Lueur solitaire
Post by Brehan de Nogar, OdS - April 30, 2010 at 6:03 PM
Depuis quelques jours déjà, ma présence se fait très brève dans les rues de la citée. Je ne vois le temps passer, pendant ces tours du sablier, à m'abandonner au Divin. Dans ces longues heures de prières, ou même dans ces dossiers qui ne finissent plus. Je tourne quelques pages et le referme totalement. Mon regard se lève jusqu'à travers la fenêtre... tout est si calme, mais j'aimerais posséder la même quiétude que reflète chaque étoile de la voûte céleste... chacune d'elle, selon des légendes, serait une âme vertueuse ayant rejoint Thaar.
Je me lève finalement pour prendre place sur le bord de la fenêtre que j'ouvre... l'air est si fraîche, lorsqu'elle vient balayer mes traits. Cela me rappel de si douces caresses... mes traits se crispent un peu et viennent même s'assombrir de mélancolie. Je viens appuyer mes deux coudes de chaque côté de la fenêtre en venant toiser longuement cette voûte céleste... Est-ce la fatigue qui fait que je ressens un si grand vide en mon être? Je sais que non. Elle me manque tant, mais c'était un sacrifice nécessaire...
Que j'aimerais posséder cette sérénité que possède chacune de ces étoiles qui brillent au loin. Elles semblent seules, mais si nombreuses à la fois... Si seulement il en était de même que pour moi.
Certains souvenirs déplaisant traversent mes pensées, je me redresse lentement.
Je commence à ressentir son appel, le besoin de m'éloigner...
Comme jadis peut-être?
À travers toutes mes occupations, ici, je n'arrive à l'oublier, pourtant...
Mes traits se referment totalement, et la clarté de mon regard reprend sûrement un peu de détermination.
À nouveau, je sens que c'est nécessaire... Si longtemps je suis resté en la citée, que j'ai presque oublié le goût d'une Sainte Croisade.
Je ressens son appel...
Post by Yuri Minh Yu, AdC - April 30, 2010 at 10:17 PM
"Est-ce son amant?"
"Je l'ignore..."
"Il la suit jusque dans la chambre à coucher?"
"Il la suit partout... Pour la protéger, à ce qu'elle dit."
[...]
La giffle retentit. Puis les paroles s'élèvent. Chicane de couple. Mais pas le sien. Pas le sien, puisque le sien n'existe déjà plus.** Brehan... Non. Oublie-le, il n'est pas pour toi. Elle les voit s'entre-déchirer. Comme l'amour est cruel.
Puis elle tombe sur le sol, son ventre. Les bébés. Ceux que tu n'auras pas. Que tu as vu si souvent en rêves... Douze ans. Brehan... Yuri envoie le domestique chercher le trousseau nécessaire. Tout le nécessaire juste dans le cas échéant que les enfants sortent prématurément. Puis elle prépare à madame Lidenslavsky une vieille recette païenne. Celle qui allait donner la chance à Amaihel de garder ses enfants en vie.
Un jeune garçon à la harpe. Il joue. Comme il est beau, avec ses yeux clairs, ses yeux à peine bridés. Son sourire plein, lèvres charnues et ses mèches rebelles. Il a le coeur bon. Comme toi. Regarde ce que nous avons accompli... Sors de tes songes. Ouvre le portail, madame a besoin d'être sous surveillance médicinale. On l'emmène à Sainte-Élisa. Ärold la porte comme on porte son épouse. Comme jamais tu ne le feras. Ils réussiront peut-être à passer les épreuves. Nous avons échoué à la première.
Je les quitte. Ils ont besoin de se retrouver seuls. Et moi aussi. Seule. Dans ce vaste univers. Mais je ne suis pas si seule. Il y a autour de moi une multitudes de vies. Suffisemment de choses pour tenter de t'oublier. D'oublier tous ces si beaux mensonges, qui m'ont fait rêver.
Post by Brehan de Nogar, OdS - May 1, 2010 at 3:14 AM
Des chaînes qui lacèrent mes poignets, le sang qui coule du long de mes mains, je tire tout de même de toute mes forces en étant hors de moi, la douleur s'intensifie. La pièce est si sombre, je remarque un gamin- si jeune, mais avec une telle force de caractère dans le regard- un peu bridé, mais si clair. Des mèches rebelles, il tend la main vers moi. Mon sang se glace totalement au sein de mes veines.
J'essaie de comprendre, mais il n'y à rien à comprendre. Des bruits menaçants se font entendre tout autour de nous... nous sommes soudainement dans le coeur d'une prairie, en pleine nuit... mais je suis toujours attaché.
