Nikita... Mon rayon ardent...

Nikita... Mon rayon ardent...

Post by Hydre, gdo - August 15, 2009 at 5:12 AM

Et au travers de l'épaisseur du feuillage de l'obscure forêt perce l'éternel rayon de Thaar.

Ses doigts, aussi délicats que ceux de la créature puissent l'être, vinrent effleurer le pétale de ses lèvres, douces. Chaque pli de cette bouche devenait un gouffre tumultueux où se plaisait à passer son épiderme écailleux. Caresse ivre de tendresse, où la patience était le mot d'or.

"Nikita ma douce... pourquoi ne viens-tu pas...?"

Cernée par une méduse de lanternes, la créature se retrouvait, seule avec elle-même, dans un lieu où seule une rune savait se rendre. Les verres envoyaient sur l'Hydre une lueur voilée. Timides de s'afficher avec autant de noirceur, ils caressaient sans équivoque les plis des tissus du voilage qui recouvraient l'être presqu'en entier. Là où la sombre chose se trouvait, on pouvait entendre les grillons chanter à toute période de l'année Systérienne. La petite soeur en soi n'avait aucun contrôle sur le tempérament de ses lieux, de son ciel. Ce ciel, et ces étoiles. Ces points lumineux qui venaient percer l'obscurité, comme le regard de la prêtresse avait sû percer ce coeur si noir. Ces étoiles qui était possiblement les mêmes que celles que la belle pouvait observer en ce moment même. Ces astres, si beaux, si mystérieux. Ces astres qui attiraient les regards par leur mystère.

"Nikitaaaaa..."

Ce mot qui résonnait dans le silence de cette nuit. Nuit sans nuages, où les ombres embrassaient les lueurs avec une tendresse toute charnelle. Ce mot, soufflé avec une tendresse infinie, cette voix, indiscernable. Cette voix, qui semblait à la fois unique et multiple. Cette voix, que le détenteur de la rune put entendre osciller hors de ce présent si... craint.


Post by Brehan de Nogar, OdS - August 15, 2009 at 8:35 AM

Quelques jours plus tôt...

C'est une soirée comme les autres, mais lorsque je me rend à ma chambre, j'aperçois la Prêtresse Nikita et la Prélat Shandri Eam'Arylth qui conversent au fond du couloir. Je réalise rapidement que les traits de Demoiselle sont plus tendus que l'habitude. Avec ce qu'elle a vécu dans ces derniers temps, j'ose espérer que rien d'autre ne l'a troublé. Je capte une bribe de la conversation qui glace le sang de mes veines:

-Demoiselle Nikita? Nous avons trouvé une rune vous étant destinée, de la part d'un dénommé "Hydre".

Le tout se fait si vite. Pendant que Nikita devient blême, son corps devenant presque chancelant, je retrouve près d'elles, alors que mon regard gris clair semble vouloir fouiller l'âme de Shandri alors que je fixe son regard. Sans doute plus sec que je ne l'aurais désiré, ces paroles coulent de mes lèvres:

-Qui l'a en sa possession désormais?

Shandri sort alors l'objet de sa besace, ma main se tend aussitôt vers la rune d'un air inquisiteur, alors qu'elle me la remet.

Je porte un court regard sur Nikita alors que je constate qu'elle est encore plus blême. Je pivote vers une lanterne accrochée sur le mur et je viens scruter la rune très rudement de mon regard clair. Sans même les saluer, je me dirige vers ma chambre qui se situe tout près.

Je ne peux tolérer que cette créature relance ainsi cette femme de bien qu'est la douce Nikita. Surtout que je suis le responsable de cette histoire. N'est-ce pas moi, en premier lieu, qui a soulevé l'intérêt de celui qui se surnomme Hydre? Ma tempe bat très rapidement, alors que mon expression semble aussi dure que le marbre.

Peu de temps plus tard, j'en ressors en portant mon attirail alors que j'ajuste fermement les gances de mon armure afin de l'ajuster avec précision sous les regards réprobateurs et inquiets des deux femmes.

Aussi flamboyante est mon ardeur du moment, la prêtresse Nikita, appuyée par Shandri, sait me ramener à la raison par ses sages paroles. Elle ramène le calme en moi, comme elle a su si souvent le faire par le passé. De sa lumière, elle chasse l'embrouillement créé en mon esprit. J'incline ma tête vers elle et Shandri. Ce n'est pas en cette soirée que je dégainerai la Sainte Lame...


Post by Hydre, gdo - August 19, 2009 at 4:47 AM

Lorsque le chant des ténèbres rejoint l'hymne du clair de lune...

En quelque part, sous les dalles des pavés Systériens...

"Sur mon front elle a posé son baiser. Et je me suis endormi. Innocent, pur et nu comme un nouveau-né. Mais encore, je fus floué par le nacre de ses lèvres, imaginaires. Un rêve, une distortion, floué par mon propre esprit. Oh, mère noire, ne pourrais-je pas, une seule fois, mettre fin à cette torture. À la fois craint et incompris. Nikita... rejoins-moi, caresse mon corps, submerge mon esprit. Chante pour moi, douce princesse.

Sur mon front elle a posé son baiser. Noir et suave, je m'en suis enivré. Mais tout n'était que chimères et pensées. J'ai attendu longtemps, des lustres, des heures, des minutes, des secondes. À ne plus savoir compter. Tu n'es pas venue. Nikita, est-ce là le lot de ta pauvre créature, de souffrir, d'endurer les tortures de ce monde pour pouvoir, impunément, ne serais-ce qu'une seule fois, poser le verre de mes pupilles sur ton doux visage.

