Sérieuse conversation à Sainte-Élisa
Post by Sarä Taur'Amandil, OdS - March 1, 2009 at 8:42 PM
Sérieuse conversation à Sainte-Élisa
Un Surintendant… bienveillant?
« Certain individu semble la définition même du mystère. Connaître le fond réel de leurs pensées semble impossible à première vue. Leurs intentions ne semble jamais clairement dévoilées, mise à part à travers des lignes savamment alambiquées. Une des personne correspondant sans doute le plus à ce terme dans la citée était sans aucun doute l’une de ses figures publiques la plus connue, soit Thomas Bolton le Surintendant de l’empire Systérien, également directeur de l’hôpital Sainte-Élisa. »
Alors que la recrue Arntor Tarsøn quittait l’établissement de santé, après avoir s’être dument soumis à son nouvel examen de santé avec le médecin Taur’Amandil, une conversation particulièrement intéressante se continuait au sein de l’établissement, dans la salle d’auscultation. Le directeur et son adjointe discutaient-ils de la dernière autopsie pratiquée ou encore des délires du cas Auréalis? Curieusement, il n’en était rien.
La discussion avait une touche beaucoup plus personnelle, elle dépassait en subtilité le niveau professionnel et ce malgré le ton monocorde et froid qui caractérisait Thomas. Le terme « personnelle » en aurait sans doute fait sourciller plus d’un, incapable de se figurer en la personne de l’austère ministre Bolton quelqu’un capable d’avoir quelconque émotions bienveillantes envers un autre individu.
Leur conversation tournait autour de la coupure de personnel pour un ou deux mois. La raison était simple, plusieurs infirmiers, médecins et laborantins étaient envoyés vers les landes unies pour réparer une erreur diplomatique d’ordre relativement majeure. Toute une aventure les attendait et fort heureusement, l’adjointe de Sainte-Élisa n’en faisait pas partie. Mais cette approche à propos de la diplomatie n’était qu’un leurre, qu’une entrée en matière. Le Surintendant avait autre chose en tête, ou peut-être pas. Qui sait comment fonctionnait exactement la pensée du premier ministre.
« Je suis persuadé que vous saurez composez avec cette réduction de personnel. Vous allez devoir faire avec pour un mois ou deux. » Le ton était régulier et froid.
« Les horaires seront tout simplement revus pour tout le personnel. Certains s’offriront sans doute pour combler le manque. Je ferai pareil pour les heures qui ne seront pas comblées. » Répondait Sarälondë sans l’ombre d’une hésitation avec réserve et sérieux.
Quelques secondes de silence s’installèrent après la dévouée réponse de la directrice adjointe. Lentement, mais audiblement Thomas reprit la parole, conservant la régularité de son timbre de voix qui semblait ne jamais changer.
« Qu’en pensez-vous dormir dans tout cela? »
Un sourcillement vint décorer le jeune visage elfique de Sarä à cet instant précis. La surprise était au rendez-vous! Que cherchait exactement l’homme à travers cette question? Où voulait-il précisément en venir? Tant de questions, si peu de réponses… Cependant la demi elfe entama quand même une après un visible réflexion. Le ton qu’elle utilisa était sérieux malgré que la phrase aurait pu laisser croire à de l’ironie. Qu’en était-il vraiment?
« Je veillerai également à trouver des heures de sommeil dans tout cela. »
Sans commenter la dernière réponse, Thomas enchaina avec la suite. Jamais il ne semblait défaillir de son austérité. Étrangement cet homme savait allier franchise et mystère… Sans doute connaissait-il la réponse exacte à la question qu’il allait poser par la suite. Le Surintendant savait à peu près tout sur tout, surtout quand ça concernait ses subalternes les plus près en hiérarchie.
« Combien d’heures passez-vous au consulat? Combien à l’hôpital? »
Lentement le regard Sarälondë se détacha de celui de son interlocuteur. Elle se savait bien trop dévouée à sa tâche pour que cela soit un reproche de manque de présence… Non la remarque venait la piégée dans une de ses plus grandes défaillances, sa présence maternelle auprès de sa fille. Sujet délicat et douloureux qui ne manquait jamais de rendre le visage de la médecin expressif et ce malgré les efforts qu’elle devait faire pour garder un air digne. Thomas dans un calme incroyable lui, détaillait ces moindres gestes. Sans doute en apprenait-il plus ainsi que dans tout ce qu’elle pouvait répondre.
« Je pars de mon domicile à sept heures du matin et je reviens en général le soir vers les vingt et une heure si tout va bien. »
« Quel âge à votre fille? »
« Deux ans, deux mois et quatorze jours monsieur Bolton. »
« Vous savez le compte exact, c’est tout à votre honneur. Une deuxième chose m’intrigue. »
Le silence que le directeur laissait planer était d’une angoisse totale. Sans doute savait-il exactement ce qu’il faisait et sur quel sujet délicat il venait d’embarquer. Une anxiété était palpable dans le regard de Sarälondë dont la respiration avait tendance par instant à ne pas suivre une cadence régulière.
« Vous arrivez à la voir? Hors de sa chambre où elle dort à poing fermé, j’entends. »
« Je suis levée tous les matins aux alentours de cinq heure, heure où généralement elle se réveille. Je passe alors le matin avec elle. »
« Je n’ai pas d’enfant Madame Balgor et je n’en aurai pas. Cependant… Je pense que si j’en avais, j’aimerais les connaître. Il y a plusieurs avantages à un poste de direction, laissez moi vous les énumérez. »
Le regard de Thomas ne présentait aucune compassion, encore moins ses traits mais cela sa subalterne ne le réalisait sans doute qu’à moitié alors que cette lueur trouble vivait dans sa propre mimique faciale trahissant ainsi une infime partie de son désespoir. La venue de Taräsilmë était à la fois source de bonheur et source de tourment vu la difficulté de maman à mettre certaines priorités de côtés ou d’apprendre à lâcher prise un tant soit peu.
« Le premier, c’est d’avoir une certaine confiance de vos supérieurs qui vous ont placée à ce poste. Ce qui signifie qu’ils reconnaissent votre travail. La seconde c’est que vous êtes en mesure de déléguer. Pas toutes les tâches, mais la plupart. »
Malgré le calme et la neutralité toujours persistante dans la voix de Thomas Bolton, la valeur et la signification des mots laissaient croire qu’il s’agissait là d’un conseil judicieux. Plongée dans un silence de marbre, Sarä l’écoutait attentivement.
« Oui, madame Balgor, vous êtes indispensable à cet hôpital. Mais non, Madame Balgor, il ne s’écroulera pas si vous vous absentez deux heures plus tôt que d’habitude. »
« Je comprends ce que vous voulez me dire… Des choses changeront. »
« Maintenant nous allons nous rendre au palais. »
Et la discussion se conclue ainsi alors qu’une grande réflexion s’entamait dans l’esprit de l’adjointe de Sainte-Élisa. Les paroles du Surintendant auraient-elles des répercussions dans le quotidien d’une adorable petite demi elfe appelée Taräsilmë? Sans doute. Même si plusieurs personnes à Systéria ne s’était pas gêné de faire remarquer à Sarälondë qu’elle passait trop de temps dans ses dossiers et autres affaires de fonctionnaire, il fallait croire que certain individu semblait être la définition même du mot convainquant.