Un cauchemar au manoir Balgor

Un cauchemar au manoir Balgor

Post by Sarä Taur'Amandil, OdS - December 21, 2009 at 2:01 AM

Un cauchemar au manoir Balgor
Dégustation d'hydromel impossible... Malheur!

« Thomas Bolton avait une manie (parmi toutes ces manies) et cette manie était celle d'arriver à l'improviste. Certes, il avait reçu une invitation cette fois et il était le bienvenue comme toujours, mais il put comprendre pourquoi il tombait un peu mal vu l'accoutrement pittoresque de Sarälondë Taur'Amandil. Elle était revenue depuis moins d'une heure des régions marécageuses sans être au courant de l'arrivée prochaine de son invité de choix. Mais malgré ce détail, cette toute petite atteinte à sa vanité féminine tachée de boue, peut-être que l'homme en noir arrivait au moment opportun. Dans les faits il n'y avait pas de peut-être et la suite du récit nous expliquerait pourquoi.

Uniquement le fruit d'un hasard hasardeux que cette présence? Qui sait, la vie nous réserve tellement de mystères et d'énigmes. Parfois les coïncidences deviennent si importantes qu'en bout de ligne l'on peut en venir à se questionner au plus profond de soi sur les réels fondements de l'auteur de ces tissages existentielles aux apparences souvent décousues mais qui constituait l'étoffe de la vie. Cette soirée ferait réfléchir et serait également celle de grands remerciements à ceux le méritant.

Outre la présence du Surintendant, l'Ordre du Soleil avait été là pour Sarälondë comme elle, était là pour l'Ordre. La magie de Thaar avait embaumé son cœur de demi-elfe fragile de bienveillance afin de préserver son être, pour on ne sait quel dessein futur.»

[...]

Quartier de l'Ordre du Soleil, manoir Balgor, au crépuscule

« Polymaro a choisit des juges sévères pour tester ses créations. »

« Ça ne lui sera que plus profitable, j'en suis persuadé. »

« A vous l'honneur monsieur Bolton, vous êtes l'invité après tout. »

L'hôtesse faisait dans cet humour délicat en s'adressant à ce cher Bolton, humour collant bien avec sa petite personne réservée voir timide dans l'instant actuel. Thomas quand à lui, malgré son antipathie reconnue, n'en perdait pas moins toute sa galanterie. Il servit donc le liquide ambré, l'hydromel d'Acturus Polymaro, dans la coupe de la comtesse, tout d'abord, pour ensuite venir remplir la sienne. C'était paisible au manoir, le calme plat en fait. Taräsilmë devait s'amuser seule à l'étage, c'était dans l'âge et les jumelles dormaient tout simplement après une journée bien remplie de jeux d'enfants. C'était la soirée qu'elle avait imaginée avec la compagnie souhaitée.

Pour combien de temps encore par contre c'était une autre histoire...!

« Ça a au moins la qualité d'être de la couleur que cela doit. »

«  BOOOoooommm! »

C'est juste après cette phrase commentant l'hydromel qu'une violente explosion se fit entendre faisant voler en éclat le grillage et une partie de la muraille sensée protéger les Balgor, et aussi les Systériens, du genre de problème auxquels ils allaient faire face. Les herses avaient éclatées en morceaux alors qu'une embarcation profitait de la tumulte pour dangereusement s'approcher du domicile Balgor. Sarälondë et Thomas sortirent a l'extérieur, sans doute à la recherche d'explications alors qu'un mouvement importants de protecteurs de l'Ordre commençait déjà à monter un périmètre. La situation s'annonçait critique au vu des explosions de force plus ou moins importantes qui retentissait près du manoir de la très connue famille.

Des pleurs en provenance de la chambre des jeunes jumelles Balgor eurent tôt fait de rappeler à la comtesse Taur'Amandil que sa précieuse progéniture se trouvait à l'intérieur du domicile. Sans trop réfléchir elle retourna dans le luxueux bâtiment où la petite Ysenlàlïl était sortie de sa chambre, cherchant sa mère sans doute. Ses grands yeux clair étaient remplit d'eau et d'incompréhension, mais que ce passait-il! Sarälondë le savait ce qui se passait... Ses cauchemars se réalisait et après la semence, elle était en train de récolter le fruit des dernières années de « labeur ». La porte donnant sur le jardin arrière explosa en milles miettes et laissait voir le coupable de toute cette mascarade...

C'était le retour d'Ernest Lampal! Furieux il faisait face à la médecin qui avait ruiné sa vie.

