Les brides d'une histoire

Les brides d'une histoire

Post by Saeril D. Al'Kazar, Ods - March 28, 2010 at 3:01 AM

(http://www.youtube.com/watch?v=rK5ao90JU_8)

Une petite gamine jouait dans les buissons cet après-midi là… Bien dissimulée dans son coin à s’inventer l’une de ces histoires clichées entre deux poupées faites de quelques brindilles et de bouts de paille. Puis, l’histoire de la petite racaille fut un court instant interrompue, tandis qu’elle percevait quelques mots d’une discussion quelconque, de deux individus arrêtés non loin de sa haie. Des propos plutôt banals pour l’enfant, qui n’avait vécu qu’à peine 6 années dans ce monde rempli d’histoires "compliquées" :

« J’ose espérer que vous ne m’en voudrez pas.. »

Puis, dans la petite échoppe non loin, alors qu’un vieil artisan passait près du châssis, ce dernier cru voir les deux silhouettes se rapprocher... Mais, le vieil homme était tellement sénile que personne n’aurait cru une telle chose. Même, le vieux sénile lui-même se convint que ce n’était qu’un résultat de l’imagination de son vieil âge.

Ainsi donc, alors que le vieillard chassait cette idée de ses songes, la petite fillette aux poupées fut une autre fois interpellée, alors qu’elle entendait entre les branches ce mot pour le moins captivant :

« ..vous … aime. »

Ooh… Amour?
De quoi alimenter une nouvelle histoire entre ses deux poupées de brindilles.

Ainsi, alors que l’écrivaine en herbe laissait libre court à son imagination enfantine, un garde posté sur le haut d’une vigie darda vers l’une des deux silhouettes, qui, prestement, s’écartait.

Alors que le garde devait se demander la raison de ce soudain mouvement de recul, seul Thaar devait connaître le reste du dialogue plutôt nébuleux. Ainsi, le surveillant, du haut de sa tour, suivit des yeux cette silhouette féminine s’écarter au loin, d’un pas si pressé qu’on l’aurait cru apeurée.

Et… pendant que ce même vigile prenait en filature du regard celle-ci, fuyante, un mercenaire remarqua la seconde silhouette de par la couleur commune de sa cape, verdâtre. Il n’effectua qu’un simple salut militaire de loin, non pas sans remarquer l’air penaud de celui qui portait les atours de l’Armée.

Une addition de circonstances qui donnait lieu à un vrai petit récit. Toutefois, chaque parcelle analysée de façon individuelle était si peu pertinente. Mais, le tout assemblé remuait violemment les pensées d’un être, que la vieille commère d’à côté avait vu se cloîtrer dans sa petite maisonnée.


Post by Adalard Dranem A.K, OdS - March 31, 2010 at 12:10 AM

**Une histoire compliqué. **
Beaucoup trop compliqué !

Mais qui dit compliqué, dit défi. Et qui dit défi, dit Dranem.

En effet le mercenaire repartit penaud, la mine songeur. Mais ce n'était certainement pas cela qui allait l'arrêter. Sa détermination n'avait d'égal que son orgueil, qui elle n'avait d'égal que sa dévotion. Il n'avait pas dit son dernier mot.. oh que non ! Ainsi, après quelques jours, voir peut-être même une ou deux semaines, on put les voir discuter ensemble de nouveau autour d'une coupe de vin, ou encore d'un verre de rhum. Quelques fois, des gens un peu trop curieux pouvaient voir au loin cette femme du clergé et ce mercenaire se rapprocher l'un l'autre, tandis que d'autres jours, on pouvait apercevoir les regards foudroyants traverser le regard de chacune des deux personnes. Toutefois, peu importe les émotions qu'ils se lançaient, on les voyait tout de même de plus en plus ensemble.

Ce dont ils discutaient... Allez savoir.


Post by Saeril D. Al'Kazar, Ods - April 1, 2010 at 6:25 AM

Oh.. Oh..

"Attention surtout… Lorsqu’on s’approche un peu trop du feu, ça brûle, petite."

