Ambiguïtés elfiques

Ambiguïtés elfiques

Post by Xul'zaer Maeldrim, Ind - August 19, 2009 at 6:09 AM

L'atmosphère était, comme toujours, très festive entre les quatre murs de la taverne mercenaire. Seul établissement de beuverie dans les environs du port, il était difficile d'en être autrement car la soif de plusieurs dizaines de marins devait inévitablement être étanchée. Et souvent. À une table installée au ras de l'un de mur, se tenaient deux hommes. Les deux individus, tous deux d'un âge avancé, discutaient à la lueur d'une chandelle à demi brûlée, chacun le bras autour d'une bouteille d'eau-de-vie. Bien que le brouhaha ambiant était élevé, la vaiselle cassée s'ajoutant aux maintes discussions déjà fortes, la surdité ne semblait pas affecter les hommes qui avaient haussés la voie sans s'en rendre compte. Les hommes, tous deux marins, l'un pêcheur d'une petite coque et l'autre commerçant sur le navire "Le Rouffignon bleu" qui avait Systéria comme port d'attache. Ils étaient attablés depuis peu de temps, le pêcheur prenant la parole, d'une voix forte après une rasade d'alcool.

Le vieux commerçant eut l'air un peu froissé du peu de confiance de son jeune collègue. Il fit une brève moue, ce qui donna le signal au plus jeune de lui verser une autre lampée d'alcool dans son verre de plus en plus vide. Cela sembla convaincre le vieux loup de mer de reprendre une attitude un peu plus amicale.

Le jeune pêcheur se frotta la nuque, visiblement surpris et intrigué du récit entendu. Il est étrange parfois on croit d'avantage à des récits de monstres de mers éloignés que de telles histoires. Après un moment de réflexion, le jeune s'avança à la lueur de la chandelle et souffla une hypothèse sur le sujet.

Ils discutèrent de cela encore un moment puis de bien d'autres choses qui leur arrivèrent en tête lorsque l'alcool imbiba d'avantage leur maigre cerveaux. Il était clair que ce soir, il payerait la tournée. Et qu'elle serait aux frais de ce Maeldrim, qu'elles qu'aient été ses intentions cette journée là.


Post by Xul'zaer Maeldrim, Ind - September 13, 2009 at 7:50 PM

L'homme repris son souffle, alors que la voile du navire amarré au bord de la falaise en arrière-plan valsait doucement avec la brise. Le petit chemin à flanc de montagne allant de la ville portuaire aux mines au sud de la ville était beaucoup fréquenté à cette heure de la journée. Depuis plusieurs semaines, l'elfe noir se promenait dans ses temps libres dans le secteur en abordant d'un ton faussement jovial les marins et les commerçants qu'il y croisait. Son interlocuteur continua lui-même d'un air enjoué et sur le même ton jovial.

L'elfe noir secoua négativement la tête, visiblement content que la discussion s'oriente dans une autre direction. *Je me fous bien de ce que ta foutue de femme peu bien réaliser pour ta misérable carcasse... *Ce marin, du nom de Rettand, à la fois commerçant et pêcheur de subsistance, était une mine d'information inestimable mais lorsqu'il s'égarait l'ennui devenait lui aussi inestimable. Néanmoins, le forgeron écouta attentivement tous ce que ce dernier avait à dire aujourd'hui. Il avait approché l'homme en venant s'acheter du poisson pour ses plats de la journée. Le fait que l'elfe noir n'ait même pas marchandé le prix de son bien donna une opinion favorable de ce dernier aux yeux du marin. Un brin suffisait à le faire discuter; quel type de commerce pratiquait-il, dans quel secteur, à quels genres d'individus faisait-il affaire, quels étaient les mouvements des navires sur sa route, amis ou ennemis ? Toutes ces informations, et bien plus, étaient intéressantes pour tout bon Marchand de l'Association désirant s'ouvrir de nouveaux marchés.

Le récit qu'il donna de sa visite récente à Kazad'Iaur n'était pas particulièrement intéressant, ce jour-là... Ce n'était pas une surprise. Les informations véritablement intéressantes ne faisaient pas manne. Il soupira, et rongea son frein le temps que le marin finisse. Certaines images se bousculèrent dans son esprit. Le contact importait, c'est tout.

Un bon moment plus tard, l'elfe noir continua enfin son chemin en direction des portes de la cité. Il tenait un paquet de toile sous son bras. Apparemment que la pêche à la sole était dans son meilleur temps ces jours-ci un peu au large des côtés ouest. On raconte même qu'un homme y avait fait une pêche soit-disante miraculeuse, qu'il attribuait sans aucuns doutes à sa grande ferveur pour Thaar. Le forgeron resserra son étreinte sur le paquet, pour ne pas le perdre.

