Par-delà la mer, le Domaine Yu...

Par-delà la mer, le Domaine Yu...

Post by Aube Minh Yu, AdM - October 14, 2010 at 5:44 AM

Systéria, au revoir.
Quelque part sur la mer.

Il était ironique de voir l’une des jeunesses les plus riches de Systéria rejoindre un navire marchand sous des vêtements de roturière. Une chemise propre mais sans broderie, sans tissu richissime, un pantalon épais, une veste chaude et des bottines de voyage couvraient la presque totalité de sa peau. Le pourfendeur d’écume n’existait plus, depuis son passage au Saint-Empire Bregunien… Explosé, brulé, comme l’entièreté de son équipage et la maîtresse à qui il appartenait. Il fallait donc marchander son passage sur un nouveau navire : une grande discrétion, la promesse de soutenir les hommes si une attaque avait lieu et surtout plusieurs écus. Beaucoup d’écus. Malgré la recherche d’équité de la femme, en Systéria, les hommes des mers étaient parfois réticents à laisser l’une d’entre elles s’aventurer sur leur embarcation. Heureusement pour la dernière des Yu, elle avait eu la chance d’être accompagnée d’un homme, pour ce voyage.

Appuyée contre le bastingage, la petite demi-elfe se contentait d’écouter les hommes échanger de tout et de rien, parfois à son sujet, le regard rivé sur les vagues frappant le navire. On la surnommait rapidement la drôlesse, et plusieurs les craignaient, elle et son accompagnateur, sans doute par méconnaissance profonde de leur maîtrise des arcanes. Quoi qu’il en soit, lorsque l’un des mousses fredonna un chant populaire, la douce Aube glissa un regard complice et entendu vers celui qui l’escortait. Il était fort à parier que l’un des artistes du Conservatoire avait écrit ces paroles en songeant à sa supérieure et sa famille, mais c’était lui accorder beaucoup d’importance. La vérité était difficilement déchiffrable.

« Elle était comme sa mère mais en plus vache
Comme sa mère en plus peau de vache
Elle était comme sa mère en plus méchante
J’aimais la mère, j’aimais la fille, j’aimais la tante.

Elle donnait des coups de pied aux chiens
Surtout ceux qui remuaient la queue
Un p’tit sussucre un coup de saton entre les deux yeux
Elle aimait les gentils toutous qui continuaient de la croire
Avant de leur flanquer un direct dans la mâchoire

C’était la fille d’une famille
Où les hommes s’étaient fait castrer
Y’avait la mère la tante la fille
Et moi planté sur le palier. »

***

« J’avais douze ans la dernière fois que j’ai pris la mer. C'était terrifiant, et j’étais seule. Deux marins ont tenté de me prendre ce que j’avais de plus précieux… Les femmes de ma famille sont maudites. Elles tentent de goûter le bonheur, le frôlent, du bout des doigts, pour mieux le voir s’éloigner, malgré tous leurs efforts… Jusqu’à sombrer dans la folie. Je ne sais pas ce qu’il adviendra de moi. Je ne sais pas ce qu’il adviendra de nous. Mais je suis heureuse, ici, maintenant, que vous soyez à mes côtés. »

Sans doute la fatigue parlait-elle pour la toute blonde créature. Elle luttait visiblement contre le sommeil; ses paupières s’abaissaient dangereusement, lourdement, et son accent se faisait plus présent au fil du monologue, prenant de douceur au détour de quelques syllabes. Lovée sur sa couche, ses cheveux épars, elle gardait toujours cette pudeur, cette réserve, cachant avec soin chaque parcelle de sa peau ambrée; ses bras couverts de tatouage, ses pieds, aussi, comme un trésor précieux. Il fallait également souligner que leur minuscule cabine comprenait tout juste assez de place pour entasser deux couchettes de mauvaise qualité et leurs effets respectifs. L’aube allait se lever lorsqu’elle s’abandonna enfin à un demi-sommeil. Bientôt, ils allaient pouvoir pousser les portes massives du mystérieux domaine Yu.


Post by Daryl Sarion, CP - October 14, 2010 at 7:37 AM

Vers l'inconnu...

Difficile il était de définir quel rôle occupait ce jeune homme qui accompagnait la dernière Yu.
Il portait une tunique à capuche bien simple et confortable, aux couleurs du fond de la mers.
Il était indéniable à voir son allure et ce qu'il portait, qu'il s'agissait d'un mage, bien que tout ce qu'il portait n'avait rien d'extravagant.
Dès qu'un membre de l'équipage se faisait trop curieux envers la jeune femme qu'était devenue Aube Minh Yu, un simple regard de ce mystérieux personnage qui semblait être son protecteur suffisait à couper la tentative.

