Les chiens ne font pas des chats.
Post by Ryu Hattori, Adm. - March 28, 2010 at 12:51 PM
*Les chiens ne font pas des chats. *
http://www.youtube.com/watch?v=vD7mt8F4Yiw*Assis en tailleur à l’arrière d’une maison de thé qui lui avait apporté le repos de l’âme pendant plusieurs semaines, il regardait la campagne environnante qui s’étendait sous ses yeux fatigués. Le repos qu’il s’était accordé n’était que celui d’une nuit, la première nuit qu’il passait entière à se reposer sans avoir préalablement glissé sa lame sous sa couche, plus de risques cette nuit, les paysans à l’extérieur de la demeure faisaient encore la fête, ivres de liberté et de saké. *
*« Lorsque tu ne semble plus être dirigeant de ta pensée et de ton corps, prends le temps de lui faire subir ce que tu ne souhaites pas à ton pire ennemi. » *
*Les enseignements du domaine étaient rudes mais remplis de vérités qu’il devait appliquer pour le salut de son corps et de ses décisions. Tiraillé par la vie Systérienne et la coupure des ses racines qui le menaçaient, il avait pris la destination du port. Payé sa place en tant que voyageur pour l’archipel et avait revendu tout ce qu’il possédait pour se mettre en route sur les chemins de la cité qui l’avait vu grandir. *
« Loin d’elle, mais les pensées s’envolant au grès du vent pour s’écraser sur son cœur. »
*Comme tout ici était différent de la belle ville de Systéria, le respect imposait à certains de marcher dans les ruelles tandis que d’autres ne pouvaient selon leur rang ne marcher qu’au milieu de la rue. Des endroits n’étaient réservés qu’à une élite quand à Systéria tout le monde se trouvait dans une auberge nommée le coin chaud. Ses pas le dirigèrent vers la porte sud de la cité, immense muraille contre l’extérieur, immense muraille qui comme un coffret qui contient un bijou se referme une fois celui-ci déposé dans son écrin. *
Habillé d’une toge de très basse qualité, un bâton à la main, il pris la route de la campagne, traversant les rizières, traversant les plaines recouvertes du brume jusqu'à ce que le mont Kadji fut visible à l’horizon. Alors seulement, les pieds en sang, déchirés par les cailloux pointus du chemin il pris repos dans une maison d’habitation qu’il honora d’une dotation en rubis.
Trois jours passèrent en cette maison tenue par une vieille femme, il l’aida à couper du bois et un matin il fut surpris de la voir arriver en compagnie de plusieurs paysans, manifestement des chefs de village vu leur âge avancé et leur dégaine quand ils entrèrent dans la masure…
Post by Ryu Hattori, Adm. - March 28, 2010 at 4:46 PM
Les chiens ne font pas des chats.
Et bon sang ne ment pas...
Le rendez vous s'était annoncé comme seul, alors que la pluie tombait sur l'homme qui taillait le bois, la propriétaire des lieux vint le trouver. Détaillant celle qui lui demandait de venir s'assoir à l'intérieur de la masure, Ryu passa sa main sur son front, mélangeant sueur et pluie, avant d'accepter la requête de celle qui partageait son toit depuis quelques jours.
L'endroit était pauvre, non pas sale et crasseux mais d'un vide qui laissait penser que personne ne vivait ici, seul le plat sur les braises dans la cheminée et les deux futons roulés dans un coin de la pièce donnaient une dimension humaine aux lieux.
Les chefs de village entrés précédemment dans la pièce étaient assis en tailleur au milieu de la pièce, jugeant durement du regard celle qui lui amenait cet homme qu'ils avaient remarqué depuis un petit moment. Leur attention se porta aux poignets de l'homme, vérifiant qu'il ne portait pas la marque des assassins ou des voleurs. Ils firent signe simultanément à l'homme de prendre place à coté d'eux, ce que Ryu fit non sans avant retiré sa toge et l'avoir placé devant le feu à sécher. Dévoilant son corps travaillé pour la guerre, ses tatouages au mon des Hattori et des Minh Yu, dévoilant par ce témoignage muet une part de lui même sans même encore avoir ouvert la bouche.
