Inspiration nocturne
Post by Lysandre, ind - December 26, 2009 at 7:57 AM
Le poète se veut avant tout animé par l'inspiration, elle peut être insinuée en lui tant par sa faculté à observer, qu'à parler de ses ressentis.
Le jeune écrivain de ces quelques lignes quant à lui trouvait son inspiration dans ses ressentis, ses songes, ses rêves. Habitués aux doses d'alcool bien trop courantes et aux balades nocturnes, son corps tout entier semblait dès lors animé par la tristesse, tant son visage semblait favorable à la douceur que son être tout entier se tourmentait de mille et un maux, douleurs.
Sans doute trop inquiet pour se mêler aux autres, son seul havre était dès lors une petite pièce à peine éclairée d'une bougie écarlate sur une structure métallique à bec. Une table en bois ayant sans doute savouré une vie aussi longue que pourrait l'être celle d'un être sylvain. Un siège tout aussi âgé, ancestrale, relique de poète passée de main à main par ceux qui n'ont jamais trouvé d'autres exutoires que l'écriture. Pour seul confort qu'une simple paillasse en tissu, frusque délabrée, macchabée de ce qui, chose certaine, ne changeait rien à la dureté du plancher. Un chevalet, quelques couleurs séchées, un pinceau aussi peu garnis que le crâne d'un lépreux, les rideaux d'ombres cernant l'endroit. Une simple fenêtre donnant vers l'extérieur, couverte par un tissu anthracite que le jeune homme poussait à l'occasion pour observer ce à quoi il s'était soustrait, la vie.
L'écho de la plume sur la papier, écoulant ses flots d'encre de piètre qualité résonnait dans cette pièce silencieuse, si ce n'est le souffle long et chaud de l'être qui y séjournait. Un trait, assuré, net, vin clore son premier ouvrage, le premier d'une longue série pour lequel il s'était, de manière journalière, torturé l'esprit afin d'en saisir l'essence, la suspendre quelques instants dans l'insondable, et la coucher sur quelques morceaux de parchemins.
"Toc Toc"
L'on frappait à la porte, les pas de la gouvernante n'avaient pas échappés à l'ouïe fine du poète, pouvait-on réellement l'appeler "Artiste"? Il n'offrit comme seule réponse tout du moins que son écrit glissé sous la porte, alors qu'en échange, la jeune femme dont il n'avait que très rarement connu les traits, lui déposa à la place un plateau métallique garnis de quelques victuailles au fumet épicé. Il n'y toucherait pas, ou peu, elle ne l'ignorait pas, telles étaient les habitudes du locataire.
enfilant un long manteau et un petit bonnet en laine, elle sortit dans cette nuit dans laquelle sonnaient les activités nocturnes de cette citée. Tapotement du cuir de ses sandales sur les dalles sombres de la ville, elle irait donc afficher les quelques mots de Lysandre là où bien entendu, la créativité d'un être bercé par l'expression trouverait lecture de quelques citoyens intéressés.
Au delà de lui.
Ombrageuses pensées du damné condamné.
De sa fin il ignore tout, de sa vie, attristé,
Il n'a d'autre souvenir que ses malheurs.
Est-il alors ici, l'inconnu au bonheur?
Sombre Lumière au tréfonds de son âme vide.
Le mal aise est dans sa chair, plus qu'un sentiment.
Ses blessures, plus qu'une ode morbide.
Cette vie le tue, il naquit déjà mourant.
Absurde ressentis que celui du maudit.
Existence morne, aujourd'hui son seul avis,
Il voit son éternité comme libération,
Dans un linceul, sa mort comme seule solution.
Esclave de sa souffrance, esprit décharné,
Affranchis par la faucheuse, corps inanimé.
Suaire en guise de haillon délabrés,
Son repos débuté par la lame acérée.
Longue chute aux cris d'acier rompant l'air.
Le tranchant sur ses fines veines turquoises,
Sa peau sectionnée, les mondes se croisent,
Son immortalité salue les enfers.
*Lysandre. *
Post by Lysandre, ind - December 26, 2009 at 8:13 PM
L'encre pareille au sang, s'écoulant sur les fondations de ce qu'un homme peut alors appeler pierre d'édifice, ce que sera ou non l'œuvre d'une vie. Les sanglots de l' absinthe dans ses racines de ce que pourrait être l'arbre de l'existence, l'écoulement limpide de ce qu'est le nectar de la vie.
Trop porté vers le goulot, pas asse vers le contenu, le poète tirait à nouveau le trait sur ce qu'était alors ici le fruit de l'inspiration.
Une nuit entière, contemplant cette peinture inachevée, au mieux, quelques traits peu assurés et une flaque pigmentée écarlate. Ses écrits, cette fois inspirés par les cris de l'âme, des âmes, invités de ses nuits agitées, ceux qui n'ont trouvé comme repos que la terre et un berceau de bois.
Replaçant une écharpe par dessus son épaule, l'homme se redressa, du moins, s'y essaya, ses mires exemptée de volonté, de sentiments, vide, autant que son cœur en ce moment, être solitaire, fantôme nocturne, au-delà, un spectre de ce que pourrait être l'isolement.
Il se pencha vers la porte afin d'y faire glisser ses lignes et leur copie, dans le même but. Incompris, tel était le qualificatif qu'il se donnait. Pour peu, d'autres chercheraient à le rejoindre ou simplement, prendre le temps de porter sur lui ou sur ses verbes, une attention même moindre.
Purgé par le feu.
Une vie consumée par le châtiment,
Brasier des hérétiques, juste bourreau,
Flammes de celui qui bientôt sera feu
Regard d'acier, forgé par la vision du mieux.
Est-il alors assassin ou justicier?
Quand sera-t-il libre de ses actes passés?
Embrasez-vous états d'âmes, brûlez remords,
Car celui qui punit connait aussi la mort.
