Et bien alors, madame Balgor ?

Et bien alors, madame Balgor ?

Post by Thomas Bolton, Emp - July 16, 2010 at 6:43 PM

Cela faisait maintenant plusieurs semaines que le Directeur de Sainte-Elisa avait remarqué un changement notable chez son adjointe. En effet, d’ordinaire, au cours de ses visites hebdomadaires dans son établissement, le duc rencontrait la marquise afin qu’elle lui dresse un descriptif détaillé sur les événements majeurs qui nécessitaient son intervention ou tout du moins dont il aimerait avoir connaissance. Or, voila que la demi-elfe se comportait de façon très étrange, cherchant le plus possible à éviter son supérieur hiérarchique.

Leurs échanges étaient minimes et il n’était pas rare qu’elle l’évite franchement au détour d’un couloir. Au tout début, Sa Seigneurie se contenta d’observer d’un œil amusé ce petit manège, un peu comme le chercheur regarde son cobaye évoluer dans le labyrinthe pour retrouver un morceau de gruyère. En réalité, il voulait simplement savoir combien de temps elle sera capable de conserver cette attitude étrange. Les semaines passant, voyant qu’elle y trouvait un certain confort, il décida de la pousser dans ses retranchements.

Aussi attendit-il son heure et elle ne tarda pas. Alors qu’il la savait avec un patient au premier étage, il se posta au détour du seul couloir qui faisait la jonction avec le reste de l’aile nord et attendit. Qu’elle ne fut pas la surprise du petit morceau d’elfe lorsqu’elle tomba nez-à-nez avec cet austère personnage, son regard d’acier directement planté dans ses yeux d’un air inquisiteur horriblement complété par cette expression sévère qu’il arborait sur son visage. Elle sursauta. Il donna un petit coup sec de la canne sur le carrelage. Elle sursauta de nouveau. Il n’était pas fort, mais le contexte le rendait terrifiant.

« Vous n’avez rien à me dire, madame Balgor ? », demanda-t-il de sa voix monocorde.

Tinc tinc tinc fut le seul son qui fit écho à sa question. La directrice-adjointe triturait sa boucle d’oreille comme si au final, elle allait la sortir de cette impasse. Aurait-elle des vertus magiques ? Malheureusement pour elle, non…

« Vous me décevez, votre attitude ces derniers temps est la marque de ce que je considère comme un manque de maturité. Vous m’avez habitué à mieux. »

Le deuxième coup de couperet venait de tomber. Cette révélation fracassante aurait-elle un impact sur notre émissaire de l’Ordre du Soleil ? Il laissa planer un long silence, se contentant de la fixer d’un œil critique, avant de faire volte-face et de remonter le long couloir vers les grands escaliers. Ce faisant, il l’invita à le suivre, quand bien même il n’attendait pas la réponse.

« Venez dans mon bureau, je vous prie. »

Le ton était poli, mais il ne fallait pas se leurrer. C’était bel et bien un ordre direct. Allait-elle l’ignorer ? Non, sûrement pas. Certes, elle avait tenté de l’éviter plusieurs jours durant, mais elle n’aurait pas l’insolence de le faire de façon aussi ostensible.

Une fois arrivé dans la pièce, ils s’installèrent, chacun d’un côté de l’épaisse table de chêne. Le duc posa ses coudes sur la table, le dos droit, légèrement penché en avant et joignit ses mains en clocher sous son menton.

« Je vous écoute. Evitez-moi je vous prie les banalités de circonstances et ne niez pas non plus. Cela nous évitera de perdre du temps. »

Il ne perdrait pas une miette de la situation, sûrement pas. Il était également curieux de savoir ce qui paralysait la demi-elfe, encore et toujours hésitante…


Post by Sarä Taur'Amandil, OdS - July 16, 2010 at 10:56 PM

Et bien monsieur Bolton...
Ting ting ting tinggg.

Il est bien vrai qu'au court des dernières semaines le comportement de la directrice adjointe avait changé et c'était maintenant plutôt évidant. Boudait-elle car le surintendant avait critiqué ses robes brunes, sa manière de faire médicalement ou toutes autres raisons obscures? Entendons nous pour dire que Thomas s'habillait encore plus mal de Sarä et qu'il n'y avait rien à critiquer sur les compétences médicales du docteur Taur'Amandil Balgor. C'était donc pour une autre raison qu'elle essayait de l'éviter. Ce n'est pas qu'elle n'avait rien à dire sur le sujet qui la démangeait, au contraire, le problème c'est que Sarälondë ne savait pas trop comment aborder la question et qu'elle voyait dans cette entreprise quelque chose de vaseux qui ne pourrait que mal tourner.

Maudit soit-il! Thomas Bolton avait remarqué et venait à présent de la piéger dans son bureau en la faisant sentir immature et ridicule par le fait même. Déstabilisée et anxieuse à présent, Sarälondë n'en menait pas large dans l'instant présent. Hooo l'envi de tourner le pas et de contredire ostensiblement un ordre direct était passé dans la tête de la petite demi elfe, mais la simple idée des conséquences de cette attitude arrogante qui aurait été plus une réaction de peur que d'arrogance en fait, mettait la demi elfe dans tous ses états.

