Opération de dernière minute...
Post by Thomas Bolton, Emp - May 20, 2010 at 6:25 PM
Un soir de la semaine, alors que les paysans retournaient dans leurs chaumières, épuisés par les travaux des champs, un curieux contingent se forma près de la porte menant au quartier du port. Le premier ministre se tenait sur les remparts, son regard fixant l’horizon, quand la soudaine ouverture d’un portail dimensionnel interrompit ses songeries. Il n’attendit pas de voir les individus en sortir pour aller à leur rencontre : sans doute avait-il prévu leur arrivée. Devant lui se tenaient l’apothicaire Yu, la Grande Légate Eäm’Arylth, le Templier Menethil et l’acolyte Siemon, suivis de quelques paladins lourdement armés.
« Vous êtes en avance, mademoiselle Eäm’Arylth. », lâcha-t-il d’un ton monocorde.
D’un signe sec de la tête, il salua la petite assemblée et attendit qu’on lui présente les quelques têtes qu’il n’avait encore jamais rencontré. Soudain, le duc se tourna vers le Templier et l’examina d’un regard particulièrement sévère. Le jeune homme portait une tenue légère et n’avait aucune arme avec lui.
« Grande Légate, aurais-je dû vous préciser qu’il était nécessaire d’emmener des troupes armées ? », dit-il à la jeune femme, arquant un sourcil, arborant un air sceptique.
« Oh, non monseigneur. William possède une technique de combat particulière qui ne nécessite pas d’équipement lourd. »
L’explication faite, le Surintendant se détourna pour examiner Yuri.
« Je vous ferais profiter de mes dons en alchimie en préparant plusieurs explosifs. Je vaux bien une armée. »
La seconde phrase de la Tsen arracha un sourire sans joie sur les fines lèvres pâles du premier ministre.
« Nous verrons bien, madame Yu. Sachez que je n’en doute pas. »
Quelques minutes plus tard, après avoir échangé quelques paroles avec les paladins de l’Ordre, la troupe bigarrée pénétra dans un portail dimensionnel invoqué par Shandri pour se retrouver plusieurs lieues plus loin à l’ouest, près d’un camp où résidaient d’ordinaire quelques brigands. Thomas Bolton rassembla alors ceux qui le suivaient afin de leur donner des instructions avant de débuter l’assaut.
« Bien. Les bréguniens ne devraient pas tarder à faire leur apparition. Je vous suggère de vous mettre en formation. Avez-vous déjà commandé des troupes, Templier Menethil ? »
Une fois encore, le jeune homme se trouva dans le collimateur du duc, dont le regard d’acier semblait chercher à percer son âme.
« Quelques fois, monsieur le Surintendant. »
« Parfait. Vous veillerez au bon déroulement des opérations en ce cas. »
Il se tourna alors vers l’acolyte, puis l’examina longuement. Il était jeune, tout pimpant dans sa superbe cape immaculée.
« Acolyte Simeon, où avez-vous fait vos classes ? »
« A vrai dire monseigneur, je n’ai pas fait mes classes, je viens tout juste d’intégrer l’Ordre. J’ai commencé mon entraînement et mon initiation il y a peu. »
« Soit. Vous n’aurez pas meilleur terrain pour mettre à l’épreuve votre habileté naturelle. Tachez de ne pas mourir. »
Sur ces bonnes paroles, le Surintendant fit volte-face et fixa la mer. Derrière lui, Yuri Minh Yu examinait un grimoire.
« Vous me permettez quelques formules païennes, monseigneur ? », demanda-t-elle à son attention.
Elle n’eut droit qu’à un haussement d’épaule pour toute réponse. Pas besoin d’en dire plus et la voila qui invoquait d’ores-et-déjà les arcanes pour faire surgir son double du néant.
Soudain, un bruit étrange parvint à leurs oreilles. Miraculeusement, un fortin semblait avoir fait son apparition, à quelques mètres de l’endroit où ils s’étaient tous rassemblés. Il y avait très peu de gardes, aucune sentinelle pour effectuer une quelconque ronde. Toutefois, il fallait se montrer prudent. Le premier ministre se plaça alors derrière les combattants et se mura dans le silence, laissant le Templier et son second diriger les opérations.
Ce qu’ils accomplirent immédiatement, mettant de l’ordre dans les rangs pour approcher du camp des supposés bréguniens. Rapidement et grâce au manque de défense efficace, ils atteignirent sans difficulté la porte principale, gardée par une jeune soldat inexpérimenté.
« Qui va là ? D’où venez-vous et de quelle autorité dépendez-vous ? », demanda Thomas, derrière ses troupes.
« Je n’ai pas à répondre à ces questions ! On m’a entraîné spécialement pour cela ! », lança de sa voix encore pubère le jeune soldat en se mettant en position de combat.
L’archer qui surplombait la porte les empêchait d’avancer, aussi le garde dut s’approcher d’eux pour les atteindre. Rapidement, Simeon et William réussirent à le maîtriser. Pendant ce temps, Yuri Minh Yu était allée ressourcer son énergie magique et préparer ses explosifs, à l’écart du théâtre des opérations.
« Attachez-lui les mains et servez-vous-en comme bouclier pour atteindre la grande porte. », ordonna d’un ton laconique le premier ministre, toujours en retrait.
On lui obéit immédiatement. Malheureusement, l’archer qui semblait un homme d’expérience, ne se laissa pas faire : à peine eut-il aperçu son collègue qu’il lui tira une flèche tranchante dans la gorge. L’impact fut tellement puissant que le crâne se détacha du cou. L’heure n’était pas aux apitoiements : le corps fut fouillé et on trouva une clé qui, selon toute vraisemblance, ouvrirait l’entrée principale. Le Surintendant s’éloigna alors un peu de la zone, laissant les soldats penser leur stratégie. Quelques minutes plus tard, il revint.
