ainsi que mon voyage n’allait pas
s’éterniser bien longtemps.
Lorsque le navire accosta au port, dans une brume un peu plus épaisse, je débarquai sur
un port grouillant de gens. C’était ma première visite et la dynamique était bien différente
d’Udossta ou Systéria. En effet, je n’était habitué à être entouré d’autant d’humains et de demielfes.
Ces bêtes gens me regardaient tous, alors que je contrastais énormément avec le décor.
Bien que tolérants, les regards étaient plus méprisants qu’ils l’étaient à Systéria.
Ma silhouette féline, mes déplacements lents et posés, mes vêtements foncés et la
brume qui m’entourait me donnaient l’image du parfait intrus. Rapidement, je tendis une petite
bourse au marchand et me déplaçai à la recherche d’un endroit qui me ressemblait un peu plus.
On m’avait renseigné sur une auberge située en banlieue de la ville, à la sortie du bas
quartier. La description semblait convenir à ce que je recherchais, du moins, j’y trouverais
possiblement plus de discrétion.
Je longeai la route en direction de l’endroit. Je portais mon foulard et ma capuche pour
me protéger des regards indiscrets et du vent froid. En effet, la journée était grise et la brume
était encore omniprésente malgré la distance de la mer. Je voyais au loin ce qui semblait être la
silhouette d’un édifice. Petit à petit, la silhouette se dessina en un édifice de bois. J’avais
l’impression de regarder l’Auberge de l’Indépendance, à Systéria. Sur le chemin, je voyais un
individu qui marchait en ma direction. Sa forme m'apparaissait comme une ombre. L'ombre en
question se déplaçait avec la grâce des peuples elfiques. Plus elle s'approchait, plus je pouvais
l'identifier. Ses vêtements étaient semblables aux miens et plus il s’approchait, plus je me méfiais.
C’était lapremière personne qui me ressemblait un peu depuis mon arrivée sur ce continent
détestable. Lorsque nos tracés se croisèrent, je posai mon regard curieux sur le sien, indifférent,
mais intense. Il ne me regardait même pas. Néanmoins, les yeux, les traits de visage, les vêtements, la
démarche. Tout m’était si familier.
C’est comme un coup de la foudre que la mémoire me revint. Ma première rencontre
avec l’Ange Noir. Il m’avait pris à le traquer pour provoquer notre entretien. Il m’avait surpris à
mon propre jeu et, dague à la gorge, son regard sévère était posé sur moi. Ce regard… intense.
Était-ce réellement possible? Le Prince Noir avait-il mis son fidèle élu sur mon chemin. C’était
beaucoup trop facile.
Post by Halik Telfyr, l'Ange Noir [Mort] - April 3, 2009 at 9:25 PM
Encore une journée d'alcool et d'oublie. Dans ma situation, plus rien n'a d'importance. Abandonné par mon maître, rejeté par mes semblables et trahi par mes amis, je n'avais plus de point de repère. Si seulement le Késiope n'avait pas été détruit lors de cette tempête...je recruterais un équipage de misère, n'importe lequel et je partirais... Où ? Je ne sais pas, mais ailleurs, loin d'ici, très loin. Je naviguerais jusqu'à périr en mer moi aussi.
La température était encore misérable, je déteste cette saison, pluie et froid, vent et brouillard, déprime et alcoolisme. Je ne m'attendais pas à croiser quelqu'un qui me voulut quoi que ce soit, mais je marchais, emmitouflé dans ma cape à capuche brune et trouée depuis un bon moment et je sentais que cet elfe noir derrière moi n'avait rien d'un simple passant, j'avais l'impression qu'il me suivait à bonne distance. Son attitude, son agilité et son style me remémoraient celui de quelqu'un que j'avais connu jadis... un maître des ombres, l'assassin du puissant Prince des Ténèbres, le bras droit du Père des Vices ; l'Ange noir. C'était aujourd'hui un souvenir lointain, noyé dans la déprime et la vodka, perdu dans les méandres d'un esprit troublé.