Cette fournée accablée d' hurlements,
Est donc animée de bonne volonté.
Le trouble impossible de l'officiant ,
Il devient cendres avant même d'exister.
Qui sont ces sanctifiés meurtriers ardents ?
Exaltés inquisiteurs incendiaires?
Loin de cette triste théorie, simplement
Ceux qui ravitaillent nos cimetières.
-Lysandre-
Post by Lysandre, ind - December 26, 2009 at 9:27 PM
Plaisir pervers de ceux qui jamais ne frôlent la bassesse des mendiants, démunis sentimentaux, tenant plus de la bête que de l'homme, au-delà d'être un danger pour les autres, ils le sont également pour eux-même.
Une pensée productive, certes, mais ô combien immorale. Voilà à présent le quotidien de l'écrivain, poussé par les songes les plus obscures, à coucher sur le papier, sépulture de ce que pu être jadis, un être végétal, aujourd'hui condamné à accueillir en son sein les élucubrations morbides d'un homme en désarrois, incapable à présent de connaître ne fut-ce qu'une fois la chaleur confortable d'un feu de joie.
Une couverture de laine sur les épaules, une tasse de thé maintenant aussi froide que l'éternel reposant, trônant sur sa table. Il osa porter son attention sur le dehors, là où le commun des mortels se meut en une valse pour le moins, et de son point de vue, aussi morne qu'elle pourrait, avec une perception plus négative, être perçue comme un défilé mortuaire.
Envieux d'en connaître les caractéristiques, le Poète se veut avant tout en quête d'une muse. Depuis si longtemps aigris, ses globes détaillant, dans l'obscurité de sa chambre, les passantes. Éthérées, aucune d'elles ne put alors rassasier son besoin. Son plaidoyer simple, juger coupable celle qui saura mettre en ébullition sa passion gelée, maintenue en vie par l'art, ou l'étincelle possible à venir, femme qui d'un regard saura faire fondre la glace enrobant de sa solidité l'écrin de son humanité.
Les heures s'écoulèrent, preuve que le temps n'était alors qu'un fleuve menant en aval vers ce qu'il appelait, la libération. Lui seul put poser sur elle l'attention immédiate et obligée d'un auteur sur sa muse. Elle ne l'avait certainement pas vu, mais elle créa en lui le besoin d'écrire... Sa chose, sa créature, elle n'appartenait qu'à lui, osait-il l'espérer.
Lorsqu'il eut terminé, la seule qui put rediriger ses mots vers l'extérieur s'empara des quelques notes, gisant à même le plancher dans ce couloir qui la séparait de son locataire. Lui-même décidé à faire connaître par écrit, celle pour qui dès à présent, il donnerait de lui les parts de sa créativité. Cette première lecture, si elle en était capable, pourrait éventuellement l'aviser de son intérêt. D'autres bien entendu viendraient, mais celle-ci, bien que difficile à cerner, trouverait dès lors sa place dans la déclaration.
Le parchemin et ses copies,trouvèrent alors leur place aux divers panneaux d'affichage de la ville.
Muse et union
Ma main sur ta peau de porcelaine
Cherchant à saisir la tienne à tâtons
Mes lèvres remontant sans gêne
Sur ton corps, guidé par tes frissons.
Je suis l'instrument de cette passion
Nos enveloppes unies à l'ascension.
Tes yeux me fuient, suis-je horreur?
L'avatar de ce que sera ton malheur.
Demain nous ne serons que question,
Unis par cette nuit volée, éphémère
Tu n'auras de moi qu'un souvenir amère
Du monstre qui t'a promis l'absolution.
Nos corps brûlent, ses mêlent et se défont
Au rythme de cette mascarade, tentation,
Je n'aurai de toi qu'un regard austère
Car je suis pulsion dévolue, adultère.
Tes cuisses m'enserrent et se débattent,
Nos souffles en colère, se rejoignent,
Je t'aurais aimé comme compagne
Malhonnête, je suis le mal incarné,
Jeune fille, tu cherches en hâte
A fuir celui qui t'auras poussé au péché
Frêle et candide tu es la victime
De mes plaisirs dérangés, intimes.
Jamais plus femme en souffrance,
La ville connaîtra dès l'aube ton absence,
Pâle, tu connais le repos éternel,
Ma lame plantée en union charnelle.
-Lysandre-
Post by Lysandre, ind - December 28, 2009 at 2:18 PM
Tourne, encore et toujours, circulaire itinéraire d'un homme en perdition, la pièce lui apparaissait dès à présent comme une cellule isolée, loin du regard des hommes, l'enfer peut-être, infernal taudis, la colère grandissant en lui.
Ses ombres menaçants sont intimité partout dans cette chambre, le domaine de création pour un garçon ô combien dérangé reflétant ici une part de folie que lui seul ne pouvait alors vivre. Incertain, inconfortable, il prenait place sur sa chaise et se relevait presque instantanément, en proie à cette pensée personnelle qui le torturait plus qu'il n'était possible d'en encaisser.
L'écho de l'âme, il se décharnait peu à peu, hurlant, gémissant, face à cette insouciance qu'il avait eu de se vouloir avant tout penseur ou simplement guide dans l'incompréhension générale subie par Systéria en ces jours sombres.
Il épingla au mur le réceptacle de sa folie créative, puis une seconde vint la rejoindre lorsque son pinceau couvert d'encre rouge glissait sur son morceau de papier pour exprimer tout ce qu'il gardait en lui, tout ce qui bouillonnait et qu'il se devait de laisser déferler, expiation de ses songes les plus tordus.
