Quand le rêve se change en cauchemars
Post by Daryl Sarion, CP - August 4, 2010 at 11:16 AM
Quand le rêve se change en cauchemars...
Une âme errante foulait le sol de la citée à la recherche d'un refuge. Étrange il était de le voir, provenant des quartiers de l'ordre. Certains avaient déjà vu ce jeune homme, mais cette fois il avait mauvaise mine. Il rentra dans la première auberge qu'il trouva et on ne le vit pas sortir, pas avant des heures.
Je prenais sur un balcon du temple pendant cette douce soirée, grattant des airs connus et anciens de mes doigts sur les cordes de mon luth. Tout était si calme, paisible, pour une rare fois, j'étais simplement bien. Je fredonnais un air avec une passion vibrante quand un frisson me traversa. Un frisson causé par cette si douce voix, mélodieuse et désirée, qui prit suite à la ballade. Je parvins de justesse à ne pas fausser l'accompagnement, sous mes doigts qui refusèrent de me répondre. Je levai un discret regard vers cette silhouette, cette femme si douce et aimable...
Shandri Eäm'Arÿlth.
L'ambiance était étranges, et presque magique. Mais je craignais de me réveiller. Elle s'approche, et puis nous débutons une discussion plutôt banale, mais qui avait beaucoup d'importance pour moi. J'ose lui adresser un pâle sourire, je me surprend à la voir sourire si doucement, pour réaliser que c'était à un nouvel arrivant qui en était la cause. L'homme passe l'arche à son tour pour braquer un regard- si froid, sur moi, comme je les connais bien. Il rebrousse sa posture, pour se faire intimidant. Malgré moi, je m'écrase un peu, et dire que ce n'est que le commencement. J'ose demander:
-Est-ce que ma présence ici dérange..? Je vous prie de me le dire, si c'est le cas.
On m'assure que non, que je suis le bienvenue dans le temple. Je tente de me détendre un peu alors... Si gentille, elle me dédie un autre compliment sûrement pour me faire sentir plus à l'aise, elle loue mon amélioration aux instruments, je ne peux qu'étirer un sourire honoré. Je lui avoue alors:
-Ce compliment me touche, venant de votre part. C'est vous qui a su m'inspirer dans cette voie.
Elle me fait part que de son côté, elle ne joue presque plus, en plaçant ses talents de côté pendant trop longtemps. Je me vois visiblement désolé, par ce qu'exprime mes traits. Pendant ce temps, l'homme semble peu intéressé, il regarde ailleurs en effleurant le chapelet de ses doigts... Je lui porte un petit regard mais sans plus. Avec simplicité et sincérité j'ajoute:
-Votre voix est toujours des plus agréables à entendre, je suis persuadé que Sieur Minor ne peut qu'en convenir s'il vous a déjà entendu chanter.
Mes mots sortent si naturellement, voir un peu fasciné. J'aimerais tant avoir une once de son talent... La conversation reprend et nous abordons les arcanes, et je lui avoue que je cherche toujours une manière de lui être redevant pour l'aide qu'elle m'avait apporté quand j'œuvrais dans l'ordre. C'est là qu'il versa le premier sang. Le paladin se choque, à ma grande surprise, je suis... déstabilisé et prit au dépourvu devant autant de haine venant d'un inconnu:
-Si bonne envers-vous au point de tenter de l'éloigner de l'Ordre?!
La mâchoire du paladin se crispe, sa main s'arrête sur son chapelet, surpris de ce geste je m'attend à une attaque, mais je ne vois que ses jointures si blanches. Déconcerté, je leur offre sûrement la pathétique image d'un animal sans défense se faisant agresser. Je lève mes yeux vers lui et vers elle en cherchant à comprendre. En guise de réponse, Lucius F.Minor pointe sévèrement la sortie du temple, comme on le fait à un chien. Toujours assommé de surprise et d'incompréhension, je toise l'aimable demoiselle, elle qui a toujours su être là quand la douleur était présente. Elle semble fermée et ajoute:
-Je lui ai dit que vous m'avez mis en garde contre mes proches... Ce qui inclut également l'Ordre.
