À la cours de Briganne

À la cours de Briganne

Post by Hydre - July 17, 2010 at 4:15 AM

Des airs festifs sous des regards hypocrites...
Voulez-vous danser?

Les chuchottements se succédaient sur le passage de la magnifique créature blonde. Mais comme le cygne, fière, belle et gracieuse, elle marchait. Saluant ses quelques connaissances sur le passage. La nouvelle patricienne allait rejoindre d'un pas ferme, féminin, Maria Patrassil. Coquettes comme au jour d'un grand mariage, elles se promenaient et rencontraient d'autres membres éminents de l'entourage des héritiers à la couronne. Une grande soirée commençait. Il fallait préparer ses armes, et rester alerte, chaque faux pas pouvait tomber sur vous comme le couperet sur la gorge.


Plus tôt, dans la journée, Hannah de Veldur reçut sa nouvelle alliée pour une disette autour d'une bonne tasse de thé. Un thé au miel, sous un zeste de citron. Tout aromatisé d'un nuage de lait. Typiquement Brégunien. Patrassil, une véritable merveille à qui voulait avoir la dernière nouvelle courante, faisait la conversation. De caractère exhubérante, elle racontait les rumeurs avec un talent qui lui semblait inné. Faisant du récit à priori le plus anodin une aventure rocambolesque. Entre deux biscuits et quelques gorgées de thé, les deux femmes s'échangèrent leurs impressions sur les vêtements dernier cri, l'accessoire par excellence à avoir à portée de la main et la nouvelle tendance, côté maquillage. Cette année, le faux point de beauté sur le côté gauche du menton était bien en vue. Une heure de discution avait été suffisant pour préparer la nouvelle patricienne à son entrée à la cours.


Un amas de femmes, jeunes et moins jeunes, s'amassèrent autour de la Patrassil alors qu'elle allait commencer à parler de la nouvelle rumeur. Et un roulement de gorge fit se retourner la jeune diplomate.

"Voulez-vous danser?"


Post by Hydre - July 17, 2010 at 3:20 PM

Pas de canard sous le voile d'un cygne.
Comment avouer "je ne sais pas danser"...?

La musique était opulente. Elle représentait bien le chaos présent qui régnait dans la salle du trône. Il était encore étonnant que l'on puisse l'entendre sous l'écho des piaillements des dames entourant madame Patrassil. Tantôt calme et discrête, puis ensuite aussitôt enveloppée d'une énergie débordante. Comment faisaient tous ces autres gens, pour danser en faisant toutes ces figures complexes avec leurs pieds. Le dos restait bien droit la tête qui tournait d'un côté, et puis de l'autre, suivant la direction à laquelle se vouaient leurs pas de danse. Il aurait été trop honteux d'avouer ma carence. Une autre solution devait être envisagée. Plusieurs visages tournés vers moi, je ne pouvais faire patienter ce cavalier encore inconnu plus de quelques secondes.

Sans avoir l'air farouche, ni trop bonne fille, je déclinai cette invitation comme suit: "C'est fort aimable monsieur, mais je n'accepterai pas l'invitation du premier venu. Cependant, vous pouvez très bien m'accompagner jusqu'au buffet afin que nous discutions.". J'avais d'abord craint que l'homme, encore inconnu, ne s'offusque devant un refus. J'ignorais encore s'il n'était qu'un patricien, comme moi, ou bien un membre de la noblesse. Mais je fus ravie de voir qu'il était, au contraire, plutôt intrigué devant mes airs un peu indomptée. Le mystérieux personnage marcha donc à mes côtés, en nous dirigeant vers la table parée d'un luxueux repas festif.

-"Vous êtes donc la fille de la regrettée Linelle de Veldur", commença-t-il. "N'est-il pas étonnant que vous ne réapparaissiez que maintenant?", continua l'intriguant d'un ton commun. Agacée, je lui répondit à peu près ainsi: "Il ne l'est pas, en considérant que je viens tout juste de terminer mes études en terres de Zanther et suis à peine revenue il y a quelques jours. D'ailleurs, pour continuer dans la trempe des questionnements, puisque vous savez qui je suis, pourquoi ne m'informez-vous pas de votre identité?". J'étais plutôt heureuse de pouvoir le prendre à son jeu de suspicion. Un grand arrogant. Mais plutôt que de s'offusquer, mon manège sembla l'amuser. Un fin sourire rusé s'étira à la commissure de ses lèvres. Il arrêta la marche, à quelques pas encore de la table des victuailles. Celui qui s'était improvisé mon camarade de bal se plaçait de sorte à me faire une présentation officielle. Une main dans son dos, au creux de ses reins, l'autre tendue, pour recevoir ma main. Il s'apprêtait à s'incliner, tout en m'offrant son identité.