« Docteur!  BOOM! Je suis un génie de la science! JE VAIS VOUS MONTRER QUI DOIT ÊTRE TRAITÉE! »

« Lam-lam-Lampal! Non attendez!Elle n'a rien fait laisser la partir! HAAAa! »

Et le sort en était jeté. D'un mouvement rageur Ernest Lampal avait jeté une fiole explosive vers Ysenlàlïl et Sarälondë... Ce n'était que le début du cauchemar.

À suivre...


Post by Sarä Taur'Amandil, OdS - December 21, 2009 at 4:23 AM

Cauchemar au manoir Balgor
Que de souffrances mais aussi de courage!

« Docteur!  BOOM! Je suis un génie de la science! JE VAIS VOUS MONTRER QUI DOIT ÊTRE TRAITÉE! »

« Lam-lam-Lampal! Non attendez! Elle n'a rien fait laisser la partir! HAAA! »

La fiole ne s'était pas encore fracassée au sol que Sarälondë avait déjà rapidement pivoter pour venir couvrir entièrement la petite Ysenlalil de son corps de maman protectrice. L'alchimiste qu'elle avait eu au moins deux secondes pour appréhender ce qui s'en venait et ainsi protéger sa précieuse petite fille des éclats de verres et surtout de la déflagration dont il était impossible de prédire la puissance. Si Ysenlàlil s'en sortirait intacte, ce n'était pas le cas de Sarä. Les particules de verre et de céramique dut à l'explosion s'étaient logés dans la peau de son bras et de son épaule et le feu avait brulé sa peau de manière plus que douloureuse. Le corps étant ce qu'il est, bien fait, l'adrénaline prit le dessus à ce moment là, il y avait tellement à sauver dans cette situation dramatique. La médecin réalisait à peine ce qu'elle venait de subir, et c'était sans doute préférable de ne pas trop regarder pour l'instant. Il fallait sortir de ce domicile.

« Mamanmamanmaman! »

« S'il entrent je tue votre fille! Faites-les reculer! »

Aucune discussion supplémentaire, Sarälondë saisit la chance de pouvoir faire sortir du manoir la petite Ysen complètement en pleur et en peur. Quand la porte s'ouvrit, les protecteurs à l'affut qui entouraient le manoir Balgor purent apercevoir la comtesse fumante se trempant sans se poser de question le flanc gauche dans l'abreuvoir du cheval, soulagement ainsi temporairement sa peau brulée et éteignant ainsi définitivement sa robe qui était une perte totale du côté gauche. La jumelle rescapée courue vers l'arche pour fuir alors que Thomas Bolton approchait sans constater sur le moment l'état de sa subalterne qui faisait une baignade loin d'être prévue dans un bac à eau. Dans le manoir des cris et des pleurs, les deux autres gamines s'y trouvaient toujours.

« Le tuez sans pouvoir l'approchez risque d'être problématique. »

« Évacuez la maison et la cour! »

Figée dans l'eau alors que la douleur assaillait son corps la petite comtesse essayait de tout son possible de se reprendre afin de fuir le domicile Balgor. Déjà dans sa tête c'était la cohue et son esprit devenait confus. Le choc était aussi nerveux que physique. Elle sentit une main l'agripper par la ceinture, il s'agissait de Thomas qui la sortait de l'eau vivement, comprenant sans doute dans quel état psychologique de panique elle pouvait se trouver pour rester ainsi paralysée dans l'instant critique. Il plaça son bras de manière a protégé le visage de Sarälondë alors que le danger d'explosion était toujours aussi élevé. Rapidement et la conduisit plus loin pour la mettre à l'abri.

« Contentez-vous de sortir tout le monde d'ici! »

« Qu'est-ce qui se passe! »

« Nous avons besoin de vous. Monsieur Lampal est des nôtres.»

« Il est où le chien...? »

« Il est dans le vestibule. »

Le chien dans le vestibule était bien sur Ernest Lampal comme le mentionnait subtilement Thomas Bolton. Car dans les faits le vrai chien des Balgor avait tout simplement explosé dans la cour arrière, une fin canine plutôt macabre.

« Envoyez des archers sur le pont et la tour! »

« Il est armé de toutes sortes d'explosif, approchez et vous êtes mort. »

« Que d'autres couvrent les issus par la muraille! »

« Il y a suffisamment d'explosif pour faire sauter le quartier! Laissez-moi repartir! »

À suivre...


