Ainsi soit-il...

Ainsi soit-il...

Post by Malek, ind - March 29, 2010 at 1:32 PM

« J'abattrai alors le bras d'une terrible colère, d'une vengeance furieuse et effrayante... »
... mais pour Thaar uniquement?

Que peut réellement encaisser l'esprit déjà tourmenté d'un être dont la seule vocation est la destruction? Peut-on réellement le vexer sans qu'il ne parte dans une colère que seuls les plus téméraires pourraient calmer?

La journée avait été terrible, animée de plusieurs déceptions et d'une grande frustration dont il n'était pas maître, uniquement esclave. Malgré toutes ses tentatives pour calmer sa rage montante, il n'avait comme unique sensation qu'un échec, un nouveau. Se dirigeant vers la forêt, il espérait réellement trouver des orques et que ceux-ci puissent se montrer à la hauteur de sa hargne guerrière. Dépressif? Ce n'est pas le mot... Et certaines situations arrivaient encore à le faire sourire et à éveiller sa bonne humeur jadis perpétuelle.

C'est ainsi qu'au bord d'un ravin, ses longs cheveux allant au gré du vent et du temps, passant sa main libre dans sa barbe fraîchement taillée par les soins d'une des petites couettes blanches, il prit un temps pour réfléchir. Certes, la scène donnait l'impression d'un Saemus au bord du gouffre, dans tout les sens du terme, mais ce n'était pas le cas. Il désirait simplement prendre le recul nécessaire. Etait-il vraiment utile de s'attacher à l'idée fausse d'un amour éventuellement possible? Bien qu'une femme avait su toucher son intérêt, il n'est pas évident pour un rustre dans son genre d'affirmer une certaine élégance ou courtoisie propre à ce genre de femme et capable, bien entendu, de la charmer.

Son marteau posé sur son épaule, le regard froid, les sourcils froncés porté vers le néant, le doute s'installait. Était-il seulement digne de porter cette cape? Si oui, qu'attendait-on de lui? Plus de discipline? Plus de sympathie? Qui devait-il devenir pour qu'on lui laisse, le temps de quelques heures seulement frôler au moins le bonheur de satisfaire ses supérieurs de par son attitude. Mais était-ce la bonne solution? Ne fallait-il pas être soi-même en tout temps? Thaar pourrait-il alors lui envoyer un signe dans ce doute tel qu'il était actuellement?

L'orée de forêt non loin était elle trop silencieuse pour que ça ne soit normal. Pas un gazouillis d'oiseaux, juste le silence. Le barbare esquissa un sourire.

« Si je m'en sors, je deviens un autre homme, si je meurs, je serai pour toujours celui que je suis... »

Il porta alors son regard vers le ciel, et des nuages rondouillards perça jusqu'à lui un rayon de soleil. Aucun signe ne pouvait être plus clair, il pivote donc face à cette menace inconnue qui depuis quelques minutes déjà l'observait. Empoignant fermement son marteau à deux mains, fléchissant les genoux, il porta son attention vers la forêt, prêt à en découdre...

Trois orques sortirent alors en hurlant, équipés par la rouille et l'usure se jetant à corps perdu contre le colosse Berguénois, qui pour l'occasion, n'avait plus aspect humain, une bête tout au plus. Voûté, ses muscles tendus, les yeux rougeoyants de colère.

Son premier coup de marteau arrêté net l'orque qui le prit au niveau du plexus, à peu prêt à hauteur de tête Sarälondesque, une manière pour Saemus d'évacuer la colère emmagasinée contre la Comtesse. Esquivant le coup de cimeterre du second, il vint écraser son marteau sur le sommet de son crâne, enfonçant l'être immonde sur lui-même. La force déployée toutefois handicapait le colosse et le troisième orque vint entailler profondément le bras de l'homme, l'animal, l'obligeant à lâcher son arme.

Le poing fermé, porté par la frénésie, il se rua sur la dernière créature tel un ours, le démembrant à main nues, tant il n'arrivait plus à contrôler cette colère et ce besoin de détruire quelque chose. La tête de l'orque s'écrasa à plusieurs reprises contre un rocher pointu, laissant sur celui-ci un éclatement de sang foncé, presque noir. Le premier trouva la force de se redresser, autant porté par la colère que ne l'était le géant berguénois et vint lui asséner un coup tranchant en plein milieu du dos. Les anneaux de sa cotte de mailles volèrent en une multitude sous le choc. Saemus hurla, mais encore trop ragaillardit par cette haine incontrôlée, il attrapa le bras de la chose et le brisa avec le coude de son second bras, avant d'amener la lame adverse contre la gorge de l'orque, pour l'égorger ensuite. Couvert de sang, il tâcha de calmer sa respiration, de se décontracter, alors que plus rien autour de lui ne semblait être une menace. Il plaça les corps en tas et prépara un bucher, sanctifié comme lui apprirent jadis les prêtres-guerriers du Bastion. A genoux face à ces flammes purificatrices, il pria, toujours couvert du sang de ses ennemis.

« Entends ma prière, Ô Puissant, Ô Protecteur.
Puisses-tu me libérer de ma haine et faire de moi un homme meilleur,
Puisses-tu entendre ma supplique et m'épargner la tristesse.
Puisses-tu faire de moi, ton humble serviteur, le bras de ton courroux.

Seigneur de toute chose, Miséricordieux,
J'implore ton pardon pour mes actes et mes attitudes passées,
J'implore ta clémence pour mes fautes et mes pêchés,
J'implore ta bonté pour veiller sur les miens.
J'implore ta sagesse pour me guider dans mes choix.

Chevalier des Vertus, Gardien de la Lumière,
Accorde moi l'illumination dans mes décisions,
Accorde moi la justesse dans mes actes,
Accorde moi la compassion dans mes châtiments,
Accorde moi le courage de ne pas céder face à l'adversité.

Moi, Saemus Eriksen, se voulant marteau de ta justice, j'offre les vies de tes ennemis pour que ma prière soit entendue, Ô Thaar, Feu immortel, j'invoque ta bénédiction sur nos âmes tourmentées mais fidèles à ta volonté. Qu'à jamais tes verbes soient vérité.

Lielos. »

Le Berguénois se redressa ensuite, malgré ses blessures, et se dirigea vers une source d'eau pour prendre du repos et se laver dans un premier temps, des souillures sur son corps, ses poings, dans un second, de ses actes et de sa vie passée.

En ce jour, Saemus quittait ce qu'il avait été pour reprendre à zéro sa vie d'homme...