Une ombre, la nuit.
Post by Elvanshalee Danaël, CP - October 16, 2010 at 12:54 AM
Aussi légère que la nuit;
Shalee.
Assise au bureau, les yeux coulant sur la paperasse qui fourmillait, l’elfe fut tirée de son étude par un bruit. Celui d’un poing qui se heurtait à une porte, au début de la nuit. Laissant ses formes s’avaler sous une nuisette, elle s’y rendait.
« Mademoiselle Elvanshalee Danael? »
« Elle-même. »
Faisant fit des possibles regards qu’aurait pu s’offrir le coursier, c’est plutôt à la lettre fraîchement acquise que la Légionnaire attardait un œil. Les tentures rouges tirées d’un revers de main, la silhouette retournait à son siège. Les lèvres pincées sous une réflexion qu’elle s’obligeait en tardant à y découvrir le contenu.
Écartée, la pauvre lettre n’avait plus qu’à se languir d’une lecture future, car la jeune noiraude préférait s’offrir à ses ouvrages. Puis vint le moment de la pause, où le corps souple de la donzelle se lovait au cadre de la porte, à l’étage. Une jambe ramenée à ce même appui, c’est une posture provocante qu’elle offrait à la lune. L’air nocturne venait mordiller son échine, la nuisette coulant à ses avant bras, dénudant ainsi ses épaules, les pans légers battant la naissance d’une cuisse. Ses doigts effilés enserraient une coupe de vin, laquelle s’amusait à faire voler sa robe rouge.
Une silhouette qui portait à l’oublie le statut de la créature tant elle semblait se faire invitante. Un soupir d’aise surplombait cette détente nocturne, alors que la féline se relevait pour parcourir la distance qui la séparait de cette lettre. C’est glisser au luxueux fauteuil qui siégeait au balcon que son intérêt revint. Toujours aussi aguichante à sa façon de s’y poser. Le chandelier s’alluma de lui-même, les ombres venant onduler à son visage d’ébène.
Le moment tant attendu se produit : elle l’ouvrit. Les premières lignes dévorées, la pourpre délaissa le reste lorsqu’elle comprit de qui ces mots émanaient. Le nez plissé, Danael coinçait ce mot sous le lourd chandelier qui continuait à la baigner d’une lumière éphémère. Elle en terminerait la lecture, d’ici quelques lunes. Pour l’heure, elle savourait le reste de la soirée, qui la mènerait ultimement à son lit.
Post by Elvanshalee Danaël, CP - October 20, 2010 at 4:20 AM
La nuit,
Tous les chats sont gris.
Les yeux poursuivaient leur lecture difficile. Non pas que l’écriture n’y était pas soigné ou bienveillante : elle l’était. C’était autre chose. L’elfe dépliait sa fine silhouette pour porter un regard – cette fois distant – sur le parchemin. Comment châtiée cette pauvre note ? Rôdant tout près à la manière des fauves – dont tout son être semblait s’être parfumée – sa patte venait saisir le papier.
« Tes mots d’amour sont des injures. Tes serments, des parjures. »
Les doigts cherchaient à froisser, pour ensuite se rétracter. L’oubli serait sa seule geôle. C’est donc à son étagère – entre deux ouvrages – qu’elle glissait le pli. La pointe du nez cherchait l’extérieur, que la légionnaire balayait d’un regard distant.
Puis elle laissait la porte avaler la création, pour retourner à son bureau parsemé par l’ombre des manuscrits. C’est sur eux que son attention venait danser. Et comme si elle ne souhaitait si faire prendre, la Pourpre relevait un œil vers la bibliothèque, à l’endroit exact où se trouvait la confession.
De toute façon, qu’est-ce que cela aurait pu changer? Elle n’avait rien à offrir. Ou en très petite dose. Illégalement de surcroît. Un amour cocaïne; cher et maladif. Mais intense.
Et maintenant, il était trop tard.
Post by Daryl Sarion, CP - October 20, 2010 at 5:31 AM
Parfois on dit que le temps arrange les choses...
Il n'avait pas été vu dans la citée depuis maints jours, voir même des semaines.
Il était si étrange, de voir la Légionnaire, sans cette seconde silhouette qui l'accompagnait la majorité du temps.
Que s'était-il donc passé? Sarion avait-il subit la colère de sa maîtresse ou lui était-il arrivé malheur? Nul ne pouvait vraiment affirmer détenir la réponse.
Encore moins avaient pu définir la réelle relation qu'ils entretenaient tous les deux...
La Légionnaire avait pu, depuis, sentir la présence du jeune mage. Une parcelle, ou des résidus de l'aura arcanique qui habitait son ancien élève. Mais à chaque fois qu'elle se retournait, l'étrange impression qui l'envahissait se dissipait, comme la poussière soufflée par les vents. Une seule chose restait tangible à l'elfe noire de celui-ci... et c'était cette étrange missive à présent glissée et dissimulée entre ces deux ouvrages.
Post by Elvanshalee Danaël, CP - October 23, 2010 at 5:20 AM
Après une longue journée :
Une taverne en Moyenne-Ville.