Sur mon front elle a posé son baiser. Étreint et aimé. J'ai senti la moiteur de ses lèvres, et la chaleur de son sein. Oh, doux souvenir, pourquoi n'es-tu qu'une invention. Délicieuse obsession, je t'ai tenue en mes mains qu'un flou instant. Moment de bonheur, pour ensuite m'éveiller sur cette délicate noirceur, où tu n'étais plus. Nikita, souffle mon nom, et je serai là."

Triste histoire qu'étais-ce là, la prêtresse tant convoitée ne portait pas le sombre objet. La pierre des rituel, le portail de la bête, la rune de son Hydre. Mais un autre être de lumière gardait près de son coeur l'enchantement, et il fut, à son tour victime d'une nuit trouble. Cette nuit-là était une nuit nuageuse, où la lune portait un discrêt halo jaune autour de sa tête dont le visage affichait une triste moue. Une lune qui pleurait, comme la pauvre bête qui souffrait d'une carence affective.

Cette nuit-là, l'Inquisiteur fut visité d'un rêve particulier. Des chuchottements multiples, doux, suaves, comme un halètement qui venait souffler, chaud, contre son oreille. Des yeux noirs comme la nuit, comme le fruit de son désir, qui brillent, brillent d'envie. Inquisiteur, ressens ce souffle. Des rires coquins, et le bruit sensuel des draps qui se tourne et se retournent. La chaleur des corps qui se rapprochent, des lèvres, brulantes qui glissent contre son corps, devenu chaud à son tour.

Mais un homme tel que lui, dont les rayons ardents de Thaar protège l'esprit, s'éveilla au beau milieu de la nuit. Seul dans la pièce où il avait pour habitude de dormir. Il sentait encore la délicate main quitter la toison qu'il portait fièrement sous le plastron de son armure d'acier. Troublé encore de la sensation, il put voir la rune interdite, dont la lueur quittait lentement, pour cesser ses activitées...


Post by Brehan de Nogar, OdS - August 19, 2009 at 7:44 AM

Et au travers de l'épaisseur du feuillage de l'obscure forêt perce l'éternel rayon de Thaar.
Deux jours plus tôt...

Je marche d'un pas lourd, à la tête d'un regroupement de protecteurs. Nous nous apprêtons à traverser une clairière. L'astre de feu est d'une chaleur ardente. Tout est anormalement calme. Je lance un regard à mes quatre confrères, et je leur fait signe de dégainer. Alors que nous sommes rendu près du centre de la clairière, un nom est soufflé par le vent, avec une tendresse infinie:

*"Nikitaaaaa..." *

Mon regard s'intensifie, alors qu'un sentiment des plus désagréable m'envahis. Je pivote rapidement afin de tenter de trouver la provenance... pour réaliser que je suis seul. Mes confrères n'y sont plus.

"Nikitaaaaa..."

J'empoigne mon chapelet et j'entonne une prière, afin que Thaar me vienne en aide. Espérant qu'il puisse chasser cette confusion qui coule en moi. Le ciel lui-même semble s'assombrir, pendant qu'une épaisse brume m'entoure.

"Nikitaaaaa..."

Une forme sombre que je ne peux discerner semble se déplacer dans cette épaisse brume, en s'approchant de moi. Un puissant malaise semble alors me frapper, très soudainement. Ma respiration est des plus haletantes, je ne comprend ce qu'il m'arrive!

"Nikitaaaaa..."


Je me redresse soudainement en sursaut, alors que je me retrouve assis dans mon lit au sein du temple. La sueur recouvre mon corps, alors que mon coeur bat la chamade. Je secoue un peu la tête, en recouvrant de mes sens. Ce n'était qu'un horrible rêve. Je passe ma main droite à un large pansement qui recouvre mon abdomen, alors qu'un pincement douloureux me conseil de m'étendre à nouveau dans la couche.

Je secoue de la tête, alors que peu à peu, mon coeur bat plus régulièrement. Mais mon sang semble se glacer dans mes veines quand j'entends:

"Nikitaaaaa..."

Je me glisse rapidement hors de mon lit, alerté. Je passe en vitesse un pantalon et j'empoigne le fourreau de la Sainte Lame qui gisait contre le mur. Dans un bond, je sors de la pièce, en me retrouvant dans le couloir des chambres, à cogner fortement à la porte de la Prêtresse, qui est située à côté de la mienne.

J'ai l'air ridicule quand elle ouvre la porte l'air semi-somnolente pour me regarder de ses yeux verts pâles, elle semble inquiète. Son expression me rassure. Sans doute lui devrais-je un entretient pour la prochaine heure, pour l'avoir réveillé ainsi...

Me ressaisissant, j'incline ma tête vers elle pour la saluer et je m'éclaircis la gorge:

-Prêtresse Nikita... Pardonnez-moi de vous avoir réveillé ainsi. Avez-vous remarqué quelque chose d'anormal, autre de la façon donc je me présente ainsi devant vous?


Post by Brehan de Nogar, OdS - August 19, 2009 at 10:07 AM

Lorsque le chant des ténèbres rejoint l'hymne du clair de lune...
Quelques minutes plus tôt...

La rune relui intensément pendant que je suis la cible de son terrible pouvoir. Je suis plongé dans un profond sommeil, pendant que cette tornade d'émotions et de sensations me frappe de plein fouet. Ma conscience plane librement, au côté de cette silhouette indescriptible dans ces ténèbres, pendant que je suis désemparé de toute défense. Victime de cette incroyable tendresse. Son souffle haletant caresse ma peau. Je suis bercé, comme un nouveau né, dans l'inconnu. Alors que je l'enlace, et que mes lèvres effleurent les siennes, mon âme toute entière semble frémir.