Combien de fois lui avait-on répété cette phrase?
Hmm. Il suffisait de se remémorer les fois où elle s’était brûlée, et Thaar savait bien … qu’elles étaient plutôt nombreuses.

Toutefois, la meilleure façon d’avoir la leçon : c’était de se brûler. Non?
Ainsi, pendant que la progéniture Al’Kazar continuait de s’avancer aveuglément de ce brasier, les rumeurs allaient bon train.

Le petit bonhomme, encore haut comme trois pommes, déambulait avec toute sa fierté, au petit matin. Il avait l’air de celui-ci qui porte l’un de ces potins bien croustillants et qui jubile déjà à l'idée d’aller le crier tout fort.

C’est donc à la tablée du midi qu’il se décida à jouer au plus fort, devant ses frangins :

-\tTi-Jean. Moi je te parie treize gâteaux que j’ai mieux que ton histoire avec le chien-chien qui gigote sur le garde!

Aussitôt, ce sont trois regards enfantins, remplis de cette curiosité sans failles, qui se rivèrent sur le nouveau roi du repas.

-\tJ’ai vu la Madame à la cape blanche et à l’humeur de crapeau avec le Monsieur qui se fait traiter de fille par le Monsieur "Pas content" de l’Armée.. ensemble! Et puis… ils étaient pas rien qu’ensemble heh. Je parie sept autres gâteaux que vous allez pas croire.

Le jeune se faisait désormais dévisager par ses compatriotes qui comptaient déjà leurs gâteaux.

-\tLe Monsieur et la Madame, parole de mousquetaire, c’est pas des mots qu’ils s’échangeaient, c’est des bisous.

Révélation choc du déjeuner pour les quatre gamins. Peu importe de qui il pouvait bien s’agir… il y avait des gens, dans ce monde, qui s’échangeaient vraiment ce genre de trucs.

Errh!

...

Certes, il s’agissait peut-être des fabulations d’un enfant un peu trop ambitieux et désireux de se sentir intéressant.
Mais rumeur après rumeur.. Fallait-il se mettre à douter?

Après tout, c’était ça les rumeurs : il fallait en prendre, et en laisser.


Post by Saeril D. Al'Kazar, Ods - April 24, 2010 at 8:25 AM

Quand la simplicité se complique.

Il y avait une chose que la demoiselle détestait par-dessus tout, en plus des complications.

Ce moment précis où l’on se réveille en sursaut, le corps en sueur, les idées brouillées. Ce court instant où une peur inconnue vient étreindre la gorge et presse le cœur. Un égarement soudain où l’on se sent littéralement abandonnée, vulnérable.

Elle était assise dans son lit, affairée à reprendre son souffle et à chasser cet exécrable moment de possession. Il lui sembla un court moment qu’elle était redevenue aussi fébrile qu’à ses cinq ans, le jour où elle avait fait face troll.

Mais qu’est-ce qui avait bien pu troubler le si profond sommeil de la toute belle? Une histoire aussi étrange, aussi impossible, que l’on ne retrouve que dans les rêves, ou dans les cauchemars…

**

Dans cette espèce d’histoire invraisemblable, elle était toute coiffée, soigneusement vêtue. Elle-même ne s’était d’ailleurs jamais imaginée de la sorte, à ce point distinguée.

Pauvre tenue toutefois, puisque la fille du Chevalier était affalée contre le sol terreux, laissant le pan de sa robe s’y mêler. Elle y fondait lentement, comme une poupée de cire tenue au dessus d’une flamme… La vision était telle qu’elle s’évaporait ainsi, à s’écraser funestement dans la terre, comme une épave en décomposition.

Puis, au bout de ce chemin, un cavalier qui s’éloignait, fièrement harnaché. Tout juste au dessus, une bande de corbeaux battaient des ailes à répétition, créant une musique sinistre. Une image de mauvais présage.

Et la scène reprenait en boucle, continuellement. À partir du moment où sa silhouette fièrement vêtue s’étalait contre terre et où l’étalon partait, en un pas cadencé, trop égal, trop assuré.