À ce même instant, je répond, insulté, blessé et offusqué pour le paladin:
**-Vous n'avez nul droit de me mettre ainsi à la porte du temple, Acolyte Minor, car je n'ai rien fait de mal. **
Je rive un regard sur Shandri, ses mots font l'effet d'une dague qu'on fait tourner dans la chaire. Pourquoi toute cette agressivité soudaine? Que diable a-t-il bien pu se passer depuis notre dernière rencontre? Elle me questionne si j'osais mettre le doute en elle. Pendant ce temps, lui me crache un truc du genre:
**-Je n'ai pas à me justifier, surtout pas devant vous! Et encore moins devant la Grande Légat. **
Suite à ses mots elle rajoute, sans doute par simple courtoisie, mais la morsure demeurait:
-Si vous cherchez ici lumière et quiétude, soyez le bienvenue. Mais n'insufflez pas aux membres du clergé la crainte et la méfiance entre eux. Mes proches demeurent tous ici.
Cette fois c'est trop, après ces lacérations laissés par leurs mots je me reprend en main et me défend de la sorte:
-Pourquoi avez-vous fait lien avec les membres du clergé? Jamais je n'ai spécifié de nom. Vous savez tout comme moi que le peuple de Systéria n'est pas aussi bon qu'il prétend.
Le paladin aux gros bras crache une fois de plus:
-Hormis si ce n'était de vous même?
Je m'interrompt dans mes propos quand ces mots me font l'effet d'une dague vicieusement plantée, je suis vraiment insulté je fais une allusion à Sainte-Élisa. L'autre-fois douce demoiselle me questionne si je voulais la mettre en garde contre ses patients. Mais le mal est fait, je me sens comme un mourant encore debout suite à ces multiples lacérations... si gratuitement. Je trouve la force et la dignité d'ajouter:
-Je ne vous laisserai pas librement m'insulter et me salir de la sorte. Je ne crois pas qu'il soit bon que nos routes se recroisent. Vos agissements, Sieur Minor, ne peuvent que me donner raison sur la décision que j'ai pris de quitter l'ordre. Je vous souhaite toutefois bonne vie, car je ne vous en veux pas personnellement.
Sans aucun au revoir, je porte un dernier regard vers la damoiselle. Elle semble très mal vivre l'affrontement, avait-elle des remords d'être complice de ses assauts vicieux envers moi? Je ne m'en souciais plus... Je passe la position du paladin en m'attendant de subir un assaut final et fatal de sa part, c'est ce qu'il désir, j'en suis persuadé. Mais il n'en fait rien... Je passe mon chemin et je dévale les marches du temple. Je laisse ce quartier derrière moi. Ce quartier qui fut un partie de moi depuis mon arrivé. Et sûrement cette seule vraie amie que j'ai su considérer, amie qui s'est changée en bourreau...
Tel qu'âme errante je foule le sol de la citée à la recherche d'un refuge. Étrange il est de me voir ainsi, provenant des quartiers de l'ordre. Ces quartiers si réputés, de gens au grand cœur, serait-ce simplement un mythe? Je rentre dans la première auberge afin de me terrer comme un animal blessé dans une tanière, avec un tel goût amers dans la bouche et une déception stridente. Je te souhaite bonne vie, Shandri Eäm'Arÿlth.
Post by Adalard Dranem A.K, OdS - August 4, 2010 at 12:20 PM
Un autre jour.
*Une seule personne différente. *
Habillé en civil, Dranem était venu prier dans le temple de Thaar, se recueillir en silence, questionner le tout puissant. Puis, alors qu'il priait seul, il termina doucement sa prière pour ouvrir tout aussi doucement les yeux. Suite de quoi, il se dirigea dans les jardins du temple pour venir s'assoir calmement près de la fontaine, regarder l'eau couler, aussi relaxante soit-elle. Il ne prêta pas attention vraiment aux gens qui étaient là, il ne désirait pas attirer l'attention, simplement réfléchir. Et c'était son endroit favori pour le faire.
Alors qu'il conservait son silence et que sa mine semblait troublée, ses iris émeraude fixant la fontaine, l'acolyte Minor, qui était alors près de Shandri, - comme à chaque fois qu'il les voyait d'ailleurs - arrêta sa conversation avec la demoiselle pour prendre la parole vers Dranem.
