Des retrouvailles particulières...
Post by Sinriia Mel'Viir - November 2, 2009 at 1:32 AM
Cela faisait déjà quelques semaines que Félix d'Arachal s'était retrouvé derrière les barreaux d'une cellule de la caserne de l'Ordre. Les gardiens du Saint-Ordre étaient dès lors à la recherche du bien volé à son altesse royal, le cheval prestigieux du Prince-Consort. La bête inoffensive s'était laissée charmer comme de nombreux individus par les paroles et gestes du condamné... Sans doute avait-il quelconque pouvoir de persuasion chez certains individus faibles d'esprits, tout comme chez les animaux.
Quoi qu'il en soit, bien que les recherches de l'animal étaient nombreuses, elles étaient aussi fructueuses que les moissons en saison hivernale. Les indications qu'avait offert le prisonnier étaient jusqu'à présent fausses. Sans doutes étais-ce dans un but précis et une éventuelle demande de pouvoir les guider jusqu'à la monture de l'elfe dans le désespoir de voir s'échapper par la même occasion. Heureusement que certains ne sont pas aussi dupes que d'autres le souhaite...
Les cliquetis métalliques faisaient écho sous chacun des pas alors qu'elle descendait les marches humides des cachots du clergé de Thaar. Le paladin en poste de garde salua dès aussitôt sa supérieure hiérarchique sous une certaine marque de respect, celle-ci continuant son pas rigoureux en direction de la cellule du détenu.
Un bruissement de clés entre-choquées, le déclenchement du loquet, puis le grincement pénible de la porte épuisée annoncèrent l'arrivée de la croisée Mel'Viir. Arborant son armure d'acier aussi reluisante qu'un miroir d'argent, son attention se porta en direction du prisonnier se trouvant au fond de la cellule. Une fois assurée que la porte était bien refermée derrière-elle, elle s'avança de quelques pas intransigeants en direction du malotru.
Sans aucune pitié ou quelconque autres émotion dans son regard, si ce n'est qu'un froid glacial, elle le détailla sans pudeur pendant un moment. Lorsqu'elle capta finalement son attention elle prit finalement la parole d'un timbre hargneux.
"N'est-ce pas ironique d'Arachal? Il y a de cela plusieurs années à présent, j'étais présente au moment où vous aviez perdu votre virilité... Aujourd'hui, je serai probablement témoin de ce qui sera votre dernier jour d'existence si la tendance se poursuit ainsi..."
Laissant planer un court silence entre-eux elle continua sur le même ton de voix.
"Vous avez toutefois la chance et le pouvoir d'éviter ce destin, ne serais-ce qu'en vous montrant coopératif. Les indications que vous nous avez donné sur l'emplacement où se retrouvait le cheval du prince sont fausses. Actuellement l'Ordre et la Fraternité perdent un temps précieux à ratisser toutes les écuries de l'empire et les terres impériales.
Toujours dans la même posture aristocratique, la marquise elfe noire laissait couler son discourt à petit flot. S'assurant bien que l'individu puisse peser chacun des mots sortant de sa bouche.
"C'est la dernière chance que l'on vous offre. Il n'y a aucun marché, offre ou quelconque médiation possible. Vous n'êtes pas en position de demander quoi que ce soit. Le choix que vous ferez scellera néanmoins votre destin et l'image dont laquelle vous serez perçu dans les temps à venir... Et ce jusqu'à ce que votre nom ne soit qu'un souvenir amère lointain pour finalement sombrer dans l'oubli."
Écorchant cette fois l'homme d'un regard plus vifs, elle termina sur ces dernières paroles.
"Où est-il? Chaque instant qui passe ne fera qu'amoindrir la clémence de son altesse."
La main sur la garde de son Kriss aiguisé, prête à la moindre réaction de l'homme perdu, l'elfe noire s'approcha un peu plus près afin de bien y discerner la réponse.
Post by Anonymous - November 3, 2009 at 2:53 AM
Félix resta dans son lit.
Considérant que se cheval vaut plus que ma vie et que je préfère la mort à une vie entière de bagne, je continue à vous offrir se choix.
L'exil à vie contre le cheval. Ce Cheval est ma dernière monnaie d'échange. Et présentement vous m'offrez contre ce cheval rien de satisfaisant. Un cheval contre une image posthume.
