Au bureau du port.

Au bureau du port.

Post by Kamirah S. Siriel, Ind - May 6, 2010 at 4:45 AM

L'apprentissage.
Un professeur particulier.
Ambiance sonore.[/list:u:3151ptkx]

Assise sur le coin de son bureau, la demoiselle gardait ses iris claires coulées sur le morceau de parchemin qui se ferait plus tard roulé, se métamorphosant ainsi en invitation. Le bout de ses doigts richement bagués frôlaient sans cesse le papier, traçant parfois à main levée les lettres déjà encrées. L'hésitation était au rendez-vous. Mais qui était-elle pour hésiter de la sorte?

Ce fut un faible grincement de bois qui sorti la demoiselle de ces songes. S'en suivit d'un second, cela venait sans aucun doute d'en bas, une habitation près de la rive n'était jamais bien tranquille. Plus qu'en ville, moins qu'en basse. Les jacassements habituels des villageois ne s'éternisaient pas ici, voilà la raison de l'achat. Tout en appuyant le morceau de papier sur ses cuisses luxueusement vêtues, elle roula le parchemin, glissant sa main dans l'un des tiroirs de son bureau pour en ressortir un ruban blanchâtre qui servit d'attache. Une fois boucle faites, ce fut le tour d'un second silence interminable qui se fit maître en ces lieux.

Jurer, donner sa promesse.
Rêver, croire en cette chose si simpliste représentant l'ensemble d'un tout. Lapsus particulièrement banal, tel l'apprentissage qui se déroulerait en ces lieux pas plus tard que ce soir.

Une somme se déposa dans la paume d'un homme, la lettre s'échangea de main. Un hochement. La demoiselle retourne prendre place dans ces appartements bordéliques qui reflétait ô combien son esprit en ces temps ou tous l'avaient crues mortes. Peu importe, qui entre ceux qui disaient la voir, l'avaient déjà prise pour être vivant? Un chien de compagnie, un monstre dans ces propos. Mais les monstres n'existent qu'en bas... Ou alors en haut. Les mires rivées sur les écrits de son livre, un soupire s'échappa des lèvres de la femme blanche, brisant silencieusement ce faciès de porcelaine qui pesait excessivement lourd depuis plusieurs jours. Jeune femme, elle n'était qu'une jeune femme.

Mais le titre d'adolescente passé, il lui fallait devenir forte. Il n'y avait plus d'excuses.
C'est pourquoi, en attente, elle patientait l'arrivé de son professeur.

Valir,
Suite de notre conversation en compagnie de la Duchesse Mel'Viir, vous deviez vous attendre à mes mots. Je vous attends à mon bureau.

Kamirah S.S.


Post by Valir Menrul - May 6, 2010 at 5:15 AM

Le vent brassait l’air humide. Systéria était plongé sous la pluie, cela n’était pas original. Le quartier des Pourpres, quartier hautement magique, n’échappait pas à cette règle mouillée qui assaillait les citoyens.

Un brave jeune homme, trempé, mais brave, parcourait la moyenne-ville avec un papier entre les mains. Il gagna l’énorme bastion magique qui renfermait tous les pourpres. Dans l’Académie, tous vaquaient à leurs occupations, aussi mystérieuses pouvaient-elles être…
Le garçon demande ici et là où il pouvait trouver celui qu’il cherchait. Une certaine Sarella, une elfe blonde et souriante, lui répondit gentiment, de sa voix d’ensorceleuse :

« Le Chercheur Menrul ? Il donne un cours, au dernier étage. Si mes souvenirs sont bons, sa classe est de l’autre coté de la porte 6.»