Frénétique, animé par cette hâte qu'ont les artistes lorsqu'ils ne peuvent se permettre de perdre une idée, l'inspiration, ses gestes gagnaient en intensité à chaque fois que les poils de sa plume improvisée frôlaient de leur pigments vermeilles la texture granuleuse d'une feuille de quelconque qualité. Maintenant sa main habitée par la fougue littéraire pour ne pas qu'elle lui échappe, il grondait, hurlait presque de cette soif intarissable d'en finir avec ce flot de mots et de lettres explosant dans son esprit.
Il poussa un long soupire en s'écroulant vers l'arrière, son expression ainsi étalée, suspendue sur l'immortalité du recueil spongieux des écrivains. Le souffle court, il tentait de se reprendre, mais son corps tout entier le brûlait, ses démons l'assaillant en même temps de terribles douleurs, maux auquel il ne pouvait se soustraire.
Repus d'écriture, il échappa son pinceau qui roula sur le plancher laissant derrière lui une traînée peinturlurée de rouge. les feuilles épinglées au mur chutèrent également à ses pieds.
[...]
Les heures passèrent, les larmes coulèrent, mais il trouva enfin le courage de se relever, affronter son travail de presque une nuit, les cernes visibles sur son visage mais par qui? Personne... Si ce n'est son âme putride, souillée par les courants macabres d'un relatif désir d'en finir. Fébrile, il glissa le fruit de cette nuit-là sous la porte, offrant à sa bienfaitrice le soin d'afficher ces quelques lignes en ville à qui voudrait s'en aviser ou les lirait par hasard. Quant à lui, il retourna à ses peintures, cette toile qu'il n'avait jamais trouvé la capacité de finir et qui ce soir, n'avancerait pas plus, contredite par l'ivresse de l'absynthe.
Pensées florales
N'est-il fleur plus fanée, trouvée, guidée dans les jardins de l'immortelle réductrice, familière à la passion et aux déboires? Celle dont je parle n'a de raison que ceux qui la respectent.
Belle, elle ne vit qu'aux yeux de ceux naissants dès l'aube et mourants au crépuscule. Main verte? Loin de là, tout autre chose qu'un amour elle ne vit, éphémère, sempiternelle faveur accordée à celle qui de ses doigts crée la vie mais peut aussi donner le mort, que pour les défavorisés, mendiants de ce que la continuité n'a su leur donner.
Nourrissons, ils hurlent à sa présence, l'implorant de ne pas mettre en péril leur croissance. Elle est mère et faucheuse, épouse et tortionnaire. De leur larmes, elle s'en fait des joyaux, des statues ornant tour à tour, à son bon vouloir, les allées de son jardin.
Celle dont je parle n'est plus qu'une illusion, l'image maternelle des ahuris, affamés de repaires, elle répare leur maux; soignent les brisures, cassures et chutes. Spectre lunaire, sylvestre, elle ne peut leur apporter qu'image imparfaite d'un destin incertain.
Ma muse n'est à personne et à tout le monde à la fois. De la foi elle en a, mais est-elle réellement celle qu'on croit? Colère et désarrois, je l'ai aimé un jour, il l'aimera toujours. Jamais elle ne sera à moi.
Je ne serai jamais que l'invisible amant d'une relation détruite avant même de voir le jour. Je serai son gardien dans cette vie qui n'a d'elle que le teneur, pas même l'arôme, pas même le goût.
Pour elle mon sang s'écoulera, glissera vers l'inconnu, l'incongru apprentissage douloureux de ce qu'est la désillusion, l'immortalité passée de ce qu'aurait pu, ou non, être la passion dévorante de deux êtres se désirant. Esseulé dans l'obscurité, je ne serai qu'un murmure, un souvenir de l'après, baguenaudant tout autour de l'abyssal récif épineux de mon vouloir, indisciplinée volonté de ce que j'aurais appelé, la fin d'une apologie sur celle qui d'un regard posé sur sa magnificence, tornade, aura su déraciner les chênes de mon dévolu.
Au mieux l'îlot de la solitude cloîtré entre les grilles de son souvenir dans mon esprit dérangé, prison dorée d'une immensité qu'elle ne pourra jamais saisir, la belle s'en va pour ne plus jamais revenir.
Que faire alors si ce n'est mourir?
-Lysandre-
Post by Malbruck, OdS - December 28, 2009 at 3:13 PM
Plusieurs fois déjà, le pas non rythmé de la chose passa devant les mots rouge sang. Ce n'était pas la première fois non plus, que nombre de bonnes gens ne sachant lire, restaient incrédules tant qu'à l'encre qui subissait la houle de la foule. Cela faisait alors exactement quatre fois, que le petit monstre lisait au bas de la page Lysandre. Qui était-ce? La question, il se l'était posé plusieurs fois. Les affiches même signées, n'en demeuraient pas moins anonyme sous ces divers pseudonymes.
Mais par chance, animal nocturne qu'il était, il pu voir la dame accrocher cette quatrième pensée, pensée qui n'était qu'encre sur papier, mise à nue, sans pudeur, devant la future masse de gens qui passerai. Le pas boiteux alors s'accéléra, suivant celle-qui, pensait il, avait écrit ces mots de poésie et si mélancolique à la fois.
La chose qui soufflait comme un bœuf, intrigué par le pas précipité, croyait elle qu'il la suivait pour de mauvaises intentions?
C'est alors qu'au détour d'une ruelle, une main couverte de bandages, sentant un mélange camphre et d'hôpital se posa sur l'épaule de cette si bienfaitrice personne qui affichait des mots aussi perçant qu'une lance plantée dans le sternum de l'ennemi.
"Excusez Mal... moi mais..."
L'instant fut aussi pénible l'un comme pour l'autre. Le cri perçant de la dame, en si bonne heure, n'avait rien annoncé de bon à la garde, qui passait si proche. Il faut dire que Malbruck n'avait jamais le tact d'aborder les gens. La femme c'était retournée alors, regardant ce visage si laid, cette silhouette si peu rassurante, poussant de nouveau un cri de terreur et d'effroi. La pénombre accentuait les discontinuités du visage, déformant les ombres dansantes de la nuit.