Les rires nimbaient la pièce, les sujets y coulant sans aucune gêne. Sans doute trop peu. C’est d’un rire chaud qu’elle vint fendre le moment, alors que les yeux se portaient vers cette frivolité. Une jeune femme à la féminité affirmée, des torsades blondes venant à ruisseler à ses petites épaules couvertes, un regard rieur surplombé d’un sourcillement léger, témoignant une réflexion constante, ou d’un malaise tout aussi éternel. Certains mages pourront alors comprendre tout ce jeu, alors qu’elle se servait de la magie pour changer cette peau d’onyx en une teinte laiteuse.
« Me voila navrée de ce retard. »
La fragile se glissait d’un pas aérien au siège, rejoignant de ce fait la tablée qu’un œil lorgnait. Les mains venaient créer quelques sillons aux jupons qu’elle lissait finement.
« Si je puis me permettre d’interrompre le tout... Y aurait-il une place pour moi, sur le Merle Rouge ? »
« Tout dépend où vous voulez allez, ma p’tite dame. »
Alors que la femme-enfant croquait un sourire à cette note, c’est de la pointe du doigt qu’elle chassait une mèche, mettant davantage en évidence son visage fait en tout féminité et douceur. Les prunelles brillaient d’une malice, alors qu’elle regardait la tablée, une nouvelle fois.
« Egador. N’importe quel port me conviendra. »
« Bien, nous avons encore à faire par ici, mais notre départ ne saurait tarder. »
« Permettez-moi d'offrir à ses braves hommes une petite tournée… Je vous sais également friand de petites histoires, ainsi donc, permettez-moi de vous racontez une petite histoire. »
Humectant la pulpe de ses lèvres, la jeune femme dressait petitement la voix, pour capter l’attention du petit groupe.
...
Post by Elvanshalee Danaël, CP - October 27, 2010 at 2:33 AM
Le premier pas vers l'adieu.
Le chandelier en main, l’elfe noire s’assurait du contenu de son coffret de voyage. Le Merle Rouge partirait bientôt, c’est ce qu’elle espérait. Délaissant l’objet encombrant, elle venait porter ses mains à ses hanches, où claquait un discret chapelet thaarien qu’elle rejetait à sa malle, dans une lenteur contemplative. La silhouette rôdait le long de la maison qu’on lui savait prêtée, dévorant les dernières visions que la Sombre en tirerait.
Au rythme où l’empreinte de son pied léger martelait le marbre, sa voix s’élevait dans sa langue natale. De ce discours, le chef tirait quelques acquiescements, au moment opportun. Et elle se dressait au balcon de la E-1, pour l’une des dernières fois avant son départ, digne d’un possible adieu. Ce n’est pas un regard ampli de regret qui contemplait les bâtisses gavés par le halot de la belle de nuit. L’échine courbée, les bras contre la rambarde, la Légionnaire poursuivait son monologue.
« Ma chute fut aussi abrupte que la création,
D'étincelantes myriades sulfuriques aux cataclysmes solaires,
D'incolores brumes éthérées aux reflets éteints,
Longue comme seule un esprit d'homme peut en juger ;
Mon âme, depuis ce jour, n'implore qu'un désir unique,
Une satisfaction encombrante, celle d'obtenir la repentance.
Le temps n'est qu'un visage ridé qui me rappelle combien j'en ai souffert.
Et pourtant, aussi fastidieuses que furent ces épreuves,
Elles m'inspirent encore à ce jour l'indicible souvenir des yeux de l'Eden,
Observant l'aube où une vie sur terre demeurait une éternité et un jour.
Pauvre monde, instant morne, ciel pourpre,
Voués à l'échec, destinés au mensonge, vile est ta mue enfant-roi,
Mes mains se sabrent à ronger le sol qui te servira d'exil. »
Post by Elvanshalee Danaël, CP - March 10, 2011 at 8:43 AM
« Si vous pleurez, combattez Elvanshalee. Si vous regrettez, avancez. »
…
« En vous plaignant seulement de votre malheur, vous ne serez qu’une truie. »
…
« Il vous faudra abandonner le futur, sacrifier vos rêves, être souillée d’un profond désespoir, éluder le passé, combattre la réalité et ne pas abandonner votre noblesse. Jamais. »
...
En boule, sur le lit. La crinière formait une large couronne de neige, éparse autour de son visage. La respiration lente, parfois entrecoupée.
Post by Elvanshalee Danaël, CP - March 14, 2011 at 6:49 AM
Parfois on dit que le temps arrange les choses...
Pas cette fois.
Les lumières s'était tuent dans un souffle offert du bout de ses lèvres tremblantes. Puis une lune s'était écoulée, les forces trop minces pour se relever. Le minois drapé s'était ensuite bassement agité, les iris sanguines dansant sur l'ample silhouette du bâtiment. Les pas rapides l'avaient alors mené au port.
- Il n'a plus qu'a fermer les yeux pour la revoir.
Elle s'y retourna, apercevant cette présence si vite dissipée. Elle vivrait désormais sans son ombre. C'est sous l'oeil vide de la lune que se dissipait la noiraude.