Que la lumière soit avec toi.
Post by Adalard Dranem A.K, OdS - November 9, 2010 at 8:17 AM
Seul - comme d'habitude - dans sa petite demeure modeste, l'ancien militaire était assis sur l'une des chaises de l'entrée. Accoudé sur la table face à lui, il fixait un objet qui tournait, scintillant. Un cristal un peu particulier. Lorsque celui-ci cessa de tourner, Adalard le repris tout simplement, et comme on le ferait faire à une toupie, recommença la manœuvre qu'il avait faite. Après 10 longues minutes à faire cela, perplexe, pensif, il vient s'adosser complètement à son siège. Il ferma les yeux.
[...]
- "Pourquoi cherchez-vous toujours la rationalité Monsieur Dranem ? "
À cette question, l'ex-caporal ne sut répondre tout de suite. À prime abord, il s'agissait d'une évidence. Selon lui, il n'était pas pensable qu'il n'y est pas de raison ou de logique, dans la suite des choses. Il prit un court moment pour réfléchir aux mots qu'il emploierait, mais la réflexion lui paraissait dès lors inutile. Les premiers mots qui lui vinrent à l'esprit furent ceux qu'il eut dit.
- Parce que tout a une raison d'être, la logique est le sens des choses.
Le visage de la personne avec qui il discutait lui indiqua assez tôt que ce n'est pas ce qu'il aurait dû dire, du moins selon cette personne. Dranem eut un moment d'incompréhension, il plissa le regard.
"Vous n'êtes pas encore prêt à voir, à ouvrir les yeux."
De nouveau, l'appréhension se lisait en son visage tout comme en son esprit, pour quelqu'un qui en aurait été capable. Le ton de la discussion était calme, et relativement posé. Sans qu'il n'eut prit la peine d'y penser, il répondit.
- Alors je ferai l'effort nécessaire pour ouvrir mon esprit, pour ouvrir mes yeux. Vous ne pensez pas comme les autres, je sais que si vous le vouliez, vous sauriez m'apprendre.
Un court moment de silence s'en suivit, une très brève pause. La brise faisait voguer doucement les longs cheveux du combattant, et dans tout le quartier, donnait de la vie aux diverses fleures et plantes extravagantes.
"Allez faire une visite au temple de Thaar, vous y trouverez quelque chose."
- Je m'y rends à chaque semaine.. mais j'irai les yeux ouverts, cette fois.
D'une démarche lente il se rendit au temple, le regard remplit de toutes les songes qui traversaient son âme et son esprit. Il monta les nombreuses marches qui menaient vers le temple. Il n'y avait personne dans la salle de messe. L'écho de ses pas résonnait dans la vide, il prit place sur un des bancs de bois. Puis son regard, et son esprit, parcourent ce qui l'entourait.
Une sensation étrange vint s'emparer de lui, d'abord des picotements dans le bout des doigts. Puis, alors que, plus tard, il se releva, son cœur fut submergé d'une paix indéfinissable. Il se sentait léger, si léger qu'il aurait cru pouvoir s'envoler. En lui naissait quelque chose de nouveau, quelque chose de changé. Il était toujours rester un homme de foi, mais cette fois, c'était différent. Il n'avait pas que la foi, il avait cette foi, que l'on qualifie d'inébranlable. Il comprenait. Son corps serait son vaisseau et ses bras seraient ses armes, sa foi et sa volonté seraient sa lame. Son armure et son bouclier lui servirait de protection, il acceptait en lui de recevoir la lumière.
[...]
Il ouvrit les yeux de nouveau, ce souvenir si récent n'était que la chose à laquelle il pensait. Pendant trop longtemps il s'était amoindrit, se convainquant peu à peu que Systéria était déjà trop enseveli par les ténèbres, par le vice et la corruption. Mais ce temps était révolu, renaissait en lui un espoir, cet espoir infini qu'on ne peut justifier, il est là, sans raison. Cette force grandissait en lui, et servirait les deux seules causes pour lesquelles il vaut la peine de combattre. La lumière, et Systéria.