"Voyons... calmez vous... c'est bien vous qui écrivez ces poèmes aux muses et ces pensées si pessimistes?"
La femme fit non de la tête, tandis que le petit être fouillait dans son sac, y sortant parchemin et plume, alors qu'au loin, la garde accourait déjà aux cris qui avaient été émis, si stridents.
Le grattement de la plume, rapide, l'homme avait l'habitude d'écrire vite et bien, malgré les contusions à ses mains. Alors, après quelques secondes passées, il tendit le morceau de papier à la dame.
"Remettez alors ceci à l'auteur Lysandre, avec mes respects."
Puis il s'éclipsa, telle une ombre, l'odeur de camphre avec lui, comme un mauvais rêve, que l'on oublie. Cette créature de la nuit avait elle seulement existé? La dame alors, restait un instant pétrifiée par cet étrange apparition, papier en main, devant ce mélange de vert et d'or qui arrivait, lui demandant si elle ne c'était pas faite agresser.
restait à savoir, si elle remettrait les mots de gratitudes à cet étrange artiste qu'était Lysandre.
Lysandre,
Ta plume, bien que rouge, est une merveille.
Il ne faudrait pas la gâcher en affichant tes œuvres aux murs, devant ces gens qui ne comprennent rien que le cour de leur fortune.
Je serais sans nul doute un de tes fervents lecteurs.
Malbruck.
Post by Lysandre, ind - December 29, 2009 at 4:21 PM
Porté par l'ivresse d'un jour malheureux, à nouveau, son visage déjà décharné par la solitude d'une journée écoulée et d'une soirée entamée par l'apaisement des produits qu'il chérissait temps, l'auteur inclina la tête de côté lorsque de sous la porte, une petite note attira son attention.
Ses mains pleines de teintures, tachées, maculées, pareil au sang des infidèles qu'il se voulait, lui, bourreau de l'hérétique artistique, il laissa sur le papier ses empreintes. S'avisant d'une première lecture, puis d'une seconde, il plissa les yeux face aux mots écrits à son attention.
Il hurla, d'une joie refoulée, d'une colère incendiant ses entrailles, celle de n'avoir pu rencontrer plus tôt un être attentif à ses pensées dérangées purgée par la folie de n'être que l'ignorant petit écrivain d'œuvres aussi misérables que lui. Ainsi roulé en boule dans un coin, les divers jaillissements d'idées naissants dans son esprit ne provoquèrent en lui que des brefs gémissements, bien à l'abri derrière ses mains presque squelettiques dans la pénombre.
Dans cette même optique, et toujours sous le joug de ces dérangements moraux et psychique subit par le poète, il se mit cette fois à hurler cette colère, cette sensation de mal être absolu le poussant à la déraison, attrapant à la volée une plume et de l'encre, toujours aussi rouge, il grave sur le papier l'immensité de ses réactions, ses sensations, ses pensées, fanatique de l'écriture, animé par la vitesse d'un barbare taillant en pièce sa proie, chasseur, il rompit le silence de sa pièce par des murmures, mélodieux, guidant sur le parchemin la pointe métallique. Chansonnette aussi mortelle que macabre, ode à la mort peut-être ou de simples paroles d'un désaxés en mal de vivre, il tira ensuite un long trait sur le parquet lorsque s'acheva sa folie créative inspirée par une personne pourtant si bien mal intentionnée?
Sombrant dans le sommeil des alcooliques, il ne trouva que la force de glisser ces notes sous la porte... et à nouveau, la jeune femme ferait son office.
Outre la fin.
A toi pour qui j'écris ces quelques mots, simplement couché sur le papier, mes envies, mes idées, celle d'un garçon qui n'a rien d'autre à attendre de la vie que sa fin.
Mon paradis existe-t-il? N'est-ce pas simplement l'idéal que l'on se fait, chacun pour soi, de ce que serait ou non l'existence comme elle se devrait d'être vécue et non pas, à l'inverse, ce qu'elle est dans son entièreté, brève désillusion, certes, échos d'une vie qui n'est pas celle que l'on espérait.
J'en suis malade, jours après jours, de savoir qu'à l'orée de la mort, rien ne m'attendra si ce n'est le néant. De mes mains, je n'ai jamais fait autre chose que pleurer l'inconnu. Suis-je dès lors un cyclone condamné à érrer entre les volutes impalpables de la perfection qui, de par sa nature même, n'est perceptible que dans l'imaginaire?
Que sont les anges, si ce n'est témoins de l'achevé? Les dieux sont-ils alors les juges de ce qu'une personne décédée ne peut se soustraire à croire comme étant un acte soumis à la permission allant dans le sens de l'humanité toute entière? Qu'est-il alors de ceux qui n'auront jamais rien accomplis d'autre que l'incomplet? Est-il alors possible qu'il n'y au paradis qu'un nombre de places limitées, réservées uniquement à ceux qui de par leur actes auront, et ce dans un but de mieux permanent, accomplis leur mission? Et nous? Et moi?
Je ne serai alors qu'un incompris, une nouvelle fois, et mes semblables avec moi. Et je sombrerai dans les vagues, les abysses infinies que sont les enfers, et de par mon incapacité à clore le cycle d'une vie faites de gloire, d'honneur ou de vertus, je ne serai alors qu'une âme quelconque parmi tout les criminels et marginaux qui ont, et auront peuplé Enrya. Mais personne ne me plaindra, ça non, car mon être lui aussi sombrera dans l'oubli. Et cet indicible espoir de voir un jour suspendu mon nom au creux de celui des saints et des sages ne sera alors qu'une cruelle illusion de ce qu'aurait pu, ou non, être l'aboutissement d'une vie baignée dans la tristesse.