Post by Hydre - July 21, 2010 at 4:27 PM

Quelques jours plus tard...

L'éclat bleu saphir du regard du prince était effrayant. Intelligent, calculateur et si froid. Tout ceci dans un visage qui, autrement, en d'autres circonstances, j'aurais pu trouver si séduisant. Sa peau fraîche, rose et bien rasée, ses cheveux d'un blond de sable blanc. L'allure princière désinvolte, dans ses vêtements d'apparat. Les rideaux fermés derrière lui, menant au balcon, ondulaient sous les volutes oniriques du vent. Quel tableau à la fois féérique et lugubre. L'ambiance tamise de la transition entre ce qu'on appelle une soirée et une nuit. Les flammes des chandelles qui ne bougeaient que de petits soubresauts.

"Tuez-la."

Les paroles du prince avaient été énoncées comme s'il me parlait d'un motif de tapisserie. On me demandait cet acte ignoble. Mais par dessus-le tout, il ferait accuser la seule alliée que j'avais sû me trouver dans cette fosse aux loups. J'éprouvais déjà des regrets. Oui, des regrets. Les années m'avaient attendrie, ou bien avais-je toujours été une grande sentimentale. Quoi qu'il en soit, je ressentais toujours cette grande amertume lorsqu'il venait le temps de mettre un Homme à mort. Encore plus lorsqu'on me le comandait. Mais s'il me fallait choisir entre ma vie et celle d'un autre, souvent, j'aimais mieux sacrifier celle de l'autre. Allez comprendre pourquoi, j'ai encore la certitude que j'ai de grandes choses à accomplir dans un avenir plus ou moins lointain. Peut-être aussi est-ce ma façon de me disculper intérieurement des actes horribles que je m'apprête à commettre.

"Tuez-la..."

Ses paroles résonnaient encore dans ma tête lorsque je suis montée aux jardins. J'espérais pouvoir me retrouver toute seule sous le ciel. Sous ce même ciel que ceux que j'aime regardent sûrement en ce moment précis. C'est bien la dernière chose qui me lie à eux. Seigneurs, donnez-moi la force... Mais au moment où je levais les yeux, j'aperçus pas moins qu'une elfe. Mon coeur fit deux tours et faillit chavirer. Elle était là, silencieuse. La princesse El'Aglar.

Une journée, trois entitées princières. Et quelle journée ce fut! Seule au monde, l'elfe ne partageait pas la même vision que moi de la vie, mais nous étions bien d'accord sur comment considérer la jungle de la cours Brégunienne. La sagesse des elfes n'est pas reconnue pour un rien. Ses paroles sûrent me réconforter, sûrement à son insu. Puis, elle épingla le papillon de nuit - mort - sur le bustier de ma robe. Savait-elle ce qui se tramait? Avait-elle des pouvoir télépathiques? Qu'importait, vraiment.

L'elfe avait sû m'insuffler la solution à mon problème. Je remplirais toutes mes promesses. J'avais soudainement trouvé le moyen de satisfaire toutes les exigences qu'on m'avait formulées. Et de tout cela, les sacrifices seraient limités. J'étais heureuse de l'ingéniosité dont m'avait inspirée la créature druidique et je trouverais le moyen, que ce soit sous forme vivante ou sous forme d'esprit, de la remercier à sa juste valeur.

Demain, j'irais voir la princesse Celes de Brouxg, et l'acte final débutera.


Post by Hydre - July 22, 2010 at 3:43 PM

Acte final
Toute oeuvre a une fin...

Je me suis inclinée bien bas avant de prendre congé de la princesse El'Aglar. Si tout fonctionnait, elle m'aurait été d'une aide précieuse. Autrement, je lui serais à jamais en dette et je devrais passer ma vie à me racheter. Mais avec tout ce que je venais de vivre, et tout ce que j'allais vivre, je comptais devenir une personne meilleure. Plus proche des éléments avec lesquels j'avais toujours eu beaucoup de connivence à travailler.

Lorsque je descendis les marches du balcon, un grand vide s'installa au creux de mon ventre. Je jouais le tout pour le tout. Advienne que pourra, dans le pire des scénarios, je mourrais en essayant de vivre... et d'épargner des vies. Lorsque je passai la porte de ma chambre, pour quitter le grand dortoir, on m'offrit le livre des départs. On avait prévu que je ne reviendrais jamais. La lourdeur dans l'âme, la tristesse dans le coeur, je quittait cet endroit pour la dernière fois. Non pas que j'étais triste de ne plus jamais y revenir. Au contraire, je détestait le palais de Brégunia, tout ce marbre blanc me donnait la nausée. Mais plutôt qu'on avait prévu que je ne reparaîtrait jamais dans cette chambre... où reposait encore mes effets personnels.