C'était à double tranchant. Il devait se méfier.

Megumi, ma chère, vous devrez fort bientôt avec une petite discussion avec votre nouveau patron...

Il sourit vaguement en passant sous l'arche de pierre. La journée s'annonçait très belle.


Post by Xul'zaer Maeldrim, Ind - October 2, 2009 at 8:44 PM

De la poussière recouvrait plusieurs recoin à l’intérieur de l’immense bâtiment de bois confortablement assis entre les hautes murailles de pierre adjacentes aux quartiers des Pourpres et de la Fraternité. Pour peu qu’elle était encore opérationnelle, autrement le passant aurait pu croire qu’il s’agissait là de l’une des auberges hantées dont parlaient les anciens récits. L’auberge de l’Indépendance, gérée par la famille de Sorgrad, bien qu’encore quelque peu fonctionnelle, avait été laissée à l’abandon depuis belle lurette. Les employés rentraient de temps en temps lorsque la cité avait une recrudescence de visiteurs, comme dans la saison haute commerciale, mais autrement l’endroit était désert. Mise à part la mauvaise gérance de l’endroit, il n’allait pas sans dire non plus que la compétition qu’avait fait la taverne mercenaire du quartier portuaire pendant un certain temps y était pour quelque chose également dans le faible achalandage de l’endroit. Mais ces deux éléments appartenaient maintenant au passé, l’endroit allait prochainement subir une véritablement cure de rajeunissement.

L’elfe noir leva la tête à la pancarte. Auberge de l’Indépendance. Quel nom idiot. Elle grinçait légèrement, agité par la brise marine. Le nom changerait en temps et lieu pour une dénomination qui risquait beaucoup plus d’attiser le palais des gourmets et d’attirer les voyageurs de tout acabits. Toutefois, aujourd’hui le forgeron avait quelque chose d’autre d’important à accomplir. Il se devait se rencontrer la principale tenancière de l’endroit afin de mettre certains petits détails… au clair. Le levier était entre ses mains.

Il pénétra dans son auberge; l’endroit était désert. Megumi se tenait seule, assise sur l’un des banc dans l’îlot-comptoir central. Elle en était vraisemblablement à laver des choppes de bières utilisés la veille. Elle déglutit lorsqu’elle vit entrer l’elfe noir. Megumi était une très belle femme, humaine, dans la trentaine avancée. Peut-être dans la quarantaine même. Ses traits tirés autant que la consonance de son nom et ses habits trahissaient son origine T’Sen. Sa beauté était évidente, et ce n’était pas par hasard qu’elle tenait l’endroit depuis maintenant bien des années. Sous ses traits, elle avait le calme inné des gens de son peuple. En apparence, du moins. Le commerçant sentait la vieille femme nerveuse, et pour cause. Lorsque l’on apprend que l’auberge que l’on gère depuis longtemps passe de main c’est là une nouvelle importante. Lorsque l’on apprend qu’elle passe des mains d’un humain amant de la nature à un elfe noir versé dans le commerce, il y a de quoi donner des frissons à toute femme sensée. Elle savait que le moment où elle devrait rencontrer son nouveau patron viendrait un jour. Ce jour arrivé, elle restait néanmoins plutôt calme; c’était une femme de caractère.

« Bonjour Monsieur Maeldrim » dit-elle alors que ce dernier s’avançait vers le comptoir.

L’assurance que dégageait l’elfe noir la rassura elle-même. Ce dernier n’était pas un vulgaire voyou de ruelle de la Basse ou l’un de ces esclaves affranchies qui pullulaient dans les caveaux. Du moins, il avait l’air prospère. Un peu comme son père l’avait été, il y a longtemps, avant qu’il ne tourne sénile.

« Megumi… vous m’attendiez, je suppose… ? » dit-il d’une voix neutre en hochant faiblement la tête.

« Exactement, monsieur… » affirma-t-elle.

L’elfe noir pris place devant la femme, au comptoir, sortant de ses poches l’un de ses carnets de notes. Il le regarda brièvement puis dans un soupire le remis à l’endroit où il l’avait pris.

« J’imagine que vous avez été mis au courant de par les visites de Monsieur de Tourmelle que l’Auberge va être entièrement rénovée. Du moins l’extérieur ainsi que le premier étage. C’est assez pathétique, on dirait que cet endroit date du début de Systéria… » dit-il.

« En effet… » ajouta-t-elle sur le même ton.

L’elfe noir fit une pause, scrutant le visage de la femme d’un regard perçant.

« Avec tous ces changements, Megumi, j’aimerais savoir ce que vous en pensez. Avez-vous peur pour votre emploi, avez-vous peur que ce changement dans la gérance de l’auberge ne vous affecte ? » demanda-t-il, le plus calmement du monde.