Quel choix faire alors? Me donner la mort? Pour trouver au-delà rien d'autre qu'une potentielle continuité de la perdition? Ou continuer à vivre, sachant que ma fin ne sera en soi pas annonciatrice d'un meilleur conjugué à un mal être récurant et oppressant?
Merci à Toi pour tout ce que tu m'auras offert, cette nuit en ta compagnie fût pour moi délivrance.
-Lysandre-
Post by Malbruck, OdS - December 29, 2009 at 5:48 PM
Au même endroit encore, le petit monstre avait cette fois-ci prévu à l'avance ou se tiendrait la rencontre avec l'étrange messagère. Attendant une demi journée entière, adossé au mur, ses vêtements gris et noirs, se fondant dans les décors de la ville. Quand viendrait elle? Peut être qu'après l'apparition, les deux personnes avaient pris peur et décidèrent de changer de lieu pour afficher les œuvres. Foulard et col montés bien haut, l'être au physique immonde attendait, les heures passant , le moindre bruit trahissant la présence passant par cette même ruelle.
Désespérant, comme une chasse au trésor, sans trouver le coffre de la richesse, Malbruck était pourtant patient, même lorsque la nuit tombait, la même silhouette légèrement bossue se tenait contre le mur.
Et puis, des pas se firent entendre, talons, peu haut, pas assez rapide, trahissant certainement la peur de la personne en ces heures si froides et si noires. Le petit monstre tourna la tête, pour apercevoir la dame, elle s'arrêta. L'on pouvait voir son corsage se soulever rapidement, comme lorsque l'on voit un mort revenir à la vie, stressée, alerte, au moindre mouvement suspect que ferait Malbruck.
La scène semblait alors s'arrêter sous le temps, même les battements se faisaient lents, tout deux savaient ce qui allait se passer par la suite, mais chacun d'eux avait peur de la réaction de l'autre. La dame s'avança d'un pas, comme pour briser cette tension qui tissait sa toile autour d'eux.
"Une nouvelle histoire à afficher? Pourrai je la voir en premier?"
Tendant alors sa main cette fois-ci gantée, émanant toujours cette étrange odeur forte, de camphre. Se droguait il lui aussi? Non, Malbruck était sain de corps et d'esprit, enfin... il n'avait pas besoin de drogues pour faire preuve de folie. Toujours en silence, la dame lui tendit le papier, sans un cri cette fois-ci, comme si au fond d'elle même, malgré la laideur du petit monstre, elle savait qu'il ne lui ferait pas de mal. N'était il pas un fervent serviteur de Thaar?
Les yeux de fou, noirs, se déplaçaient à une vitesse incroyable sur le parchemin, le lisant une fois, puis deux et enfin au bout de la troisième lecture, Malbruck leva ses pupilles vers la dame.
"Nous pouvons l'aider vous savez. Me laisserez vous le temps de lui répondre, lettre que vous lui remettrez de ma part? Malb... je vous invite à me suivre, dans la taverne plus loin. Ne craignez rien... je ne suis qu'un moine, servant des âmes en peine, souhaitant simplement mettre un peu de lumière dans les méandres de la nuit."
Et sur ces mots, il invita la dame à le suivre, en silence, peut être encore trop apeurée pour dénier lui dire quelques phrases. Pourtant, malgré ce manque de confiance en lui, Malbruck avait tout fait pour la mettre à l'aise, commandant de quoi boire et manger, tout en écrivant une réponse à Lysandre, se demandant ce qui le poussait à vouloir aider cet individu dépressif. Peut être la compassion? Vertu que peu de Systériens possédaient dans leurs cœurs. La lettre fut mise un minimum en forme cette fois-ci, car le temps n'avait pas coulé en sa défaveur.
Cher Lysandre,
Je me suis intéressé de près à votre dernière œuvre, et, si vous le souhaitez, nous pourrions parler ensemble de cette colère en vous, que vous semblez avoir du mal à exprimer à l'écrit. Peut être avez vous besoin de parler à quelqu'un? Je serais tout ouïe d'entendre d'autres histoire de vous, autour d'un repas. Savoir ce qui vous ferait plaisir, par delà cette encre sur du papier.
En attente d'une réponse de votre part, je paierai évidemment cette charmante personne qui vous sert de messagère.
Mes respects,
Malbruck
Pliant alors le papier en quatre, le cachetant d'un peu de cire, afin d'authentifier la lecture première de cet artiste solitaire, Malbruck remis le mot à la dame, accompagné d'une bourse, lui signifiant qu'il serait la le lendemain, en l'attente d'une réponse de Lysandre. Le petit monstre alors se leva, retournant, en attendant à ses occupations, et à son sommeil qui commençait à le gagner.
Post by Lysandre, ind - December 30, 2009 at 6:58 PM
Incertitude, anxiété face à l'insondable envie qu'il avait d'étreindre celui qui lui vouait tant d'attention mais duquel il ne connaissait rien. Incapable d'exprimer alors son ressentis réellement, Poète était simplement envieux d'abattre sur sa bienfaitrice une multitude de questions, mais pour quelle raison au juste? Il était inconcevable pour l'écrivain à cet instant d'échanger avec l'extérieur quelconque dialogue, paroles, il était sans doute trop tôt... ou trop tard.
Il s'effondra alors sur sa couche, le bois en tremblant, grinçant, modeste construction si peu naturelle qui pourtant pouvait exprimer avec tant de certitude ses douleurs lorsqu'il se soumettait à un effort trop grand, tellement humain.
Scarifiant son esprit de songes plus sombres les uns que les autres, son corps en proie à la souffrance d'une exposition trop forte à phobie de l'autre et de lui-même. Posant alors son regard sur un parchemin traînant comme un orphelin proche de son lieu de repos si rare, il tendit le bras vers sa table, exutoire de sa folie et entama l'écriture d'une réponse, bercé par la hâte, animé par des sentiments certainement refoulés.