Mais c'était impossible, ce ne pouvait être lui, je me refusais depuis maintenant plusieurs années à accepter le fait qu'il pouvait vivre encore, ne serait-ce que faible ou fou, je l'avais enterré et j'avais abandonné mon allégeance envers ce qui ne devait plus être qu'un mythe.
Plus rien. J'étais maintenant à bonne distance de l'Auberge, à mi-chemin avec l'entrée de la ville et cet elfe-noir qui m'avait suivi avait disparu. Peut-être qu'il ne s'agissait que d'une illusion, de mon imagination qui amplifié par l'alcool, la déprime et probablement une pointe de folie naissante m'avait fait voir mon ancien maître. Après une pause de quelques secondes, je voulus reprendre ma marche, mais lorsque je me retournai dans la direction vers laquelle je marchais précédemment je tombai né à né avec cet elfe noir encapuchonné. Son visage n'exprimait que l'indifférence, le sérieux, le pragmatisme et ...le doute. Une pointe de doute dans son regard.
Alors que d'un geste gracieux et vif, il dégainait son arme en faisant faire un arc de cercle à sa cape, je fis un pas vers l'arrière, je trébuchai et fis une roulade sur le côté. Son premier coup ne m'atteint pas. En quelques secondes, les effets de la lassitude et du désespoir me quittèrent pour laisser place à cet instinct de survie. Je me relevai rapidement tout en prenant mon sabre. Une fois en position de combat, je regardai mon adversaire d'un oeil nouveau, il n'était certes pas celui que j'avais cru qu'il était, mais son visage et son allure ne m'était pas inconnu, quelque chose me mettait la puce à l'oreille.
Il se fendit vers moi, je voyais dans ce regard qu'il y avait quelque chose, cette joute n'avait rien d'une tentative de meurtre, c'était autre chose. Mes sens, mes muscles et mon adresse n'étaient plus ce qu'ils étaient, je réussis à lui tenir tête quelques minutes, mais rapidement, je me retrouvai désarmé, adossé à un arbre et impuissant. Je ne pus m'empêcher de rire, un simple rire, léger, volatile et empreint d'un peu de folie. Mon heure avait peut-être sonné, mais l'espace de quelques minutes, j'avais retrouvé cette fougue, je m'étais senti revivre le temps d'un combat. Ce rire l'intrigua, le fit hésiter et il recula sa lame qui était appuyée sur ma gorge de quelques centimètres en fronçant les sourcils.
- Merci frère de sang, il y a longtemps que je n'avais plus été ainsi éveillé. Il est dommage que tu ne sois pas celui que d'abord j'ai cru que tu étais, mais l'évocation de son souvenir, bien que bouleversant, me fait le plus grand bien.
Sur ses mots, je continuais de reprendre mon souffle, ce qu'il y avait d'agréable, c'est que pour l'instant, mon esprit était libre, je n'avais qu'une seule préoccupation en ce moment, vivrai-je encore ? Rien d'autre ne venait me bouleverser, seule cette question persistait, puissante, elle faisait battre mon coeur et frémir mes articulations...
Post by Passeur d'Âmes, GdO - April 6, 2009 at 6:35 AM
Partie 5 - Les révélations
Lorsque le combat s’entama, je croyais que les chances seraient à l’avantage de mon adversaire.
Le fait que je prenne rapidement le dessus me laissa fort perplexe. Rapidement, je me rendis
compte que je m’étais trompé. Je devais à tout prix remporter cet indésirable duel et me
débarrasser de l’imposteur qui se dressait devant moi.
C’est alors que j’avais finalement maîtrisé l’elfe noir voilé que j’eusse la plus grande surprise
jusqu’à ce moment. Un fougueux rire, quelque peu arrogant lorsque mis en contexte. Il avait osé,
dague à la gorge, rire de la situation. Était-il à ce point sot? Je savais qu’un humain ou un demi-orque
pouvait avoir la bêtise pour agir de la sorte, mais de là à ce qu’un de mes semblables
agissent comme tel… j’étais quelque peu déstabilisé.
