Prière nocturne
Post by Shigeru Maeda, Adm - July 29, 2009 at 12:14 PM
La caserne ronflait déjà depuis quelques temps et le soleil ne pointerait pas le bout de son nez avant un bon moment alors que le jeune Seigneur s'était accroupis face au petit autel qu'il s'était lui-même évertué à mettre en place. Sur ce maigre présentoir aux allures pour le moins artisanales se trouvait un médaillon aux armoiries du clan Maeda, deux baguettes d'encens ainsi qu'un ancien et usé katana gravé de quelques paroles Tsen et signé des glyphes du clan Maeda.
Il n'est pas acier,
Il est chair et os.
Il n'est pas funeste destin,
Il est vie et avenir.
Il n'est pas sauvagerie,
Il est honneur et courage.
Il n'est pas quiconque,
Il est Clan et Union.
Il n'est pas guerrier,
Il est Maeda.
Laissant glisser sur l'acier plié à de multiples reprises ses longs doigts fins, il rendait ainsi hommage à ses ancêtres, les anciens, les esprits de ceux qui comme lui avaient portés le nom de Maeda et avaient su honorer le clan par leur actes de bravoures, leur sacrifices ou leur volonté de préserver la paix à tout prix sans éfusion de sang. Il prit ensuite soigneusement un tissu de soie fine et le passa longuement sur la lame, les yeux clos dans un position cérémonial et pourtant confortable.
Reposant le linge précautionneusement, il se saisit toujours avec beaucoup de délicatesse d'une fine baguette de cèdre surplombée d'un petit plumet d'ouate trempée dans une douce poudre blanche et vint, tout en récitant des paroles respectueuses à ses anciens ainsi que des vœux de bénédictions pour ses proches, saupoudrer la lame du katana avec toute la douceur présente en lui et s'immobiliser ensuite.
Ré-ouvrant les yeux suite à se geste, il enveloppa à nouveau l'arme dans son écrin de soie et vint le glisser dans une longue boite à clapet sculptée à même l'ébène et décorée de nombreux idéogrammes Tsen représentant une fleur de lotus. Il laissa se consumer les baguettes d'encens disposées de part et d'autres de l'autel et se remit à une longue prière.
« Je suis le courroux de l'injuste et le bastion des faibles. Mon âme est pure et mes choix sont réfléchis. Je me fais gardien des valeurs et guerrier honorable. Je me veux juste et miséricordieux. Je me dois d'être incorruptible et droit. Je serai vaincu mais digne. Puissiez-vous, sentinelles des cieux, toujours nous préserver du vice et veiller sur nos âmes mortelles. Que la paix soit sur nos maisons, que vos âmes trouvent le chemin de l'éternelle existence. »
Il épongea ensuite son visage d'un tissu de qualité plus médiocre afin qu'il puisse être lavé de toutes ses faiblesses et fautes, puis il se redressa et plaça autour de son cou le médaillon familial avec beaucoup d'humilité. Ainsi le jeune Maeda avait honoré ses ancêtres et les personnes qui comptaient dans son cœur, d'ordinaire si froid.