Peu à peu, tout devient trouble pour ensuite s'éclaircir, et je me réveille en sursaut, comme si Thaar lui-même m'avait tendu la main.

Un profond malaise m'afflige. La clarté de mon regard balaie vivement la pièce d'un air terrifié, suite au rêve que j'ai fais, et cette sensation qui semble encore coller à ma peau. Je ne crois pas avoir été autant troublé, de toute mon existence. Mon attention s'arrête sur cette étrange rune, qui est déposée sur un bureau dans le coin de la pièce. J'ai cru l'apercevoir reluir pendant un instant...

Je me redresse hors de mon lit. Encore confus et je titube, pour me retrouver lamentablement à genoux, sans doute trop ébranlé, et sous le choc. Ma main se porte en vitesse sur un sac que j'empoigne juste à temps... je suis pris d'un haut le coeur.


Je prend le temps de me reprendre, puis avec l'once de fierté qui me reste encore, j'enfile une toge d'un blanc immaculé, et je passe la capuche afin de me couvrir le visage. C'est ainsi que je me dirigerai devant l'autel sacré afin de tenter de recouvrir ma sérénité, où je passerai sans doute le restant de la nuit.


Post by Nikita, OdS - August 25, 2009 at 11:01 PM

C'était une nuit silencieuse, paisible ... Comme on les connait au Temple de l'Ordre du Soleil. La Prêtresse Nikita avait regagné sa chambre alors que le coucher du soleil plongeait le quartier dans une pénombre progressive. La jeune femme écrivait, l'air absorbée par ses pensées. Sur son lit se trouvaient un tas de grimoires et d'ouvrages ayant visiblement de l'âge. Ils étaient tous entre-ouverts, éparpillés à l'entour de la demoiselle qui rédigeait des rapports médicaux pour la cause de l'Ordre contre la Fraternité du Chêne. Un silence implaccable dominait la pièce, voisine de celle ou l'Inquisiteur de Nogar reposait en toute sérénité, croyait-elle.

Mais c'est alors qu'on frappa frénétiquement sa porte.

Qui était-ce?
Qu'est-ce qu'on lui voulait?

Sa tête cendrée se redressa dans un geste brusque, alertée par cette précipitation angoissante. Ses yeux fatigués fixaient incessamment la porte de sa chambre. Vêtue d'une robe de nuit en soie, d'un bleu profond et sombre, sa chevelure bouclée virvoltant dans tous les sens, la Prêtresse s'avança d'un pas feutré, prudent. Elle posa une main insécure sur la porte de sa chambre, approcha sa fine bouche de la fente puis s'aventura sur un ton de voix peu rassuré ...

- Qui est-ce?

- Prêtresse, c'est moi ...

Nul besoin de se nommer, Nikita avait reconnu le timbre de voix particulier de l'Inquisiteur et déjà, sa porte s'ouvrit. La jeune femme avait ressentie la frayeur de l'Inquisiteur comme si c'était la sienne. Elle devinait le tracas de Brehan qui se trouvait devant elle. Dans un réflexe dépourvu d'intentions déplaçées, elle prit les mains de ce dernier, elles étaient moites. La Prêtresse plongea son regard inquiet dans celui de Brehan, tout autant perturbé. De toute évidence, elle lui sommait de tout lui raconter.

- Inquisiteur, vous savez que je ne dors presque pas ... Par Thaar, qu'est-ce qui s'est passé pour que vous veniez frapper à ma porte de la sorte, cher ami?


Post by Hydre, gdo - September 1, 2009 at 3:42 AM

Détresse silencieuse...

Hurlement sourd.

*Pourquoi ne réagit-elle pas? Pourquoi ne répond-elle pas? *

Les ongles dans la chair, l'hydre se soulevait des lambeaux de chair. Douces coulisses d'encre rouge sur cette peau nacrée. Androgyne, indéfinissable. Sexe? Oui! Non! Qui sait...

Un rugissement.

NIIIIIIIIIIKIIIIIIIIIIITAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!!

Et dans toute la pièce où se trouvait la rune, cette rune, cette porte magique, on put entendre ce cri de détresse. Une voix si douce et si effrayante à la fois. Ni femme, ni homme. Créature, seulement.

Le corps de la bête se soulevait avec des soubresauts. Pourquoi la prêtresse provoquait-elle l'Hydre, son hydre, son dévoué hydre. Haletant, seul dans sa moiteur, Hydre de toute sa hauteur, de toute sa noirceur... Contrarié.

Le détenteur de la dite rune put faire face à une hallucination. Quelque chose ressemblant à une créature, morte mais toujours vivante, torturée, en souffrance. Une onde d'émotions, déchirante. Un pleur, une mélancolie profonde qui émanait à ce moment, de ce si petit objet.

Si petit objet... Qui pourtant n'était toujours pas détruit, savait-on pourquoi...?


Post by Nikita, OdS - September 7, 2009 at 3:13 AM

L'Inquisiteur De Nogar avait avoué à la Prêtresse Nikita qu'il portait sur lui, en constante permanence, la rune maudite qu'avait offert l'Hydre à la jeune humaine, alors frêle et troublée.

Le comportement réprobateur de la Prêtresse devant une telle révélation n'avait guère reposé les ardeurs de l'Inquisiteur, désireux d'avoir raison de cette sombre créature.

Malgré les efforts de Nikita, Brehan n'était pas convaincu de la pertinence de ses propos, fermement opposés aux desseins de l'Inquisiteur, l'implorant de détruire ce passage qui liait l'Hydre au conquérant de son coeur auquel elle ne supporterait pas qu'il arrive quoique ce soit.

