Les deux pieds dans une galère : Arrivée et tas d'ennuis...

Les deux pieds dans une galère : Arrivée et tas d'ennuis...

Post by Shandri Eäm'Arylth, OdS - April 6, 2009 at 4:32 AM

« On mettra pied à terre d’ici le crépuscule, Demoiselle Eäm’Arylth. »

Le capitaine Ja’Kes Paro patienta un moment devant la porte de sa propre cabine puis, constatant le silence de la dite Demoiselle, se renfrogna sensiblement à ce jeune caprice tout féminin. Ses narines se dilatèrent quelque peu, un rictus irrité au visage, le grand humain pivota sèchement vers son équipage. Il coula sur ses hommes un regard farouche et sans rappel, limitant de son mieux les fou rires des mousses. Depuis que cette petite gueuse était sur son navire, La Naïade, son autorité avait baissé d’un cran. De deux, peut-être bien ! Parce que sa chute de reins l’obligeait bien, Demoiselle avait hérité du confort et du luxe de la cabine du Capitaine Paro. Et parce que son sourire et ses manières de jeune femme bien-comme-il-faut titillaient les cordes sensibles des marins, Demoiselle bénéficiait de la protection du pauvre Capitaine. Il s’était proposé promptement ; elle ne demandait rien, si ce n’est qu’un aller simple à Systéria.

Alors qu’il s’éloignait d’un pas raide, la porte s’entrouvrit de quelques centimètres. Le visage doux de la jeune Demoiselle fit une apparition discrète et prude. Et l’irritation de l’humain disparu aussitôt.

« Je serai prête, et je n’oserai vous faire attendre... Auriez-vous la délicatesse de me donner l’une de vos vieilles chemises ? Mes vêtements de voyage ne sont pas dignes d’être présentés à un Temple de Thaar. »

Après avoir eu la bénédiction du Sieur Paro, Demoiselle referma la porte de la cabine, son dernier refuge de quiétude dans ce navire beaucoup trop masculin pour elle. La jeune femme entreprit une fouille méthodique et respectueuse des effets du Capitaine, puis arrêta son choix sur une chemise usée mais propre, qui ne sentait ni le rhum ni le tabac. Elle rassembla ses maigres affaires : une bourse presque vide, une petite dague émoussée et la chevalière de sa famille. Enfin prête, Demoiselle rejoignit le pont en prenant soin de saluer les quelques marins sur son passage. Son regard humide d’émotion d’une très longue escapade s’arrêta sur l’horizon alors que ses pensées défilèrent sur ses souvenirs...


Post by Shandri Eäm'Arylth, OdS - April 26, 2009 at 3:31 AM

Comme les choses avaient bien tournées depuis son arrivée à Systéria ! Demoiselle s’en étonnait encore lorsque ses pensées s’évadèrent et qu’elle les surprenait. Certes, le manoir familial de Briganne lui manquait terriblement, l’odeur des sablés cuisinés par les servantes ne lui creuserait plus jamais l’estomac, jamais plus ses pas ne s’égareraient sur le marbre ouvragé des bibliothèques du Temple de cette ville splendide. La jeune humaine avait laissé beaucoup, derrière elle : ses rares amies, toutes ses partitions, sa harpe qu’elle chérissait tant, ses délicats vêtements faits de soie et de dentelle... Pire que tout, Demoiselle était sans nouvelle de son père depuis un temps, déjà, et si elle arrivait à tromper son entourage immédiat, ni observateur ni délicat à son endroit – Pourquoi un homme le serait à l’endroit d’une femme, de toute façon ? -, elle était incapable de chasser la dernière image qu’elle en avait à l’esprit. Ensanglanté, des marques lui couvrant la peau, il la traînait de force sur ce navire vers une destination qui lui était dès lors inconnu.

Mais que les choses avaient bien tournées, depuis ! Demoiselle était logée dans une confortable chambre du Temple, encore plus près du Gardien des Vertus qu’elle ne l’aurait jamais espéré. Elle apprenait à apprécier cette ville malgré l’ombre opaque qui la voilait, la découvrant peu à peu, doucement, comme le ferait un époux honorant pour la première fois sa douce.
Ses pensées eurent pour effet de la faire rougir. Ses joues ambrées trouvèrent refuge dans une jolie teinte rosée, le temps qu’elle les chasse d’un bref mouvement de tête. La jeunette revint à son bilan...
À défaut d’avoir amis et confidents, Demoiselle appréciait la droiture et la loyauté des gens l’entourant, dans cette demeure divine. S’il advenait qu’elle se perde dans les méandres de ses sentiments et de sa féminitude, ils seraient là, tous, aussi droits que la justice de Thaar, à lui tendre les bras pour la ramener vers les vertus et la spiritualité.