Prenant place en position seiza, il détailla les deux hommes, dans la soixantaine, l'un avait autant de cheveux que l'autre avait de barbe, les traits tirés par la faim ou par la fatigue mais pas de traces de faiblesse dans leur regard froid et dur comme une lame du forgeron Durden.
« Nous souhaitons vous entretenir d'un sujet qui nous semble d'une importance capitale. »
*C'était le premier homme qui avait pris la parole, ses cheveux blancs tombant en cascade jusqu'a ses lèvres, le regard fixé sur Ryu, la voix légère et fluette. *
*« Nous rencontrons des problèmes avec des brigands en notre village, ils ne sont que quatre mais ont déja fait beaucoup de dégâts, nous prenant nos rations de l'hiver et violentant nos femmes. Vous semblez homme de guerre de taille à les affronter pour faire régner la justice et la liberté, je suis certain que nous pourrions vous demander de l'aide sans que cela ne nuise à notre honneur de paysan. Peut être pourriez vous comme cela annoncer à l'un des maitres de notre bel archipel que vous avez rendu un fier service à notre famille. » *
*Ryu accepta la tasse de thé que la propriétaire des lieux lui tendait, il savait que ce thé était l'une de ses plus grandes richesses et qu'en agissant ainsi elle lui faisait un cadeau qu'il ne pourrait pas refuser, un cadeau d'une valeur de plusieurs mois de travail. Le thé était mousseux et aigre, comme tous les bons thés de l'archipel. Après avoir noyé ses lèvres dans le thé, son regard se posa sur le plus vieux des hommes avant que ses lèvres ne se séparent pour que sa voix s'élève dans l'endroit. *
« Quel nom porte votre famille ? »
*Le ton était direct, non pas qu'il eu quelque animosité à l'égard des hommes mais il y avait bien longtemps qu'il n'avait plus croisé le fer pour une quelconque rétribution. L'homme détailla Ryu, puis son regard se posa sur le tatouage qu'il portait sur l'avant bras, indiquant sa filiation avec la maison Yu. D'un signe le vieil homme se redressa et posa la main sur l'épaule de son camarade avant de quitter la pièce sans autre bruit que celui de leurs pas sur le sol de bambou qui commençait à se laisser aller, ils disparurent sous l'averse tandis que la propriétaire des lieux se remettait à réduire le riz en miettes pour s'en faire une galette. Plusieurs dizaines de minutes passèrent avant qu'elle n'arrête son mouvement pour répondre à la question qui avait été posé aux hommes et à laquelle ils n'avaient répondu que par un départ précipité. *
*« Ils sont de la famille Ojiro.. » *
*Ryu resta un moment sans réaction, le regard posé vers la pluie qui tombait plus fort encore, traçant des sillons et des cratères à l'impact des gouttes sur le chemin boueux qui menait à la masure. *
Post by Ryu Hattori, Adm. - March 28, 2010 at 6:13 PM
Deux contre Quatre
un combat loin d'être équitable...
La nuit était tombée depuis quelques heures déjà mais il ne parvenait pas à trouver le sommeil, un rêve l’avait tenu en haleine pendant au moins un demi sablier et rien ne pouvait le calmer à ce instant. Les yeux fous, les mains tremblantes de peur ou de froid seul lui aurait pu le dire, il détaillait du regard les zones sombres de la pièce tandis qu’a coté de lui, la propriétaire des lieux dormait du sommeil du juste. Lorsque aux premiers rayons du soleil, le coq se mit à chanter debout sur le toit de la masure, il se redressa, n’ayant pas fermé l’œil de la nuit, les traits durcis par la fatigue, des sillons creusés dans le visage par la tristesse qui avait pris d’abordage son cœur en cette soirée.