- J'attends des excuses de votre part.
Fut environ le résumé de ses dires. Dranem l'ignora donc totalement, non pas qu'il se voulait insultant, mais il n'avait pas envi de débattre, ni de s'excuser pour quelque chose qu'il ne considérait alors pas comme un tord, et ses excuses, il les avaient déjà rendus à qui de droit. Qui plus est, en son caractère qu'il savait lui-même orgueilleux, il n'avait tout simplement pas envi de parler. Déjà beaucoup de problèmes pesaient sur ses épaules.
Néanmoins, Lucius insita, et ce à plusieurs reprises, même si Dranem ne désirait pas parler car il savait que ça ne ferait que s'envenimer s'il prenait la parole, c'était toujours ainsi..
[...]
*Évidemment, il avait finit par céder et prendre la parole, suite à cela une discussion dans laquelle le ton montait sans cesse s'en suivit. *
- Je n'ai pas envi de m'excuser à un homme de votre arrogance..
Fut la réplique qui mit alors Lucius le plus hors de ses bonds, la discussion continua cependant un moment. Demoiselle Shandri restait néanmoins en retrait, et elle semblait peinée de les voir ainsi se disputer, du moins, c'est ce que Dranem put percevoir, selon sa vision des choses.
Par la suite, Lucius pointa l'extérieur du temple comme on le faisait à un chien, en ayant l'habitude vraisemblablement. Adalard ne se fit donc pas prier pour quitter, il ouvrit la porte calmement.
- Compassion et Humilité, n'est-ce pas.. ?
*Et il partit sans attendre de réponse, refermant calmement la porte derrière lui. Il ne croyait pas que le fait que les gens soient dans l'Ordre fasse de leurs paroles la vérité absolue, même s'il savait qu'il ne la détenait pas non plus. *
Post by Daryl Sarion, CP - August 4, 2010 at 1:46 PM
Quand le cauchemars d'un se repend sur les autres...
Sur un coup de tête, animé d'une énergie nouvelle, le jeune homme sorti de l'auberge en se traversant la citée vers l'ouest. Il ne regardait personne, et son pas se faisait accéléré. Ces murs, ces rues étroites, ces gens si nombreux rendait presque l'air suffocante. C'est ainsi que le jeune homme emprunta la sortie de la citée, en s'éloignant sans regarder derrière lui. Quelle était la destination? Peu importait.
Longeant flots et puis les montagnes, il fut forcé d'arrêté quand cette douleur intérieure qui lui avait accordé cette énergie nouvelle, fut trop grande. C'est ainsi que près des montagnes, sur le bord d'une plaine, le jeune homme vacilla et vint s'assoir près d'un rocher, épuisé ou rongé de l'intérieur. Il était entrain de se maudire de cette impulsivité quand il attira de l'attention non désirée. Un regroupement de personnes qui l'avait entouré. Conscient de son erreur, le jeune homme tressaillit, et il trouva la force de se relever. Un femme du groupuscule prit la parole:
-Que fais-tu si loin de la ville mon beau, c'est dangereux ici, tu sais?
Une autre femme et elle échangèrent un air mesquinement complice pendant que les rires gras des hommes résonnèrent avec écho vers les montagnes. Il les passa rapidement en regard pour évaluer leur nombre, alors que leurs intentions restaient claires.
-Je n'ai que peu d'or et d'objet de valeur sur ma personne, prenez ce que vous voulez, et laissez-moi en paix.
Les criminels du groupuscule semblèrent prendre un vil plaisir à le dévorer du regard de la sorte. Deux hommes prirent l'avant vers lui, pour lui arracher sa bourse... le premier élança un coup de poing en direction de l'homme, qui par un étonnant réflex de survie réussi à le parer en levant son avant-bras, alerté. Aussitôt, le deuxième le frappa solidement sur la tempe pour le corriger en crachant:
-Sale chien, on va te dresser, tu vas regretter ça!