Daryl Sarion n'était que peu bavard depuis son arrivée sur le navire, on pouvait le sentir nostalgique et toujours concentré, ses sens le guidant sur le moindre bruit environnant. Mais peut-être n'était-il simplement pas à l'aise sur les eaux... Même quand il était en retrait avec Aube Minh Yu, il ne parlait que peu, lorsque il y avait des membres d'équipage dans le coin. Le lien que les deux partageaient soulevait de plus en plus de questionnement. Pourtant, dans ce silence, ils semblaient si bien se comprendre. Ils s'échangeaient des regards, de temps à autres.


« J’avais douze ans la dernière fois que j’ai pris la mer. C'était terrifiant, et j’étais seule. Deux marins ont tenté de me prendre ce que j’avais de plus précieux… Les femmes de ma famille sont maudites. Elles tentent de goûter le bonheur, le frôlent, du bout des doigts, pour mieux le voir s’éloigner, malgré tous leurs efforts… Jusqu’à sombrer dans la folie. Je ne sais pas ce qu’il adviendra de moi. Je ne sais pas ce qu’il adviendra de nous. Mais je suis heureuse, ici, maintenant, que vous soyez à mes côtés. »

Son regard avait reflété une étrange compassion, mais le jeune homme lui avait offert en retour un sourire bienveillant, comme s'il avait été touché d'une quelconque manière par l'aveu de la jeune femme. Il était étendu sur l'autre couche, et son regard de braise était levé sur elle, la détaillant d'une manière attentionnée. À ce moment, il semblait plus détendu. Quelques mots glissèrent doucement dans l'esprit d'Aube Minh Yu, comme dans un souffle, lié à une sensation de sécurité, avant qu'elle glisse paisiblement dans le sommeil. Ces mots étaient ceux-ci:

<< Que le sommeil vous soit doux Demoiselle Minh Yu, glissez vers lui sans inquiétude, je ne vous quitterai pas... >>

Elle semblait si exténuée. Au contraire de lui, donc la couche semblait aussi douillette qu'un tas de roches. Il prit toutefois soin de ne faire aucun bruit, afin de ne pas la tirer du sommeil, en fixant longuement le fond de la pièce. Dans cette nouvelle solitude, sa mine faciale se pinça petitement. Sans doute certaines préoccupations venaient de renaître en lui...


Post by Aube Minh Yu, AdM - October 15, 2010 at 5:56 AM

*Enfin, elle était à la maison. C’était précisément ce qu’elle s’était dit lorsque les portes épaisses et lourdes, semblant monter jusqu’au ciel, s’étaient refermées derrière elle et Daryl. Pour un œil extérieur, pour son accompagnateur surtout, l’endroit dans lequel il avait atterri semblait être un village vaste et confortable fermé du reste du monde par une enceinte très haute. Plusieurs croyaient que le domaine Yu était protégé magiquement et donc préservé d’une entrée par passage sélène. Les plus sages savaient que ce n’étaient probablement pas le cas, mais que le magicien s’y risquant mourrait très certainement dans les secondes après avoir ouvert cette voie. Plusieurs gardes entrainés patrouillaient les rues d’un pas calme, sous leur armure t’sennoise, le katana bien visible à leur ceinture. Ce village était calme et peu violent, aucune guerre ni famine ne plongeaient les habitants dans cette angoisse, si présente à Systéria. Au loin, à peine surélevé du reste du village, se profilait le pavillon principal, la maison de la famille Yu. *

« Je vous souhaite la bienvenue au Domaine Yu, Daryl Sarion. Soyez ici comme chez-vous, car c’est ainsi que nous vous traiterons. »

La stupeur sur le visage de l’humain fit sourire la jeune créature. Il avait bien compris. Ce petit village était le Domaine Yu. Il devenait immense, tout d’un coup… Les murailles s’étendaient au loin, jusqu’à ne plus être visible derrière les établissements. Toutes ces demeures, tous ces commerces, tous ces gardes, ces enfants jouant, ici et là, tous ces animaux et ces jardins, tous étaient du domaine Minh Yu. Le plus troublant était lorsque l’on comprenait qu’il ne s’agissait pas du domaine le plus riche de l’Archipel t’sen, ni le plus influant. Comme le manoir de Systéria semblait dérisoire, en comparaison de ce village!