Je suis le seul à savoir ou il est et je crois sincèrement que vous aurai beaucoup plus de gloire et de récompense à retrouver se cheval plutôt qu'a simplement m'enfermer ou même me tuer. De plus vous savez très bien qu'avec ma discrétion légendaire, si je reviens, vous me retrouverai facilement.
Alors, le cheval contre l'exil.
Systéria n'a plus rien à m'offrir de toute façon. J'y ai une réputation horrible, plus personne ne voudra m'engager et je suis un traître à la couronne. Je n'ai aucune raison d'y retourner.
Vous débarrasserez Systéria de mon existence dans tout les cas.
Je vous offre ma collaboration mais vous devrai m'offrir la votre.
Une dernière flèche
Je dois plaider non coupable à certain chef de toute façon.
Post by Sinriia Mel'Viir - November 3, 2009 at 3:13 AM
L'elfe noire claqua simplement talons puis quitta la cellule sans un mot.
Post by Thomas Bolton, Emp - November 3, 2009 at 12:44 PM
Le lendemain matin, alors que l’aube venait à peine de se lever et que les premières lettres du Surintendant se rendaient chez leurs destinataires, un évènement dérangea le quotidien de la caserne où était détenu le prisonnier Félix d’Arachal. Dans un premier temps, on entendit le bruit de sabots entrechoquant l’épais dallage de pierre qui pavaient les rues. Peu de temps après, on aperçu à l’horizon une silhouette sombre et imposante, tirée par deux chevaux noirs. Enfin, après une petite minute de suspens, on vit s’approcher l’austère carrosse de Sa Seigneurie…
Qui en descendit finalement et s’avança vers le paladin en faction. Dans sa main droite, sa canne, dans sa main gauche, un dossier relié de cuir ouvragé.
« Je viens voir le prisonnier d’Arachal. »
« Soit, monsieur le duc. Puis-je voir votre laissez-passer ? », répondit sans se démonter l’individu.
« Où ai-je besoin de tels documents lorsque je vous ai confié moi-même la garde du prisonnier, quand bien même une charge de haute-trahison flottait au-dessus de sa tête ? », lança d’un ton aussi tranchant qu’un couperet le premier ministre.
Le paladin ne sut pas quoi répondre. Son attitude à la De Nogar s’étiola rapidement, il finit par s’écarter pour laisser passer cet oiseau de mauvais augure…
Peut-être le prisonnier était-il réveillé, peut-être somnolait-il encore dans sa cellule quand la lourde porte métallique s’ouvrit dans un grincement strident et prolongé. Entra donc le duc, accompagné par la marquise Mel’Viir, qui avait été dérangée spécialement pour assister à cette étonnante rencontre qui mènerait à une bien étrange négociation. Quelques secondes plus tard, quelques serviteurs apportèrent une table en bois usée, un petit tabouret, ainsi qu’une plume et un encrier. Félix pouvait-il d’ores-et-déjà s’imaginer vainqueur ?
« Bien le bonjour, d’Arachal. Je n’ai pas pour habitude de perdre mon temps, aussi vais-je vous expliquer la raison de ma visite, même si vous l’avez sûrement déjà devinée. Je vous ferai une offre et une seule que vous accepterez dans son ensemble ou que vous refuserez. »
Que le prisonnier lui réponde ou pas, la suite de l’entretien avait déjà été jouée dans les tréfonds du crâne du Surintendant, qui continua :
« J’accepte votre demande d’exil que nous coucherons sur papier et que nous archiverons au tribunal. Ce document que j’apporte… »
Le dossier qu’il tenait sous le bras depuis le début fut déposé sur la table de fortune. Une main aux longs doigts de pianistes l’ouvrit pour laisser paraître un document tout ce qu’il y avait de plus officiel.
« … respecte votre demande d’exil. Vous nous révélez l’emplacement exact du cheval de Son Altesse. Suite à quoi, nous éviterons tout procès inutile. Vous serez escorté dans un navire de la flotte systérienne. Vous resterez sous surveillance constante mais vous bénéficierez de soins quotidiens. Nourriture, boisson, lit confortable jusqu’à la fin de la traversée. Vous serez ensuite débarqué dans un pays étranger. Vous ferez le choix d’y rester ou non, ça ne regardera pas Systeria. Je vous certifie que votre vie ne sera pas mise en danger, que ce soit après nous avoir révélé l’emplacement du cheval ou même durant la traversée. Une fois sur un sol non-systérien, vous serez libre de vos mouvements. »
Tout au long de son monologue, le ton de Sa Seigneurie restait clair. Le débit de parole était serein, le premier ministre prenait bien soin à ce que Félix d’Arachal comprenne parfaitement ce qu’on lui disait. Le ton restait monocorde, bien évidemment.