La question sembla la prendre au dépourvue. Elle réfléchit un instant puis répondit…

« En toute honnêteté, Monsieur Maeldrim, j’ai eu un peu peur pour mon boulot au début. J’avais peur que vous fermiez la place parce qu’elle n’était pas assez rentable. J’le savais que ça aurait pu mieux fonctionner mais Monsieur de Sorgrad ne passait pas souvent. Mais maintenant que je sais que vous aller rénover, j’en suis heureuse… » avoua-t-elle.

« C’est bien parfait. Vous avez avantages en effet à en être heureuse, puisque je compte vous laisser en charge comme unique tenancière de cet endroit. Vous pourrez dire à qui bon vous semble que cette auberge vous appartient, que je n’en démordrait pas... Je verrai également à augmenter votre paie en conséquence, puisque vous devrez gérer également les écuries qui y seront annexées avec la forge, qui sera sous mon contrôle… »

La femme T’Sen parut vivement surprise d’une telle marque de confiance de la part de son propriétaire. D’un elfe noir qui plus est, c’était renversant.

« Cependant… » commença-t-il, en se levant de son siège, les mains jointes derrière son dos.

Elle déglutît, gardant néanmoins son calme.

« Cependant… vous voilà maintenant dans un commerce membre de l’Association des Commerçants. Nos règles sont très strictes, sachez-le. L’Association prône la neutralité dans ses activités; si vous l’ignoriez, maintenant vous êtes au courant. C’est là essentiel pour que l’économie soit bien gérée. »

Il fit une pause, puis repris…

« Je vous dis cela, simplement pour que vous soyez avertie que je ne désire pas ici d’une commère qui racontera à tous vents ce que nos clients viennent faire ici, comme c’est le cas dans d’autres tavernes. Oh, je ne dis pas cela pour moi… je désire simplement que mes clients viennent ici l’esprit tranquille. »

Il esquiesça un sourire, puis repris.

« Mais j’imagine que vous savez déjà tout cela n’est-ce pas ? Vous n’avez pas avantage à attirer l’attention sur vous plus que nécessaire compte tenu des évènements qui ont eue lieu récemment dans votre sous-sol… Défier l’Impératrice, en voilà de la sottise… vous les connaissiez ces rebelles en herbe ? » questionna l’elfe noir non sans une certaine naïveté.

Megumi hocha vigoureusement la tête de manière négative.

« Grands dieux non ! » souffla-t-elle vivement.

« Bien, bien… c’est que les gens croient également. Vous êtes là bien chanceuse que personne ne vous ait soupçonnée d’une aide quelconque dans toute cette affaire. Vous auriez pu grandement offenser l’Impératrice si l’on vous mêlait à cette affaire d’indépendance. Vous, la tenancière de l’Auberge de l’Indépendance… Vous ne voulez pas offenser notre bienveillante Impératrice, n’est-ce pas… ? » ajouta le commerçant, toujours sur le même ton naïf.

« Certes non ! » *clama-t-elle avec une certaine ferveur. *

« Voilà qui est merveilleux, Megumi. Nous sommes sur la même longueur d’onde. Et je compte sur vous pour que nous le restions, ce serait navrant de vous mêler vous ou des gens de votre famille à ces sordides affaires… » dit-il en souriant.

Le commerçant sourit. Il ne sut déceler si ce dernier commentaire laissa la femme entièrement en confiance. Il avait visé juste et dosé le vague avec la justesse qui le caractérisait; elle pouvait bien s’imaginer ce qu’elle voulait, la pauvre, son esprit d’habitante de la cité était probablement beaucoup plus retord que le sien. Il replaça sa cape puis se dirigea vers la sortie.

« Veuillez à ce que Monsieur de Tourmelle puisse travailler à son aise lorsqu’il viendra… » conclu l’elfe noir en tirant la poignée de porte.

Il sortit de l’établissement dans une aube avancée. L’entretient avait été long, mais il s’était assuré de la loyauté de la tenancière, à court terme. Il aviserait de la suite, si besoin s'en faisait sentir. Après tout, pensa-t-il... n'importe quel propriétaire d'auberge en aurait fait de même. Qui voudrait d'une tenancière qui, en jacassant ce qu'elle entendait à moitié de ses clients, partiraient des rumeurs possiblement toutes fausses sur l'endroit ? C'était une question de gros bon sens. Un mince sourire traça le visage ébène de Maeldrim.


Post by Xul'zaer Maeldrim, Ind - February 14, 2010 at 7:00 PM

**Un retour temporaire, une déception **

Oh, il aurait pu engueuler Megumi comme du poisson pourri...

