Juste pour la forme...

Juste pour la forme...

Post by Thomas Bolton, Emp - July 26, 2009 at 12:07 PM

Cela faisait deux jours que les lettres envoyées aux ambassades afin de trouver une compagne décente au prince héritier Maemor avaient été envoyées. Deux jours durant lesquels le Surintendant attendait ne serait-ce qu’une notification de réception par les divers diplomates contactés. Elfes, demi-elfes, humains, toutes les races compatibles avaient été mises au courant afin d’élargir le choix des options diplomatiques futures.

Les réflexions de Sa Seigneurie furent vite interrompues lorsqu’il entendu des éclats de voix qui provenaient de la grande herse. Il sortit de son bureau, longea les remparts et observa la petite scène d’un œil attentif, derrière un créneau qui masquait sa présence à deux du dessous…

« Rien à faire, de pas avoir été annoncé, foutredieu ! Qu’on me laisse entrer et qu’on me laisse lui parler ou je vous jure qu’il y en a qui vont se retrouver avec une petite guerre sur le dos ! », braillait avec toute la puissance de sa voix l’ambassadeur nain aux gardes de l’Ordre.

« Mais enfin, Votre Excellence, il faut s’annoncer, avant ! On n’a rien fait pour préparer votre visite, voyons. Calmez-vous ! », fit un garde qui tentait d’apaiser la situation.

Avant que la situation ne dégénère, le Surintendant interpella un écuyer qui passait par là et lui confia quelques instructions sur ce bruyant invité. Et quelques minutes plus tard, il se retrouva dans son bureau en compagnie du nain qui n’avait pas décoléré.

« Quand même, monsieur le duc, c’est inadmissible ! », grogna-t-il.

Le premier ministre restait parfaitement calme, seule silhouette immobile de la pièce, son regard suivant lentement le petit diplomate qui faisait les cent pas en ponctuant sa marche de grands et amples gestes.

« Et qu’est-ce qui est inadmissible, Excellence ? », répondit-il froidement.

« Vous croyez qu’on ne l’aurait pas su, franchement ? Vous croyez qu’on était bête à ce point ? »

« Pas su quoi, Excellence ? Bête à quel point, Excellence ? », ajouta Sa Seigneurie d’un ton toujours aussi monocorde mais avec une lueur d’amusement dans le regard.

« La recherche de promises pour le prince Maemor, pardieu ! Le Rik’Urbar est outré de voir que vous n’avez même pas songé à en informer Kar Bed’Joul ! Lui qui possède de si belles et si charmantes filles fortes, dodues et bien poilues ! »

S’ensuivit un long silence. Si long qu’on aurait pu croire que de la mousse allait pousser sur nos deux protagonistes. Le nain gardait une expression emprunte de colère bien qu’elle semblait tout de même diminuer légèrement. Le Surintendant brisa ce silence en premier.

« Dites-moi, Grizdal. », lança-t-il sur le ton de la conversation.

« Oui, Thomas ? », répondit d’un ton beaucoup moins agressif le nain.

« Cette protestation, c’est juste pour la forme, n’est-ce pas ? »

L’ambassadeur s’attrapa les mains et se les tordit légèrement, comme s’il était gêné de s’être fait prendre.

« Ben… faut dire que oui, Thomas. Vous savez, c’est juste histoire de dire qu’on est là. »

Le duc se releva et se dirigea vers une superbe armoire d’où il sortit une bouteille de bière brassée à Azgal’Ankor il y a plus d’un siècle. Un présent rare qu’il avait dû obtenir à la suite de tractations diplomatiques.

« Puisque vous êtes là, autant en profiter, Grizdal, non ? »

« Ah, bah je peux pas passer à côté de ça, pour sûr, Thomas. », fit un nain ragaillardit et désormais joyeux.

« Et sinon, comment va la petite famille ? Grizelda est encore enceinte je crois ? »

*Et la discussion évolua sur des sujets bien plus personnels qu’une simple visite diplomatique. Ah, le premier ministre aimait bien ce nain. Il avait un je-ne-sais-quoi de foncièrement rafraîchissant. *