Malheureusement pour lui, la quête tumultueuse que lui avait attribué Kamirah n’était pas encore terminée. De peine et de misère, il se rendit à l’étage en traversant l’Académie qui donnait l’impression d’un labyrinthe. Les couloirs qui chatouillaient le ciel étaient déserts. La poussière y avait dansé plus tôt ce matin, lors de la rentrée. Il entendait au delà des murs et des portes des voix masculines, féminines, enfantines ; autrement dit, toutes sortes de voix. Il était sans doute au bon endroit. Le jeune homme scrutait les chiffres qui ornaient les portes. Salle une, salle deux… salle six !
Il s’arrêta, un peu confus. La porte était en fer massif, lourde à vue d’œil. Un silence parfait semblait d’ailleurs y régner, contrairement aux autres classes. Il cogna un coup, et presque aussitôt, un grincement se fit entendre. Dans la vaste salle se trouvaient des enfants, assis en cercle. À l’étonnement du messager, un cube de bois tournoyait dans le cercle, flottant devant les visages concentrés des élèves. Un homme dans la trentaine sortit le visiteur de ses rêveries. Ils sortirent tous les deux du local.

« Oh.. monsieur, j’ai cette lettre pour vous. »

« Merci à vous. »

Le Chercheur prit la missive et sombra derrière la porte métallique. Quant au messager, il quitta rapidement l’Académie, il en avait déjà assez…
Ses yeux avisés parcoururent la lettre considérablement courte. Ses sourcils se froncèrent et bientôt, une fillette de trois pommes tituba jusqu’à lui. Sa voix naïve, pure et cristalline parvint aux oreilles du Pourpre.

« Il y a un problème, monsieur Menrul ? »

« Votre sens de l’empathie est toujours aussi exact. Continuez de l’entretenir et d’y travailler. »

*Valir Menrul reprit place, profitant de l’occupation de ses élèves pour se perdre dans ses pensées. Le souper venu, il prit son grimoire, quelques réactifs, et avisa Sarella et sa forte poitrine qu’il partait pour le port. *


Post by Kamirah S. Siriel, Ind - May 6, 2010 at 6:28 AM

**Des cris dans la nuit. **
Première séance.

« ** Bonsoir Valir. ** » Avait-elle soufflé du bout de ses lèvres lorsqu'elle lui ouvrit la porte, laissant ainsi place au mentaliste pour entrer dans la première pièce de son bureau.

Le coeur noué, bien pressé dans sa poitrine contre les autres organes avoisinants, ses mires restaient attachées à l'homme, disposant ainsi d'une attention toute particulière. À la fois présente et absente, la demoiselle s'exécutait sous chaque demandes, allant s'asseoir contre le mur à même le sol, les mains déposées sur ses cuisses. Vêtue d'une longue jupe dont les couleurs rappelaient cette substance encrée en nos veines, d'un corset parfaitement noué ainsi que d'une chemise qui lui couvrait les bras, la demoiselle patientait encore une fois, se laissant perdre dans les sons de l'horloge posée dans la pièce d'à côté.

Clok... Clok... Clok...

Ce bruit qui lui remémorait souvenirs si loin, souvenirs si bons...
Elle désirait y revenir, y rester, y mourir.

La force physique, la force mentale...
Était-ce donc le seul moyen...?

Quelques mots de préparations sorti des lèvres du magicien, s'éternisant dans l'air pour finalement peser entre eux-deux. D'un mouvement lent, machinal, Valir souleva ses mains, prononçant quelques mots simplistes avant que, sous leurs yeux, quelques étincelles commencèrent à danser entre les doigts du mentaliste.

L'apprentissage pouvait alors commencer.

« Faites-moi savoir lorsque vous n'en pourrez plus.  » Dit-il en commençant à préparer un sors servant à rendre les muscles de la demoiselles lourds, mous, fatigués.

Comment dire qu'à peine commencé, elle n'en pouvait déjà plus ?
Que les larmes ne pouvaient se retenir en ces orbites, mais qu'elle lutait ?

La douleur commença. Le souffle devint plus lourd, saccadé sous les assauts marqués que de très courtes pauses. Tantôt assise dans une droiture élégante, maintenant, elle se voyait couchée, dos contre le mur, mains laissées posées au sol par fatigue qu'était de les gardées sur elle. La douleur lui brulait le ventre, les sors étourdissait la tête.

Une première pause.
Une respiration, deux, il fallait respirer. La demoiselle grinçait des dents, serrant ses doigts contre son ventre pour l'implorer de respirer. Souffle. Gonfle. Expire, par pitié.