*Il était certain, c’était un signe qu’elle lui adressait de l’au-delà, trahissant le fait qu’elle le suivait depuis des années, détournant peut être les traits de son corps, déviant les coups qui auraient pu le percer à plusieurs reprises. Il se redressa, passa dehors pour une toilette sommaire avant de s’habiller et de signaler à la propriétaire qu’il prenait la route pour le village du clan Orijo. C’était un signe de sa part, elle voulait que je vienne en aide à ce clan malgré le fait que la famille yu était en guerre depuis des années et avait réduit le puissant clan à une famille de paysan terrorisés par des brigands, tout cela n’était t’il pas un peu de leur faute ? Que souhaitait-t’elle en venant le troubler ainsi pendant son sommeil ? Le rappeler à la raison ou plutôt l’emmener telle une valkyrie vers une mort certaine pour qu’elle puisse enfin le retrouver au détour d’un caveau et l’enserrer de ses bras glacials qui se tendaient vers lui ? *
Ryu en était la de ses pensées lorsque ses pas l’amenèrent sur le chemin qui menait au village, mais alors qu’il posait le pied sur le pont qui permettait de traverser le cours d’eau à sec une flèche vint se planter à quelques pas de lui. *
« Ola ! Ici l’on paye une taxe pour se rendre auprès de ces hommes ! Ce village est sous notre protection et nul ne peut s’avancer sans notre accord et celui de nos armes. »*
*La voix provenait des buissons qui entouraient la route, manifestement ces hommes était des experts en camouflage car rien ne pouvait laisser présager de leur position. Ryu leva les mains au ciel, laissant son bâton heurter le sol avant de détacher la bourse qu’il portait à la mode Systérienne. Du bois trois hommes en sortirent, les habits couverts de branchages, les armes à la main. Lance, fourche et sabre étranger étaient à découverts, un sourire se fit voir sur le visage de ceux qui allaient une fois encore gagner plus en une heure qu’un fermier en une semaine. *
« Je te l’avais dit Goji que c’était une bonne idée de se placer en bordure de route, cela fait le troisième qui nous tombe dessus comme une goutte d’eau dans la main. »
*Goji, restait lui caché, terré peut être dans les ombres et la végétation tandis que les autres s’approchaient à pas de loups souriant peu à peu au fur et à mesure que la bourse s’approchait de leur main. *
« Les deux vieillards de tout à l’heure n’avaient rien eux, mais à part quelques dents en or que nous pourront revendre à la capitale. Voyons ce que celui-ci possède qui nous intéressera ! »
*Le ton était amusé, la main fut rude lorsqu’elle se posa sur la toge de Ryu, tirant sur celle-ci jusqu'à la rompre, dévoilant au passage le torse et les bras tatoué que l’homme évitait d’exhiber. *
« Oh ! Regarde sur son bras ! Le mon des Min.. »
*La phrase se termina dans un gargouillis étouffé, le tranchant de la main de Ryu venait de couper le souffle de son agresseur le plus proche. Un second coup vint à rompre la nuque de l’homme et aussitôt il s’empara de sa fourche.Un mouvement rapide vint à empaler l’autre brigand le plus proche sur celle-ci, les quatre pointes d’acier venant à transpercer la paroi abdominale, une giclée de liquide vitale éclaboussant le visage de Ryu lui donnant l’air d’un démon échappé des enfers. *
« Lawdori, j’espère que tu es fière de moi. »
Un coup de pied libéra la fourche de son écrin humain et le jeune soldat de l’ordre se remit en position d’attaque pour faire face au dernier agresseur qui était sur le terrain. Soudain, le sifflement d’un trait se fit sentir, une sensation fraiche au départ, comme lorsque l’on plonge dans l’eau glacée un corps meurtri par le combat ou le travail, sensation qui irradie dans tout le corps lorsque l’on se rends compte que de sa jambe dépasse le corps d’une flèche.
Hurlant sa rage, Ryu se déplace vers son agresseur qu’il désarme d’une passe d’arme, transformant la main qui tient l’arme en morceau de viande sanglant. Se protéger, à tout prix et contre toute attente, il se sert de son adversaire comme d’un bouclier ou une autre flèche vient se planter et d’un regard aperçoit l’archer à cause des reflets de son armure couverte pourtant de verdure et de végétation.