« - Merci frère de sang, il y a longtemps que je n'avais plus été ainsi éveillé. Il est dommage que
tu ne sois pas celui que d'abord j'ai cru que tu étais, mais l'évocation de son souvenir, bien que
bouleversant, me fait le plus grand bien. »
Cette réplique était encore plus ironique que le rire qu’il s’était permis d’échapper. Il me fallu un
moment de réflexion pour lire entre les lignes. À défaut d’avoir trouvé celui que je cherchais, cet
inconnu semblait être un informateur de qualité. Ce doute qu’il provoquait en moi venait sans
doute de lui sauver la vie.
« Tais-toi. Nous retournons à l’auberge. Tu auras beaucoup à me dire. Ce sera ma récompense
pour ne pas t’avoir tranché la gorge. »
Alors que je lâchais prise de ma main gauche, d’un geste vif, je retirai ma dague de sous son
menton et en le faisant tournoyer un demi-tour, le déposai habilement dans son étui, à ma taille.
L’elfe noir se replaça calmement les vêtements avant de regagner, en silence, le chemin
embrumé duquel il était arrivé.
Post by Halik Telfyr, l'Ange Noir [Mort] - April 9, 2009 at 4:12 AM
Arrivé à l'Auberge, la serveuse se jeta sur moi avec un air sévère, ce qui attira les fougues de celui dont j'étais "prisonnier" en quelque sorte. À quelques centimètres de mon visage, cette jeune femme me foudroyait du regard et m'insultait entre ses dents.
"Tu me dois déjà beaucoup trop d'argent Til'liosk ! Espèce de bâtard alcoolique ! J'en ai marre, tu me paies, ou je fais signe à Gorbatchev et il va te coller une raclée que t'n’oublieras pas en plus de te vider les poches"
J'allais répliquer et tenter de négocier une prolongation de délais pour rembourser ma dette, mais l'elfe noir qui se tenait légèrement en retrait lança une bourse en direction d'Anita et lui fit signe de dégager. Elle me regarda un dernier moment et me dit à voix basse avant de se retirer :
"Tu as de la chance cette fois encore, mais tu ne paies rien pour attendre..!"
L’apprenti et moi nous installâmes à une table isolée et il entama la discussion par une série de questions qui me prirent au dépourvu. Cet elfe, n'était nul autre que l'un des rares fidèles de l'Ange noir encore vivant et il n'avait qu'un but : Trouver Halik, s'il était encore vivant.
Après m'être présenté et lui avoir expliqué qui j'étais, c'est à dire, Til'liosk ex-officier du Késiope, célèbre navire du Capitaine Telfyr, j'eut le devoir d'annoncer à l'apprenti qu'Halik avait bel et bien disparu et qu'il devait, à moins d'un miracle (Halik ne collectionnait-il pas les miracles ?) être mort depuis le soir de cette mystérieuse tempête... (Hst --> Mort d'Halik [dernier reply])
Il voulut que lui raconte toute l'histoire, ce que je fis. Je n'avais aucune idée de qui était cet elfe noir, mais l'Ange était mort et l'évocation de son souvenir ne présence d'un de ses fidèles m'était beaucoup trop particulière pour que je m'en prive. Une chose était sure, cet "apprenti" avait bel et bien été entraîné par Halik... Son style était définitivement et irrévocablement le même. Cette façon de se déplacer, d'agir, de parler, ce regard et cette détermination, je le sentais vibrer d'une foi empreinte de fanatisme...d'une foi qui me remémorait celle de l'Ange...
Post by Passeur d'Âmes, GdO - April 9, 2009 at 10:38 PM
Partie 5 - Les révélations (suite)
C’est une fois isolé dans une section de l’auberge, à l’écart des yeux indiscrets, que je pu
enfin discuter avec ce qui s’avérait un autre de ces méprisants bâtards. La lumière discrète des
environs me rassurait. J’avais beaucoup à discuter avec lui et je ne voulais pas qu’on me
remarque.