Aube retira son chapeau en paille tressée, dévoilant son interminable chevelure blond argenté qui scintillait aux lueurs du soleil. Rapidement, les regards s’accrochaient à eux, surtout à elle, puis on se souvint. L’héritière! C’était la petite Aube Minh Yu désormais femme! Une belle femme. Le portrait craché de la veuve Majère, si ce n’était de sa blondeur et de l’absence de cicatrice. Elle fut rapidement reconnue par les plus âgés, et tout au long de leur avancée, ils se sentirent suivis et protégés, jusqu’au pavillon central. Il s’agissait d’une demeure vaste aux jardins impressionnants, comme ceux de l’estampe t’sennoise ornant l’entrée du Manoir Minh Yu de Systéria. La délicate demoiselle ralentie le pas pour détailler le petit étang bordé de cerisiers où un jardinier s’affairait à embellir les fleurs. Il y avait quelque chose de surnaturel, dans ces jardins, d’apaisant.

« Toi, jardinier. Dis à tes maîtres qu’Aube Minh Yu de Systéria est arrivée. Qu’on chauffe les eaux, qu’on prépare à manger et à boire, car l’invité l’accompagnant est affamé et épuisé. » *

S’il paru surpris sur le moment de voir la jeune maitresse, le pauvre jardinier s’empressa de s’incliner bassement, tant et tant que son front frôlait bientôt le sol. En aucun cas il ne se risquait à croiser le regard inquiétant de la jeune femme. Il paraissait que les femmes de cette famille étaient capables d’immobiliser, d’un seul regard. Sans doute était-il sage de ne pas chercher à vérifier le bien fondé de cette rumeur. À peine une œillade pour Daryl Sarion, avant de s’éloigner rapidement vers la demeure. La jeune femme semblait parfaitement à l’aise avec ces manières, puis avec sa douceur et son calme habituels, elle invita son compagnon à poursuivre leur promenade dans les jardins avant de rejoindre le confort de la maison. Bientôt, le jeune pourpre allait comprendre les subtilités de l’hospitalité t’sennoise.

« Daryl Sarion… J’espère que vous avez faim, car je ne compte pas vous laisser dormir avant que vous ayez dégusté les œuvres culinaires typiques de l’Archipel t’sen. »

*Bien sur, elle lui parle en t’sennois, hein!

***

« Le plancher en était couvert… Et l’odeur… Je lui ai demandé de nettoyer cela. Et que si mon tapis était endommagé, il allait me faire l’honneur de le rembourser. N’a-t-il pas les pièces d’or nécessaires, avec les prix sucrés de l’Association des Commerçants? »

En terminant son bref récit, la demi-elfe laissa la veste diaphane de son caftan rejoindre le sol, dernier obstacle à sa nudité la plus intime. C’était une merveille de broderies opaques représentant des vignes en arabesque sur un tissu fin, qu’elle laissait choir au sol sans le moindre état d’âme. Sous des gestes délicats et féminins, elle enjamba ce tissu et entrant dans l’immense bain fumant, faisant quelques remous paressant sur son passage. Aube Minh Yu s’immobilisa devant sa sœur, la posture aussi droite que la justice elle-même, de l’eau jusqu’aux genoux, pour la contempler un moment qui dû être interminable. Lorsque les doigts de cette dernière dessinèrent des lignes sinueuses à l’arrière de ses genoux, à l’intérieur de ses cuisses, jusqu’à lui offrir son affection d’une manière qui brusquerait plus d’un thaarien, la blonde demi-elfe arrêta ses mouvements, venant plutôt se blottir entre ses bras noirs. Il aurait été joli de les voir, l’une sombre, l’autre pâle, à s’enlacer et s’embrasser comme des amants revenant de l’autre bout de la nuit. L’ambiguïté de leur relation faisait sourire la plus jeune.
Les femmes de la famille Yu n’avaient aucun malaise avec la nudité, entre elles. Ni avec aucun autre sujet d’ailleurs.

« Rien n’est pareil, depuis ton départ. Des rumeurs courent à ton sujet et celui de Mère… Vous, qui avez tout donnés pour Systéria… Et ils vous croient maléfiques. C’est Kamirah, nous l’avons su… Elle cherche à blesser ta mémoire pour assouvir sa jalousie. Perfide créature. C’est elle, l’être diabolique. »

Oui... Rien n’était pareil, depuis le départ de Sinriia Mel’Viir. La petite Aube avait gagné en maturité et en assurance, n’ayant plus rien d’une adolescente, si ce n’était que la silhouette. Et à la voir parler de certains citoyens, tout était à parier qu’elle avait tout d’une jeune Yu bien éduquée ayant appris les leçons de ses préceptrices par cœur. S’il était déchirant de ne la voir que si peu souvent, Sinriia pouvait bien se consoler en voyant ses enseignements bien inculqués et la savoir en sécurité, loin de la faim et de la pauvreté.