[...]
Plus tard, échappé par sa fenêtre, enroulé dans une longue veste, le visage camouflé, le poète fit ses premiers pas en ville, pour quelle raison? Il l'ignorait, une envie peut-être d'échapper à sa cruelle destinée ou était-ce son envie de voir en personne celui qui portait attention à ses élucubrations. Il afficha donc son texte et ses jumeaux un peu partout, n'accordant aucun regards à ceux qu'il croiserait cette nuit-là, perdant ceux qui voudraient le suivre dans les dédales de la ville et par l'obscurité de la nuit, du moins le croyait-il...
Identité.
Qui suis-je? Âme esseulée,
Égaré, je vis dans l'éthéré.
Je suis le poing levé du père,
Et l'absence d'une mère.
Je suis l'ombre qui plane
Sur le bonheur, diaphane.
Bien plus qu'une souffrance,
Anéantissement de l'enfance.
De l'isolement, reflet de mon âme
Ne garde que l'image trouble,
De mon existence infâme,
Comme compagnie, mon double.
Je suis l'icône imparfaite
D'une diatribe unique.
Meurtrissure pathétique,
De nos vies trouble-fête.
Que s'abatte sur mon être mortel
Le courroux de la faucheuse.
Qu'elle n'y voit corvée fâcheuse
Juste verdict du Croisé éternel.
Condamné à l'errance mélancolique,
Mon être se veut pénitence.
Punis pour ma lourde réticence
A me dérober de l'idyllique.
De mes ennemis je suis le pire.
-Lysandre-
Post by Malbruck, OdS - December 30, 2009 at 8:37 PM
Nouvelle nuit, nouvelles rencontres.
Ou peut être que le petit monstre le croyait il. Les mains dans les poches, arpentant les ruelles de la ville, vil défaut, la curiosité qui l'avait prise en ses bras. Hagard d'avoir des nouvelles, qui sait, peut être son correspondant lui donnerait il réponse? Malbruck ne le croyait pas, pas aujourd'hui en tout cas, trop habitué, se rappelant sa propre jeunesse à ne vouloir parler à personne, car personne ne voulait lui parler. Et quand vint le jour ou un homme lui adressa quelques mots, ce fut pour Malbruck une libération, mais un doute sur s'il voulait parler ou non. alors l'être immonde savait parfaitement comment aurait pu réagir cet artiste délaissé.
Rabattant sa capuche sur sa tête, parce que le vent flattait un peu fort ses tempes fragiles, et que le soleil d'automne brûlait un peu trop fort son crane à la peau si blanche, Malbruck errait comme à son habitude, écoutant, réfléchissant, méditant sur le monde et sur des questions si inutiles de la vie, avec dans sa main, un papier contenant une drôle de pétale, qu'il rangea aussitôt après l'avoir humé longuement.
Mais ce jour-ci pour le petit monstre, n'allait pas être celui de son grand bonheur, à rencontrer ce cher Lysandre. Ou peut être, ne le sentirait il pas. Se postant comme à son habitude contre un mur, en l'attente de cette si étrange femme qui faisait commission du poète, l'immondice qu'il était s'impatientait peu à peu et au fil des heures d'avoir de nouveau un contact avec la dame. si les gens de systéria savaient que Malbruck voyait une femme! Cela aurait pu faire d'étranges rumeurs sur les mœurs d'un petit monstre malheureux.
Mais à la place, un homme, portant avec lui quelques papiers à la main, emmitouflé par divers tissus, qu'il ressemblait étrangement à Malbruck! au lieu d'aller à sa rencontre, le petit monstre se mit à le suivre, notant les détails de sa démarche, l'accélération de son pas, son souffle, était il en bonne santé? L'odeur qui émanait de l'être prédisait le contraire, peut être des heures ou des jours passés à se droguer conclut Malbruck. Mais bien vite, il le perdit de vue, parmi les gens qui passaient, et parce que ce cher Lysandre était aussi habile qu'une anguille, se faufilant agilement, éparse, à travers la foule.
Le petit monstre n'était physiquement pas capable de suivre à la trace, boitant comme un vieillard, alors qu'il avait à peine 30 ans. Si le monde connaissait son âge!
Mais il était malin, prenant raccourcis dans la ville, une drôle de chasse se préparait, alors qu' Obscurité se levait. Malbruck avait noté les lieux de prédilections aux poèmes affichés, par chance l'homme n'y avait pas affiché ses écrits, enfin... si c'était bien l'homme aux milles talents.
Mais Lysandre, ne vit pas son lecteur lorsqu'il accrocha son nouvel écrit, attrapé à son propre jeu de chat et de souris, il était devenu la proie, alors que sur le mur un parchemin voyant, écrit à l'encre rouge paraissait bien en vue du poète.
Nous nous ressemblons plus que vous ne le croyez,
Je note vos pas, vos gestes, vos peurs, vous vous noyez,
Dans des pensées si triste, sans goûts, dans l'obscurité,
Je connais cette peur que vous ressentez,
Celle qui vous empêche de vous lever,
Qui vous sombre dans des folies perfides,
Et n'avez alors que l'écrit pour vous en échappez.
il est tellement facile d'attendre que la mort vous prenne,
Alors que vivre, est un combat endurant mille peine,
Mais d'un courage sans précédent, comme combattre la haine.
La vie pourrait vous donner bien plus,
Non n'y entrevoyez la aucun hiatus,
Mais je pense être une personne pouvant vous aider,
Si vous n'acceptez pas cette main tendu,
Je ne serais pas vexé, mais peut être blessé de n'avoir pu vous sauver.
Le fervent lecteur.