La main assurée malgré la douleur empoigne la fourche et d’un geste qui trahit une habitude la lance dans le reflet laqué et brillant qui s’échappe des buissons. Un râle bref signale qu’il a touché son but et qu’il peut s’écrouler au sol pour hurler sa douleur de toute les forces qui lui restent. Ce n’est que lorsque la nuit tombe et que les charognards viennent flairer les corps sur lesquels ils vont nourrir leurs petits que Ryu s’éveille…
Post by Ryu Hattori, Adm. - April 5, 2010 at 1:53 AM
http://www.youtube.com/watch?v=v6KkgF1g ... re=relatedDouleur lancinante, réveil non désiré, comme l'on se tire d'une torpeur agréable, d'un lit chaud et douillet ou se tient à coté de vous l'être aimé, séparé uniquement par l'air chaud entre deux corps, lorsque dans son rêve l'être aimé se retourne vers lui, corps meurtri par la vie ou il manque un sein qui aurait pu nourrir un petit, le visage se fait grimaçant, affreux comme les visages de démons que l'on voit sur les gravures ! Alors seulement il hurle sa peur, il hurle la douleur assez fort pour éloigner les charognard qui s'attaquaient déjà aux cadavres qui l'entourent et qui font leur régal.
La flèche plantée dans la cuisse irradie de douleur et c'est les dents serrées qu'il se traine jusqu'au village, le pont de bambou l'accueille avec le son creux du matériau, le torrent qui dévale sous lui semble prendre plaisir à masquer ses cris à l'aide parce que même si l'on est un Hattori lorsque le fluide vital vous quitte, lorsque dans la trainée que vous faites vous laissez une occasion aux animaux de vous pister vous avez peur.. oh l'on vous a bien appris à ne pas craindre la mort, c'est sûr que dans un salon de thé ou même dans une foret entouré de vos maitres et de vos amis vous récitez des mots indiquant que la mort est votre alliée et qu'elle ne frappe que ceux que vous désirez voir disparaitre.. l'on vous a bien appris tout cela, c'est certain, mais lorsque votre sang laisse une chemin pourpre derrière vous, lorsque vous n'avez plus assez de force pour vous redresser dignement et que l'émail de vos dents se brise dans votre bouche tellement vous serrez les gencives de douleur tout cela n'est plus le même...
A ce moment la.. vous vous dites que les ennemis ont fait le même vœux que vous, qu'eux aussi croient en leurs lames et en leurs flèches et que l'une d'entre elle vous apportera la gangrène ou la mort et sera responsable du pourrissement de votre membre, que la fièvre vous emportera et qu'alors fidèle à vos principes mais regrettant la vie qui vous est retirée vous serez obligés de vous enfoncer cette lame que vous portez, de l'enfoncer dans votre abdomen, sectionnant les intestins à deux reprises, la seconde est plus difficile, vous l'avez déjà vu, vous avez déjà assisté à ce spectacle d'un homme se donnant la mort, vous savez que sa lame, gorgée de sang et de viscères a perdu de son tranchant et qu'une coupure nette n'est qu'onirique... Quel soulagement d'avoir un ami qui vous tranche alors la tête pour ne pas souffrir de cela.. quand à se dire que vous n'aurez pas cette chance vous.. larve trainante dans la boue, mélange de pluie et de sang.
Vous les entendez les animaux féroces de la nuit.. ivres de sang, les babines pourpres du liquide de ceux que vous avez abattu, attendant que vous ne tombiez dans l'inconscience pour vous déchirer la chair comme elles l'ont déjà fait aux autres... Mais le bruit les effraie.. ce sont des villageois qui plantent leurs fourches dans le sol en vous apercevant, l'on vous tire, l'on vous pousse, l'on vous transporte et bientôt cette foret est lointaine, tous ses dangers le sont aussi et ne reste plus que vous..
Que vous et votre corps qui combattez pour ne pas sombrer dans celle qui vous a encore épargné et vous a fait comprendre que l'heure n'était pas encore arrivée.. mais assurément la fois prochaine elle vous laissera peut être moins de chance... Certains disent que c'est le destin, c'est aussi ce que vous dites quand la fièvre vous prends, transformant vos gestes sûrs en gestes incertains digne d'un vieillard d'une ère précédente..
Et vous vous endormez... pour une série de cauchemars qui sont peut être mieux que la réalité que vous vivez à cet instant : Douleur, silence, émotion, mort, fièvre, riz, pluie... toutes ces choses qui se suivent sans rapport jusqu'au réveil.