Le bruit de la canne du surintendant jusqu'à bureau lui donnait une petit moue incertaine, elle devait réfléchir vite. Penses diplomate Sarälondë, pense diplomate! Comment avait-elle pu croire que le directeur ne réaliserait pas le fait qu'elle tournait en rond dans l'hôpital en tentant d'être toujours occupée quand il faisait sa visite hebdomadaire? Peut-être n'y avait-elle pas vraiment cru, mais que c'était en effet une zone de confort que de se laisser aller la dedans. Il aurait été plus simple et moins angoissant de simplement aborder le sujet tout compte fait... Mais ça il était un peu trop tard pour le réaliser, petite moufette.

Face à face, le regard de Sarälondë se déposa sur celui de Thomas, pratiquement plus par obligation que par envi vu l'insistance de l'homme en noir à élucidez les comportements de sa subalterne. D'ailleurs parlant de comportements, vous vous imaginez tous les tics nerveux qu'elle pouvait avoir à ce moment là... Quand elle ne se grattait pas le sourcil, c'était la joue, si ce n'était pas la joue, c'était le grain de beauté et si ce n'était pas ça, c'est qu'elle se frottait le cou et si elle ne se frottait pas le cou, elle jouait avec ses bijoux et si... enfin vous comprenez l'idée. Madame Balgor trouvait toujours quelque chose pour se divertir et être un tant soit peu en mouvement sur sa chaise.

« Je vous écoute. Évitez-moi je vous prie les banalités de circonstances et ne niez pas non plus. Cela nous évitera de perdre du temps. »

La question était tombée et elle était claire et directe... Maintenant il fallait répondre. Après quelques secondes de réflexion en le fixant avec ses grands yeux clairs elle prit parole de sa petite voix réservée et claire, tout d'un bout sans prendre son souffle.

« Madame votre épouse m'a dit que vous enverriez vos enfants dans un pensionnat à Zanther, hors vous m'aviez déjà dit que si vous aviez des enfants vous aimeriez les connaitre, alors je suis restée perplexe devant la situation et je j'ai... Bêtement je ne savais pas comment aborder le sujet. »

Était-ce la seule raison? Peut-être que oui, peut-être que non ou peut-être que toutes les vérités ne sont pas si bonnes à dire. Tout ce qu'elle ajouta ensuite avant qu'il ne prenne parole c'est...

« Êtes-vous certain de vouloir faire ça? »

Et maintenant elle se plongeait dans le silence, attendant la réponse de celui qu'elle pouvait considérez comme son ami... Et ce malgré les réactions qu'il savait encore lui provoquer. C'était sans doute cette même amitié qui faisait que la demi elfe se permettait un peu d'effleurer la question d'ailleurs, en d'autres cas, son questionnement aurait pu être vraiment plus indiscret que ce ne l'est déjà.


Post by Thomas Bolton, Emp - July 19, 2010 at 12:30 PM

Alors qu’elle mûrissait sa réflexion, le Surintendant restait silencieux à la fixer de son regard sévère. Lorsqu’elle parla du pensionnat, une lueur amusée passa un instant dans ses prunelles glaciales. Etait-ce une impression fugace ? Ou bien une réalité ? S’il avait eu cette réaction, était-ce dû au fait qu’elle le mettait face à ses propres contradictions ? A moins que ce ne soit son initiative qui ne le divertisse : elle n’avait pas pour habitude de faire des remarques à son supérieur, qui plus est des remarques d’ordre personnel ! Quoiqu'il en soit, il aurait été bien difficile de donner une réponse à ces questions…

Puis elle termina sa petite intervention et se mura elle aussi dans un silence profond, quoique toujours entrecoupé par de brefs tics nerveux montrant qu’elle était toujours aussi mal à l’aise quand elle s’entretenait avec le premier ministre, quand bien même une éventuelle relation amicale aurait pu les lier. Il ne répondit pas tout de suite, d’ailleurs, se contentant d’appuyer ce regard inquisiteur, comme si sa remarque avait été le summum de l’insolence. De quoi la mettre encore plus mal à l’aise, à vrai dire. Mais finalement, avant qu’elle ne s’excuse ou ne pousse un hoquet de honte, il prononça ces quelques mots :

« Madame mon épouse vous a mal informé. Les jumeaux n’iront pas dans un pensionnat mais dans ma famille de Medelia, encadrés par des précepteurs en qui j’ai toute confiance pour faire ce que j’attends d’eux. »

Il savait que ce qu’il lui livrait ne suffirait pas à épancher sa curiosité, aussi la fit-il mariner un instant dans ce mystère. Suite à quoi, il rajouta :

« Nos conceptions de la famille et de l’éducation sont différentes à Zanther. Je ne vous les expliquerai pas, je doute que vous puissiez les comprendre. Sachez toutefois que cette distance ne m’empêchera pas de connaître ma progéniture. »

Une nouvelle fois, il la voyait tiquer devant cette révélation assez déstabilisante. Où voulait-il en venir ? Comment pouvait-il les connaître malgré les océans qui les sépareraient ?