C'est alors que, les jours passants, l'Inquisiteur De Nogar portait la rune, fardeau de Nikita, dans l'espoir qu'un jour elle devienne la faille de cette chose qui hantait ses pensées, ses nuits, ses mémoires.

Qu'en adviendra-t-il? Seul Thaar le sait.

Pour le moment, l'Hydre se heurtait à un mur, le séparant de l'objet de ses désirs, soit l'armure imposante et protectrice de Brehan de Nogar, le Chevalier de maintes femmes, la droiture incarnée, le bras le plus fervent de Thaar.


Post by Hydre, gdo - October 6, 2009 at 6:58 PM

La belle aux bois mourrants

Comme elle est belle. Oh oui, comme elle est belle. On croirait une princesse issue des légendes les plus magiques. Regardez son teint porcelaine. Ses beaux cheveux bouclés, blonds comme les rayons de Thaar. Comme Thaar, des soleils dans les cheveux. Blanches, les marguerites. Regardez comme elle est belle ainsi parée. Dans sa robe d'un blanc immaculé. Robe blanche, robe pure, en soie. De la soie et de la dentelle. Couchée, on la croirait endormie. Mains sur le coeur, où une seule rose rouge détonne. La seule once de couleur sur cette poupée macabre. Poupée habillée, coiffée et maquillée à l'effigie de la si précieuse prêtresse Nikita.

Sur son corps, si doux, si beau, aucune trace de violence. On a traité ce corps comme s'il eût été l'avatar d'un dieu. Parfumée, habillée, coiffée et maquillée. Couchée sur un lit de fleurs. Toutes blanches.

Un portail s'était ouvert devant le temple même de Thaar. Dans l'enceinte des jardins cloisonnés par des murets de briques. Et seule ce corps, sur un plateau de planches de bois recouvert de fleurs, toutes blanches, en était sortie. Les paladins en étaient restés pantois, n'osant pas bouger ce portrait presqu'identique de la Prêtresse Nikita. Semblant dormir candidement, morte.

Nikita, comme elle est belle. Oh oui, comme elle est belle. On croirait une princesse issue des légendes les plus magiques. Pourquoi ne répond-t-elle toujours pas à l'appel de son Hydre? Cette princesse. SA princesse.

Nikita... je t'attends toujours.


Post by Hydre, gdo - November 23, 2009 at 6:05 PM

Si tendre est le baiser...

Un soupir d'extase. Tant de tendresse dans ce coeur si froid. Tant d'amour au creux de tout ce mal. Ne dit-on pas que le remède au malin est nul autre que l'amour? Pauvre Inquisiteur, depuis si longtemps il était la proie insoupçonnée d'une créature en mal d'aimer. Victime des assauts de tendresse d'une créature dont il ignorait encore toute l'étendue des pouvoirs.

L'astre diurne était alors bien haut dans le ciel. Pas un nuage, aucun. Possiblement était-il en fonction à ce moment. Faisait-il une ronde, entraînait-il ses recrues, étudiait-il un dossier dans son bureau? Seul lui pouvait le savoir. Mais désormais, il était victime de ces étranges rêves même éveillé. L'espace d'un court moment, il put voir ces deux êtres si près... si... squelettiques. Quelque chose d'à la fois horrible, dégoutant et de très doux, submergé de ce sentiment si fort, si bon.

Un pleur. La rune luisait comme jamais. Tant de chagrin soudainement émanait de ce petit objet, cherchant à influencer celui qui la porte. Un vide, des yeux noirs comme la mort. Comme ce rêve que Brehan de Nogar avait fait la nuit juste avant.

Il marche sur une plaine désertique. Simplement, le sable n'en est pas. Il marche et évite de longs arbres noirs dressés en pointe. Tous en rangée. Entre les rangées, un trou béat. Noir comme la nuit. Le sol plonge comme des falaises. Vu du ciel, l'Inquisiteur se promène contre la bordure des cils de ces grands yeux noirs.

Un spasme.

Il glisse et tombe. Mais le trou n'en est pas un. La surface est lisse et douce. Humide. Elle absorbe la lumière.

Une expiration.

Si chaud, si...

"Inquisiteur de Nogar...?"

Estompé, retour à la réalité.


Post by Brehan de Nogar, OdS - December 1, 2009 at 1:05 AM

La soirée allait à bon train. Tout était calme. La paperasse terminée, de même pour les autres tâches, j'ai enfin un peu de temps libre devant moi. C'est alors que je m'apprête à sortir du temple, que des bruits venant du sous-sol parviennent à mon ouïe. D'un pas lent et ferme, mon pas foule ces nombreuses marches de marbre, jusqu'à ce je puis constater la provenance de ce bruit. Un petit regroupement de recrues de la voie des protecteurs qui en profitent afin d'améliorer leurs adresse à la lame.

Mon pas s'est arrêté, et je les observe sans soulever leur attention. Mon expression est songeuse, alors que cette vision acharnée me rappelle mes nombreuses soirées en cette endroit. Un d'eux se fait désarmer, et projeter contre le sol à la renverse alors que l'arme de bois glisse jusqu'à moi. Le combat avait cessé si soudainement, alors que le défait profitait d'une poignée de main afin de se redresser, les autres avaient pris posture disciplinaire, en me regardant.

Mon regard, sérieux, toise un court instant la lame de bois à mes pieds, pour le ramener sur le futur de l'Ordre. J'en conviens pour moi-même en silence, alors que par une manœuvre habile du bout de mon pied, la lame s'élève vivement jusqu'à ma main, alors que j'empoigne le garde solidement.

-Mes salutations, fervents de la Lumière. En cette soirée, vous pourrez compter sur mon assistance, alors que si vous nécessitez conseils, je serai présent pour ce fait.


