Rencontre du troisième type
Post by Shandri Eäm'Arylth, OdS - July 24, 2009 at 12:07 PM
Depuis l’agression à l’endroit de Dame Balgor, les événements tragiques ou inquiétants dégringolaient à un rythme alarmant dans l’enceinte systérienne. Que ce soit cette tête sans corps, se baladant dans les rumeurs du quartier de l’Ordre du Soleil, la tentative d’assassinat à l’égard du Sieur Gnomique ou bien les révélations indiscrètes de la Marquise au sujet d’Udossta, toutes les raisons étaient délicieuses pour maintenir Demoiselle dans un état d’esprit des plus angoissés.
Comme si l’ambiance systérienne ne suffisait pas à instaurer un climat lugubre, un elfe noir jugea bon de venir visiter le temple. Évidemment, c’était la nuit. Évidemment, il tomba sur Demoiselle. Évidemment, elle se montra aimable, par peur ou par candeur.
«- Quel est votre nom, gente demoiselle ? J’aimerai connaître un peu mieux la personne à qui je vais me confier...
- Je suis Demoiselle Eäm’Arylth, prélat de l’Ordre du Soleil. À qui ai-je l’honneur ?»
Demoiselle lui offrit l’un de ces sourires alliant douceur et amabilité qui lui était si caractéristique. Alors qu’elle s’attendait à un échange courtois et civilisé, comme savait si bien le faire la Marquise Mel’Viir, Demoiselle sursauta brusquement. L’elfe noir frappa fortement la table devant elle et débuta la conversation la plus étrange que l’on ait encore jamais tenue à Demoiselle.
«Vous savez c’est quoi le problème ? Le savez-vous ?! C’est... C’est les saletés de races ! Vous savez, tout ce qui entoure les races, les stéréotypes. Vous comprenez, hein ?!»
«Ça ne m’ennuie pas ! Ça me PURGE !»
«Les elfes noirs ont-ils le droit d’aimer ? Est-il civilement acceptable qu’un individu aime l’un des miens ?! Avons-nous quelque chose à apprécier ?»
«Mais pourquoi l’on me dit que je n’ai pas le droit d’être avec l’objet de ma convoitise ?! Vous savez, parfois, quand on me dit ça, j’ai envie de... Vous voyez ?»
C’est lorsqu’il mima un égorgement que Demoiselle garda un silence horrifié. Elle constata dès lors que la nuit serait très longue, à attendre que cet azimuté quitte le lieu sacré de son propre chef. S’armant de patience, dissimulée derrière son épais grimoire, Demoiselle laissa couler les heures. D’une politesse exquise, malgré les menaces, elle finit par prendre congé, se barricadant à sa chambre. Barricadant, oui. Le lit trouva à se déplacer, ce soir-là. Et la commode aussi. Même le chat y passa.
Ce fut, en quelque sorte, la rencontre du troisième type de Demoiselle.
Post by Shandri Eäm'Arylth, OdS - August 1, 2009 at 9:46 AM
Il faisait noir, la nuit était avancée et les rues systériennes étaient des plus désertiques. Seules quelques lanternes suspendues devant les bâtiments publics permettaient aux citadins de circuler avec une aisance relative. C’est d’ailleurs ce que faisait Demoiselle, loin du Quartier de l’Ordre.
Demoiselle. Loin de l’Ordre. Que faisait-elle donc en moyenne-ville ?
L’épidémie de meurtres semblaient s’être calmée, l’attentionné Sieur Minh Yu ne la terrorisait plus de ses histoires morbides, sa très chère Dame Balgor reprenait de sa forme et les adorables jumelles Taur’Amandil inspiraient la quiétude. Demoiselle se permettait donc peu à peu ses promenades au sein de Systéria, outre que pour des raisons professionnelles... Ou presque. C’est ainsi qu’elle se retrouva au Coin Chaud, questionnant son patient, le Sieur Polymaro, sur sa santé.