J'étais mise à mort. Mais tout n'était pas terminé. Ainsi, j'allai voir ma seule alliée dans ce damné palais. L'arcaniste Charissa. Si le prince tenait sa parole, je me devais d'avertir la magicienne que son sort était une fois de plus menacé. J'avais également besoin de son aide, encore une fois. C'était égoïste peut-être de faire ainsi, du moins, d'un point de vue Systérien. Mais j'avais appris beaucoup dans mon séjour. Et le sacrifice de soi est un honneur. Pour chaque personne résidant entre les murs épais du grand bloc de marbre qu'est le château.

Lorsque j'atteignis la salle des arcanes, la dame Sirena de Valos sortit, sous excuse qu'elle avait terminé. Mais il semblait que tout avait une superficialité étrange. Peut-être que mon air bredouille en avait déjà dit trop long sur mes intentions. Quoi qu'il en soit, je pris aisément d'une à deux heures pour partager mes impressions, mon affection et ma considération envers Charissa. J'étais émue, et je ne pouvais prendre le risque que sa vie soit en danger par ma faute, sans l'aviser d'abord. Je voulais qu'elle parte avec moi. Qu'elle m'accompagne. Qu'elle fasse de moi une personne meilleure. Je lui offrit mes plus sincères considérations, ce qui représentait toujours pour moi une bien piètre consolation. Mais j'étais une condamnée à mort, et c'était là ce que je pouvais offrir de plus grand. Lorsque mes préparations furent terminées, je pris congé de la magicienne. Prête à affonter mon destin.

La marche funèbre débuta, et rapidement, je me retrouvais dans la chambre de la princesse Celes de Brouxg. D'une voix fluide, avec un débit peut-être un peu trop rapide, je lui énonçai mes intentions: Je tiendrais toutes mes promesses. Je l'aiderais à racheter l'estime des patriciens et autres noblesses de la cour, je la tuerais et l'aiderais à accéder au trône. Pas tout à fait dans cet ordre, mais presqu'exactement. Ensuite, je mis le flacon de poison sur son pupitre. Le poison de "mort temporaire" ou encore baptisé le "coeur patient".

"J'ai été vaincue par Miran, il est le seul véritable souverain. Devrais-je me donner la mort maintenant, ou bien combattre mon dernier duel?"


Post by Yuri Minh Yu, AdC - July 22, 2010 at 4:09 PM

Parfois, le cygne nait noir. Il n'y peut rien, il est différent.
La dernière danse.

Le discours de la princesse fut beaucoup plus beau, plus touchant que cette maigre ligne. Mais je ne saurais le reproduire fidèlement tant je fus émue à ce moment. Je réalisais que mon coeur était beaucoup plus bon que je ne le souhaitais. Ma couverture ne me servais plus à rien. Même si j'avais encore ce magnifique corps blond. Je ne pouvais plus être une autre à ce moment.

"Je crois que vous devriez sortir la tête haute et affronter votre adversaire de front. C'est ainsi la façon la plus honorable de terminer. Vous serez, de cette manière, un exemple de courage."

Celes de Brouxg me demanda de l'accompagner. Ce que j'aurais fait, même si elle ne l'avait pas réclamé. Je sentais que je devais la soutenir, jusqu'à la fin. Alors nous nous mîmes à marcher, résolues toutes deux. Avançant vers notre mort. Mes pensées allèrent encore une fois vers mes enfants. Vers Aube. Était-elle prête à gérer sa parcelle de domaine Systérien seule. Je songeais à Kalidor. Irais-je rejoindre mon mari dans l'autre monde. Puis d'autres noms déferlèrent dans ma tête. Notemment Sinriia, Brehan, Khayzane et même Acturus Polymaro. Je ne sû jamais ce qui était advenu de lui. Nous montâmes de longues marches, vers la grande tour. Sous le regard de Lilyanne Bella'Za, de Sirena de Valos et même de l'arcaniste Charissa, qui n'avait rien. La princesse et moi entrâmes dans les appartements de la tour, où le prince Miran attendait. Il était isolé sur le balcon. Le même où je m'étais retrouvée peu de temps avant.

Au pied de la commode, je cessai d'avancer. La princesse progressa seule, allant rejoindre son frère. La mine résolue, le coeur déterminé, elle se livra à lui. Un échange digne de tous les grands romans s'en suivit. Et si je ne vous le retranscris pas, c'est bien parce que j'aurais trop peur de bafouer l'original. Et au moment où je crus que Celes serait mise à mort, le prince lui dit de se relever. Qu'elle avait fait ce qu'on attendait d'elle et que désormais, ils se retrouveraient plus unis que jamais, plus fort.