Le temps avait passé sans qu'on puisse l'estimer, tous semblaient un peu épuisés, mais voulaient se montrer digne devant ma présence. C'est alors qu'après avoir apporté conseil à un d'eux, qu'ils retentent la manœuvre, leurs lames s'entrechoquent une fois devant mon regard, mais un malaise s'empare de moi. Un étourdissement... C'est alors que ma vision se brouille, et pendant l'ombre d'un instant, j'aperçois une vision qui me laisse mal à l'aise. Là où se trouvaient les deux protecteurs, forçant lame contre l'autre, s'était trouvé pendant l'ombre d'un instant, deux êtres squelettiques, trop près, l'un de l'autre... de même que cette émanation.

Mon expression faciale a sûrement blêmit légèrement. Je me reprend, je me redresse.

-J'ai besoin de prendre l'air à présent, que Thaar veille sur vous, vous devriez prendre repos également.

C'est alors que mon pas me mène à l'étage supérieur, puis je traverse le lieu de prière, pendant que j'y suis, je me sens un peu mieux, mais j'ai besoin d'air frais. C'est alors que je passe la porte, et que je fais quelques pas à l'extérieur en tentant de me reprendre. Un pleur parvient à moi, semblant surgir à même mon esprit. Je vacille. Une obscurité totale... noir comme les abysses. Cette sensation m'atteint à nouveau, mais cette fois, j'entre en transe.


Égaré, si seul. Mon pas me mène. Tout est si irréel... où suis-je? Je sens une oppression, contre mon être tout entier. Mais à la fois, je me sens si léger, comme si on me berçait. À ma gauche, se tient une forêt d'arbres d'ébènes, je ne veux m'en approcher. À ma droite, un gouffre qui semble sans fond... mon attention se porte vers l'horizon, et je crois y avoir aperçu une source de lumière. J'accélère un peu la cadence de mon pas, alors que plus le temps passe, un engourdissement semble même traverser mon âme. Je persiste, je continu d'avancer, même si mes pas se font de plus en plus difficiles, plus cette source semble près...

Un sentiment qui n'est mien, d'infini tristesse, se mêle à ma chaire. Un spasme traverse mon corps tout entier, je vacille, je glisse. Pourtant, je ne panique pas, tout est si étrange, je me sens bercé dans cette obscurité.


Une main qui se pose sur mon épaule. Un sursaut, un froid qui semble traverser mes poumons d'un coup. Ma vision qui s'éclaircit. Je suis nul autre qu'au sommet du temple de l'Ordre... sur le bord des remparts. Je me tourne vers cette personne qui m'a sorti de ma torpeur. Tel un rayon ardent, qui me ramène à la réalité. Je rencontre son regard d'émeraude, doux et inquiet, très familier. La prêtresse aux blondes boucles cite mon nom:

-Inquisiteur de Nogar...?


Post by Hydre, gdo - April 15, 2010 at 7:21 PM

Une vitrine du temple de Thaar. Beau. Orné divinement. Une vitrine, laissant filtrer le délicat halo de lumière dans diverses couleurs. Un silence paisible y règne. Le temps est doux et, de l'extérieur, par une entrée qui jamais ne pourra fermer ses portes, le suave parfum des jardins du quartier de l'Ordre entre. On entend parfois le frottement des mocassins moniaux frotter sur le sol de marbre, qui réfléchit les auréoles lumineux sur les murs. Emplissant la salle des prières d'onctueuses vibrations. Un vitrail comme seul témoin de la seule triste beauté qui gît en ce moment dans ce lieu si plein de paix.

Des larmes...? La prêtresse n'a pas aperçu qu'elle était observée. Que le doux halo de lumière d'une des lucarnes était monstrueusement déchiré par l'ombre de son voyeur. Les deux mains posées sur le vitrail, le visage posé contre le verre coloré. Le contact doux-froid est aussi apaisant que la douleur de la blonde servante de Thaar est partagé en ce moment. Le silence. Digne moment de confidence, trahi par l'ombre.

Un moment de respect. L'ombre se dissipe, laissant la triste créature à sa douleur. Comment le monstre avait-il pu savoir?

Lors de son retour à sa chambre, la prêtresse Nikita pouvait trouver, accroché à l'anneau de sa poignée, un unique parchemin. Et un iris violet.

Je vous attend toujours.

Votre dévoué,
Hydre


Post by Nikita, OdS - April 16, 2010 at 8:33 PM

Trois jours, deux gouttes de poison, une âme brisée.

Trois jours.
Trois jours sans soleil.
Trois jours sans trouver le moindre repos.
Trois jours sans ressentir la moindre réjouissance.
Trois jours. Cela ne faisait que trois jours qu'elle était revenue en terres systériennes.
Trois jours seulement, rien de plus, pour lui donner l'envie de repartir pour trois printemps.

Deux gouttes de poison.
Deux annonces fatales, douloureuses.
Deux motifs pour quitter Systéria aussi promptement qu'elle y était arrivée.
Deux fois plus de raisons d'abandonner, de fermer les yeux, de se voiler le visage.

La première goutte de poison??
C'était lorsqu'elle l'a croisé pour la première fois depuis son retour.
Il semblait distant et froid.
Il lui pria de se présenter au Fort Majère.
Il lui annonca l'officialisation de son union avec sa douce moitié, la Dame Minh Yu.
Elle y était dailleurs, ainsi que sa marmaille...
Bref, tous les elfes noirs ou dérivés servant dans les rangs de la guilde Sainte y assistèrent.
Ils assistèrent tous à la descente aux enfers de la Prêtresse désolée.
Son pire cauchemar se réalisait sous ses yeux.