Les yeux doué de l'artiste, auraient pu déceler des fautes, des rimes dissonantes, un manque de versification ou même un problème dans la scansion, mais qu'importe, le message y était et semblait clair, sans chemin sinueux afin de confronter Lysandre à une réalité tout autre que l' absinthe, cette fée verte vous emportant dans des mondes psychédéliques et comateux. Le petit monstre, dans l'ombre, cela devenait une habitude, pour celui qui aimait aider dans une certaine forme d'anonymat.
Lysandre pu lire à sa guise les mots, comme il l'avait fait pour les autres, mais ne pu, en se retournant, que sentir cette odeur si forte de camphre. Ce serait l'artiste qui, cette fois-ci, resterait sur sa faim, sans avoir pu découvrir l'identité de son correspondant si étrange que lui-même.
Cette nuit là, Malbruck eu un sommeil sans rêves, mais au matin, il serait certain que Lysandre ferait cette fois-ci, preuve d'une tout autre réflexion envers le moine au physique ingrat.
Post by Lysandre, ind - April 5, 2010 at 3:02 PM
Hurlement sinistre que celui poussé par l'être essoufflé, esseulé, qui dans sa prison de luxe ne trouva d'autres remèdes que sa précieuse et son écriture.
Le patriote d'une nation vouée à l'obscurité trouva refuge dans la note frénétique de son regard animé par le folie. Depuis combien de temps n'avait-il plus trouvé sommeil réparateur. Trop longtemps peut-être...
Humant une nouvelle fois ses aides créatrices, les substances firent leur office; et dans sa chambre, la silhouette cadavérique fit son office, alors qu'en lui, un interminable combat faisait rage. Cette rage, il la coucha sur le papier, lassé d'une existence où seul prévalait le "moi" et non le "nous". Lassé d'avoir à se trouver des défenses, lever des boucliers contre ceux qui avaient fait de sa vie une complaisance à l'isolement, une ode à la dépression. Auteur certes, mais victime et bourreau à la fois de sa propre recherche du virtuel. Virtuose du mal être, baguenaudant au sein de cette pièce qu'il appelait déjà son cercueil.
Pourtant si bien lotis, il aimait à se croire pauvre de coeur, pauvre de sentiments, mendiant de l'inaccessible. Alors que sa chambre raisonnait de ses sanglots, son sol lui souffrait de sa plume grâce à laquelle il couchait ses accusations et son incapacité à vivre normalement. Lorsqu'il eut terminé, il quitta la chambre comme un voleur pour retrouver la rue, sinueuse, il retrouva le perchoir de ses écrits, éclairé par la lune seule, il afficha puis disparu, tel un oiseau fuyant l'homme, aussi vite qu'il n'arriva.
Existence éventuelle.
Alors que mon existence sombre dans l'inachevé, mon corps lui se veut désœuvré. Brindille soufflée par le vent temporel d'un être que le destin n'a jamais épargné de douleurs. Qu'es-tu, toi, qui de ta vie n'a jamais trouvé d'autre issue que l'indifférence. Toi qui offre l'existence à ceux dont tu daignes porter attention.
Aux yeux des autres, tu n'es personne, mais dans ton monde, tu peux au gré de tes envies donner de l'importance, éclairer de ton regard ceux qui n'ont comme compagne que la solitude. Dans ton environnement plein de couleurs, as-tu déjà songé qu'il existait des gens de gris vêtus, dont la seule utilité, à tes yeux, serait meuble, élément du décor dont tu ne te soucies pas, en bon criminel que tu es.
Et pourtant lorsque l'on t'ignore tu cries au scandale et prône l'importance de tes titres, de ton rang, de ton grade ou de ton importance de ce qui est aujourd'hui, ton quotidien.
Fais de nos corps condamnés à l'ignorance le jouet de ta miséricorde. De nos envies, tu t'en fais des manteaux, de nos désirs, tu t'en fais des parures, de nos vies, des charniers populaire où ne trouve le repos que les plus forts parmi les faibles de ce monde. J'excuse ton inattention, j'excuse ton égocentrisme, je condamne ton ignorance, ton indifférence à l'égard de ceux qui ont fait de ta bienveillance l'acte du passé ou de l'impossible.
Ta vie est une facilité, la mienne n'est que souffrance et désespoir, mais le centre de ton attention n'en sera jamais atteinte et tu finiras ta vie avec la certitude d'avoir été quelque de bien. Nos cadavres à jamais orneront tes trophées, puisses-tu ouvrir les yeux. Mais outre cela, nous vivons, mais pour combien de temps encore?
Je te hais tant, et pourtant je t'envie...
-Lysandre-
Post by Malbruck, OdS - April 5, 2010 at 4:28 PM
Existence éventuelle. Eventuellement inexistant, ce morceau de papier que l'homme aux odeurs de camphre décrocha. Non, il n'avait pas oublié, qu'il fut un temps ou un poète égaré affichait ses oeuvres provocatrices avec exhibition. Quelle surprise eu le petit homme au teint laiteux lorsqu'il lu les mots. Etait-ce pour lui? Pour tout ceux qui étaient indifférents? Malbruck se disait intérieurement que quelqu'un d'indifférent n'aurait pas pris peine de lire cette encre.
Petit homme de foi qu'il était, il fut touché encore une fois, par le petit oiseau qu'était Lysandre. Une fois de plus les mots avaient été entreposé en la demeure du disciple, avec une liasse d'autres parchemins du même type. Demeure guère plus réjouissante que celle de son protégé. Le peu de meubles et l'obscurité qui y régnait rendait le tout aussi accueillant que son hôte, pourtant si dévoué. Comment atteindre cet homme qui, encore une fois faisait preuve de tant de discrétion?