Et Daryl Sarion? Bien évidemment, la délicate Yu avait pris soin de le laisser entre les mains d’une herboriste du domaine afin de l’occuper, alors qu’elle s’adonnait à quelques moments intimes avec celle qu’elle appelait sa « Sœur ». N’était-il pas télépathe, après tout?


Post by Sinriia Mel'Viir - October 15, 2010 at 8:38 PM

Les circonstances pour lesquelles la sombre elfe se retrouvait au domaine tsen étaient tout aussi mystérieuses que celles pour lesquelles elle se retrouvait dans une pareille intimité avec la jeune hybride. L'ex duchesse savourait les paroles et voix de sa tendre jeune soeur comme si cela faisait des siècles qu'elle ne l'aurait entendu. Ses longs doigts d'ébène se glissaient avec langueur dans la chevelure humide et si brillante de la demie-elfe. De douces caresses qui rappelaient celles que l'on offrirait à une petite soeur, ou à un amant...

« Le plancher en était couvert… Et l’odeur… Je lui ai demandé de nettoyer cela. Et que si mon tapis était endommagé, il allait me faire l’honneur de le rembourser. N’a-t-il pas les pièces d’or nécessaires, avec les prix sucrés de l’Association des Commerçants? »

« L'or est bien la seule chose qu'il convoita au cours de sa misérable existence et voilà que c'est tout ce qu'il lui reste. Tu aurais dû l'inviter au domaine, nous aurions très certainement pu lui transmettre de véritables valeurs.»

La voix de l'elfe noire était douce, mais reflétait à la fois des pensées plus sombres. Ses mains arrêtèrent finalement leur traitement alors qu'elle semblait à présent lui témoigner sa pleine attention.

« Rien n’est pareil, depuis ton départ. Des rumeurs courent à ton sujet et celui de Mère… Vous, qui avez tout donnés pour Systéria… Et ils vous croient maléfiques. C’est Kamirah, nous l’avons su… Elle cherche à blesser ta mémoire pour assouvir sa jalousie. Perfide créature. C’est elle, l’être diabolique. »

C'est un sourire sinistre qui se traça à la commissure de ses sombres lèvres charnues, se muant progressivement en un rire lugubre et froid. Ses lippes vinrent embrasser tendrement le front de sa jeune soeur, une marque qui se voulait non seulement affectueuse mais rassurante.

« C'est la plus vieille histoire du monde. Elle se répète toujours au fil du temps, mais ne savons-nous pas comment elle se termine à chaque fois ma soeur? Il est tout simplement ironique que les gens l'oublient jusqu'au point d'en devenir eux-même une partie intégrale. »

Les mots s'étouffèrent finalement dans un lourd silence alors que les deux créatures échangèrent des regards complices, partageant leur gamme d'émotions jusqu'à la toute dernière note...


Post by Aube Minh Yu, AdM - October 20, 2010 at 7:34 AM

Le corps ruisselant, elle sortit enfin des eaux pour s’enrouler dans sa veste de caftan… Qui ne cachait pas réellement sa peau, et qui n’absorbait aucunement l’eau. Sans doute s’obstinait-elle à la mettre malgré tout par souci du sublime que sa peau matte et ses tatouages nacrés créaient, avec la superposition du tissu. Depuis son arrivée, elle avait pris soin de trouver le tatoueur du Clan Yu, un homme d’une quarantaine d’année que plusieurs craignaient, sans jamais en dire la raison. On racontait, dans les salons de thé tard dans l’avancée de la nuit, à l’heure où le saké est trop présent dans le corps pour craindre les représailles de pareilles paroles, que le pauvre diable avait vendu son âme à une entité maléfique contre une jeunesse éternelle. Peut-être Daryl Sarion en avait-il eu vent, ou peut-être avait-il confronté directement la dernière des Yu à ce sujet? Et c’est avec un sourire de miel et un regard inquiétant, ce qui lui était propre n’oublions pas, qu’elle lui disait que ce n’était que des rumeurs, qu’elle avait perçu quelques changements chez lui. Mais peut-être était-ce vrai, peut-être le Clan Yu logeait en son sein des créatures maléfiques, et que si c’était le cas, ils n’auraient plus rien à craindre de tout cela à leur retour en Systéria.