La deuxième goutte de poison??
C'était quand elle tenta de se réfugier et de vivre sa souffrance en toute solitude.
Une lettre de l'Hydre qui l'attendait sur la poignée de sa porte lui annonçait de retour de ce parasite.
Quel calvaire comptait-t-il lui faire vivre??
Que contiendra sa prochaine missive??
La Dame de foi se sentait de plus en plus éloignée du Chevalier Blanc.
Celui duquel elle puisait la majorité ses forces, de sa joie et de sa sérénité, après Thaar l'illuminé.

Les alliés s'éloignent et les alliances s'effritent tandis que l'adversaire gagne ses batailles et prend des forces.

Résultat??

Une âme brisée.
Une âme en peine.
Une âme brîmée.
Une âme souffrante.

Tout est en place, pour détruire la Prêtresse à petits feux. Elle le sait.
C'est donc en toute connaissance de cause, qu'elle ne donna pas suite au message de l'Hydre.
Nikita venait d'avoir une discussion houleuse avec le Haut-Inquisiteur.
Elle croyait fermement qu'il ne fallait pas céder aux décisions impulsives ou beaucoup trop impétueuses.

Trois jours ...
Trois jours plus tard, elle se retrouvait sur le toit du Temple de l'Ordre.
Le lieu de toutes ces discussions, de tous ces regards, de cette unique complicité aujourd'hui amoindrie.
La Prêtresse Nikita semblait attendre ...
Vraisemblablement, elle attendait quelqu'un d'un pied ferme.
Elle portait une robe très ample, d'un blanc pur.
Sa chevelure bouclée tombait en une cascade dorée jusqu'au bas de son dos.
Ses mains étaient repliées dans ses longues et vastes manches.
À ses pieds, un trou.
Elle avait retiré l'une des imposantes dalles qui composaient le plancher.
C'est dans un mutisme parfait qu'elle acceuillît le Haut-Inquisiteur à qui elle avait donné rendez-vous plus tôt.
À cette heure précise, à cet endroit précis, la douce Nikita espérait vraiment y trouver l'Inquisiteur de son coeur.
La porte massive s'ouvrit avec lenteur.
Il s'approcha.
Elle lisait dans son regard une interrogation marquée.
Dans un timbre de voix strict mais peu provocateur.

- La rune ... Donnez-moi là je vous prie.

[À Suivre]


Post by Brehan de Nogar, OdS - April 17, 2010 at 6:24 PM

Deux lueurs se croisant dans les ténèbres.
Ambiance sonore

Une fois rendu devant la porte, l'homme s'immobilisa. Pourquoi? Tant de fois, il avait ouvert cette porte en espérant voir la prêtresse, dans leur point de rencontre. Tant de fois, il avait ouvert cette porte, sans la voir. Pourtant, aujourd'hui, il savait qu'elle se trouvait derrière. Pourquoi cette hésitation? Son expression se raffermit quand sa main se porta à la poignée. C'est une bourrasque de vent froid qui l'effleura quand il poussa la lourde porte. Au loin, sur le bord des remparts, la blonde prêtresse s'y trouvait. À travers ce temps qui semblait si gris et sombre, la prêtresse lui apparu comme de doux et d'intenses rayons lumineux. Ceux qui vous viennent vous réchauffer, même quand vous vous trouvez sur un glacier. Cela sembla lui compliquer un peu plus la rencontre. Mais c'est d'une neutralité sans joie qu'il s'y approcha, gardant une démarche ferme et la tête bien droite. Son regard se faisait interrogateur et avait un quelque chose de craintif, comme s'il se doutait de ce qui s'en venait. Avant qu'il puis la saluer, elle le prit d'avance de la sorte:

- La rune ... Donnez-moi là je vous prie.

De simples mots, mais qui viennent gâcher une journée. De simples mots, mais qui ont l'effet de plusieurs gifles. L'expression du paladin devint plus ferme, et il détailla pendant de longues secondes la prêtresse. Sa mâchoire se crispa finalement, en démontrant son mécontentement. Il lui répondit:

-C'est impossible. Je ne peux pas, et je ne veux pas. J'ai fais mon choix il y à longtemps, pour vous épargner ce fardeau. Ce mal ne viendra pas vous souiller, prêtresse. Le Saint Ordre à plus que jamais besoin de vous.

Sa voix avait été rauque, mais il s'exprima avec conviction. Il tenait une position irréprochable. Son regard se faisait autoritaire et déterminé. Une vision que la prêtresse avait pu voir à tant de reprises... elle devait déjà se douter qu'il ne broncherait toujours pas, cette fois. Toutefois, il s'approcha d'elle, en gardant une distance de trois pas. De manière à pouvoir étudier ses traits, et son regard, lorsqu'elle le relancerait.


Post by Hydre, gdo - April 19, 2010 at 6:19 PM

Couchée dans l'herbe, le regard rivé sur le clair de lune, la monstrueuse créature est immobile. Le hurlement des loups et le chant des grillons l'accompagnent dans sa solitude. L'hydre est tapis dans la forêt. Simplement, doucement. Regardant la lune comme s'il ne l'avait jamais vue. Comme elle est belle. Il l'imagine blonde, bouclée.

Il ferme les yeux. Le monstre. Et imagine.

Pleure-t-elle encore? De ses magnifiques yeux, de sa tristesse, de sa détresse. On voudrait la prendre dans ses bras et la rassurer à jamais.

Ne pleure plus, mon ange, ne pleure plus, gentil coquelicot, je suis là.

Les loups se promènent sans craintes autour de l'adepte des ombres. Ils ressentent le danger, et en ce moment, il n'y en a pas. L'un d'entre eux vient même mordiller les doigts de la créature. Un baiser pour lui souhaiter la bienvenue. L'Hydre ne bouge pas, elle ouvre simplement les yeux. Si sensible, des larmes coulent. Même le mal est capable d'émotions.