« Evidemment, dans le cas où le cheval est retrouvé mort, l’accord est caduc. Si vous tentez à un quelconque instant de vous évadez, que ce soit à Systeria ou à bord du navire, l’accord est caduc. Revenir à Systeria vous sera impossible, sous peine de mort. Vous serez autorisé à partir avec des vêtements de rechange, c’est tout. Vos biens seront gardés au Trésor. »
Lentement, Sa Seigneurie attrapa la plume, la trempa négligemment dans l’encrier et la présenta à Félix. A lui de voir s’il allait ou non signer le contrat qu’on lui présentait. En ce jour, il scellerait son destin.
¤ Accord d’Arachal ¤
Art. 1
§1. Félix d’Arachal s’engage à délivrer l’information indiquant la localisation exacte du cheval du Prince-Consort.
§2. Si la monture est retrouvée vivante et en bonne santé, les autorités judiciaires s’engagent à autoriser l’exil du prisonnier.
Art. 2
§1. Les autorités judiciaires s’engagent également, en contrepartie de l’information, à ne pas attenter à l’intégrité physique du prisonnier.
§2. Le prisonnier accepte d’être escorté jusqu’à un navire systérien qui le mènera en terre étrangère. Il sera sous surveillance constante.
§3. Les autorités judiciaires s’engagent à pourvoir à ses besoins : boisson, nourriture, confort minimum ; et ce, jusqu’à ce qu’il soit débarqué en terre étrangère.
Art. 3
§1. Dans le cas où le cheval est retrouvé mort, l’accord est caduc.
§2. Si le prisonnier tente de s’évader, que ce soit à Systeria ou à bord du navire, l’accord est caduc.
§3. Revenir à Systeria après l’exil est passible de la peine capitale sans aucune autre forme de procès.
Art. 4
§1. Les autorités judiciaires autorisent le prisonnier à partir avec un nombre raisonnable de vêtements. Les armures, armes et autres biens personnels ne sont pas autorisés.
§2. Les biens mobiliers et immobiliers du prisonnier, ses avoirs et ses ressources seront intégrés au Trésor.
« Je ne négocie pas. C’est votre seule chance de voir votre demande acceptée. Une remarque, une condition, si légère soit-elle et je fais demi-tour. »
Ce furent les dernières paroles du Surintendant, qui se mura alors dans un silence de mort, son regard d'acier fixant avec une intensité hors du commun l'ancien chevalier...
Post by Anonymous - November 3, 2009 at 7:39 PM
Lorsque le Duc entra dans la pièce, Félix était en train d'écrire un poème, à coté d'une partie de solitaire qu'il venait de perdre.
Lorsque le duc entra, la plume qu'il tenait entre ses mains tomba lentement sur le papier, ruinant l'oeuvre..
Il se releva dans ce qui lui resta de dignité et écouta le Duc avec une attention, d'abord ténue puis graduellement plus soutenue alors qu'il lui proposa l'exil. Ainsi fût sa réponse.
Cette proposition m'apparait satisfaisante puisqu'en effet, je ne m'en tire pas sans conséquence. J'ai commis un crime et pour le bien de la justice, que je chérie toujours malgré tout, mes biens seront remis au trésor public.
Je me suis bien sur arrangé pour garder le Cheval en vie, celui si étant ma dernière carte à jouer, un bel atout, devrai-je dire une énorme frime.
Il prit l'un des fou du roi, du jeu usé qu'on remettait au prisonnier. L'image de la carte à jouer grimaçant contrastant avec l'atmosphère lourde de la prison. En effet pour une raison ou une autre Félix ne semblait pas heureux outre mesure de la proposition du Duc. Il déposa la carte à jouer sur le sol face contre ciel.