Étais-ce mes paroles qui avaient sauvé la princesse, ou bien sa noblesse de coeur? J'ai le culot de croire que c'est un peu des deux. Alors que tous se retournaient vers moi, je fis mes prières au fond de moi-même. Comment aurais-je pu croire qu'en allant récupérer Acturus Polymaro, je me serais retrouvée au centre même d'une telle mascarade. Que j'aurais servi à rallier tous les clans Brégunien sous un même étendart. Moi, une aberration à leurs yeux. Prête à affronter la mort, Miran de Brouxg me dit qu'il avait encore une mission à me faire accomplir. Mais pour le faire, je devrais récupérer mon corps d'origine. Dans quelques jours, on me remettrait entre les mains de nul autre que Thomas Bolton.

Ainsi, je verrais l'île de Systéria au moins une dernière fois. J'eus envie de pleurer. De joie? D'épuisement? Quelle importance, je rentrais chez moi...


Post by Thomas Bolton, Emp - July 25, 2010 at 11:22 AM

Les habitants du village des dresseurs, qui se situe à l’ouest de la cité, furent très étonnés de voir débarquer un beau matin le premier ministre de l’Empire. Ce dernier marchait tranquillement dans les vastes prairies verdoyantes, se dirigeant de son pas régulier vers le lieu ou la mer et la montagne se rejoignaient. On chuchotait sur son passage, ce n’était pas un événement très commun. D’ordinaire, seuls les voyageurs et autres aventuriers de tout poil y faisaient des haltes. Le Surintendant, lui, ne leur accorda pas un regard, ne dérogeant pas au chemin qu’il s’était fixé. Finalement, il arriva à sa destination. Et à cet endroit, il n’y avait pas âme qui vive.

Quelques minutes plus tard, du haut des remparts du palais, des gardes purent apercevoir un rayon lumineux descendre du ciel pour frapper le sol, loin à l’ouest. Etait-ce une manifestation divine ? Cet extraordinaire phénomène descendait droit d’un immense nuage d’une blancheur éclatante. Peut-être était-ce une manifestation de Thaar ? La rumeur put alors l’interpréter en ce sens. N’était-ce d’ailleurs pas là que Sa Seigneurie s’était rendue, si on prenait en compte le témoignage des dresseurs et apiculteurs qui se trouvaient dans la zone toute proche ? Autant de questions qui ne trouveraient pas de réponses de sitôt.

Qu’advenait-il du premier ministre, pendant ce temps ? Et bien, notre homme était en pleine discussion, en plein débat sur la géopolitique avec un hôte de marque. Les propos qui s’échangèrent ne seront pas détaillés ici car ils sont du domaine du secret et son destinés à demeurer confidentiels. On peut simplement retenir que deux grands esprits devisèrent sur la situation à l’international. Quand ils eurent terminés, quelques heures plus tard, un nouveau rayon lumineux s’abattit sur les prairies environnantes, près du premier point d’atterrissage. Les badauds n’ayant pas eu le temps de s’y précipiter, personne ne put trouver une explication cohérente à cette apparition.

Plusieurs minutes s’écoulèrent avant que le duc Bolton ne retourne au palais. Nul ne sait comment il fit. Ce n’était certainement pas de la magie, car l’homme n’était pas mage et qui plus est, l’édifice entier était protégé contre la téléportation. Sans doute y avait-il un énième passage secret créé par l’esprit biscornu et alambiqué du zanthérien. Quoiqu’il en soit, notre homme se retrouva dans une de ces petites pièces secrètes, dont personne ne se doute de l’existence. C’était une simple incohérence architecturale qu’il aurait été bien difficile de mettre à jour. Quelqu’un se trouvait à ses côtés, une silhouette endormie.

D’une des nombreuses poches de sa toge, il sortit une petite fiole qui contenait un liquide brun. Il pinça les narines de son patient improvisé pour l’empêcher de respirer et lui en fit boire le contenu. Le visage, doux et beau, sembla soudain plus apaisé, plus tranquille. La respiration s’était stabilisée, les muscles n’étaient plus tendus. Le ministre utilisa un foulard pour en faire une boule qu’il plaça sous son crâne, afin de lui apporter un peu plus de confort. Son regard d’acier l’examina encore quelques instants, puis le duc se détourna pour retourner à ses nouveaux appartements.

Passant la trappe, grimpant – difficilement – à l’échelle, traversant un grand nombre de couloirs, montant et descendant les multiples escaliers de la résidence de la famille impériale, il retourna à son bureau pour prendre quelques notes.

Les jours qui suivraient seraient particulièrement intéressants…