C’était justement le cas : se sentant étouffée entre deux parties – d’une part, elle partageait les tourments de Dame Balgor, de l’autre, elle devait obéissance à ses supérieurs hiérarchiques –, Demoiselle prit l’initiative d’attendre devant le bureau de l’Inquisiteur. Suite aux récents événements, la jeune femme avait appris deux choses. D’une, elle savait l’Inquisiteur maître dans l’Art de la fuite. Malgré ses principes irréprochables, Brehan de Nogar avait cette fâcheuse manie de quitter rapidement les confrontations. Sans doute préférait-il rester seul, le temps que la fureur s’estompe ? De deux, elle avait trouvé, telle une princesse des temps jadis, une chaussure à son pied. L’inquisiteur était au moins aussi têtu qu’elle.

Son maintien était irréprochable : noble et droit, la tête haute, sourire affable sur ses lèvres charnues. Lorsque l’inquisiteur se montra enfin, Demoiselle s’inclina dans une révérence parfaite et coquette. Elle se redressa enfin pour rencontrer le regard de cet homme de foi, replaçant tout juste une mèche ondulée à son chignon stylisé.

- « Sieur de Nogar... J’aimerai m’entretenir avec vous au sujet de Dame Balgor, lorsque vous aurez un moment à m’accorder. ...Ne prenez pas cet air si austère, je vous en prie ; j’aimerais me montrer honnête envers vous, vous le méritez. Mais je ne saurai pas m’ouvrir pleinement en vous voyant si sévère à mon égard. »

Demoiselle mordilla sa lèvre inférieure avec une douceur toute féminine, comme si ce geste lui permettait de libérer la nervosité qui commençait à peine à l’habiter. Elle papillonna les cils à maintes reprises, aussi, soutenant sans mal et fixement le regard de l’Inquisiteur. Ce n’était pas la culpabilité qui ombrait ses traits, mais la peur de déplaire à un homme si droit.

[...]

Nous aimerions reprendre ce RP en jeu, lorsque vous le pourrez.


Post by Shandri Eäm'Arylth, OdS - May 10, 2009 at 11:52 AM

«Un baiser pour un amour sincère
Et un prince charmant pour me plaire...»

Ainsi chantait Demoiselle, confortablement installée dans la bassine fumante dont les arômes exotiques s’échappaient de par-dessous la porte. La petite chambre du temple était désormais humide de brume ; les lucarnes n’arrivaient pas à aérer suffisamment l’endroit. Mais cette vapeur ne semblait pas gêner Demoiselle, au contraire. Sa voix se faisait plus claire dans un tel climat. Quoi qu’il en soit, elle redressa légèrement son pied droit de l’eau pour en admirer ses orteils, par-dessus son livre.

Un bouquin ? Si l’un des prêtres avaient eu l’affront d’ouvrir cette porte, il serait sans doute étonné non pas d’y trouver une initiée en pleine paresse, mais bien de retrouver Demoiselle Eäm`Arylth en pleine lecture d’un ouvrage sérieux des nombreuses pathologies de l’âme ! Et si un télépathe avait trouvé le courage d’ouvrir cette même porte, il serait surpris d’y voir cette même Demoiselle faire mine de lire ce volume, alors que ses pensées étaient à des milles de ce sujet. En effet, peu de confrontation avec les miroirs, peu de langage déliant les blessures inconscientes...

Que voulait donc dire ces vers ?
« Au printemps le sommeil ne cesse dès l’aurore,
Partout se font ouïr les gazouillis d'oiseaux,
La nuit s'achève enfin dans le souffle des eaux,
Qui sait combien de fleurs seront tombées encore ?»

Demoiselle replongea son visage sous l’eau, le temps de vider ses poumons et de tâcher de faire le vide à son esprit. Ce poème ne pouvait pas être positif, le réseau lexical en prouvait indubitablement l’inverse : tomber, sommeil, nuit, achèvement... Toutefois, la beauté y était palpable. Ne parlait-on pas de fleurs, de printemps et d’aurore ? Mais si ! D’un coup, tout semblait plus clair pour Demoiselle Eäm`Arylth, ce qui eut pour effet de la faire ressortir brusquement des eaux de la bassine et tacheter d’eau ce livre si précieux. Incapable de s’éveiller, l’auteur de ce poème se plongeait dans les profondeurs crépusculaires en y manquant la beauté de ce monde. Qui sait ce qu’il raterait encore ? Elle. Il allait la rater Elle. Comment le jeune herboriste avait-il bien pu lui faire cadeau d’un poème aussi peu propice à l’espoir... Ou même à la romance? À moins que ce ne soit là que la preuve du désir de ne vouloir la manquer... Une déclaration ? Ô ! Thaar, venez en aide à votre suivante et éclairez-la de votre lumière...

En ronchonnant, la jeune humaine entreprit de quitter ce bain douillet pour s’assécher les cheveux et se préparer soigneusement pour les célébrations. Khôl, soieries, fleurs et baume ; à défaut de pouvoir régler ses comptes avec l’herboriste, Demoiselle serait au moins présentable à une mondanité.

Oh ! Comme il est si peu évident d’être initiée, au sein de l’Ordre du Soleil...