Lui dire à quelle point la surveillance qu'elle avait fait des rénovations de l'ancienne Auberge de l'Indépendance avait été exécrable. Elle le méritait, après tout. Une bonne à rien, pensa l'elfe noir en observant de l'extérieur les rénovations réalisées. L'architecte de la Duchesse devait lui-même assurément avoir recouvré de bonne relation avec la grosse Duchesse, à voir la quantité de fleurs et de plantes qui ornaient maintenant le balcon extérieur de son auberge. Balcon, qu'il avait d'ailleurs demandé spécifiquement à être démoli. Peut-être couchait-il avec la Duchesse maintenant ? L'elfe noir ricana à cette simple pensée, ses traits tirés s'animant un court moment.

Puis, il soupira longuement. De retour d'un long voyage commercial à T'Sen, il était trop exténué pour trouver le courage d'engueuler qui que ce soit pour l'état actuel de l'auberge. Au moins, se disait-il, l'intérieur de l'auberge est conforme et j'ai un bureau confortable. Enfin, mis à part la forge, qu'il avait espéré intégrée à l'écurie. Voilà maintenant que la forge même donnait sur l'auberge au lieu de l'écurie, quelle absurdité ! Tous les clients pourraient entrer dans la forge et le déranger directement à la descente des marches ! Le cauchemard de tout forgeron. Avoir été à Udoss'ta, les ouvriers auraient assurément été pendus haut-et-court pour ces irrégularités !

Il fulminait, les poings serrés.

Une fine pluie ruisselait sur ses habits, dont son dernier voyage avait considérablement réduit la qualité. Le bas de sa cape était en lambeaux, et à moitié brûlée lorsqu'il avait voulu éteindre un incendie qui s'était déclaré sur le dernier navire qu'il avait emprunté. Il resta un moment à fixer son auberge, puis à soupirer... Il n'aurait pas dû s'absenter aussi longuement. Mais il avait des choses à régler à l'étranger. D'ailleurs, son retour sur l'île n'était pas certain d'être définitif, un autre contrat se devait d'être réglé. Il devait y réfléchir...

Pour le moment, l'elfe noir errait dans la ville, surpris des changements qui s'y étaient produits depuis son départ. Il n'était guère présent encore, mais certains visages familiers furent surpris de le croiser. Tous pensaient qu'il aurait décidément besoin de nouveaux vêtements. Les anciens beaux habits de Halik, offert par la Dame Mel'viir, n'étaient plus ce qu'ils étaient.

Un dernier regard à l'auberge, avant un petit tour de reconnaissance en ville.

Je me vengerai bien d'une manière ou d'une autre de ce fiasco fleuri... pensa-t-il d'un sourire vague et amer.


Post by Nimue - February 14, 2010 at 9:55 PM

Quelque part en haute ville... Deux membres de l'association discutaient ensemble. Il ne le savait pas encore, mais l'elfe noir aurait à faire quelques... Concessions.

« Devine quoi... Philippe...» La voix était cristalline, aux frontières de l'ironie. Elle semblait cruellement amusée.

« Hum... quoi? » L'homme lui répondit d'une manière sèche, néanmoins son regard trahissait son intérêt.

« Tu sais cet elfe noir qui a reprit indépendance, monstre de caprice et tout et tout... » Le léger rictus qu'elle eut laissa entrevoir son mépris envers le dit elfe noir.

« Ha oui celui-là... Monsieur qui veut ramener son bordel d'Udossta à Systéria?» Tout aussi méprisant, il lui avait répondu sans hésitation.

« J'ai convaincue De la Tourmelle de ne pas suivre délibérément plusieurs de ses plans...» Un délicieux sourire se dessina sur les lèvres de la demoiselle.

« Il va fulminer le noireau, Odéna... La grosse est au courant? »

« Bien sur qu'elle est au courant, je lui ai expliqué de long en large pourquoi les plans originaux n'attireraient pas suffisamment de clients... »

« Oui mais il changera bien tout comme il veut non?»

« Non... Elle veut mettre son secrétaire sur le coup, son énormité veut à présent garder un œil la dessus.» Une lueur étrange dans son regard, une énigmatique détermination se fit voir.

« Ho... Je vois.» Un sourire et un regard entendu. Quelque chose se planifiait.


Post by Acturus Polymaro, Mort - February 14, 2010 at 10:07 PM

Malheureusement, ou plutôt heureusement pour la si aimée comptable de l'Association, le bègue n'était pas caché derrière les rideaux. D'ailleurs, elle ne l'avait pas vue depuis un moment au manoir ou plus précisément dans son bureau...

Cela laissait-il croire à un autre prémisse de plan de bègue?