Vous ferez d'une pierre d'un coup, Monsieur le Duc. En m'escortant en terre étrangère, en me menant à ma nouvelle demeure, vous trouverai le cheval. Vous mettrai aussi fin aux recherches qui selon la Marquise, accaparent le temps et les ressources de deux guildes.
En signant cet accord vous allez non seulement trouver le cheval mais vous pourrai le retrouver sans une bureaucratie énorme qu'il faut pour saisir un bien hors des terres nationales Systérienne. Il vous sera remis sans artifice. Sans facétie de ma part, avec une lettre d'excuse à sa Majesté.
Félix lu le contrat de ses yeux cernés.Il le lut plusieurs fois.
Excusez moi votre grâce, je suis simplement à la recherche d'une clause piège, comme celle qui mena l'ancien chevalier Varghax en geôle. J'ai adoré la manœuvre quand je l'ai vu exécuté mais je vais m'arranger pour que cela n'arrive pas. Il faut bien apprendre des erreurs des autres non?
Sans modifier l'accord réellement je vous demande si vous êtes d'accord avec la procédure suivante.
1 Je vais sur le bateau vers la destination du cheval et de l'exil, avec ce que j'ai droit d'amener.
2 J'envoie une missive à l'écuyer qui est en charge du cheval.
3 L'échange à lieu, moi étant sur la bateau, extension symbolique du territoire Systérien, le cheval en terre étrangère.
4 L'échange étant fini, je dis adieu à Systéria et Systéria me dit adieu.
Je tiens simplement à ficeler le protocole pour qu'il soit clair et juste, je n'ai aucune intention malhonnête.
Le but en simple. Que chacun aie se qu'il désire. Moi une vie nouvelle, l'occasion de retrouver la bonne voie. Vous, mes biens, le bien du Prince, ainsi que l'application d'une sentence. Je n'ai aucun intérêt, ni envie de me défiler de se qui me semble une offre raisonnable.
Une question Monsieur le Duc. L'accord présent offre t-il à l'empire la possibilité de demander mon extradition et d'appliquer la peine capitale une fois que mes pied aurait touché les terres Systérienne.
Félix trempa la plume dans l'encrier une nouvelle fois, attendant la réponse du Duc.
Post by Sinriia Mel'Viir - November 3, 2009 at 9:19 PM
La marquise échangea un regard avec le duc que lui seul pourrait sans doute en savoir la signification. Elle s'approcha alors d'un pas latéral au côté de son ancien collègue à la couronne, puis lui murmura quelques paroles à l'oreille. Elle se redressa par la suite dans sa posture noble élégante habituelle, sa main prenant appui sur la poigne de son arme.
Post by Thomas Bolton, Emp - November 4, 2009 at 11:27 AM
Le Surintendant écouta le prisonnier lui donner son avis sur le contrat qu’il avait devant les yeux. Aux yeux de Sa Seigneurie, ce déballage était inutile. Il l’avait placé devant un choix qui ne possédait que deux options. Signer l’accord ou s’en détourner. Fort heureusement pour le duc, dans les méandres argumentatifs de Felix d’ Arachal, une troisième option vit le jour, alors que les prémisses d’une réflexion germèrent dans son esprit. Ce ne serait pas une échappatoire pour l’ancien chevalier, non, sûrement pas. C’était une autre façon de clore cette enquête.
« Je pensais avoir été clair, d’Arachal. Toute remarque, toute condition, toute tentative de négociation si légère soit-elle et je fais demi-tour. », trancha le duc d’un ton glacial.
Lentement, il attrapa le dossier de cuir de ses mains aux longs doigts fins, le porta vers lui et le referma dans un claquement sec. Le prisonnier était pourtant à deux doigts d’obtenir l’exil, promesse officielle de la Couronne. Au lieu de cela, il avait préféré faire preuve d’entêtement. Il était pourtant de notoriété commune que le premier ministre n’était pas un homme qui aimait se répéter. Et lorsqu’il affirmait quelque chose, il revenait très rarement dessus. Il se rapprocha alors de la porte de la cellule, suivi de Sinriia Mel’Viir. Néanmoins, avant d’en demander l’ouverture, il se tourna vers la marquise pour lui donner quelques instructions :
« Marquise, vous avez désormais une nouvelle piste pour votre enquête. Le cheval serait à l’étranger. Etant donné que la téléportation est impossible sur une distance au-delà de nos frontières, je vous suggère de contacter la capitainerie pour obtenir des informations sur tous les navires ayant appareillés depuis le vol du cheval de Son Altesse. »
Etait-ce là où le Surintendant voulait en venir ? Faire miroiter la liberté à Felix pour obtenir des bribes d’informations supplémentaires ? Peut-être que oui, peut-être que non.