Post by Sarä Taur'Amandil, OdS - December 21, 2009 at 8:28 AM

Cauchemar au manoir Balgor
Au cœur des pensées et de tumulte interne

« Ma tête tourne et le sang coule laissant une trace de mon passage. La serviette, imbibée, que je tiens sur mon bras recouvert d'un désinfectant grossièrement appliqué me fait atrocement mal mais je préfère cacher la blessure à Ysenlàlïlindë qui se love contre moi en me caressant doucement la tête comme pour me réconforter. Mais comment être réconfortée en sachant que mes deux autres prunelles se trouvent dans le manoir... Je ne peux m'empêcher dans mes divagations de repenser à ces parcelles de rêves annonciateurs. J'ai vu venir le tout et je n'ai rien pu faire... Nous avons trop attendu, nous aurions dut quitter le manoir. Je sais à présent que je ne suis pas une paranoïaque... »

Alors que les explosions se faisaient encore entendre et que les protecteurs de l'Ordre du Soleil essayaient toujours de trouver une solution au problématique... problème à la résidence Balgor, Sarälondë était assise sur le sol de son laboratoire, appuyée contre un mur, les dents serrées et le regard clair dans le vide. La blessure la faisait souffrir maintenant à sa juste valeur, sous le regard impuissant de la jumelle solitaire qui elle-même ne devait pas réaliser qu'actuellement elle avait une chance de devenir enfant unique. La comtesse devait puiser dans son énergie s'échappant afin de pouvoir rester lucide dans l'adversité. Il fallait absolument soigner cette blessure.

« Tu vois le coffre mon cœur... Amène une autre serviette à maman... Et une paire de pince.»

La main tremblante Sarälondë attendait l'instrument médical qui serait apporté par sa fillette. Quelle folie! Mais pour penser la plaie ou même songer à une incantation il fallait retirer ces particules étrangères et douloureuses. Incapable... À peine touchait-elle aux morceaux de verre avec les doigts de sa main en santé qu'elle hurlait à fendre le cœur même des plus insensibles. C'est à cet instant que son époux surgit dans le laboratoire adjacent au manoir, là où se trouvait sa douce Sarälondë... Qui n'était pas tellement douce en criant mais bon! Vous voyez ce que je veux dire. Ysenlàlïl, traumatisée de ce qu'elle voyait, se rua sur son père pour trouver chez lui du réconfort.

« Le voir fut un apaisement plus grand que je n'aurais pu le croire depuis notre dernière dispute... Mais il était annonciateur de malheur. Il me confirmait,alors que je comprenais à peine, que mes enfants, que nos enfant se trouvaient encore à l'intérieur du domicile. Ma pensée s'embrouille, je ne me souviens plus clairement de ce qu'il a dit, mais j'ai ressenti un vide si grand et un regret si profond que mon existence entière me semblait futile. »

La gamine avait donné l'instrument, la paire de pince, à Mathéo qui avait l'ingrate tâche de retirer les éclats figés dans la chair. Il chercha du désinfectant avant que la voix faible de sa femme l'informe que c'était déjà fait. Mal fait, mais fait au moins...! Nous pardonnerons à Sarälondë son incompétence médicale sur ce coup en lui accordant au moins qu'il était difficile d'être à la fois le patient et le médecin dans une situation pareille!

« Je ne sais pas trop ce qu'il fait, mais il le fait. J'ai mal tellement mal! J'ai l'impression que je vais perdre connaissance mais j'ai aussi l'impression que je ne dois pas. Je sais que je hurle et que son visage est grave mais désolé. Il me soigne, il n'a pas le choix de le faire de cette manière et c'est là que je me souviens oui de ces maudits éclats, je les avais presque oubliés dans ma confusion. J'entends Ysenlàlïl hurler mais je ne sais pas pourquoi... Je ne sais pas pourquoi....»

L'avant derniers morceaux venait d'être retiré et monsieur Balgor restait toujours aussi calme qu'il le pouvait. Ysenlàlïl hurlait d'horreur, toujours plongée dans l'incompréhension de tout ce qu'elle voyait. Comment en si peu de temps elle avait pu passé de la quiétude des rêves à un cauchemar éveillé? Le monde est laid et sale petite Taur'Amandil Balgor... Les années te l'apprendraient et encore plus à Systéria.

« Papou tu lui fais mal! Papou...! »

« C'est normal ma puce... Ça fait toujours mal une écharde... »

Le supplice était maintenant terminé... Dans une langue ancienne et peu connue Mathéo Balgor, homme de Thaar, homme de foi, entama une prière divine. Sous le regard ébahit de sa fille qui restait figée en regardant le spectacle. Une lumière douce et bleu entourait Sarälondë alors que le paladin venait effleurer ses blessures tendrement avec ses mains. La magie divine.... Les effluves bienveillantes refermaient les blessures, apaisaient le mal et allégeaient le cœur. Peut-être pas dans la perfection la plus... parfaite, mais amplement pour que le corps de la demi elfe ne la fasse plus souffrir le martyre qu'elle était en train de devenir. Quelle mort pathétique ça aurait fait quand même, tuée par un ancien patient. Peut-être Sarälondë aurait-elle eu une statue devant l'hôpital? Enfin peu importe, c'était vraiment une autre histoire, fort heureusement.