Je lui demandai de raconter son histoire. Il le faisait avec un énorme souci du détail, ce
qui fit que je n’eusse besoin d’intervenir qu’à quelques occasions dispersées. Il me parlait
surtout de l’Ange Noir lui-même, mais il y a également une partie de son histoire qui
m’intéressait. Je trouvais bien intrigant le fait qu’il ait survécu à une telle tempête.
« Tu as atteint la côte après que le navire se soit échoué sous l’eau. C’est donc dire que le
naufrage a eut lieu près de la rive. N’est-ce pas? »
« Xas. J’ai pu m’accrocher à un large morceau du navire, m’En servant comme radeau. Dès le
lendemain, le ciel était clair et je voyais la rive. »
« Tu saurais me guider à l’endroit précis? »
Le demi-elfe noir semblait ironiquement enthousiaste à l’idée. J’allais sans doute devoir
me méfier. Cette émotion ne m’évoquait jamais la confiance.
« Je n’y suis jamais retourné, par respect pour mon maître, mais je n’ai pas de contrainte à te
montrer l’endroit. Tu m’as dis que tu étais son successeur légitime. Je respecte cela. Néanmoins,
ne compte pas sur moi pour trouver et réveiller sa tombe. »
La réponse était malgré tout satisfaisante. Je ne voulais pas de lui pour nuire à mes
recherches de toute manière.
« À l’aube, nous partons.»
La soirée se poursuivit avec quelques consommations et des discussions concernant un
peu tout, sauf l’Ange Noir, comme si le sujet était devenu sacré. De toute façon, le lendemain
allait y être entièrement dévoué.
Post by Passeur d'Âmes, GdO - April 17, 2009 at 9:18 PM
Partie 6 - À la découverte
En suivant les conseils de Til’losk, j’entrepris la location de montures ainsi qu’un cheval
de trait pour porter quelques bagages et vivres pour le voyage. Il m’avait averti que le chemin
serait plutôt long et que le meilleur moyen de s’y rendre était par la marche. J’entrepris de
m’équiper au combat afin d’être en mesure d’affronter d’éventuels brigands ou autre obstacle
sur mon chemin.
« Nous marcherons vers l’est. Chaque matin, nous n’aurons qu’à se diriger vers l’endroit
où se lève le soleil. »
« Vous faites preuve d’un sens de la déduction incomparable. »
Il ne se laissait pas impressionner par mon sarcasme, mais tâchais néanmoins de ne pas
rétorquer. Après tout, j’avais effacé ses dettes la veille, il m’était en quelque sorte redevant. S’il
était sage, peut-être recevrait-il également une petite prime de rendement.
Les premiers jours du voyage se déroulèrent calmement. Nous n’avions rencontré
qu’une petite horde de brigands, mais ceux-ci étaient suffisamment judicieux pour nous laisser
passer sans un mot. On se dirigeait dans la direction prévu d’un léger galop et en parfait silence.
C’est ce que j’aimais d’un voyage avec un individu qui, malgré le fait qu’il soit bâtard, possède
une partie de sang pur. Il sait quand se taire et ne parle que lorsque l’occasion le nécessite.
Ce silence comportait un autre avantage considérable, puisqu’à chaque instant ma
pensée était occupée par mes prières pour le Prince. Je l’invitais à me guider, à éclairer mon
esprit. Il était là, et chaque brise de vent était pour moi comme sa respiration sur ma peau. J’en
frissonnais.