Shandri était déjà en train d’invoquer des murs de pierre pour dresser des barrières infranchissables et éviter ainsi la troupe de se retrouver criblée de flèches. Ils se faufilèrent alors entre les parfois et pénétrèrent dans le fort, pour tomber nez-à-nez avec un primat de la Sainte Eglise Brégunienne. Ce dernier hurla à l’hérésie, ne daignant même pas entendre les appels au calme lancé par le duc. Il invoqua plusieurs prières, leur fit un sermon sur leur fausse religion thaarienne puis entra dans un bref combat avec William et Simeon.
« Gardez-le en vie, contentez-vous de l’assommer. », leur intima Thomas, voulant garder quelques cartes dans son jeu.
Malheureusement pour lui, dans la fougue du combat, la lame de l’acolyte s’enfonça profondément dans le foie du prêtre qui s’écroula, mortellement blessé. Il ne faudrait que quelques minutes avant que la bile n’achève le travail de la lame. Avec l’aide de la Grande Légate, le duc fouilla la pièce et les documents qui s’y trouvaient, mais ne remarqua rien de particulier, aussi continuèrent-ils leur exploration du fort.
L’archer avait changé d’arme, ayant bradé son arc contre une gigantesque hallebarde. Le combat fut autrement plus difficile qu’avec la jeune recrue. Le Templier et l’Acolyte réussirent à le contenir quelques instants, mais sa force ne semblait pas faiblir. Violemment, Simeon fut projeté contre le mur, à moitié sonné. Le premier ministre s’écarta dans un coin pour laisser les combattants s’affronter et en profita pour retourner dans la pièce du rez-de-chaussée afin de trouver plus d’informations. En vain…
Il remonta alors l’escalier pour trouver Siméon toujours affalé sur le sol, qui reprenait peu à peu ses esprits, tenant dans sa main droite son bras gauche.
« Vous vous sentez bien, acolyte ? »
« Oui, ça peut aller… Je dois reprendre le combat. », marmonna-t-il avant de se relever.
Ensemble, ils sortirent et constatèrent que Yuri Minh Yu était revenue et avait aidé à terrasser leur adversaire. Ils en profitèrent tous pour faire une petite pause. Thomas tâta le bras gauche de Simeon, qui s’avéra n’être que foulé.
« L’important, c’est que votre bras armé soit intact. », dit-il sans une trace de compassion ou de pitié.
La sorcière Tsen était revenue juste à temps. Les dons de soigneur de Shandri étaient utiles, mais ne pouvaient suivre l’enchaînement successif des coups puissants de la hallebarde.
« Remettons-nous en route, je vous prie. Nous n’en avons pas fini ici. »
Débarrassé de ses hommes, le fort semblait déserté, jusqu’à ce qu’ils arrivent dans une petite pièce ou un homme à la chevelure et à la barbe grisonnantes écrivait ce qui semblait être un journal de bord. Lorsqu’ils approchèrent, un champ de force les repoussa : une arcaniste apparut et les téléporta alors d’un claquement de doigt sur le toit du bâtiment.
« J’ai compris il y a peu mon rôle ici. Je suis triste et je m’interroge sur les raisons qui m’ont amenées ici. Mais s’ils veulent ma mort, je mourrais. Mon dernier acte héroïque pour mon pays. »
Alors qu’elle parlait, des flux d’énergie magique se rassemblaient et tournoyaient autour d’elle. Le Surintendant tenta de parlementer, mais il savait qu’il n’y avait aucune chance pour la faire changer d’avis. L’obéissance à Briganne était aveugle. L’éducation stricte et conditionnée que recevait chaque génération garantissait à la Sainte Couronne des citoyens patriotes et fanatiques. Aussi secoua-t-il la tête alors que William tentait de la convaincre de rester.
Eut alors lieu l’épique duel entre les sorcières. Yuri Minh Yu la Tsen contre l’Arcaniste de Brégunia. Les incantations s’entremêlèrent, des étincelles fusaient de toute part, des éclairs tombaient du ciel, des boules de feu jaillissaient du néant. Une fois, le Surintendant fut touché de plein fouet, s’étalant sur le dallage de pierre, lâchant sa canne. Shandri approcha pour le soigner, tandis que l’Acolyte Simeon venait l’aider à se relever. Il essuya un refus sévère.
« Allez combattre au lieu de m’aider, vous serez plus utile aux côtés de madame Yu. »
Finalement, le conflit se termina alors que la magicienne s’affaiblissait sous la volonté de Yuri et malmenée par les coups déterminés des guerriers. Ils se retrouvèrent alors dans la pièce, en compagnie de l’homme qu’ils avaient aperçu juste avant le combat.
Thomas approcha lentement et posa sa main libre sur l’épaule du commandant brégunien.
« Je vous prierais de bien vouloir nous suivre, Commandant. », annonça-t-il calmement.
« Permettez que je prenne de la lecture ? », demanda ce dernier d’un ton parfaitement calme.
D’un geste de la main, le Surintendant l’autorisa à le faire, ne le quittant pas du regard. Quand il eut rassemblé ses parchemins et ses ouvrages, Yuri ouvrit une porte vers le quartier de l’Ordre et tous purent rentrer dans la ville, pendant qu’au loin le fort disparaissait dans le néant alors que la vie quittait le corps de la puissante magicienne. Ils se séparèrent finalement, Thomas retournant au palais avec son prisonnier, les soldats allant faire leur rapport à leur hiérarchie…
Ce qui se passa alors dans le bureau du duc resterait du domaine du privé…
[HRP : Libre aux autres participants de continuer avec leur version des faits.]