« Je me souviens lui avoir murmuré que le dôme nous avait nuit comme dans mes rêves... Il m'a répondu dans l'affirmative puis il m'a annoncé quelque chose que j'ai eu du mal à croire tellement cela m'a atterrée. Thomas Bolton est entré dans le manoir pour aller négocier avec Ernest Lampal. Je ne sais plus quoi penser tellement mon cœur se serre et hurle au désespoir. Mes filles sont à l'intérieur... Cet homme aussi. Je crois avoir murmurer quelque chose... Quelque chose souhaitant la mort de Lampal, surement c'est logique en fait. Je pleure et je pleure, quoi faire d'autre? Je me sens faible et impuissante. Mais Mathéo m'incite à quitter le laboratoire, sans doute a-t-il peur d'une possible explosion, mais il ne faut pas que cela explose! Myàmëlissë, Taräsilmë et Thomas... Je ne veux pas les perdre. J'ai peur, tellement peur. »

À suivre...


Post by Thomas Bolton, Emp - December 21, 2009 at 11:52 AM

Mathéo Balgor venait de sortir le manoir, tenant le cadre calciné de Coco, l’horrible oiseau parleur. Si la venue d’Ernest Lampal avait eu quelque chose de positif, c’était bien ça. Quoiqu’il en soit, les choses n’évoluaient pas. L’aube approchait et la situation n’avait pas évolué d’un pouce. Il restait des enfants dans la maison. Et surtout, Ernest pouvait être aisément manipulé. C’est du moins ce qu’il pensait et l’avenir ne lui donnerait qu’à moitié raison…

« Ne faites pas ça, Sieur ! », lui conseilla fortement William Menethil.

Il ne fut pas écouté. Le Surintendant passa les grilles, fit volte-face et les ferma à double-tour. Il avançait lentement, prudemment, informant le détraqué qu’il souhaitait discuter avec lui.

« Entrez ! Mais seul ! Et VITE !! », lui lança Lampal sur ce qui restait du seuil de la maison.

Ce que le duc se pressa de faire. Il arriva face à une impressionnante mécanique reliant trois lourds tonneaux à une horloge. Le tout semblait fonctionner et décompter les minutes qu’il leur restait. C’est à ce moment là que Sa Seigneurie tenta d’amadouer le charlatan.

« Si nous discutions, monsieur Lampal ? »

« Docteur Lampal ! Docteur ! DIX ANS DE THERAPIE ! DIX ! JE NE SUIS PAS FOU ! »

« Je sais que nous sommes tous deux des individus civilisés, docteur Lampal. Il serait regrettable de ne pas avoir une conversation entre gens éduqués, vous ne croyez pas ? »

Depuis le début, le premier ministre était resté parfaitement calme, parlant avec un ton plus doux que d’habitude, sans doute pour préparer ou ménager son interlocuteur.

« Oui. Bon. D’accord. Mais DIX ANS DE THERAPIE ! ON A NIE MON GENIE ! »

« Oui, je le reconnais, docteur Lampal. On a sous-estimé vos capacités. Je vois désormais à quel point vos compétences en ingénierie et explosifs sont développées. Assurément, un esprit à l’origine de telles créations ne peut pas être dérangé. »

« Evidemment ! Moi, je faisais des remèdes miraculeux ! Je guérissais les gens mieux que personne grâce à ma haute intelligence ! Pourquoi dix ans ? Dix ans de thérapie ! »

Ernest, quant à lui, vadrouillait d’un bout à l’autre de la pièce, parlant de façon hystérique, se prenant la tête entre ses deux mains, la secouant de temps à autres, ses gestes parfois brusques et incontrôlés.

