Mais que...?

Mais que...?

Post by Yuri Minh Yu, AdC - March 12, 2010 at 2:45 AM

Que suis-je...?

Cette question la hante depuis si longtemps. Femme, veuve, mère, alchimiste, amoureuse...? Le temps coule, il flotte, doucement, amer. Toujours au même rythme. Toujours, jamais un instant de retard. Réglé, par une horloge. Des cheveux blancs. Déjà? Si vite, blancs comme les étoiles dans le ciel, comme la parole de Thaar, qui l'aurait effleurée. Blancs sur noir. Ironie, deviendrait-elle Saralondesque? Ce soudain éclat dénoncerait-il son lot de vérités?

Qui sait.

Étendue dans l'herbe. Les yeux clos. Le temps, il ne fait pas que couler, il est aussi doux, très doux. Une brise sur sa joue, une caresse au passage. Le vent. Et le soupir. Ce soupir. Celui qui fait peur, même à celui qui le laisse sortir. Solitude, tristesse, ennui, complaisance. Mais qu'annonçait-il.

Je ne sais pas.

Et le roulement de la mer. Rythmique, de mèche avec le temps, c'est assuré! L'air salin, la douceur du vent, le temps qui coule, comme l'eau. Éméché, comme ces quelques cinq ou six cheveux blancs, tout devant. Les oiseaux qui chantent. Se moquent-ils?

Peut-être.

Et Brehan. Où? Pas là, du moins, pas pour le moment. Et ce lieu, sur le bord de la mer, quelques cabanes de pêcheurs, plus souvent inhabitées. Sa voix, imaginaire, qui danse dans le vent. Le vent si doux, la mer rythmique, le temps coulant. Et Brehan. Verrait-il cette différence? Si vieille déjà. Des cheveux blancs. Une toile, tissée dans sa chevelure de ténèbres, une trahison en faveur du croisé. Non.

Elle ouvre les yeux.

*-Brehan...? *

Est-ce une illusion...?


Post by Brehan de Nogar, OdS - March 13, 2010 at 11:50 PM

Quelque part, à un moment oublié...
Ambiance sonore

Certains disent que rien n'est plus fort que l'amour. Que s'il est pur et sincère, il peut survivre n'importe quel épreuve. Est-ce une constatation relié de sagesse ou de simples leurres de naïveté?

Certains songes traversent mon esprit parfois. Qu'en serait-il advenu, si ce jour là, je t'aurais suivit? N'est-ce pas ce jour, où nos chemins ont pris des directions différentes? Je savais que je devais t'accompagner, mener cette guerre à tes côtés, te protéger de ce mal et même au-delà, mais c'était égoïste d'agir ainsi. Systéria me nécessitait plus que jamais, je ne pouvais prendre cette décision.

Cinq longues années, durant cette absence, où que chaque semaine, chaque mois qui coulait, me tiraillait de l'intérieur. À chaque moment qui passait, ce pouvait être le dernier de ton existence.
Par chance, je me souviens encore de ces écrits, que je recevais, et de cette odeur, qui me rappelait la tienne.

C'est au bout de ces cinq années interminables, que tu revins... ou plutôt l'être que tu étais devenue. Mais contrairement à ce que j'ai tant espéré, cicatrices ne se limitent pas simplement à celles physiques que tu portes depuis. Où es-tu Yuri Minh Yu? Lamentables souffrances, nous avons partagé, mais je crains que jamais nous ne nous soyons véritablement retrouvés.

Ton spectre me hante, un peu à chaque année, plus le temps passe, j'en viens à oublier ce que goûtait ce passé. Je crains que nos origines se voient différemment affectés par cette usure cruelle qu'est le temps. Je ne possède la patience de ces hauts-elfes, la flamme dévorant avec avidité les deux côtés de mon humanité ne peut me le permettre.

L'éternité tu as devant toi, nos divinités n'ont su être aussi clémentes envers moi. Dans l'espace d'un souffle, comme de la vulgaire poussière on me balayera.