« Combien de jours, encore, Til’losk? »
Post by Halik Telfyr, l'Ange Noir [Mort] - April 24, 2009 at 7:51 PM
Je fus étonné par ce périple de quelques jours. L'elfe noir qui m'accompagnait était à certains égards, en tout point comme Halik. Certes, plusieurs élément relevaient du caractère rebelle distinct des elfes noirs qui ont fuit Udossta, mais il avait cette prestance et cette détermination qui avait été si propre à mon maître. Ce qui me frappa d'ailleurs, ce fut au deuxième jour, lorsque nous croisâmes un petit groupe de brigands. En temps normal, si j'avais été seul ou accompagné d'un autre homme, ils nous auraient sans doute pillé, voir tué, mais le scénario fut tout autre. Nous passâmes au trot, mon regard balayait les buissons où se terraient ses minables et j'avais une main prête à dégainer. Quelques goûtes de sueurs perlèrent sur mon front. Mais rien ne se passa. L'apprenti, de son regard glacial et sa prestance morbide les en dissuada je ne sais de quelle façon.
« Combien de jours, encore, Til’liosk? »
- 2 tout au plus. Nous atteindrons la passe de Brégunia ce soir et demain, nous la longerons toute la journée pour atteindre la côte nord.
Puis, Til'liosk pivota de sur sa monture comme pour observer la réaction de l'apprenti.
Post by Passeur d'Âmes, GdO - April 28, 2009 at 12:32 AM
Partie 6 - À la découverte (suite)
Indiscret. C’était le mot que je cherchais depuis un moment déjà. Ce mot définissait la façon que
je percevais cet être au sang souillé. Il passait son temps à m’analyser, à me regarder. Il tentait
continuellement de percer mon regard et comprendre mes pensées. Je sais toutefois que mes
émotions sont toujours bien dissimulées sous la dureté de mon expression et le voile de mes
vêtements. Il ne trouverait rien, si ce n’est qu’un calme plat.
« - 2 tout au plus. Nous atteindrons la passe de Brégunia ce soir et demain, nous la longerons
toute la journée pour atteindre la côte nord. »
Enfin. Le moment de vérité approchait. Mes attentes variaient. S’il advenait que je doive
découvrir qu’il est probable que l’Ange Noir respire toujours, mon voyage allait prendre une
tournure bien différente et se prolonger encore quelques temps. Si je retrouvais les restes de son
navire et des signes évidents de son décès, au moins, je saurais que mon maître avait été appelé à
être jugé devant le tout puissant dieu des ténèbres et qu’il était à présent de mon ressort de
poursuivre la quête de celui qui aura été pour moi un prophète, un modèle et le symbole même de
ce que je devais surpasser.
Til’losk me regardait depuis quelques secondes maintenant, mon regard était plongé dans le
néant. Sans dire un mot, je tournai doucement la tête vers lui, le plaquant de mon regard assassin
et le fixant sévèrement jusqu’à ce qu’il sente l’importance de regarder ailleurs. Je n’avais aucune
raison de lui donner un sentiment de sécurité et encore moins de complicité en ma présence. Il
était un impur et j’étais donc, par les moeurs des miens, supérieur à lui. Son utilité pour moi
s’étirait et allait bientôt s’éteindre et son sort allait être déterminé sur le vif du moment.
Lorsqu’il regagna un galop cadencé, j’en fis autant, le suivant la tête haute et la main solidement
ancré à ma taille où reposait la poignée de ma dague. Il n’en restait que très peu devant nous.
Post by Passeur d'Âmes, GdO - May 1, 2009 at 9:06 PM
Partie 7 – Les décombres
Le bâtard avait bien anticipé la durée du chemin à faire. Au bout de deux jours, nous étions près
de la rive des terres de la Ligue de Zanther. La route, cette fois vide de brigands, n’avait offert sur
notre chemin que quelques insignifiantes créatures telles que des trolls et des harpies. Les
éliminer s’était avéré qu’une formalité pour les deux anciens suiveurs de l’Ange Noir.
« Là. C’est l’endroit où j’ai pu regagner le sol. »
Til’losk pointait vers une baie qui était visible à travers le petit boisé qui séparait le chemin sur
lequel nous marchions de la mer. Je tournai faiblement la tête pour observer l’endroit. Pour une
première fois en ce voyage, je témoignai d’un certain intérêt pour ce que l’individu au sang impur
me montrait.