« Justement, docteur Lampal. Regardez autour de vous. Votre génie est impressionnant, auparavant vous guérissiez les gens, vous aidiez les malades. Les petites filles que vous gardez ici même en otage sous la menace d’une bombe, avant vous étiez là pour elles, pour les protéger des maladies et des fléaux. »

« Mais on m’a prit pour fou ! On m’a enfermé, tout ce que j’avais, on me l’a ôté ! Et ces filles n'auront pas à mourir si vous faites ce que je veux ! »

« C’est pourquoi je vous propose une solution, docteur Lampal. Aujourd’hui, je reconnais votre talent et la détermination que vous avez à le faire connaître. Je peux vous allouer un grand laboratoire en dehors de la ville, dans lequel vous donnerez libre cours à votre ingéniosité. Vous sortirez d’ici en homme libre. »

« Mais je ne peux pas, c’est impossible ! »

« On se souviendra alors de vous comme un ingénieur miracle, vous dépasserez Léonard de Briganne en notoriété, dont les œuvres ornent aujourd’hui la plupart de nos musées. Vous sortirez d’ici comme un homme libre et reconnu. Non pas comme un criminel et un destructeur. »

« Mais on m’a enfermé, dix longues années de thérapies, pour RIENNNN ! A cause de... de... A CAUSE DE LA BALGOOOOR !!! »

« Ne soyez pas passéiste. Nous savons tous deux que vous êtes un visionnaire. »

Ernest le fixa pendant de longues secondes, il semblait encore plus tourmenté que les fois précédentes. Sous son crâne s’agitaient des idées contradictoires, un horrible doute insufflé par le Surintendant. Un doute, qui, cependant, ne suffirait pas.

« Non ! Tout ça, ils me l’ont déjà offert ! Je le possède déjà ! Ils me le reprendront !! JE NE VEUX PAS ! »

« Mais en travaillant pour eux, vous êtes un criminel, un homme craint qui terrorise la populace. La même pour qui vous aviez du cœur, la même que vous protégiez auparavant, docteur Lampal. »

« Non, c’est impossible, je ne peux pas ! »

« Soit. Alors sortons d’ici, je vous laisserai passer et vous me direz comment désactiver cette machine. Vous qui auriez pu être le duc Lampal, inventeur de renom… Esquivons-nous par cette petite porte, perdons-nous dans la masse de la populace, disparaissons lentement dans l’anonymat… », lança-t-il avec subtilité, tentant une dernière accroche.

Le fou s’écroula contre une étagère, les yeux fermés, sous le regard sévère du Surintendant. Il se prit la tête entre les mains, sembla la presser, la secoua une nouvelle fois, serra la mâchoire et se retourna face à Thomas.

« NOOON !!! ILS M’ONT TOUT DONNE, ILS PEUVENT LE REPRENDRE !!! »

Voyant qu’il n’y avait rien à faire, Thomas capitula. Quelque chose clochait, il le voyait bien. Nul besoin d’être un thérapeute avertit ni un membre de la Confrérie Pourpre pour voir qu’il y avait plusieurs individus sous son crâne. La schizophrénie ne faisait pas partie des syndromes d’Ernest Lampal…

Ils sortirent donc, le duc invitant les gardes à baisser leurs arbalètes. Ils embarquèrent, passèrent sous le rempart dont les grilles avaient sauté et débarquèrent juste derrière.

« C’était un leurre !!! RIEN QU’UN LEURRE !!! HAHAHA !! Le véritable objet est quelque part et sera bientôt terminé ! Et celui-là pourra faire exploser toute une partie de la cité ! »

Avant que Thomas ait pu faire un signe aux archers pour qu’ils transpercent le détraqué, ce dernier s’enfuyait déjà vers la forêt touffue. Heureusement pour Thomas, une carriole passa à proximité pour lui permettre de rejoindre la cité. Il arriva près du manoir Balgor à demi calciné et s’y engouffra, invitant les autres à le suivre.

D’un geste sec, il arracha la pendule sous les yeux horrifiés des gardes et le mécanisme s’arrêta. Tout simplement. Il n’y avait même pas d’explosifs dans les tonneaux.

Un peu plus tard, dans les quartiers de l’Ordre :

« Ernest Lampal est sous influence, ça ne fait aucun doute. Je pense qu’il est manipulé par les démones. Il a délivré d’importantes informations : une bombe telle que celle que nous avons vu est en préparation et celle-ci bénéficiera sans aucun doute des supposées propriétés de la première. Il va vous falloir ouvrir l’œil. »

Non, Sa Seigneurie n’avait pas pu découvrir ça avant et cela le gênait grandement. Néanmoins, c’était un mal pour un bien. Même manipulé par les engeances démoniaques, ça n’en restait pas moins un humain bercé par la folie. Un ennemi beaucoup plus concret pour les forces de l’Ordre, beaucoup plus facilement appréhendable. Et qui avait délivré des informations qui participeraient à augmenter la vigilance des soldats…

Non, le duc ne se blâmerait pas pour avoir failli à le manipuler. Après tout, que pouvait-il faire faire contre l’influence de créatures maléfiques ?