La lune, elle a le visage d'un ange. Nikita.

Très tard le soir, des pétales roulent dans le couloir du dortoir du temple. Des pétales roses. Fraîches. Peut-être ne comprendrait-elle jamais la puissance et la pureté de cet amour. Il est vrai. Il est différent, mais vrai.

Nikita... viens à moi...


Post by Nikita, OdS - April 19, 2010 at 9:40 PM

Il n'en était rien, au grand dam de la sombre créature surnommée l'Hydre.

Trois jours.
Trois jours ensoleillés, heureux, bien que ponctués de discussions majeures.
Trois jours pour retrouver sa voie, sa sérénité légendaire, sa sagesse d'antant.
Trois jours pour que l'espoir perdu revienne, petit à petit.
L'espoir de revoir le Haut-inquisiteur revenir dans ses bras? Non.
Ce doux rêve qu'elle n'eut cessé de carasser, elle avait désormais le devoir de le mettre de côté, de le taire.
La blonde Prêtresse s'était résignée. Son sort de femme se trouvait entre les mains du Divin Thaar.
Si sa destinée était d'être un jour unie à ce vaillant chevalier blanc, dans ce monde ou dans l'autre, Nikita n'avait qu'à laisser ce jour venir à elle.

Une mutuelle promesse, entre Brehan et la Dame de foi.
La combinaison parfaite pour donner à l'Ordre une chance d'être vainqueur des ombres.
La force de sa divine spiritualité et de sa sagesse, la guide parfaite.
Ainsi que la puissance de son bras de fer et son influence, le mentor parfait.
Tout était en place. Non plus pour signer la fin, mais bien la renaissance.

Les membres de l'Ordre l'avaient bien remarquée.
Des entraînements ardus, éreintants;
Des entraînements arcanniques doublés, prolongés;
Des rencontres fortifiant la spiritualité très élaborées, novatrices, éducatives;
Des projets d'envergure, ébauches d'atouts majeurs;
Des recrutements massifs, sélectifs.

Pour le moment, l'Hydre était relégué au second plan.
Son présent à la douce demoiselle, une rune maligne la liant à lui, avait été enterré.
Étouffé dans un lieu secret, dont seules deux âmes pouvaient connaître l'emplacement exact.
Ce cadeau empoisonné ne pouvait qu'attendre son éminente destruction.

La Prêtresse s'était plutôt affairée à regagner sa place de médecin à Saint-Éliza.
Puis, s'assurer de la réalisation du projet d'orphelinat de sa regrettée amie et consoeur, Juliette.
Nikita tenait à ce que son rêve soit concrétisé, d'ici la saison froide qui s'approche à grands pas.
Et biensûr, le redressement de l'Ordre du Soleil, qui ne devait se résulter qu'en une réussite absolue.
Il le fallait. À tout prix. Peu importe les enjeux. Peu importe les sacrifices. Peu importe les maux.
Ils n'avaient plus le choix, ils devaient s'oublier tout deux, pour le bien de la Sainte Guilde.

Où cela les mèneraient-ils?
Tout droit aux côtés du Croisé?
Seul le principal concerné le sait ...


Post by Hydre, gdo - June 16, 2010 at 10:19 PM

Qui dit un jour que les esprits les plus purs devaient nécessairement être bons...?

Un jeune garçon était arrivé très tôt devant les marches du temple de Thaar. Il avait un de ces visages qu'on attribue qu'aux enfants les plus purs, comme s'ils étaient envoyés par le Ciel. Il avait traîné une grande harpe et un petit banc, dans une charrette de jardinier. Il avait également un coffret de bois ouvragé, qu'il déposa près de lui, avant de s'installer entre les deux jardins. Puis, il se mit à jouer, ainsi, six heures durant. Tôt le matin jusqu'à ce que l'Astre soit au plus haut.

Les yeux clos, rien ne semblait pouvoir le perturber. Et rien ne pouvait dire d'où lui venait sa modeste motivation. Rien, presque rien. Vêtu proprement, on pouvait aisément attribuer sa famille à une classe marchande assez prolifique. Il portait un doublet de cachemire où seule un écusson en forme de serpent surplombé d'une larme noire trahissait l'expéditeur d'un si beau cadeau. La mélodie, bien que douce et coulante de sérénité, avait un je-ne-sais-quoi de bien triste. Comme un adieu.

À l'heure du dîner, l'enfant, qui, peut-être était adolescent, rangea sa harpe et son banc, non sans saluer son potentiel public, puis repartit vers les quartiers de la moyenne ville. Il disparut ainsi, dans la mêlée de gens, pressés d'aller se nourir.

Le coffre cependant, était resté au sol. En bois de rose, il était finement sculpté de roses qui écument leurs pétales au passage d'un serpent. Une gravure surplombait l'oeuvre, en lettres ornementales étaient écrites le nom de Nikita. Voici la lettre qu'il contenait:

Adieu. Moi qui vous avait prise pour un être pur, je réalise à quel point j'étais dans l'erreur. Aucun d'entre vous n'a réussi à me satisfaire jusqu'à aujourd'hui. J'ai cru à vos fadaises. À la libération, à la purification. J'ai cru à votre justice, j'ai cru en vos moyens. Si une créature telle que moi a pu être ainsi désillusionnée, imaginez le peuple. Adieu, fée du vice. Vous n'êtes désormais plus protégée par mon amour.