« Nous pourrons donc débuter des recherches approfondies des lieux. »
Les recherches étaient donc engagées, mais après peu de temps, la nuit était tombée et les
trouvailles se résumaient qu’à quelques morceaux de bois, un coffre de documents ruinés par
l’eau et le temps, quelques bouts de ferraille rouillée et inutilisable et d’autres types de rebuts
indignes d’en faire mention.
« Til’losk. Nous camperons pour la nuit. Inutile de poursuivre dans cet état. Nous poursuivrons au
matin. »
Il acquiesça poliment puis, en très peu de temps, un abri temporaire et un feu de chaleur étaient
prêts. Maintenant si près de la fin de mon expédition, j’anticipais une nuit d’insomnie et de
réflexion. Bien que je ne fusse en rien le type d’individu à m’exciter devant une situation, le seul
sentiment du succès de mes démarches était suffisant pour troubler mon calme.
Tel que prévu, je n’arrivais pas à dormir. Plusieurs scénarios défilaient et, connaissant Halik, ils
étaient tous possibles.
« Tu ne dors pas? »
« Nau. »
Une réponse brève et sèche. Encore une fois, son indiscrétion me dérangeait. Il créait en moi un
sentiment de haine et ce n’était d’aucune façon bénéfique à mon sommeil.
« Toute cette histoire semble vous tracasser. »
« Tu dois être un employé doué, petit bâtard. Sinon, je ne vois aucune raison pour laquelle l’ange
noir aurait toléré que tu sois si indiscret. »
À nouveau, j’avais réussi à obtenir le silence et ce fut le cas jusqu’au matin, où ce son agaçant du
champ des oiseaux fut l’objet de mon éveil.
Lorsque je me levai, Til’losk n’était plus là. Son équipement était également disparu. Toutefois,
je réalisai rapidement que sa monture était encore attachée tout près de la mienne.
Il ne me fallut que quelques minutes pour le retracer. Il était près de la plage et fouillait les
endroits. Quelle ironique réaction à mes paroles de la veille. Je n’aurais pas été surpris de le voir
disparaître, surtout que je n’avais plus réellement besoin de lui, mais il était toujours là et se
donnait ardemment à la tâche.
« J’ai trouvé une bonne partie du navire. La petite île, là, la cale y est accrochée. »
J’ignorais entièrement de quelle façon il avait pu tomber sur cette découverte. Peut-être avait-il
des vagues souvenirs de l’endroit. Quoi qu’il en soit, il s’agissait d’un coup d’éclat de sa part.
« Alors, nous mettrons notre souffle à l’épreuve. »
La cale contenait quelques caisses. Certaines étaient ouvertes et leur contenu était à nouveau
désintéressant; de la nourriture et la boisson, des cartes en dégradation et des appareils de
navigation. Toujours rien qui ne m’intéressait. Un effort commun nous a toutefois permis de
remonter deux caisses fermées à la surface. La première contenait de l’or, je ne saurais dire
combien. Tout près de mille écus, peut-être.
« Nous avons trouvé votre prime, Til’losk. »
Le second coffre contenait des vêtements de toutes sortes. Des toges, des chemises, des pantalons,
des foulards. J’en retirai quelques morceaux qui n’étaient pas abîmés et les placèrent de côté. Au
moins, je ne repartirais pas les mains vides.
Je pris à nouveau mon souffle et plongeai pour rejoindre le morceau de navire naufragé. Cette
fois, je suis allé quelques mètres plus loin. Accroché sur un bout de bois, je pus retirer l’ultime
pièce que je recherchais. Suivant le courant, accroché après un bout de bois, un sombre collier
était le centre de mon attention. Après quelques battements des jambes, je pus rejoindre celle-ci et
la remonter à la surface. Je l’avais, le chapelet de Yhagshul que Halik portait assidûment. Nul
doute pouvait persister, l’Ange Noir avait bel et bien été jugé par son maître – par mon maître – le
Price Noir et il ne marcherais plus jamais sur le sol d'Enrya.