Pour ce présent récit, si ce pauvre homme avait réellement pactisé avec le diable, c’aurait été pour voir la jeune et blonde Aube Minh Yu devant lui, yeux clos, attendant le prochain tatouage. En effet, elle retournerait à Systéria avec un tatouage de plus, une œuvre en soi, niché… Enfin, un systérien chanceux le découvrira tôt ou tard.

La délicate demi-elfe noua étroitement la veste puis pivota vers Sinriia Mel’Viir, apaisée par les vapeurs du bain.

« Il semblerait qu’elle ne soit plus à Systéria… Et ton époux la protège étrangement. Mais peu importe. Quel message souhaites-tu transmettre à Thalkher Stornaar? Que sa progéniture a survécu? »


Post by Sinriia Mel'Viir - October 20, 2010 at 9:02 PM

Son regard argenté aussi brillant que les objets d'ornements qui décoraient le bain contemplait la fine silhouette se mouvoir hors du bain. L'elfe noire savoura l'instant d'un silence évocateur jusqu'à ce que la blonde créature vint le rompre de sa douce voix.

« Il semblerait qu’elle ne soit plus à Systéria… Et ton époux la protège étrangement. Mais peu importe. Quel message souhaites-tu transmettre à Thalkher Stornaar? Que sa progéniture a survécu? »

C'est d'un ton consterné plus qu'enragé des circonstances que l'aînée prononça sa réponse tout en rejoignant hors des eaux sa précieuse.

« Je suis lasse ma soeur... Lasse de devoir préserver mon regard sur celui qui m'aura si souvent faillit de par sa stupidité et sa faiblesse masculine. C'est sans doute la seule raison pour laquelle j'ai refusé qu'il m'accompagne. »

Ses doigts aussi sombre que la cendre vinrent caresser la joue de l'hybride alors que les dernières goûtes longèrent son corps félin jusqu'au sol.

« J'espère que tu sauras éviter les erreurs que j'ai commise. J'espère que tu auras la force de te faire respecter à ta juste valeur et n'aura pas la faiblesse de pardonner ce qui est irréparable. Je t'ai transmit tout ce qui m'était le plus précieux, mon savoir mes expériences et mes seuls sentiments... »

La duchesse vint retirer sa main du visage de la nouvelle maîtresse du domaine. Elle vint plutôt se laisser choir avec une langueur qui lui fut toujours sienne sur le rebord de pierre du bain. Sa beauté naturelle toujours exposée à nu, son corps vint se recroqueviller sur lui-même, secoué de quelques frissons alors que ses yeux vinrent écorcher le néant que provoquaient ses pensées.

« Si t'unir un jour tu dois, assure toi qu'il te respecte pour ce que tu es et non ce que ton nom représente. Façonne-le à ton image, enseigne lui ce qu'il doit être et ne le laisse pas dans l'ombre du doute ou de l'incompréhension. Car il ne pourra pas être celui que tu convoites si tu ne le lui montre pas. Accepte les pertes d'équilibre mais pas les chutes, il se doit de réaliser que l'échec lui sera fatal. Au final, assure toi qu'il ne te blesse jamais. »

Elle vint replonger son regard avec une expression rarement dégagée chez elle dans les profondeurs ténébreuses des yeux d'Aube pour finalement conclure.

« Quant à Thalkehr... »

La suite de la réponse se traça sous un sourire que seules, certaines rares personnes chez la famille Minh Yu avaient déjà pu être témoin. Elle se contentait d'admirer son joyau, sa perle sa plus grande réussite.


Post by Aube Minh Yu, AdM - October 20, 2010 at 10:11 PM

Dans les jardins du domaine Yu...
Un peu de quotidien

« Cela vous semblera étrange, mais mes fleurs me manquent, Daryl Sarion. Terriblement. »

Cela sortait effectivement de l’ordinaire en cette situation précise. Il y avait un moment déjà qu’ils marchaient côte à côte dans les vastes jardins du domaine et les fleurs ne manquaient pas. L’endroit faisait cohabiter les jardins d’eau et de fleurs agréablement, évoquant l’équilibre et la sérénité, comme si chaque arbustes, chaque arbres avaient été minutieusement choisis et disposés. À chaque détour dans les sentiers, les deux systériens pouvaient découvrir des successions de pivoines, d’iris, de chrysanthèmes, de rhododendrons, des cerisiers et amélanchiers, dans une explosion de parfums et de couleurs. Sa jeune guide nommait toutes ces fleurs, comme on présente une œuvre d’art, maîtrisant son sujet.