Il cite mon nom:
-Papa... j'ai peur.
Une silhouette sombre surgit des ombres pour prendre place tout juste derrière mon fils... De ses mains se matérialise une lame surnaturelle qui s'élève sous la tête du gamin, je hurle:
-NON!! IL EST INNOCENT!!
Je perçois un petit sourire qui s'étire des lèvres de l'être encapuchonné. Mon fils est immobile... figé dans cet instant.
La lame s'abat d'un coup, mon cœur s'arrête de battre. Je hurle du plus profond de mes entrailles. La capuche tombe doucement vers l'arrière de la tête de l'assaillant... je le fixe les yeux remplit de larmes de rage, mais je me fige totalement lorsque je remarque qu'il s'agit de moi... mon clone me sourit, mais je comprend...
Un cognement à la porte me réveille en sursaut, je suis tout en sueur. Un servant et une prêtresses se sont accouru vers ma chambre, sous les cri que j'eus poussés... je les toise d'un regard comme si j'avais vu un mort...
Je comprend... ce fils, tant désiré. Ma fière et forte descendance... Tous sacrifiés par cette décision que j'eus pris....
Le sacrifice est une vertu... mais que diable peut-elle être douloureuse et nous couter cher.
Post by Yuri Minh Yu, AdC - May 2, 2010 at 4:54 AM
Assise devant son boudoir, elle glissait le peigne dans ses cheveux. Ces yeux si noirs, immenses et petits à la fois. Ils arrivaient à contenir le ciel sans éclater. Son mouvement était lent, doux et rigide à la fois. Ce mouvement, discipliné, mais si vide de substance.
Vide.
Comme le goût des aliments, lorsque tu n'es pas là. Comme la piste danse lorsque la musique est éteinte. Comme les cabanes de pêcheurs, lorsque ton odeur les as quittées.
*Et le peigne continue sa chevauchée dans ces cheveux si noirs, parsemés de quelques fils argentés. Ces yeux noirs. Cette bouche en coeur. *
Et le souvenir. L'humidité de tes lèvres, que je ne toucherais plus. La chaleur de tes mains, qui s'accrochent à mes hanches. La pâleur de ton regard lorsque tu m'observe.
Un vide. Comme un creux au fond des entrailles. Un goût amer laissé en bouche, une envie de vomir. Un hurlement de silence.
Rien.
Rien de plus. En fallait-il davantage? Tourner la page, recommencer. Recommencer à vivre. Commencer par inspirer. Se rappeler la saveur de l'air.
Elle ferme les yeux. Une tempête dans la tête. La mâchoire serrée, le peigne brisé, dans sa main, d'où trois gouttes de sang perlent. Elle a serré trop fort. Une dernière étreinte, en mémoire De Nogar.
Post by Brehan de Nogar, OdS - May 3, 2010 at 8:57 AM
Il y a quelques jours...
J'essaie de dormir, mais je n'y arrive pas. Peut-être en vaut-il mieux ainsi.
Chaque moment de ce rêve, me déchire de l'intérieur. Je roule encore une fois dans mon lit pour finalement me relever.
Je dois me changer les idées...
Je me rend jusqu'à mon bureau, j'y aperçois ce dossier qui traine sur le coin. Cette manœuvre qui aura lieu très prochainement... en ces profondeurs des catacombes. Une idée traverse mon esprit, je vais prendre un peu d'avance... recueillir des informations importantes, pour mieux diriger le temps venu.
Aucune réelle résistance réussit à ralentir ma foulée. Je parcours ces couloirs anciens, et plusieurs laquais squelettiques se jettent à travers ma route... Avec une brutalité surprenante, je m'en débarrasse. Chaque craquement de leurs os me rappellent ce rêve qui brouille de plus en plus mes pensées. Je réalise trop tard, qu'une puissante créature ancienne m'épie. Je me retourne à temps pour esquiver un sortilège qui brise une partie de pilier à ma droite. Je reçois un éclat de roche qui m'effleure la joue... trois perles de sang s'en échappent.
Je réagis avec une telle vitesse, je dégaine la Sainte Lame et je l'élance vers celle-ci pour tenter de mettre fin à son existence. Cette sombre toge qui la recouvre me glace l'échine- presque identique à cette vision au sein de mon cauchemars. Je perd contrôle de ma personne pendant une seconde. Une seconde de trop... Mon coup touche la créature, mais seulement à ce qui lui sert d'épaule.
Ses orbites vides se rivent dans mon regard, et je sens un frisson traverser mon corps tout entier. Une puissante déflagration survient à mes côtés, malgré le rempart des flammes que je tiens si fermement, le choc est d'une telle puissance...
