Lorsqu'un coucher de soleil appelle le souvenir...

Lorsqu'un coucher de soleil appelle le souvenir...

Post by Feu Zaō Minh Yu, AdM. - July 25, 2009 at 3:41 PM

Lorsqu'un coucher de soleil appelle le souvenir...
A des centaines de lieues de l'endroit ou ils sont nés...

C'était le fil des pensées du demi-elfe qui avait posés les pieds au gré de la route, quel était son but ? lui même ne le savait pas, il se laisser errer sur les chemins de traverse, le seul fil qui le guidait vers sa destination fut le soleil se couchant sur l'horizon. Il traversa le pont de pierre en jetant un œil à l'auberge de l'indépendance, il se souvenait de repas partagés à cet endroit dans une bonne humeur qu'il n'avait plus connu depuis.. cela faisait très longtemps, tellement longtemps que cela paraissait être une autre vie.

Ses pas sonnèrent sur la pierre du pont lorsque il le traversa et s'engagea dans les bois, tout cela lui rappelait ce qu'il avait vécu quelques années plus tôt. Cette fois la aussi, le ciel était rouge, pourpre même, aussi loin que l'on pouvait regarder, toute la plaine était occupée par deux armées qui se faisaient face, les animaux sauvages s'étaient terrés en leur tanière se rendent compte que pour une fois des forces dépassant de loin les leurs étaient en train de se mouvoir à la surface. La brume matinale s'accrochait aux jambes des combattants, comme des bras spectraux qui voulaient emporter avec eux les guerriers vers l'autre monde. Depuis plus de quatre heures maintenant les deux groupes se faisaient face, échangeant les messagers avec les informations qui donneraient l'ordre d'un traité de paix ou d'un massacre en règle sur l'archipel. Sanglé dans une armure de mortine, sa cote de maille endommagée par les combats précédents, le docteur Minh Yu écoutait les ordres donnés aux troupes. Un groupe d'éclaireurs s'approchèrent de lui et lui tendirent un document qu'il détailla de ses yeux presque transparents, fatigués et cernés comme si il n'avait plus dormi depuis des années, il regarda ses hommes et roula le plan tout en hochant la tête.

Six hommes furent sélectionnés dans les meilleurs soldats de l'armée du clan, c'était des soldats avisés dont les oriflammes du clan claquaient au vent. D'un regard il les remercia de leur présence et les hommes sûrent qu'ils allaient enfin mettre leur vie en danger pour la gloire de ceux qui les avaient éduqués, les ordres furent donnés et les septs hommes quittèrent le camp avancé pour se faufiler sans bruit dans les bois. Au milieu de la nuit, le ballet des messagers s'interrompit et un coup de corne résonna dans la plaine, la trêve était rompue et le combat allait commencer, sabre en main, fourches et arcs pour d'autres, le clan se mit en place dans un ordre qui aurait peut être étonné un général de l'armée Systérienne tellement tout était organisé pour vaincre l'ennemi. Alors que les troupes se mirent en marche l'une vers l'autre pour une ultime rencontre, le docteur Zao Minh Yu sortait de la forêt non loin des troupes ennemies. Contourner les troupes peut avoir un avantage stratégique mais lorsque le signal est donné pour l'affrontement, continuer sa progression sous couvert ne serait pas honorable et cela tous les T'sens vous l'auraient dit comme lui.

Ils sortirent donc du bois dans le soleil couchant, heureusement le soleil leur couvrait le dos, les rendant presque invisibles à leurs adversaires. C'est comme cela qu'ils furent sur eux, hurlant des paroles à la gloire de leur famille, courant presque dans leurs hakamas qui couvraient les mouvements rapides de leurs jambes, rendant impossible à prévoir leurs futurs déplacements.

Lame au clair ils furent sur les premières lignes...

" Bras ! coudes ! Genoux ! Têtes ! Ce qui est tranché ne peut plus nuire !"
C'était le cri de guerre des hommes du clan, ils l'hurlèrent en attaquant. Le premier garde qui fut a portée reçu le tranchant de la lame en travers de la gorge, la tête ne tenant plus que par les muscles de la nuque, il alla s'écraser au sol comme un sac de petit bois sanguinolent, d'un bond rapide, le médecin fut sur le second garde à portée. L'homme tenta de l'embrocher sur sa pique comme un vulgaire morceau de viande mais le bout de la pique fut tranché net d'un coup de lame, l'odeur du bois brûlé par la lame de pyrolithe s'éleva même un instant dans l'air tandis que les bras de l'hommes suivirent le même mouvement que la pique, touchant le sol en grésillant eux aussi.

Le dernier coup de lame traversa l'armure de cuir et le torse de celui qui n'avait déja plus que sa bouche pour hurler. Les conseils du médecins déchirèrent le fracas du combat, c'étaient des conseils avisés qui pouvaient renverser l'issue des combats qu'ils menaient maintenant au milieu d'une masse compacte et hostile de combattants, le gros de l'armée les avaient rejoints et ce n'était déja plus que des bruits de cris, de râles, d'impacts gras de chair contre les marteaux de guerre et d'incantation magiques mortelles.

"Or Por Ylem"
La lame tombée au sol revenait dans les mains de celui qui l'avait perdu, un regard de remerciement masqué par une gerbe de sang, c'était le lot des guerriers de l'archipel. Ils avancèrent comme cela pendant ce qui leur semblèrent des heures, les muscles des bras ankilosés, l'oeil aux aguets comme un prédateur à la recherche de l'animal malade de la tribu. C'est un long coup de trompe qui annonca que la journée de combat était terminée.. Quel était le vainqueur de cette bataille ? Celui qui restait debout ? Celui qui était allongé dans l'herbe de la plaine, son sang nourrissant la terre des vainqueurs ? Qui aurait pu le dire... Ceux qui étaient couchés peut être, pour eux la guerre était terminée.

Épuisé par les combats le docteur Minh Yu s'assit à même le sol, le regard porté vers ce soleil qui se couchait, couvrant la plaine de ses rayons, recouvrant les corps d'un voile de lumière rouge qui leur donnait un art de théatre qui hélas ne serait plus la cette nuit lorsque les loups et les charognards viendraient dévorer leurs corps. C'était l'heure de la moisson, s'appuyant sur sa lame, il se redressa et se mit en quête de ses trophées. Quand il eut récuperé au moins cinq têtes dans son sac, il se retourna une dernière fois sur le soleil qui ne laissait plus apparaitre qu'une fine ligne rouge à l'horizon...

C'est comme cela qu'il resta face au soleil, la tête dans ses souvenirs. Homme de forte carrure dont la santé semblait avoir décuplé, le teint halé des guerriers de tsens et les yeux bruns pétillants de vigueur, il se tenait face au soleil habillé dans la tenue officielle des habitants de l'archipel, c'est comme cela que les pas des passants le trouveraient...

"Prends-les au dépourvu
Déplace-toi dans l'inattendu,
Sois subtil jusqu'à l'invisible
Sois mystérieux jusqu'à l'inaudible
Alors tu pourras maîtriser le destin de tes adversaires"

*Tel était les murmures de l'homme dans l'air marin... *