C'est alors qu'ils se mirent à trois pour faire pleuvoir coups de poings, coups de pieds et de gourdins sur tout le corps du jeune homme. Mais quelle idée c'était aussi de s'éloigner de la citée de la sorte..! Les criminels cessèrent pour admirer le résultat de leur "travail". Daryl Sarion était allongé au sol, plusieurs lacérations et coupures au visage, son corps semblait très douloureux. Il toussa rauquement en recrachant un peu de sang. Il parvint à se retourner sur le côté, bien lentement et douloureusement quand il leur murmura à basse voix, assez pour qu'ils puissent entendre, dans un pâle et faible sourire ensanglanté:
- Shandri, je suis désolé...
Le groupuscule se lancèrent un regard amusé et malicieux pendant ce moment de divagation de leur victime. La première femme lança:
-Ça suffit, il à assez souffert. Finissez-en avec lui.
Le plus gros du groupe grogna quelque chose d'inaudible dague en main en s'approchant du blessé. Mais au moment qu'il allait lui ficher la dague dans la gorge, deux mots sortirent si énergiquement de la bouche du blessé:
-Rel Por!
À l'instant même, Daryl se trouvait une quinzaine de mètres plus loin à leur arrières. Un des criminel hurla:
-Comment?! C'est un sorcier, abattez-le!
Ils fondirent tous en sa direction, pendant que Daryl se tenait debout, aussi chancelant qu'un nouveau nés. Le jeune homme leva ses mains en semblant encercler tous ceux qui avaient osés le blesser de la sorte. En transe, l'éther autour de lui commençait à se déchirer quand une fois presque arrivés à ses avants pour le frapper, une puissante vague d'énergie se referma contre les criminels avec une telle violence. Plusieurs hurlèrent de douleur, quand d'autres tremblaient sur contre le sol. Les cheveux de Daryl étaient dans le vent, alors qu'il intensifiait de plus en plus le sortilège pour se venger de ces bâtards. Une vague d'énergie corrosive se leva et vient se refermer sur le groupe, laissant chacun d'eux dans l'agonie.
La menace n'était plus... Sieur Sarion tremblait de toute part, vidé de ses énergies suite à ce puissant sortilège offensif. Son corps le faisait affreusement souffrir, de peine et de misère, il parvint à empoigner une mystérieuse rune dans ses effets, et canalisa ses dernières énergies en faire usage.
-Kal... Ort...Por!
La silhouette du jeune homme se matérialisa à l'extérieur de Saint-Élisa, en si mauvais état. Un infime sourire ensanglanté s'étira à ses traits sous sa réussite, avant que l'étourdissement le frappe, et qu'il s'écroule soudainement sur le sol. Tout était noir, et la tête lui tournait... il pu entendre quelqu'un accourir vers lui, et puis le néant.
Post by Lucius Flavius Minor, Ods - August 4, 2010 at 9:04 PM
Bien évidemment les histoires sont souvent écrites à l'avantage de leur auteur, particulièrement lorsqu'elles les touchent personellement. Au final ces histoires deviennent porteuse d'un message différent de se qui était réellement, témoignant souvent de la malhonnêteté de celui qui manie la plume, cherchant à se justifier auprès d'autrui sous une forme de la pitié. Incapable de faire face humblement à leurs propres actes et paroles, rejetant leurs malheurs sur la proie la plus facile à atteindre...
Étais-ce là le fruit du malheureux hasard ou le simple destin? Le jeune paladin qui avait profité d'une marche de réflexion au sud-est de l'établissement médical était sur son chemin de retour. Sourcils froncés, quelque chose vint brusquement rompre son pas, et ses réflexions. Il scruta instinctivement les lieux, jusqu'à ce que ses yeux clairs vinrent effleurer la surface du corps de l'être, gisant au sol.
Sans hésitation, l'acolyte interpela ses confrères devant les portes afin qu'ils viennent lui apporter leur soutient. S'approchant sous un pas plus soucieux, le jeune blond détailla gravement les blessures de l'individu. Ce n'est que lorsqu'il s'arrêta au visage qu'il figea sur place, ses propres traits se refermant aussitôt en une expression aussi rigide que l'acier. Il glissa tout doucement sa main vers le chapelet qui entourait sa taille, y refermant sa poigne pour finalement se prononcer d'une voix claire.
- Sieur Sarion, m'entendez-vous?