- Oui, Miguel Relt avait encore blessé quelqu’un. Il visitait à nouveau sa demeure secondaire : les geôles de l’Ordre du Soleil. –
C’est lorsque Demoiselle quitta ce lieu bondé, rassurée sur l’état de son patient, pour retrouver repos au sein du temple de la Lumière Immortelle, qu’elle commença à regretter sa si agréable promenade.
On la suivait !
Elle était d’abord sceptique qu’un homme la suive réellement, de par les ombres ; il aurait été très indélicat pour lui d’agresser l’une des protégées de Thaar, en pleine moyenne-ville. De nuit ou pas. On racontait que l’illustre Inquisiteur faisait office de chien de garde, pour les membres de l’Ordre du Soleil. Néanmoins, Demoiselle l’avait vu, du bout des yeux. Sa silhouette d’homme était découpée sinistrement à plusieurs mètres d’elle. Puis au détour d’une ruelle, il s’était immobilisé, sentant sur lui son regard.
Quoi qu’il en soit, elle se mit à courir pour rejoindre la petite maisonnée offerte par Sieur Minh Yu, verrouillant à double tour. Demoiselle se laissa glisser à l’un des coins de l’unique pièce, maintenant fermement ses jambes contre sa poitrine. Elle retint sa respiration et attendit que les pas de l’homme cessent de fureter devant la porte...
Était-ce un plan manigancé par le docteur pour la traquer jusqu’à cette maison ? Ce traqueur était-il un hérétique en soif de vengeance vis-à-vis l’Ordre ? Était-ce simplement question d’un jeune homme maladroit voulant s’entretenir avec Demoiselle ?
Peu importait réellement. Elle ne sortirait plus seule du Quartier ! Ooooh que non ! C'était, une fois de plus, l'une de ces rencontres du troisième type, pour Demoiselle.
Post by Feu Zaō Minh Yu, AdM. - August 2, 2009 at 12:59 AM
La fin de l'innocence..
Ou quand demoiselle met fin à deux vies...
Des choses inhabituelles pour celle qui ne sortait pas de la ville, elle était demoiselle traitée comme une reine mais elle fut aussi combattante alors que rien n'en laisserais présager une telle issue. C'est dans les moments difficiles que l'on aperçoit sa vraie valeur.
La plaine étendait à perte de vue ses prairies vertes comme les capes mercenaires, deux chevaux les parcouraient à bride abattue, survolant presque les obstacles du terrain quand soudain au détour d'une colline ils furent sur eux.
Deux groupes de brigands leur avaient tendu un piège, peut être en entendant le bruit de la cavalcade qui s'approchait ils avaient imaginés les bourses remplies d'or de plusieurs marchands ou une caravane remplie de marchandises ? Toujours est t'il qu'ils leur tombèrent sur le dos en moins de temps qu'il ne fallut pour le dire. Le cheval du sieur Minh Yu vu stoppé par une corde qui lui cisailla le poitrail, envoyant valdinguer son propriétaire à plusieurs pas de la. La demoiselle quand à elle pu éviter le groupe mais vu pris à partie par un nain armé d'un baton qui tenta à plusieurs reprises de la désarconner, il fut bientôt cloué au sol par un trait meurtrier tiré de l'arc Yu. La loi du nombre l'emporta, mais plusieurs brigands ne revirent jamais le soleil se coucher, la demoiselle entonnant des murmures modulait les trames de la réalité afin de faire perdre leur équilibre aux brigands, elle fut même responsable de deux morts, deux individus qui s'acharnaient sur le docteur qui tentait de se débattre dans la masse, tel un jeune enfant qui pense pouvoir couper le fil du cours d'eau de son baton, certes les coups étaient adroit et bien placés mais la masse se referma sur eux.
Ils les laissèrent inconscient sur le bord de la route, privé de leurs biens, privé de leurs chevaux à plus de trente lieues de la cité de systéria dont on n'apercevait au loin que les dômes de la confrérie pourpre qui resplendissaient au soleil couchant.