« De plus, ils rentreront à Systéria relativement jeunes, ce qui ne m’empêchera pas d’avoir entretenu avec eux des échanges bien plus prolixes et fructueux que vous ne pourriez le penser. »

Le ton était toujours aussi monocorde que d’habitude. Depuis le temps qu’ils se connaissaient, elle pouvait comprendre dans le discours qu’il ne lui reprochait pas sa question. Toutefois, il y avait un pas entre prendre connaissance d’un fait et aller à son encontre. Un pas qu’il ne lui faudrait pas franchir.

Le duc s’arrêta là dans ses explications, fixant toujours la marquise du même regard. Si elle voulait continuer à aborder le sujet, elle en avait l’opportunité…


Post by Sarä Taur'Amandil, OdS - July 19, 2010 at 8:45 PM

Haaa... D'accord oui
C'était évident bien sur...!

Alors que Thomas parlait, Sarälondë était d'une attention religieuse à son égard. Entre les phrases du surintendant, elle n'osait rien ajouter pour être certaine de ne pas lui couper la parole, chose qu'elle ne se permettait jamais. Comme toujours le duc était clair et précis dans ce qu'il disait, mais mystérieux et difficile à sonder physiquement, si seulement il avait eu une multitude de petits tics nerveux...! Par contre, cette lueur amusée, la demi elfe ne l'avait pas rêvé, mais que voulait-elle réellement signifier? Peu importe, elle n'irait surement pas le demander et hypothèse n'aurait pas pour effet de la rassurer. La petite Sarä était déjà bien trop mal à l'aise de se retrouver devant cet homme à cet instant, il ne fallait pas aggraver son état de nervosité.

Ce qui la rassurait par contre, un peu, c'est qu'effectivement elle comprenait à travers le ton monocorde de Thomas Bolton qu'il ne lui tenait pas rigueur de la question à saveur personnelle. Ce qui l'exaspérait d'elle même intérieurement par contre, c'était la déception dont il lui avait fait part quelques minutes avant à propos de ses techniques douteuses d'évitement. Stupide stupide stupide! Sarälondë se jurait mentalement que quelque chose du genre n'arriverait plus et qu'elle n'avait pas à avoir aussi peur de le décevoir. Bon elle avait beau tenter de se convaincre, dans les faits les résultats n'étaient pas garantis.

Quand Thomas eu finit de parler, elle ajouta quelques mots avec toute la réserve qu'on peut lui connaître. Sarälondë cédait littéralement, ne s'accrochant même pas à l'idée de le contredire... La marquise s'était pourtant pratiquer avant, dans l'éventualité de cette discussion qui était pour elle inévitable tellement ça lui travaillait l'esprit.

« Merci de l'explication... Sans doute ai-je mal comprise ce que votre épouse me disait, c'est possible. Mais vous avez raison, j'ai eu peu de mal à me figurer le tout vu ma culture, ma conception de la famille diffère mais... Ce n'est pas de mes affaires dans le fond...Je vais retourner dans mon bureau si vous me le permettez. »

Avant qu'il ne puisse prendre parole elle ajouta quelques mots avec un timbre de voix fautif.

« C'était immature de vous évitez, je suis désolée. »

Ses yeux limpides fixaient les yeux d'acier du Surintendant après cette phrase où elle se défilait de toutes autres questions. Distraitement Sarä jouait avec son bracelet en attente de la phrase qui ferait qu'elle puisse s'enfuir sous une tonne de paperasse pour tenter d'oublier cet étrange instant.


Post by Thomas Bolton, Emp - July 20, 2010 at 1:33 PM

Le duc regardait sa subalterne triturer nerveusement son bracelet, alors qu’elle lui faisait des excuses de ce ton humble et fautif qu’elle avait l’habitude d’employer lorsqu’il l’admonestait. Il la fit quand même mariner quelques secondes, comme s’il réfléchissait encore : allait-il lui pardonner ou lui faire une nouvelle remontrance ? Pesait-il le pour et le contre ? Quoiqu’il en soit, après ce bref instant où planait un suspens presque insoutenable pour la directrice-adjointe, le directeur de Sainte-Elisa répondit d’un ton très calme et posé :

« Que cela ne se reproduise plus, madame Balgor. Si vous faites face à un problème, un obstacle ou un doute j’attends de votre part une réaction mature et responsable. Faites mieux à l’avenir. »

Oui, c’était ça. Il passait l’éponge. Cependant, le Surintendant avait toujours le chic pour pardonner tout en laissant planer une horrible menace au-dessus du crâne du fautif. Oh, une menace non-verbale certes, mais bien présente. Que ferait-il si pareille erreur se répétait ? C’était tellement difficile de grimper dans l’estime de ce si austère personnage et si ardu de s’y maintenir ! Un revers pouvait être ressenti comme un véritable camouflet.

« Vous pouvez disposer. », ajouta-t-il simplement avant de plonger le regard vers un des dossiers qui traînait, ouvert sur le bureau de l’ancien docteur Patreck.

Ah, enfin, la délivrance ! L’occasion pour elle d’aller trouver un quelconque catharsis dans sa paperasse…