Petit homme Malbruck se massa les tempes, de ce passé refoulé, à penser les même mots qui étaient devant lui. L'indifférence synonyme d'intolérance. Indifférent était celui qui avait peur d'autrui, le menant à des actes absurdes. Pourquoi? Pourquoi ce Lysandre refusait de le voir alors que lui, être hideux mais remplit de bonté, voulait l'aider? Pourquoi au grand Thaar était-ce si compliqué de traiter la psychologie des gens sur papier? La plume gratta le papier, encre noire, sur fond blanc, modifiant un de ces anciens écrits pour son poète virtuel. Quel rapport avec cette "existence éventuelle" de Lysandre? A lui de trouver, Malbruck ne lui mâcherai pas le travail.
Si j’écris ces mots, c’est que je suis depuis ma naissance, Lysandre, une drôle d’expérience sur la tolérance. Vous me connaissez peut être mais peu importe, je suis monstrueux aux yeux des autres. Si bien qu’il me suffit d’être observé par quelqu’un pour sentir le malaise, le dégout, la pitié, ou même l’écœurement qui s’émane d’eux : C’est ce que l’on appelle, la première impression. Un homme bien habillé, plutôt bien entretenu physiquement, ne produira pas le même effet, qu’un autre de petite taille, aux vêtements déformés par un physique désavantageux. Plusieurs dictons alors se contre disent : certains affirment que « la première impression est la bonne », d’autres « que l’habit ne fait pas le moine ». Que pensez-vous alors de ces deux hommes si différents physiquement ?
Vient alors le premier point d’observation. L’Homme a besoin d’être mis en confiance, de se retrouver physiquement en regardant une personne similaire à lui ou un modèle, mais pas d’un Homme ayant des atouts beaucoup plus faibles que lui. Ainsi, le pire des hommes, physiquement, sera mis de côté par une généralité, au contraire de la pire pourriture au veston brillant de malhonnêteté..
Mais l’homme ayant un handicap, doit il être pour autant mis de côté par ce physique ? Peut être a-t-il d’autres qualités qui peuvent lui permettre de s’intégrer ? Pourquoi encore, lorsque celui-ci rentre dans un lieu propice à la fluctuation de citoyens, ce dernier est refoulé comme s’il était un ogre dans un champ remplit de moutons ? Les hommes handicapés subissent alors ce que l’on appelle : l’Intolérance. Lorsque je parle d'handicap cher Lysandre, je parle bien entendu au sens large, l'handicap psychologique, induisant un problème d'intégration en fait parti.
Les hommes ne veulent pas accepter une personne ayant une différence trop grande avec leur race, que l’on soit elfe, humain ou nain. Après tout, la nature de chacun diffère d’un individu à un autre non ? Pourquoi serait ce toujours les même que l’on exclurait ? Que l’on ausculterait en les accusant de folie ?
Pourquoi lorsque je suis assis dans une auberge et que je vois un demi-orque rentrer, on le regarde comme si un dragon en furie venait de dévaster un village entier ? Un sentiment vient alors frapper mes entrailles en me disant : Intolérance ! Ne doit-on pas laisser sa chance à toute personne, quelle qu’elle soit ? Pourquoi une différence physique devrait empêcher les citoyens à les considérer comme le reste de la masse ? Parce qu’on les considère comme des sous êtres ? Parce que l’on a le sentiment de supériorité face à eux, un sentiment digne du pire des tyrans ? Mais peut être que, finalement cette intolérance vient d’un autre sentiment, celui de la peur de l’inconnu. Lorsque je croise une nouvelle espèce, plus grande, semblant plus forte que moi, j’ai peur. Lorsque, durant mes premiers jours, je dors dans un environnement tout à fait différent duquel j’étais habitué, j’ai peur. La peur de l’inconnu s’expliquerait alors par une intolérance, afin de renier tout lien qu’il pourrait y avoir entre la personne et vous-même. Pourquoi y aurait-il un lien entre vous et moi qui vous dégouterait tant ? Pourquoi avez-vous tant peur de ce qui vous entoure? Alors que nous sommes pareil, humanoïde, pouce opposable, crane proportionné de telle manière que nous pouvons communiquer entre nous. Pourquoi avoir peur de la différence lorsque l’on peut en trouver en celle-ci similitudes ?
Réfléchissez Lysandre à ceci. L'intolérance n'est qu'indifférence, et votre indifférence me blesse, autant que celle des autres à votre égard.
Cependant, pour tous ceux, qui, comme moi, sont attristés par ces regards qui glissent sur vous comme si vous étiez le pire des pires, il y a une solution pour palier le problème. Peut importe la race, tous ont ce que l’on appelle de la compassion, de la pitié. Peut être qu'en lisant ceci, vous vous direz que c'est une action bien lâche. C’est en lisant et en transmettant ce message, cette réflexion, que les stéréotypes changeront, et non pas en restant dans notre coin, affligé de notre propre peine de ne pouvoir s’intégrer correctement. Je pense que ce seront les derniers mots que je puisse vous fournir, pas une réponse, pas une question, mais vous refusez de me voir, peut être parce que vous savez au fond de vous-même, que je ne suis qu'un simple fervent de Thaar, qui ne cherche par son titre de simple disciple à se couronner de gloire en se disant "j'ai réussit à l'aider". Ou peut être vous direz vous que vous aurez perdu une chance, de voir de nouveau un brin de soleil, simplement en nous rencontrant autour d'une tasse de thé ou tout autre boisson, je parle bien de nous, Lysandre, car voyez vous, vous n'êtes pas seul. Mais vous vous rendez seul.
Le fervent lecteur.
La lettre anonyme fut accrochée à l'endroit ou Lysandre avait déposé son précédent écrit, d'ailleurs, chacun d'eux étaient l'un en dessous de l'autre, une réponse, oui, c'était bien une réponse. Le parchemin empestait le camphre, et dans sa triste maison, Petit Homme se retira à la petite chapelle, prière pour un être en qui personne ne portait d'attention.