Post by Daryl Sarion, CP - August 4, 2010 at 10:47 PM
Ces quelques mots raisonnent dans ma tête, de manière irréelle.
- Sieur Sarion, m'entendez-vous?
Je lutte intérieurement, pour retrouver un semblant de lucidité pour finalement parvenir à entre-ouvrir mon regard si particulier- fiévreux en ce moment, sur le paladin qui prend place près de moi. Un spasme de douleur m'afflige et je me tord un court instant sur moi-même, épuisé et presque drogué par la souffrance. Je me concentre un court moment sur cette silhouette, et je parviens à distinguer ses traits, à travers cette vision si floue. J'échappe un toussotement très rauque et j'ai l'audace de lui étirer un faible semblant de sourire ensanglanté quand de mes lèvres sortent dans le souffle d'un murmure:
-S... Minor. Contemplez... la bonté des Systériens.
La douleur me frappe si vivement, que je n'ai pas le temps de voir sa réaction, mon âme et ma conscience semblent soudainement se faire aspirer par la gravité, et tout redevient noir.
Post by Lucius Flavius Minor, Ods - August 5, 2010 at 1:41 AM
Le paladin toisa de manière plus rude l'homme qui s'effondrait à nouveau dans l'inconscience. Il détourna légèrement le regard par delà son épaule alors que ses confrères du clergé approchaient de la scène. Refermant sensiblement sa poigne du son chapelet bénit, sa seconde venant se glisser au dessus des blessures qui se retrouvèrent auréolées d'une apaisante lumière vive alors qu'il insuffla une douce prière.
- Obsu Vulni!
Lucius marqua un silence, tentant de percevoir la progression des soins légers qu'il apporta. Puis il se redressa, faisant signe aux deux autres paladins de le récupérer afin de le conduire à l'intérieur. Le regard braqué vers le sol souillé du sang des blessures de la victime, le vigile murmura simplement.
- Puisse Thaar être témoin de vos intentions véritables. Il sera en ce jour votre seul juge.
Suite à quoi, il quitta les lieux...
Post by Daryl Sarion, CP - August 7, 2010 at 1:09 AM
Quelques jours de plus ou de moins...
J'avais reçu de bons traitements à Saint-Élisa, et je ne pouvais qu'être très reconnaissant. Les jours s'étaient succédés aux autres, j'avais même perdu la notion du temps jusqu'à aujourd'hui. C'est ainsi que je rentra dans le coin chaud, en prenant appuie sur ce bâton. Mon corps me fait encore souffrir, et ma mine est horrible, mais il me fera du bien de sortir et de manger autre chose que les "mets Saint-Élisiens".
Dès que j'entre, je constate que l'endroit est bondé. Mais j'ose me rendre jusqu'au fond pour prendre une place en retrait, sous ces regards qui me dévisagent. Mon déplacement étire un peu mes traits sous cette douleur qui ne me quitte, mais dès que je m'assois c'est déjà mieux. Tout semble normal, même si c'est assez agité. J'évite autant que possible les étrangers du regard, en attendant que la serveuse vienne vers moi. Le temps d'attente de mon repas semble s'étirer à l'infini, pendant que ces silhouettes rôdent.
C'est une voix familière qui se fait entendre au comptoir, qui attire mon attention. La docteur Taur'Amandil semble dans un échange assez épicé avec un mercenaire. Mais je me crispe quand j'aperçois celle qui prend siège à ses côtés: demoiselle Eäm'Arÿlth. Je me retourne vite vers ma table, de crainte de voir surgir le regard inquisiteur de Sieur Minor. J'ai une étrange impression que je ne devrais pas être ici... j'hésite à partir, mais la serveuse revient avec ma soupe. Sans attendre, je commence à manger, avec une appétit qui me surprend.
Je termine rapidement mon plat, et je contrôle autant que possible la panique qui se crée petit à petit en moi. Chaque regard que les étrangers me lancent, me glace l'échine. Je marche jusqu'au comptoir, appuyé sur mon bâton en me tenant difficilement debout. Mes traits faciaux sont parsemés de lacérations et d'ecchymoses en voie de guérison. Je glisse quelques pièces d'or vers le tenancier, sur le comptoir en lui citant:
-Pour le repas que la serveuse m'a apporté. Au revoir, sieur.
