Le chat noir et la nécromancienne

Le chat noir et la nécromancienne

Post by Seigneur Bélial - November 1, 2010 at 9:15 AM

Le chat noir et la nécromancienne

Dans une chambre à demi éclairée,
Dans un lit bien chaud était couché,
Un petit garçon tout émerveillé,
Par le conte que sa grand-mère allait lui raconter.

''C’était il y a longtemps, à Systeria la belle,
Quand moi-même n’était qu’une jeune pucelle,
Au tout dernier jour de Feuil quand les rouges feuilles tombèrent du ciel,
Une jeune fille au bord du fleuve pleurait une hirondelle.

Ne pleure pas pour cette petite chose, lui dit sa mère,
Tu en verras bien d’autre demain et de plus, naguère,
Nous ne versions pas de larme pour de si futiles chimères,
La vie vient et passe, nous n’y pouvons rien, continua la mère.

La femme leva lentement la main au-dessus de l’oiseau,
Et dans un murmure lointain, il se releva dans un soubresaut,
S’envola rapidement dans les cieux, très haut,
Mais ne fit que quelques mètres et tomba dans l’eau.

La petite fille pleura de plus belle cette vie perdue,
Et de sa chambre, en sortir, ne plus voulu,
Elle aurait tant aimé qu’il ne soit pas tombé et qu’il vécut,
Au-delà du fleuve, chantant et vivant comme il dut.

La petite fille, bouleversée par cette dure vérité,
Pleura longtemps devant la froideur de celle qui l’avait élevée,
Chaque jour était semblable à une blessure douloureuse et ensanglantée,
Aucun réconfort ne lui avait été donné.

Puis un jour, quand la petite eut l’âge de raison,
Sa maman l’invita dans son grand laboratoire bien loin de la maison,
Elle fut mise sur une grande table, aux côtés d’un mort chaton.
Elle lui demanda de fermer les yeux, sans la moindre justification.

Elle eut très mal tout partout dans son petit corps, puis,
La lumière fit place au néant, et à la chute sans fin, sans font d’un puits.
Elle ouvrit les yeux plusieurs jours plus tard, en la nuit,
Elle était étendue, dans les ténèbres sur un petit lit.

Maman, aurait-elle voulu de toutes ses forces crier,
Mais de sa petite bouche elle ne put que miauler,
Alors que l’ombre de sa génitrice vint l’envelopper,
Un rire mesquin ne put que d’avantage l’effrayer.

Depuis ce jour sombre de Feuil quand les rouges feuilles tombèrent,
Chaque année au détour d’un chemin près de la rivière,
Quand la lune est haute et claire,
Une petite chatte noire arpente la clairière.

Elle cherche depuis tout ce temps comment se retrouver enfin,
Dans un espoir infini de briser le charme qui la maintient,
Bien malgré elle dans ce petit corps de félin,
Mais hélas, elle cherche depuis longtemps en vain.''

Le petit garçon, ayant eu peur tout le long,
Demanda à sa grand-mère si cette histoire avait de vérité un fond,
Elle posa gentiment et doucement un baiser sur son jouvenceau front,
J'eusse vu, dit-elle alors à son petit-fils, non loin de la Basse-Ville, près du pont.

Elle quitta la chambre de l’enfant, qui en tête avant ce poème,
Comment une mère pouvait-elle faire cela sans avoir le moindre problème?
Mais le petit s’endormit au milieu de ses draps bohèmes,
Et rêvera-t-il peut-être à cette histoire de chat même…