Ils se remirent alors en route, se serrant l'un contre l'autre pour éviter le froid mordant qui descendait sur la plaine quand ils virent à l'horizon de la fumée, l'auberge du nord n'était plus loin tout au plus à deux ou trois heures de marche, mais avant cela.. L'immense tapis de glace les attendait, tapis d'une chose inconnue pour la demoiselle qui prenait plaisir à voir ses pas s'enfoncer jusqu'au genou dans la matière froide mais légère, comme un tapis de pétales de lys que l'on foule du pied un jour de mariage. Avec le tapis de glace, le froid arriva.. Il s'insinua dans leurs corps, ralentissant leur progression jusqu'au moment ou ils poussèrent la porte de l'auberge, bousculant le peu de monde qui s'y trouvait pour elle se loger une place près du feu pendant que le sieur Minh Yu dépensait son or en vêtements chauds.
Le soir même, loin de tous, loin de la cité et loin de leurs obligations respectives, l'on eut pu voir une humaine se reposant auprès du feu dans les bras d'un demi elfe murmurant :
" Sieur Minh Yu, ces deux hommes.. Je les ais.. "
" Demoiselle, c'est dur à vivre, je le sais pour l'avoir vécu mais ce sentiment de malaise passe après la première dizaine. Avant de partir, je vous ferais découvrir quelque chose qui j'en suis sûr vous plaira."
*Assurément le docteur Minh Yu avait trouvé les mots juste pour pouvoir atténuer les douleurs de la demoiselle de l'ordre qui partageait son temps depuis plusieurs semaines maintenant. *
Post by Shandri Eäm'Arylth, OdS - August 3, 2009 at 9:26 PM
«Qu’est-elle donc pour moi ? Ni femme, ni maîtresse
Ni fille ; mais son avenir,
Mais son destin maudit viennent hanter sans cesse
Mes nuis sans me laisser dormir»
« Demoiselle, c'est dur à vivre, je le sais pour l'avoir vécu mais ce sentiment de malaise passe après la première dizaine. Avant de partir, je vous ferais découvrir quelque chose qui j'en suis sûr vous plaira.»
Ce sentiment de malaise ... disparaîtrait...
Elle avait dû prononcer le sombre chant de Risu, jusqu’à ce que les corps s’effondrent lourdement, inertes, au sol. Vidés de leur vitalité sous la douleur intenable du verbe. La puissance du Verbe. Demoiselle avait dû commettre l’irréparable, retirer toute substance de vie à un autre être. À ce moment, lovée contre le demi-elfe dans la tiédeur réconfortante de l’auberge, elle était prête à le croire. Pourtant... Demoiselle aurait dû se douter que les cris déchirants de ses victimes reviendraient la hanter, qu’aucun précepte ne viendrait justifier son malaise.
Ils se retrouvèrent très vite confrontés à toute la nordicité dont pouvait faire preuve l’île de Systéria. Ce froid mordant, menant à l’isolation et au confinement, à la folie. Le froid assassin pinçait leur épiderme en s’immisçant sous leurs doublures. C’était le prix à payer pour visiter l’une de ces régions vierges, si peu visitées par les hommes.
Qu’était donc ce quelque chose du Nord pouvant lui faire oublier la vision lancinante des corps sans vie ?
D’un geste de la main, il guida le regard de Demoiselle sur une énorme créature longue de trois mètres, amas graisseux et plissé aux défenses interminables et terrifiantes. Pacifique. Grandiose et inusité. Demoiselle s’agenouilla devant cet étrange animal qui n’inspirait que quiétude hivernale. Oh...! Sieur Minh Yu avait pensé à tout, évidemment. Il avait risqué sa vie dans l'unique but de plaire à Demoiselle, de la faire glousser de cette manière si particulière; clochettes en cascade. Ce dévoué docteur, de tout coeur, voulait gagner ce coeur-à-coeur, il connaissait son jeu par coeur...
C’est avec un sourire délicieusement amusé qu’elle demanda à son protecteur de le ramener à ses appartements, au sein du Temple.
« Ils sont certainement plus thaariens que le jeune Sieur Relt...»
Ce tête-à-tête avec un morse éloigna le malaise de Demoiselle, bien qu’il fût aussi étrange et irréel que l’une de ces rencontres du troisième type...