C'est là que ce que je craignais se produit. Quelqu'un au comptoir hurle vers moi, je me retourne de stupéfaction pour apercevoir un gnome qui dégaine une lame aussi tranchante qu'un rasoir et lève en ma direction. Par un reflex de survie, je recule aussi vite que mon corps brisé me le permet, mes traits se crispent de douleur, mais je suis figé devant cette montée de violence gratuite. Je sens ma fin arriver à toute vitesse, il ne me frappe pas, mais il hurle:
-Vous! Jeune voleur! Répondez de vos actes!
Par chance, les deux dames de l'Ordre et le tenancier interviennent rapidement en clamant aux mercenaires de s'interposer. Je recule encore jusqu'à me retrouver dos à un mur, quand l'action se rapproche toujours peu à peu de moi. Une arcaniste ou druidesse se joint au gnome pour confronter ceux qui les retiennent de venir jusqu'à moi. Figé d'horreur, je ne réagis pas. J'attends à me faire battre qu'une fois de plus, aussi gratuitement que les autres fois. Je vois déjà la lame de ce fou s'abattre et percer mon corps pour en retirer mes dernières forces, mais ce moment est repoussé.
Un autre mercenaire et une femme viennent vers moi, pour m'apporter soutient. Elle me murmure:
-Ne restez pas là, c'est une puissante mage.
Je ne me fais pas prier, et j'accepte cette aide pour m'éloigner de l'action. Les frictions sont toujours hautes en avant, et je m'attend au pire quand le gnome et la mage résistent aux mercenaires. C'est alors qu'une femme s'interposa avec toute sa prestance:
-Circulez, circulez! Cet homme est mon patient... Cet homme n'est pas un voleur, rendez-le moi. Il est encore souffrant de ses blessures et toute cette agitation est néfaste pour lui.
Les mouvements brusques que j'ai fais semblent avoir réouvert quelques unes de mes blessures, je me tient appuyé sur mon bâton d'une posture de plus en plus tremblante. La marquise affirme qu'ils fassent ce qu'ils veulent du gnome et rajoute:
-Monsieur Sarion, nous partons.
Le gnome sanguinaire est finalement mit à la porte. Je remercie le mercenaire et la femme qui m'ont soutenu un peu plus tôt et je me dirige vers Saralondë et Shandri, faible et épuisé, au moment que le sergent me barre le route en me crachant de sortir de son esprit. Une fois de plus, mon corps meurtrit m'abandonne, je passe près de m'affaler au sol, mais je tient difficilement le coup, mais à force d'encaisser, une certaine frustration se crée en moi, sous ces autres accusations des plus gratuites, je le foudroie du regard, offusqué et je cite amèrement:
-Je n'en suis même pas surpris. Laissez-moi passer à présent, je vous prie.
Il semble cesser son opposition en parlant d'un certain Valir, mais je n'ai plus la force de l'écouter. Mon pas me mène, difficilement jusqu'aux deux femmes de l'Ordre. La conversation et les débats reprennent quand épuisé je me laisse choir sur un banc au comptoir en attendant qu'on me guide hors d'ici. J'avoue ma crainte à demoiselle Eäm'Arÿlth, que le gnome m'attend sûrement à l'extérieur pour terminer ce qu'il a commencé. Le débat poursuit, pendant que Saralondë demande au mercenaire de m'escorter, pour se faire pardonner. Mes forces diminuent de plus en plus, et quand le centre d'attention se converge une autre fois sur les échanges, j'en ai plus qu'assez et j'emprunte la sortie.
Cela aurait fonctionné, si cela n'aurait été de la voix familière qui clame:
-Sieur Sarion..!
Shandri Eäm'Arÿlth.
Je m'arrête, même si j'aurais voulu fuir, je n'aurais pas pu, et je n'avais aucune place où aller de toute manière. Saralondë et Shandri me rejoignent à l'extérieur, et conviennent que je serais en sûreté à Saint-Élisa, le temps que je puisse reprendre des forces... sans attendre, l'aimable demoiselle ouvrit un portail pour l'endroit que je n'aurais pas du quitter...
Quelques jours de plus, ne peut que m'être bénéfique.