« Voici un amélanchier… On l’apprécie au printemps, pour sa floraison au printemps, et pour son écorce argenté en hiver. Il symbolise la jeunesse, en nos contrées. Sous la neige, si vous verriez, Daryl…! C’est d’une beauté à geler toute douleur. »

Avec un sourire délicat, elle reprenait sa promenade, calquant son pas sur celui de son invité, jusqu’à le faire s’arrêter sur le petit pont en arc qui traversait l’étang. Sur le dessus eaux calmes, alors que la nuit tombait peu à peu, des lanternes se mouvaient sinueusement, lévitant à quelques centimètres à peine de l'étang. Des poissons en papier de riz minutieusement ouvragés imitaient les carpes véritables, porteur d'une lumière feutrée. Comme une enfant, glissée sur le bout des pieds, elle observait les carpes colorées se cacher à l’ombre des grandes feuilles de nénuphars. Aube pointa le poisson du doigt, fébrile, puis réprima un gloussement d’excitation de sa main. Il était courant de la voir rire et sourire, au domaine Yu. La voir heureuse, sereine, sans cette façade impérieuse, était affaire courante. On aurait même pu la décrire complice, à la voir jeter quelques regards entendus au jeune systérien. Sans aucun doute, si elle n’avait pas rejoint Systéria, Aube Minh Yu aurait été l’une de ces jeunes femmes épanouies qu’il arrive de croiser au détour d’un roman magnifique.

« Ces jardins permettent de ressentir et admirer les éléments. On y vient avec une ouverture d’esprit et d’âme. Ils ont pris soin de m’enseigner à comprendre les éléments, à reconnaître leur influence sur chaque chose; je vous explique. L’eau, par exemple, symbolise le renouveau, le calme, l'émerveillement et la continuité dans l'au-delà. L’étang de notre jardin et ses cascades sont positionnés de manière à ce que le soleil s’y reflète tout au long de son cycle… Cet élément possède une symbolique très forte. »

Il lui arrivait souvent d’accompagner Daryl dans les jardins, ou dans n’importe quelle autre partie du domaine, sous ces kimonos impeccables et colorés. Aube passait la majorité de son temps avec son invité. Par envie et intérêt, dans un premier temps, mais également parce qu’il semblait s’éteindre, loin d’elle, comme lui avait rapporté sa vieille servante. Avec une patience à toute épreuve, la petite Yu lui enseignait les bases de l’alchimie, traduisait les conseils que certains t’sennois du domaine tentaient d’expliquer. Les alchimistes talentueux étaient nombreux, ici; c’était réellement l’endroit idéal pour débuter son apprentissage. Les plantes propres à cette science poussaient à foison, sous les mains expertes des herboristes, les matériaux étaient de première qualité et les femmes de la famille Yu maîtrisaient toutes ce savoir. À les entendre débattre sur certaines équations, à les voir se balader dans les jardins comme deux amis de longue date, oisifs, il était évident qu’un lien se tissait et survivrait jusqu’à Systéria.


Post by Daryl Sarion, CP - October 22, 2010 at 7:51 AM

Les jours passaient, et Sarion tentait de profiter du moindre instant qui s'offrait à lui.
De cette opportunité unique, qu'il était un des rares Systériens à pouvoir goûter... Sa curiosité demeurait très vive, et son regard en était pleinement animé.

Telle dualité, deux facettes de lui s'exposaient durant ces jours magiques.
Autant il pouvait briller et s'épanouir en la présence d'Aube Minh Yu, autant que rares étaient ceux qui osaient l'approcher, quand il était seul.
Il semblait se reclure sur lui-même, et se retirait vers les jardins où il pouvait semblait se faire emporter au large de la souffrance et de la nostalgie.


Durant leurs ballades dans les jardins époustouflants, le regard de braise du jeune mage quittait Aube Minh Yu uniquement lorsqu'elle lui partageait par-ci et par là ses connaissances avec lui sur les nombreuses plantes. Cet air si unique à lui-même, réservé et concentré s'effaçait en sa présence, comme si elle arrivait à l'apaiser.

Leur foulée s'était arrêtée sur ce petit pont, alors que les lanternes créaient un environnement mystérieux et magique dans l'endroit. Pour des rares fois, lorsqu'il s'y trouvait, ses yeux ne reluisaient pas de lueurs arcaniques. Son attention fut attirée sur la maîtresse des lieux, lorsqu'elle paru fébrile en se glissant sur les bout de ses petits pieds. C'est d'un air intrigué qu'il l'avait rejoint en silence pour mieux observer ce qui se cachait dans les eaux. Il parvint à apercevoir ce qu'elle tentait de lui désigner, sous ce gloussement d'excitation et d'amusement, donc il était un des rares privilégié a avoir pu apercevoir chez Aube Minh Yu, il ne pu que lui offrir en retour un sincère et délicieux sourire, l'air soudainement pensif.