Était-ce le message qu'elle voulait lui faire comprendre ? Il n'en savait rien, mais il était dorénavant convaincu de sa destiné, et rien ne pourrait l'en détourner.
Post by Sakamae Nakaki, CP - November 9, 2010 at 6:22 PM
*Ce que tu ne voies pas n'existe pas... Vraiment? *
Les hommes sont bornés, têtus. Ils ne pensent qu'à leur fierté, et elle se cache sous leurs langes. Orgueil, le mot qui les définisse le mieux. Je n'aime pas les hommes. Et pourtant...
"*Parce que tout a une raison d'être, la logique est le sens des choses. *"
Une phrase. Simple. La vanité de l'homme triomphait à nouveau. C'est dans une déception muette qu'elle reçu cet avis pré-conçu. Ces petites phrases préparées par une société. Qu'on nous apprends dès la naissance. Sois aveugle mon enfant, c'est plus prudent. Comment pouvait-on prétendre tout savoir.
"Vous n'êtes pas encore prêt à voir, à ouvrir les yeux."
La brise était venue jouer de romantisme dans une scène qui aurait pu l'être, en d'autres circonstances. Les cheveux du guerrier avaient dansé, mais la t'Sen-Amandïl ne l'avait pas même remarqué. Ses vêtements avaient bougés dans un bruit de froufrous de tissus et le vent avait ramené des jardins du manoir un parfum exquis. Les fleurs s'étaient inclinées en un sage salut vers l'astre qui descendait. Les longs doigts fins de la toute jeune caressaient les perles de son chapelet Thaarien. Sa posture était droite et digne, malgré son passé outrageux. Elle avait désormait tout d'une femme. Son cou gracieux était encadré de longues tresses. L'une devant, l'autre derrière, allant chatouiller le creux de ses reins. La délicatesse de sa mâchoire, ses petites lèvres en coeur, ses yeux -très bridés- considéraient l'homme devant elle. À elle, parvenait les flux nerveux de l'homme. Elle renssentait son appréhension jusqu'au plus profond de son âme. Mais à quoi bon lui dire. Il ne savait pas écouter.
Quel triste tableau, tout de même. Il y avait là suffisemment de matériel pour faire parler -encore une fois- la cité entière!
"Alors je ferai l'effort nécessaire pour ouvrir mon esprit, pour ouvrir mes yeux. Vous ne pensez pas comme les autres, je sais que si vous le vouliez, vous sauriez m'apprendre."
Non, il n'avait pas impressionné l'étrange mouton noir de la famille Taur'Amandïl. Elle, qui était différente en tout. Ou presque. La seule chose en quoi elle était comme les autres de la famille, était cette singulière particularité de ne pas trouver de place adéquate dans un groupe. La marginalité devait sans aucun doute être un trait familial. Il tenait ce discours, avec l'assurance d'un homme à qui tout réussit. De celui qui tomberait de haut, le jour voulu. À quoi bon, à quoi bon essayer.
"Allez faire une visite au temple de Thaar, vous y trouverez quelque chose."
"Je m'y rends à chaque semaine.. mais j'irai les yeux ouverts, cette fois."
Allait-il parvenir à comprendre ce qu'elle avait voulu lui dire..? C'était un mystère. Il faut dire qu'il lui avait fait autant d'effet qu'un brin d'herbe qui lui aurait assuré que le lendemain serait d'une agréable couleur pourpre. Un hochement de tête, le scepticisme. Non, tout de leur discution avait semblé vain. Pourquoi avoir voulu se rattraper à la toute fin? Elle l'ignorait. Mais dans l'état où elle l'avait connu, s'il avait à mener le combat qu'il cherchait, elle ne donnait que peu cher de sa peau.
C'est avec détachement que la toute délicate laissa l'homme, en plan, devant la grille du manoir Taur'Amandïl...