Post by Yuri Minh Yu, AdC - March 31, 2010 at 5:59 AM

Lorsque le silence est d'or...

Sinistre endroit. Le sol est anormalement lisse. Comme des stelles de granit polies. Cirées et poncées à un point tel où on peut y voir son reflet. Une très mince couche d'eau, comme de la sueur émergeant de ce plancher. Ou est-ce un mur, un plafond? Circulaire et droit. Plane et convexe. Je suis perdue. Mes doigts grattent avec désespoir sur ce que je croyais être un lieu sûr où me réfugier. Nue comme un vers. Traversée par le froid. J'ai peur.

Je regarde ce corps que je ne connais pas. Il est le mien, mais je ne le connais pas. Ces yeux si vides, on dirait qu'on me les a extraits. Auscultés, retirés. Des trous béants d'où jaillissent milles larmes. Des larmes bleues. Luisantes, collantes. Comme ce qui recouvre le sol d'où je n'arrive plus à me relever. Je patauge dans mon désespoir. Il m'enveloppe, malgré moi. Mes pieds collent au sol, mes jambes refusent de m'obéïr, et pourtant je me hurle de bouger. Un hurlement sourd, muet. La bouche si grande ouverte qu'une horde de mouche s'en envole. Un cri de silence.

Je voudrais fuir. Mais quoi. Rien. Moi, peut-être. Je regarde mon reflet, dans cet océan de larmes, luisantes, collantes. Celles qui recouvrent le sol, qui me retiennent prisonnière. Ce reflet qui n'est pas le mien, cette peau qui noircit. Cette peau qui se fend, comme la chair d'un arbre le fait en se consumant sous la flamme du feu. Et qui s'effrite. J'enfonce mes doigts dans ma chair, dans un état d'affolement que je ne me connais pas. Puis, comme un papillon nocturne qui déchire son cocon pour renaître, je perce ma peau avec mes ongles pour la déchirer comme un vêtement. Une pluie d'étincelle jaillit de chacune de mes plaies. Et mes yeux pleurent toujours. Mes lèvres fusionnent dans ce cri silencieux.

Aidez-moi... Aidez-moi...

Et son hurlement perce enfin la nuit. Affolant toutes les créatures vivantes dans le manoir. Peut-être même dans le voisinage. Pauvre Aube. Ce sont des pleurs qui lui parviennent de la chambre de sa mère. Mais qu'arrive-t-il...


Post by Aube Minh Yu, AdM - March 31, 2010 at 4:48 PM

Le cri n’avait rien d’onirique. Dans une immobilité d’une étrangeté dérangeante pour une dormeuse, la toute blonde demi-elfe ouvrit brusquement les yeux. Si son cœur s’était arrêté, elle n’en laissait rien paraître. Comme une automate, une poupée de porcelaine qu’elle aimait tant, la créature se leva et ses petits pieds nus eurent un bruit sourd sur le bois de la demeure des Yu. Les rideaux vaporeux furent écartés d’un mouvement ample de la main. Aube entra dans la chambre de sa Mère.

Sans se demander si les cris étaient ceux d’une femme blessée, attristée, attaquée ou torturée. Elle avait sans doute hésité une fraction de seconde, mais c’était trop tard, attirée comme un insecte à la lueur des flammes. La désormais jeune femme approcha le corps nu et humide de sa mère, se glissant non loin, au sol. Respectez l’intimité de Mère.

Une petite voix tâchait de se faufiler, dans son esprit embrumé par le sommeil et l’affolement. Respectez son intimité. Attendre que la crise passe. Patienter l’aube pour l’interroger en silence. S’incliner très bas. Ne pas la regarder dans les yeux. Ne jamais la contredire. Seule Mère sait ce qui est bien pour moi.
Peut-être plus sensible qu’elle ne le laissait paraître, Aube se glissa près de sa mère, la contemplant dans un grand respect du silence.

Oui. C’était cela. Aube n’était, pour ce soir, qu’une présence, qu’un soutient, qu’une observatrice muette de la douleur de Yuri. Elle était là.