Un peu plus tard, lors de cette même balade il lui avait demandé si sincèrement, mais d'un ton passionné et semi-soufflé:

-C'est si magnifique, j'ai l'impression de me trouver dans un rêve... Ne vous arrive-t-il pas parfois, de ne plus vouloir quitter ces lieux suite à un passage?

Lorsqu'ils auraient repris le pas et qu'un peu de temps aurait filé, elle pu remarquer une teinte de curiosité, et de brèves couleurs rougeurs ses traits de courtes secondes avant qu'il lui fasse part de ces mots:

-J'ai eu vents d'étranges propos sur un tatoueur très renommé de votre clan... Je me questionnais s'il serait possible d'avoir une séance avec sa personne. Pas que je me soucie de ce qu'il tourne autour de lui, mais je serais très honoré que mon passage ici- de cette aide immense que vous m'avez apporté par votre soutient- au moment que je croyais me perdre, soit tatoué sur ma personne. Quelque chose de... symbolique.

Sa mine paru pensive, mais son regard semblait s'être enflammé tel un brasier, brillant d'intérêt et de curiosité. Le souffle presque coupé, il attendait la réponse de la mage accomplit.


Post by Aube Minh Yu, AdM - October 23, 2010 at 8:28 AM

« C'est si magnifique, j'ai l'impression de me trouver dans un rêve... Ne vous arrive-t-il pas parfois, de ne plus vouloir quitter ces lieux suite à un passage? »

La petite sang-mêlé se détourna vers son invité. Elle l’étudia un long moment avant de faire un mouvement vague de la tête, puis de présenter les jardins spectaculaires de la main.

« Si vous semblez si triste, si seul, à ce domaine… Si vous regrettez ce que vous avez laissé derrière vous à Systéria la Cruelle… Imaginez la souffrance que j’endure à chaque instant loin de ce domaine, loin de ma famille, Daryl. Je ne voudrai jamais quitter cet endroit, mais il y a le devoir. Et mon devoir me porte loin d’ici. »

Elle n’ajouta rien, le laissant méditer ces paroles. Ils reprirent la route, dans ce silence qui ne gênait ni l’un ni l’autre; habitués, ils parcoururent les sentiers d’un pas mesuré. Daryl l’observait et elle, elle admirait les fleurs ouvertes. Comme une impression de déjà-vu, soir après soir.

« J'ai eu vents d'étranges propos sur un tatoueur très renommé de votre clan... Je me questionnais s'il serait possible d'avoir une séance avec sa personne. Pas que je me soucie de ce qu'il tourne autour de lui, mais je serais très honoré que mon passage ici- de cette aide immense que vous m'avez apporté par votre soutient- au moment que je croyais me perdre, soit tatoué sur ma personne. Quelque chose de... symbolique. »

C’est un sourire qu’il reçu pour toute réponse. La jeune demi-elfe faisait des mystères, en ne lui présentant aucune idée, aucune information. À l’aube du jour suivant, elle l’attendrait, sous les couleurs magnifiques peintes sur la soie de son kimono. Ils auraient une rencontre avec cet étrange homme qu’était le tatoueur du clan Minh Yu.


Post by Aube Minh Yu, AdM - October 23, 2010 at 8:56 AM

Parce qu'à tous rêves il y a une fin
Retour à Systéria...

« Je vous l’offre, Madame Minh Yu. Il ne m’est plus d’aucune utilité. »

Aube approcha cette scène particulière, de voir sa génitrice s’entretenir avec l’homme le plus connu de Systéria. Ils étaient sur le terrain vaste d’une vieille demeure dans la campagne bregunienne, près des arbres, un paysage champêtre La petite demi-elfe approcha à pas légers, ne captant que des bribes de cet échange. Son cœur battait la chamade; on lui offrait un nouveau serviteur! Kenichi, agenouillé au sol, serra la mâchoire en voyant la blonde jeune femme approcher…

Puis ce fut une succession d’images et de cris, une dispute entre la mère et la fille, comme jamais il n’y en avait eu. Quelque chose de brutal, de cinglant, venant de l’enfant, et Yuri Minh Yu, égale à elle-même, dans son calme, cherchait à trouver les bons mots. Mais tout était si flou, si vague, si décousu.
À nouveau le jardin, à nouveau Thomas Bolton parlant avec Yuri Minh Yu. Aube approcha cette scène particulière, de voir sa génitrice s’entretenir avec l’homme le plus connu de Systéria.