Je me fais littéralement balayer par la vague d'énergie qui me propulse dans un tas de débris... ma vision oscille, s'embrumant, et je sombre dans l'inconscience...
Une douleur me frappe soudainement en me ramenant à la sombre réalité. Je tousse rauquement, sous cette dense poussière. La créature ancienne se tient au-dessus de moi, le sceptre qu'elle tient est fermement appuyé contre mon torse, à l'endroit même de ma douleur. Je tente de bouger, aussitôt, pour réaliser que la totalité de mes muscles ne désire m'obéir. Une aura verdâtre m'entoure, je comprend alors mon erreur... sous l'emprise du sortilège, je suis à la mercis de cette créature... Moi, Haut Inquisiteur... quelle ironie.
Une vive douleur s'intensifie dans la totalité de mon corps, mes muscles se raidissent, pendant qu'une voix d'outre-tombe s'élève de cette liche ancienne.
Je ne bronche pas, malgré ma position. Et les propos de ce monstre...
Thaar est mon seul juge, et le restera.
Quand je sens ma dernière heure venue, elle rajoute:
-Donnez-moi une seule raison de ne pas faire ne sorte que votre triste et sinistre destin ne s''achève banalement ici dans le plus sombre des secrets.
Mon regard s'intensifie avec ardeur pendant que je dévisage cette créature avec haine, je parviens à lui citer sèchement:
-S'il s'avère que je ne remonte pas à la surface, soyez certain que l'Ordre du Soleil en entier marchera en ces catacombes pour purifier la moindre parcelle qui vous est si chère.
Il y a trois jours...
Condamné à récupérer de ces blessures qui me tiraillent, mon corps est plongé dans les thermes de l'Ordre. Ces eaux très chaudes se font que très peu apaisantes, mais mes muscles s'en remettront plus rapidement. Cette marche spirituelle devra attendre le temps de ma récupération. Toutefois, j'aurai grandement appris de cette erreur- qui ne se reproduira plus.
Post by Nikita, OdS - May 3, 2010 at 10:43 AM
Pendant ce temps ...
Depuis quelques jours, la Grande Prêtresse aux longs cheveux blonds avait su se faire discrète dans les quartiers de l'Ordre du Soleil. Autour d'elle, le silence. Seul accompagnateur de Nikita lors de ces jours ensoleillés qui se suivent et se succèdent avec harmonie, tout comme les saisons. Paisible, tel était son état d'âme depuis maintenant quelque temps. Une sérénité implaccable, un frêle sourire parsemant la commissure de ses lèvres fines, dessinant un bouton de rose. Ses apparâts, d'ordinaires sobres et sombres, avaient été troqués par des robes claires et féminines. Autrement, elle avait vraiment fière allure dans sa nouvelle armure, toujours bien entretenue et scintillante.
À quoi était-elle affairée? Elle s'occupait des commandes de meubles et d'équipement pour son projet d'orphelinat. On ne la croisait que très peu dans les couloirs majestueux du Temple de l'Ordre, elle se promenait beaucoup, toujours avec une grande vigilence ainsi qu'une rune menant au Temple constamment à portée de main.
Un jour, elle apprit que le Haut-Inquisiteur De Nogar était aux thermes presque tout son temps, qu'il se remettait d'une rude attaque dans de lugubres catacombes à proximité des saints quartiers. Nerveuse, la dame de foi s'empressa de demander des nouvelles concernant son état. Lorsqu'on lui assura que l'Inquisiteur de son coeur se portait bien, qu'il ne lui fallait que récupérer ses énergies, ses pensées troubles la quittèrent instantanément. La jeune femme aurait bien aimé lui rendre visite, aidant les soigneuses, mais quelque chose lui dictait qu'il avait sans doute besoin de solitude, de se retrouver seul avec lui-même, tout comme elle, de par le passé.
Peu de temps après l'apprentissage de cette nouvelle, une jolie boite en métal avait été mise à la disposition de Brehan De Nogar. Un serviteur des thermes la lui apporta, elle était agrémentée de cheveaux ayant fière allure, sauvages destriers, indomptables créatures et magnifiques bêtes. À l'intérieur? Brehan pouvait y trouver une fournée de pâtisseries portant la signature personnelle de la Grande Prêtresse qui lui fit parvenir cette douceur, tendre pensée, accompagnée d'un simple mot ...
Soignez-vous bien Haut-Inquisiteur, ce n'est pas sans parler pour tous les membres de l'Ordre que je vous fait savoir que nous avons hâte de vous voir recouvrer vos forces en entier. Que Thaar l'Illuminé bénisse votre guérison.