Hydre


Post by Nikita, OdS - June 21, 2010 at 8:53 AM

La sérénade?
Biensûr qu'elle l'avait entendue.
Le petit garçon?
Biensûr qu'elle l'avait observé pendant d'interminables minutes, au travers de l'un des vitraux majestueux du Temple de l'Ordre.
Le coffre pavé de roses qui embrassaient un serpent sillonant celui-ci avec une délicatesse remarquablement fine?
C'est un Templier qui le lui apporta, après que le jeune interprète se soit éclipsé.

La Grande Prêtresse était vêtue d'une ravissante robe de couleur lilas, arborant une longue traîne parsemée d'une dentelle bien délicate. Son interminable chevelure bouclée tombait en cascade dorée sur ses épaules, elle était agrémentée de quelques lys teintée de violet. Son comparse vînt la quérir près de sa chambrée, où elle avait trouvé refuge près d'un immense foyer pour lire un roman pittoresque, l'oeuvre d'un écrivian brégunien renommé pour son art, sur ce lointain continent. Il déposa le coffre joliment orné de gravures qui formaient son prénom. Nikita ...

La demoiselle sourcilla alors que le Templier imita le jeune ménestrel. Lorsqu'il s'eut empressé de laisser la jeune femme seule avec son présent, celle-ci l'examina d'un oeil minutieux. Un soupir s'échappa d'entre ses fines lèvres alors qu'elle aperçut le serpent qui harpantait le coffret ainsi que la sombre lame qui le surplombait. C'était une signature qu'elle reconnaissait bien. Dans un geste serein mais ferme, elle le déposa à ses pieds, retrouva le confort dans le fauteuil qui l'acceuillait et retourna à sa paisible lecture. Elle ne lui avait jeté qu'un coup d'oeil rapide. Néanmoins, sa lecture lui était ardue, son regard se posa à maintes reprises sur le coffret qui lui donnait l'impression de la dévisager d'un air mécontent. Lasse, elle referma son bouquin et pinça ses lèvres, visiblement ambivalente quant au destin de ce présent mystérieux. C'est alors que d'un geste soigné, la Grande Prêtresse vînt déposer son livre sur la petite table ronde qui assistait le fauteuil sur lequel elle avait pris place pour espérer vivre un moment de parfaite quiétude mais biensûr, il n'en était rien. À croire qu'elle n'y avait pas droit, jamais. Les sourcils fronçés, les poings sur les hanches, elle observait donc bêtement ce dit coffret qui la regardait l'air mauvais, vexé de ne pas avoir été ouvert. Un deuxième soupir et hop, elle l'amena à ses genoux, le regardant avec une certaine méfiance instinctive. C'est après avoir entretenue une longue réflexion qu'elle entreprit de l'ouvrir pour découvrir son contenu.

Une lettre.

Adieu. Moi qui vous avait prise pour un être pur, je réalise à quel point j'étais dans l'erreur. Aucun d'entre vous n'a réussi à me satisfaire jusqu'à aujourd'hui. J'ai cru à vos fadaises. À la libération, à la purification. J'ai cru à votre justice, j'ai cru en vos moyens. Si une créature telle que moi a pu être ainsi désillusionnée, imaginez le peuple. Adieu, fée du vice. Vous n'êtes désormais plus protégée par mon amour.

Hydre

Une réaction.

- Non mais je rêve...

Décidément, c'était la journée de l'insolence pour la demoiselle, fervente de Thaar jusqu'à la racine des cheveux. D'abord la jeune impudente du Coin Chaud qui bafoue le tout premier précept de Thaar en plein sous son nez, et ensuite cet Hydre, ce parasite, qui vient l'offenser jusqu'au coeur de l'emblême thaarien sur Systéria toute entière! N'y avait-t-il donc aucune limite? Toujours était-il que, dépassée par de telles présomptions, la Grande Prêtresse n'eut pu s'empêcher de se redresser et de faire les cent pas dans le couloir du Temple où elle ruminait à mi-voix chacun des mots écrits dans cette missive.

- Cette créature me traite de femme impure? De fée du vice? Mais quel coulot! Si j'étais ce qu'elle ose prétendre, je ne saurais m'imaginer ce qu'elle serait, elle! Non mais...! Elle se dit victime, victime d'une belle mascarade? Qu'étais-ce donc toutes ces veines tentatives afin d'attirer mon attention sous le prétexte de l'amour si ce n'était pas une chimère pure et simple?!

Une courte pause, alors qu'elle entreprit de relire la lettre.

Une reprise.

- Aimer... Comment cette créature peut-elle prétendre m'aimer alors que nous n'avons jamais échangé un traître mot? Alors que je ne l'ai jamais vue, jamais croisée? Elle ne sait rien de moi... rien! L'amour est pur, inconditionnel et désintéressé. Il n'en est rien pour celle-ci! M'a-t-elle demandé une seule fois de la guider vers la sainte Lumière? Non, jamais! Ce n'était qu'un jeu. Un jeu de peur et de provocation. Cette âme damnée s'est suffisament payée ma tête sous le masque de l'anonymat.

Épuisée, la jeune humaine se laissa choir dans le fauteuil massif alors qu'elle s'était brusquement arrêtée de tourner en rond. Suite à quelques longues inspirations, elle passa délicatement sa main droite sur son front et laissa tomber la sombre missive machinalement dans les flammes du foyer qui eurent tôt fait de réduire les mots de l'Hydre en cendres. Alors qu'elle observait inlassablement la braise vivace et flamboyante, la demoiselle agrippa son chapelet fermement et murmura aux restes de la dernière offrande de l'Hydre...

- Thaar me protège, c'est bien au delà de tes capacités, qui ou quoi que tu sois.

Le coffre avait également subit les préjudices des flammes gourmandes du foyer, alors que Nikita avait retrouvé sa paisible lecture la où elle l'avait momentanément délaissée.