Et le tout repris, cette fois, pour quelques heures. Les sorts affaiblissaient son énergie, puisait sur ceux la servant à rester éveillée. Son corps se trouvait à devenir légume par moment et ses paupières n'eurent d'autres choix que de se fermer pour masquer cette douleur insoutenable qui lui martyrisait tant le coeur que le corps. Elle devait y passer. Ce soir n'était que le premier d'une bonne centaines d'autres. Le premier soir ou dormir lui ferait plus de mal que de bien.

« ** J..Je n'en peux.. peux plus, arrête... **» S'était-elle enfin prononcée au bout d'un certain temps, le corps tout près d'être étendu au sol. Le mentaliste en convint, s'approcha pour quérir l'attention de cette demoiselle à la peau laiteuse. Suite de quoi, aussi rapidement que venu, il quitta par la porte du bureau, laissant Kamirah se reposer.

Couchée à plat, contre le tapis, la jeune femme se laissa enfin aller aux larmes, les retenant un minime peu par orgueil, mais la douleur était tel qu'elle ne pouvait la garder en elle. Quelques grimaces commencèrent à se faire sentir lorsque son corps devenait un peu moins engourdis, la douleur se faisait plus présente... Une première plainte s'extirpa des lèvres pâlottes de la demoiselle. S'en suivant d'une seconde, d'une autre, encore.

Elle pleurait. Les larmes n'osaient, mais elle connaissait bien la sensation de pleurer. Quelques gémissements douloureux trouvaient la sortie de sa bouche pour conclure le tout. La nuit arrive, le désespoir est toujours posé sur le sol.

À une prochaine rencontre.


Post by Valir Menrul - May 15, 2010 at 4:49 AM

Depuis une semaine, les visites portuaires du Pourpre devenaient régulières. C'était un quartier méconnu par sa personne, et après toutes ses visites, il était convaincu que la situation resterait ainsi. Valir était dégoûté du port, l'air y était humide et le sol boueux...

Ce soir là, tout était aussi crasseux qu'à l'habitude. L'odeur de poisson pullulait dans le nez du magicien, lui arrachant une grimace. Ses bottes propres fraîchement sorties de la Moyenne-Ville allaient, une fois de plus, être souillée par cette enfer salin.

En chemin, il croisa cet homme bleu qui attira son attention. Des Aquals, êtres pacifiques, avaient pour habitude de traîner sur les quais, sans doute par curiosité… Le Pourpre soupira ; s’il y avait un endroit qui ne l’intéressait pas, c’était bien celui-ci.

Sortit de ses réflexions, il gagna la plate-forme qui soutenait le bureau Siriel. Son poing serré s’abattit poliment sur la porte. Les pas feutrés de la demoiselle approchait, puis la porte pivota en grinçant.

« Bonsoir, demoiselle Siriel. »

*Il entra, puis bien assez tôt, l’entraînement débuta. Toutefois, ce soir, l’élève demanda à aborder de la nouvelle matière. Le Pourpre envisagea sérieusement la proposition ; bombarder une femme de faiblesses musculaires ne faisait guère place dans ses hobbys. Il réfléchissait à vitesse considérable, mais n’arrivait pas à un consensus. Ses yeux distraits toisèrent la jeune femme qui, silencieuse, ne semblait pas des plus aisées. Un peu de méditation ne peut lui être nocif, pensa t-il. *

« Fermez les yeux et calmez votre respiration. »

Ainsi, Kamirah s’exécutait sans rechigner. Il y avait toujours cela de bon, le magicien s’était attendu à pire. Il semblerait qu’elle ait véritablement mûrit.

Alors que la jeune femme façonnait un vide en ses pensées, les idées de l’homme se bousculaient en d’autres contrées. Il lorgnait avec curiosité ce visage féminin et perpétuellement blême, encadré par deux rideaux noirs. Nul ne sait réellement à quoi il pensait, son regard était davantage analyste qu’admirateur.

Cette tâche de tuteur ésotérique l’accablait après chaque rencontre. Systéria offrait à ceux qui faisais des sacrifices, et il le savait. Le sacrifice est une vertu, après tout.

Bientôt, la jeune femme ouvrit les yeux ; la méditation était terminée.