- Mon protégé valait plus que quarante pièces d’or et une flasque d’huile, Madame Minh Yu. Je sais que Kenichi est décédé ici. Je demande réparation.

Bolton se tenait devant la terre fraichement retournée où la plus jeune des Yu avait enterré ce qu’il restait de Kenichi. La toute blonde pivota rapidement, le plus vite que lui permettait son kimono quelque peu encombrant. Elle le releva de plusieurs centimètres, dévoilant en parti ses chevilles fines, chose surprenante, puis se départit de ses okobos, les chausses traditionnelles t’sennoises reconnues pour leur hauteur. Pieds nus, dans l’herbe, la demi-elfe s’éloigna à toutes jambes, comme si sa vie en dépendant. Thomas Bolton et Yuri Minh Yu de Systéria la regardèrent, impassibles et immobiles, de concert. Lorsqu’elle s’aperçut qu’elle n’avançait pas d’un cheveu, que ce surintendant de malheur tendait une main vers elle sous le regard soumis de sa propre mère, un hurlement se fit entendre.

« Je ne toucherai jamais les jouets de Bolton! Il n’offre rien gratuitement! JAMAIS! AAAAAH! »

La plus jeune des Yu, droite dans son lit, à dévisager les ténèbres comme un reflet exact de son propre regard. Tremblante, couverte de sueur, elle retenait la fine couverture entre ses poings fermés, sans même se rendre compte qu’elle cherchait son souffle, comme si elle avait réellement battu en retraite, comme si tout ceci s’était réellement produit. Sa poitrine se levait et s’abaissait à toute vitesse, non sans douleur, à la recherche d’un peu d’air. Elle avait l’impression d’avoir regardé Yhagshul dans les yeux. Et ce Prince Noir était Thomas Bolton. Bien sur, ce n’était qu’un rêve, mais les pas feutrés dans le couloir se faisaient entendre. Des ombres, découpées en silhouette, se faisaient voir de l’autre côté du papier de riz. On venait à elle, pour elle. Pour demander réparation? Pour la tuer! Comme le souhaitait Thomas Bolton, dans ses rêves. Aube déplia difficilement son bras, tant crispé qu’il lui était douloureux, pour empoigner un petit effet, non loin sur la table de chevet. Lorsque les deux ombres entrèrent dans la chambre spacieuse de la jeune héritière, elle plissa fermement les yeux sous la concentration. L’une des deux personnes s’effondra lourdement au sol, inanimée. La seconde se prosterna promptement, jusqu’à ce que son front frôle le sol. Terrorisée. Au moins autant que la jeune maitresse.

Elle prit une ou deux secondes supplémentaires pour s’habituer à l’obscurité. Toujours trempée de sueur, sous les tremblements incontrôlables, la toute blonde aperçu ses deux servantes. La plus jeune semblait décédée, recroquevillée, au sol, comme un rongeur mort de peur, la bouche ouverte. Son ainée ne bougea pas malgré la position de soumission peu confortable, sans doute par crainte que la jeune maîtresse lui réserve le même sort.

« Ils veulent me tuer… Ils me veulent du mal! Par les anciens… Par les anciens…! Ils m’attendent! Ils me veulent du mal! »

La vieille femme hésita un moment, à entendre cette petite hurler, comme délirante. Cette même petite qu’elle avait vu grandir, puis qu’elle avait dû abandonner pour la laisser aller à cet endroit abject qu’était Systéria. Toujours inclinée, elle se permit de l’approcher jusqu’à sa couche, jusqu’à l’enlacer de ses bras flasques, fripés mais apaisants.

« La jeune Maîtresse n’a fait qu’un rêve… Je vais avertir votre … »

« … Dites-lui que son fils viendra avec moi. Qu’il me protégera, que j’en ai besoin, qu’ils me veulent du mal. Dites-lui que Shinji veillera sur moi. Dites-lui également que vous viendrez. »

La délicate demi-elfe ne silla pas lorsque sa vieille servante l’abandonna dans l’obscurité. Elle ne releva pas non plus le visage lorsque la silhouette élancée et féline de Sinriia Mel’Viir enjamba le cadavre, à l’entrée, pour rejoindre le lit. Rassurante, maternelle, la duchesse systérienne lui murmura quelques mots, cherchant à apaiser les dernières traces de souffrance chez sa jeune sœur.

Idiot de Kenichi.