« On n’embarque pas des chevaux tous les jours, à ce que je sache, et encore moins des chevaux tel que celui-ci, aussi le capitaine, le navire et leur destination ne doivent pas être bien difficiles à déterminer. »
A nouveau, il planta son regard d’acier tout droit dans les yeux du prisonnier et ajouta :
« Et si c’est un mensonge, d’Arachal, ce sera votre dernier. »
Il ne laissa même pas le temps au traître de s’exprimer, il en avait déjà assez entendu. A nouveau, l’Ordre du Soleil était au centre de cette affaire. Désormais, la question était de savoir si la piste était viable.
Quelques minutes plus tard et déjà le carrosse s’en retournait au palais pour informer la famille impériale de ce petit retournement de situation…
Post by Anonymous - November 7, 2009 at 11:57 PM
Pour sa part Félix retourne simplement à son poème.
Il venait d'éviter un piège à la Thomas Bolton.
Il voulait savoir l'emplacement du cheval avant d'offrir la moindre garantie que Félix allait pouvoir sortir. Et son contrat une fois l'accord passé aurait simplement été déchiré et n'aurait jamais existé. Aucun témoin. Le duc aurait eu le beurre et l'argent du beurre.
Et il ne leur avait donné qu'une information ténue. Quelque part dans le monde. Le prince aurait le temps de mourir de chagrin avant qu'il ne le retrouve.
Cela ne règlais rien dans l'immédiat pour Félix mais c'était drôlement bon pour son orgueuil d'avoir su résister à se piège.
Une nouvelle strophe lui vint à l'esprit.
Que tes larmes de veuve éplorés.
Cicatrise mes blessures ravagée.
J'hurlerai tout le mal que j'ai fait.
Et pourrai enfin partir en paix.
Post by Thomas Bolton, Emp - November 8, 2009 at 12:05 PM
Alors que Félix d’Arachal retournait à son poème, le Surintendant reprit sa place derrière son bureau. Son secrétaire, qui avait suivi de loin l’affaire ne put s’empêcher d’avoir le fin mot de l’histoire. Aussi toussa-t-il légèrement, comme il en avait l’habitude, pour signaler cette petite pointe de curiosité qu’il n’arrivait pas à réprimer.
« Oui, Cressen ? », lui demanda son supérieur sans lever les yeux d’une lettre qu’il était en train de rédiger.
« Sauf votre respect, je me demandais si monseigneur avait réussi à lui faire signer l’accord ? »
« J’aurais pu, oui, mais il a voulu poser quelques conditions. Je n’ai pas pour habitude de revenir sur mes mises en garde, aussi ai-je fait demi-tour. »
« Vraiment, monseigneur ? C’est fâcheux, monseigneur. »
Le duc haussa négligemment les épaules. Fâcheux, ce n’était pas le mot qui convenait. C’était juste… une perte de temps bien inutile. Le secrétaire, quant à lui, était encore torturé par une petite question.
« Mais, sérieusement, monseigneur… »
« Je suis toujours sérieux, Cressen. », l’interrompit sèchement le premier ministre.
« Oui, monseigneur, évidemment. Aviez-vous réellement l’intention de respecter les termes de l’accord ? »
Lentement, le Surintendant reposa la plume dans l’encrier, joignit les mains sur l’épaisse table de pierre et posa un regard froid sur son secrétaire particulier.
« M’avez-vous déjà vu briser les règles d’un accord, Cressen ? »
Le fonctionnaire, gêné, se tordit les mains et secoua vivement la tête.
« Non, non, bien sûr que non. Mais cet accord semblait le conduire tout droit vers la liberté. »
« Oui, Cressen. C’est ce qu’il semblait. C’est effectivement ce qu’il semblait… », prononça le duc dans un murmure.
Qu’est-ce que cette dernière phrase pouvait bien signifier ? Ca, seule Sa Seigneurie pouvait le savoir. Jamais néanmoins les principaux intéressés n’auraient la réponse à cette question…