**

Invraisemblable? Oh… Peut-être seulement au niveau vestimentaire. Le reste était bien assez représentatif.

Néanmoins, le petit extrait imaginatif lui coûta quelques sueurs froides et une désagréable sensation de solitude, au beau milieu de la nuit.

Pire encore, il lui en coûta de réaliser qu’elle ne maîtrisait pas du tout l’indépendance.


Post by Adalard Dranem A.K, OdS - April 24, 2010 at 9:10 AM

Un matin, ce matin précisément. Il savait que c'était le matin décisif. Il était cependant seul, comme il le fut toujours, ou presque. Il n'avait laissé mot à aucune de ces connaissances, sans doute préférait-il laisser aller l'inquiétude au plus tard, il ne méritait les pleurs de personne, et c'était mieux ainsi.

Pourtant, peu de gens pouvaient le voir faire cela. Mais chaque soir, avant de s'endormir, aussi peu de temps qu'il le pouvait, après sa partie d'échec seul, allez savoir pourquoi, il écrivait une phrase sur un parchemin qu'il laissait brûler au gré de la flamme de la bougie qui le consumait toujours peu à peu. Ses sommeils étaient sans rêve, ou du moins aucun qu'il ne se souvienne, et il se réveillait d'un calme presque alarmant, prêt à affronter la mort une énième fois. Prêt à mourir pour sa patrie, prêt à protéger ses hommes et tuer les ennemis au péril de sa propre vie. Et tout ça... malgré la promesse qu'il lui avait fait, il ne savait s'il pourrait la tenir. Il ne savait s'il reviendrait en vie.

Il est dit que pour devenir un héros, il faut d'abord suivre ses rêves, il faut faire des sacrifices, il faut savoir préserver son honneur, et il faut être loyal à soit-même. Il avait un jour fait un serment, un serment qui surpasseraient toutes les promesses qu'il pourrait faire dans sa vie, un serment qui le guiderait dans ses choix. Un serment qui gardait toujours le dernier mot, un serment auquel il avait voué sa vie.

Servir l'Armée, avant soit-même.


Post by Saeril D. Al'Kazar, Ods - April 26, 2010 at 7:28 AM

"CLAC! CLAC! CLAC!"

"CLAC!"

- Ciel! Mais elle fait encore du grabuge la jeune?!

- Thaar… Faites lui tomber une tuile sur la tête! Qu’elle s’endorme une fois pour toutes!

Oui, encore. La jeune femme faisait jaser ses voisins alors qu’elle tapait les clous avec son marteau, à des heures pas possibles. C’était à se demander si elle dormait, de temps en temps.

Tout ce vacarme pour un si petit objet, pourtant. Un objet tellement banal et tellement raté… Ce dernier trônait maintenant sur la table centrale du rez-de-chaussée. C’était un coffre.. Du moins, il y avait un contenant et une planche en guise de couvercle. Même, une serrure avait été improvisée sans aucune logique. Une réalisation catastrophique mais qui contenait une bonne intention.

Après s’être débattue une nuit entière (parce qu’elle n’arrivait plus à dormir sans qu’un rêve morbide ne vienne hanter son sommeil, la pauvre..), la jeune femme abandonna son idée. Peut-être devait-elle se résigner à faire appel à un menuisier digne de ce nom.

Néanmoins, dans la petite maisonnée de la Basse, un espace avait été libéré en vue d’accueillir cette future création. Fort probablement que la jeune archère s’était résolue à accepter son sort. De plus, le fait d’y imaginer ce fameux coffre à tel endroit lui redonnait un peu de motivation…

Malgré tout, la menuiserie restait un bon moyen pour chasser les tracas et pour ennuyer les voisins.
Encore mieux : il lui semblait que de se défouler sur ce pauvre amas de planches lui faisait oublier à quel point elle était pitoyable. Pitoyable et affreusement amourachée malgré son orgueil.

"CLAC! CLAC!"